Voici une petite histoire où César nous partage sa sagesse :
Il arriva qu’un jour Jacques se présenta dès le petit matin devant la porte de César, la gorge nouée par la souffrance. La veille, il avait négligé un rendez-vous important avec César et mis le vieil homme dans une situation difficile, si indigne de leur relation.
César sortait pour sa promenade matinale. II vit Jacques et le salua chaleureusement, avant de partir d’une enjambée solide sur le sentier. Jacques lui emboîta le pas et, embarrassé, osa une question sur le sens de l’événement de la veille. Sans se retourner, César lui lança : « Ah ça, mon vieux, seuls nos actes sont en Vérité, tout le reste n’est que bavardage. Tu as devant tes yeux l’importance exacte que tu m’accordes. », Le propos était dit avec ce feu jamais blessant, propre à César. Le désarroi de Jacques en fut plus grand, il se sentait mis à nu face à cette triste évidence.
Les deux hommes marchaient, César humant la beauté matinale de l’hiver tandis que Jacques, les yeux baissés, fouillait son brouillard : « Mais comment est-ce possible ?
Comment ai-je pu oublier à ce point César ? Comment puis-je aimer dans mon coeur, et si peu aimer dans mes actes ? »
Bref, l’hiver était glacial dans la poitrine du jeune homme.
Plusieurs fois, César s’arrêta pour contempler un arbre, une mousse curieuse, ou encore un petit lapin qui passait au loin.
Maintes fois, il se pencha pour pousser une branche morte hors du chemin, ou dégager une jeune pousse pour le printemps à venir. II chantonnait, semblait-il ! II chantonnait, le bougre ! Pendant que Jacques arpentait dans tous les sens le chemin tortueux qui va de la tête au coeur. . . et inversement.
Il lui revint alors combien il aimait sa femme et ses enfants, mais combien aussi il savait si peu le leur dire, si peu le leur montrer jusque dans les actes. Il lui revint les reproches incessants qui remplacent si souvent les déclarations d’amour que l’on oublie. En fait, ce rendez-vous manqué avec le vieil homme était bel et bien le résumé de tous ses amours, le résumé de cette infirmité qui consiste à aimer au-dedans sans jamais le prouver au-dehors.
César pataugeait maintenant comme un enfant dans les ornières du chemin boueux. Tandis que Jacques, trottinant derrière lui, s’embourbait allègrement dans les méandres de ses pensées. N’y tenant plus, il interpella soudain le vieil homme :
- César, tu sais, je m’excuse, je suis vraiment navré pour hier ! Je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est incompréhensible !
- Allons, allons, mon vieux, une rivière ne s’excuse pas de couler ! Tu n’as été que toi-même, pourquoi donc t’en excuser ?
Il y eut un long silence, puis deux. . . Et quelques centaines de mètres plus loin, César lança soudain :
- Tu viens seulement de prendre la mesure de tes amours avec la tête. Insupportable reflet du petit fonctionnaire de l’amour !
Se peut-il que l’amour vrai survienne du coeur, mais seulement quand il est Service gratuit, don de soi à l’infini ?
4 commentaires:
Un très beau livre, relu plusieurs fois, de que j'ai fait acheter à des dizaines de personnes. Vraiment une perle...
suivi du deuxième "César l'enchanteur"
lisez-le ! ...et faites-le lire
Merci Christian, j'ai toujours beaucoup apprécié ces histoires avec César...
Oui , j'ai aussi beaucoup apprécié .
... et je le relairai volontiers !
Un livre de chevet pendant mon adolescence. Merci de nous rappeler cet épisode. Il me met à nouveau devant nos petits fonctionnement et nos manquements vis à vis des autres.
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