Les hindous comme les bouddhistes appellent aussi ce monde samsara.
Ce mot signifie glissement continuel par opposition à faire un pas, puis un autre pas, puis un autre pas. Il y a seulement courant, flux.
On dit parfois qu’il y a seulement « devenir ».
Mais il faut faire alors attention à ne pas entendre que quelque chose est, qui est ensuite quelque chose d’autre. La chenille est, elle devient le papillon, le papillon est.
Non : la chenille n’est elle-même que changement, le papillon n’est lui-même que changement.
La voie est une trans-formation, une méta-morphose. Selon l’image sensible si connue, mais si explicite, la chenille meurt pour devenir papillon. Les ailes ne poussent pas sur le dos des chenilles. La psychologie contemporaine — ainsi que toutes les autres sciences humaines — ne connaît que l’homme-chenille et refuse de tenir compte de l’homme-papillon. Ce dont parle la science initiatique, ce dont parlent les Chemins de la Sagesse, c’est de la mort de la chenille et de la naissance du papillon. Mais une chenille anormale, malade, débile, difforme, ne se transforme pas en papillon. La voie commence donc avec la normalisation et la guérison de la chenille en tant que chenille, et certaines vérités primaires s’expriment en termes de psychologie. Encore faut-il avoir des idées claires : l’adhyatma yoga est une discipline pour croître au-delà de son niveau normal et non une thérapeutique pour se débarrasser d’une névrose ou une compensation aux frustrations...
Les chemins de la sagesse – Arnaud Desjardins
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