lundi 27 octobre 2014

Comment je suis devenu (presque) végétarien... avec Christophe André

Mes racines sont dans le Sud-Ouest. Autrement dit : j’aime le rugby, le cassoulet, la corrida, les randonnées et le foie gras. Ou plutôt, j’ai follement aimé tout cela.

Aujourd’hui, je consomme toujours du rugby et des randonnées, mais je m’efforce de lâcher le foie gras et la corrida. Que m’est-il arrivé ? J’ai juste ouvert les yeux en matière de compassion et d’écologie, et écouté mon ami Matthieu Ricard : j’ai enfin compris que manger des animaux n’est pas une bonne chose, pour les animaux et pour notre planète. Et puis, en me renseignant attentivement grâce aux études scientifiques disponibles, moi qui suis médecin, je me suis aperçu que notre santé ne se ressentirait pas du tout, au contraire, du passage au végétarisme : trop de viande, ou de la viande médiocre (pleine d’antibiotiques, d’hormones et autres antidépresseurs) nous rend malades ; c’est d’autant plus absurde qu’il nous est parfaitement possible de combler tous nos besoins en nutriments essentiels uniquement avec les œufs et les aliments d’origine végétale.

Malgré tout ça, je ne vous cache pas que c’est parfois difficile pour moi ! D’abord parce que j’ai grandi dans la saveur des charcuteries et des grillades. Du coup, aujourd’hui, lorsque nous arrivons au sommet à l’issue d’une belle course en montagne, l’idée de ne pas partager le pain et le saucisson avec mes camarades de randonnée m’est pénible ; et je craque parfois. J’aime aussi beaucoup le foie gras ; pourtant je m’efforce de ne plus en acheter. Mais de temps en temps, au Nouvel An, furtivement, je craque encore. Pour la corrida, c’est difficile aussi : j’aimais beaucoup l’ambiance festive des arènes, les airs désuets de paso-doble, le courage des matadors, les frissons à la sortie du taureau, les discussions passionnées avec mes camarades sur telle ou telle passe technique. Mais si je continuais d’y aller, je n’oserai plus regarder Matthieu et mes amis bouddhistes dans les yeux. Et d’ailleurs, mes copains toulousains et aficionados ont mal pris que je refuse, il y a quelque temps, de signer une pétition pour la défense de la corrida. Pas facile de renier des pans entiers (et festifs) de sa culture d’origine.

Je ne suis pas rigide : mon épouse et mes filles continuent de manger de la viande, et lorsque je suis invité chez des amis et que le plat sent bon, j’en mange aussi. Mais voilà plusieurs années que je refuse d’en acheter et que les repas que je prépare sont végétariens, ce qui m’a aidé à apprendre à cuisiner de nouveaux légumes, à utiliser les épices, à manger beaucoup plus de noix et noisettes en tout genre. Et vous savez quoi ? J’aime de plus en plus ça !


(source : La Vie)

1 commentaire:

Anonyme a dit…


"IL FAUT BIEN SE FAIRE PLAISIR". Un plaisir à 60 milliards de vies en France par an...

Mon commentaire sera peut-être obsolète. Vu l'ancienneté de cet article vous êtes certainement un végét(l)arien convaincu à l'heure qu'il est. :)

Je réponds à votre texte car il fait écho à de nombreuses personnes que je rencontre qui disent être "végétarien" de temps en temps et ces personnes évoquent les raisons dont vous avez parlé.

Manifestement vous manifestez 3 besoins. Le premier est de satisfaire un plaisir gustatif en ayant recours à des plats connus que vous aimez, le second est un besoin de connexion avec vos amis. Ce besoin de connexion ou de reliance se manifeste par la consommation entre autres de saucisson et par le fait d'assister à des corridas. Et enfin j'identifie un troisième besoin qui est un besoin de congruence. En effet, vous avez été touché par la souffrance animale et vous avez pris conscience que la consommation d'animaux en plus de cautionner leur exploitation était nocive pour vous, donc vous en avez réduit leur consommation.
Tout cela, génère peut-être une distorsion en vous.

Je pense qu'Il faut dissocier les besoins des stratégies pour satisfaire ces besoins.
Le besoin de plaisir gustatif peut être satisfait de multiples façons... Il existe aujourd'hui une multitude de mets savoureux et sains, produits sans souffrance animale. Concernant le deuxième point, Est ce que le besoin de connexion avec vos amis passe forcement par la dégustation d'un animal mort ou par le "spectacle" d'un animal que l'homme s'apprête à abattre après lui avoir enfoncé des lames dans le corps ?

N'est-ce pas plutôt l'échange, la joie de se retrouver qui est importante ? Les moyens utilisés sont alors secondaires. Le fait de se retrouver en haut d'une montagne est déjà l'expression d'un besoin satisfait, celui d'avoir partagé un moment fort. célébrer ce moment peut certainement passer par autre chose que de manger un cadavre d'animal. Il suffit de faire preuve de créativité pour imaginer d'autres moyens pour célébrer cet événement.

Enfin, concernant le 3 eme besoin, le besoin de congruence. Entre votre voie intérieure celle de la compassion et vos actes, la clé réside dans le fait d'élever son niveau de compassion, comme on élève son niveau de conscience. Regardez des vidéos, lire le livre "LE LIVRE NOIR DE L'AGRICULTURE".
Petit à petit on ne fait plus de dissociation cognitive entre l'animal et la viande que l'on consomme.

Je sais que ce n'est pas simple. Pour ma part, 3 mois après ma décision d’arrêter la viande, j'ai fait un voyage de 3 mois en Argentine ! Sachant que les argentins se nourrissent majoritairement que de viande, cela a été difficile de m'alimenter et au départ de résister. A chaque repas, j'ai rééduqué ma volonté et m’efforçais à faire le lien entre l'animal mort ou élevé dans d'atroces souffrances et le plat que je m’apprêtais à ingérer. J'avais l'image et me disais, "je m’apprête à ingérer de la souffrance".. Mon niveau de compassion augmentait et je me refusais alors à en consommer. Aujourd'hui je suis absolument écœurée à l'idée de consommer tout type d'animal, singe, chien, cheval et aussi .... cochon, poulet, boeuf etc... Même vie, même conscience.

Je suis vraiment de l'avis de votre ami Mathieu Ricard "il nous faut étendre notre compassion à l'ensemble des être vivants. " Et ceci dès lors où nous sommes éveillés, il n'ya plus de retour en arrière et à mon sens, il ne peut y avoir de demi mesure
.
Enfin, il est intéressant d'observer les amis qui acceptent cette évolution, certains seront forcément perturbés.. encore une fois, vous serez certainement éclairant pour de nombreuses personnes. Certaines peuvent vous rejeter. Est cela là une peur qui vous empêche de renoncer totalement à la viande ?