mercredi 30 avril 2025

Ego et espérance !

Texte de Arnaud Desjardins :


Il faut que vous alliez jusqu’au bout de tout ce qui est contenu dans cette petite phrase de Swâmiji : « Personne ne vit dans le monde, chacun vit dans son monde. » Comprenez l’utilisation de l’adjectif possessif lorsqu’il s’agit de réalités sur lesquelles vous n’avez aucune prétention à la possession. En fait, l’ego n’est jamais neutre, jamais détaché mais toujours impliqué. Il y a toujours un élément de possession, parce que c’est toujours – plus ou moins subtilement – par rapport à vous que vous expérimentez tout. Tout ce que vous approchez de nouveau, tout ce que vous découvrez, vous le découvrez à travers votre ego. Pour la pratique vous pouvez considérer l’ego et le mental comme synonymes.
L’ego vous suit partout. Il est toujours là avec son espérance : Est-ce que je vais gagner quelque chose ? Un bonheur, une joie, une satisfaction qu’il convoite consciemment ou inconsciemment. Et, en même temps, il est toujours, consciemment ou inconsciemment, dans l’appréhension. Il se demande si ce qui l’attend c’est la réussite ou l’échec. Est-ce que j’aurai aujourd’hui de bonnes nouvelles ou de mauvaises nouvelles ? Il n’y a pas de liberté. Il n’y a pas de détente absolue. Il y a vulnérabilité à l’émotion. L’ego ne peut jamais être neutre, il est tout le temps impliqué. Il aime ou il n’aime pas. Et, dans les profondeurs de l’inconscient, il est touché d’une façon ressentie comme agréable ou comme désagréable. Si vous dites : « J’aime le château de Versailles » ou si vous dites : « Je n’aime pas le château de Versailles », dans les deux cas vous témoignez que vous n’avez pas vu le château de Versailles, que vous avez vu votre château de Versailles, sinon ni vous n’aimeriez, ni vous n’aimeriez
pas. Vous diriez simplement : « Le château de Versailles est » – et c’est fini. Mais vous pouvez préciser ses dimensions, le nombre des fenêtres, les caractéristiques du style. Pure statement of facts, simplement l’énoncé de faits.
Si vous allez un peu plus loin dans cette direction, ce qui vous paraissait si simple va vous paraître moins simple et peut-être même inacceptable. « Comment ? Vous me refusez le droit d’aimer le château de Versailles, ou de ne pas aimer Versailles mais préférer Amboise ou Chantilly ? » Je ne vous refuse rien du tout. Je vous montre seulement qu’on vit dans son monde, dans l’ego et dans le mental et qu’il est possible d’échapper à ce monde, à l’ego et au mental. Mais cette libération est exceptionnelle, bien peu d’êtres humains y atteignent, et elle est radicalement différente de toute l’expérience ordinaire. On ne peut pas à la fois changer et rester le même, on ne peut pas à la fois devenir papillon et demeurer chenille, on ne peut pas à la fois conserver toutes les caractéristiques de l’ego et du mental et atteindre les états « supranormaux » ou « supramentaux », quel que soit le nom que vous vouliez leur donner.

Le vedanta et l’inconscient -À la recherche du soi III
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pranam Arnaud.Reconnaissance,gratitude.

Philippe G.

Sandra a dit…

Cette lecture me paraît gênante. Quel est le but ? Pour moi, les textes d'Arnaud sont sacrés. Et là, j'ai le sentiment qu' ils sont instrumentalisés. A quelle fin ? Si je ne connaissais pas Arnaud, entendre cela me ferait peur.