mercredi 28 août 2024

Amour joyeux


 Aristote écrit : « Aimer, c’est se réjouir », idée que reprendra Spinoza, quelques vingt siècles plus tard, en disant – et c’est la définition de l’amour que je préfère : « l'amour est une joie qui accompagne l’idée d’une cause extérieure ». Autrement dit, aimer c’est se réjouir de.

Si quelqu’un vous dit : « Je suis joyeux à l’idée que tu existes », vous prendrez cela pour une déclaration d’amour, et vous aurez évidemment raison. Vous aurez aussi beaucoup de chance, parce que c’est une déclaration spinoziste d’amour, ça n’arrive pas tous les jours, beaucoup de gens sont morts sans avoir entendu ça ; et puis, surtout, c’est une déclaration d’amour qui ne vous demande rien. Et ça, c’est tout à fait exceptionnel. Profitez-en bien ! Parce que si quelqu’un vous dit : « Je t’aime », mais s’avère être platonicien, son « je t’aime » signifie en vérité « Tu me manques, je te veux ». Donc il demande tout, puisqu’il vous demande vous-même. Alors que si quelqu’un vous dit : « Je t’aime » en un sens spinoziste, cela veut dire : « Tu es la cause de ma joie, je me réjouis à l’idée que tu existes ». Il ne demande rien puisque votre existence suffit à le convaincre et à le satisfaire.

l’amour selon Platon et Spinoza de André Comte-Sponville.

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5 commentaires:

Jean a dit…

L'amour, incarné ne peut être que contemplatif, je crois......

Julien a dit…

J'aime bien cette déclaration de l'amour spinoziste.
L'existence de l'autre, sa présence, me rend joyeux.

Cela me fait penser à Gibran. L'être aimé ne nous appartient pas. Être présent est un chemin vers soi et le monde.

Anonyme a dit…

J'ai très envie de partager ici, un texte, merci de l'accueillir avec bienveillance

L'amour…
Mystère ineffable, insaisissable,
Il échappe à toute définition, se dérobe aux mots trop étroits.
Les siècles ont vu défiler mille tentatives,
Les saltimbanques l’ont chanté, les poètes l’ont exalté,
Les philosophes ont tenté de capturer son essence.
Mais l'amour, indomptable, refuse l'enfermement,
Ne se laisse point réduire aux passions éphémères des hommes.
Parler d’amour, c’est effleurer le vide où les mots se taisent,
C’est accepter l’étrange silence qui en dit plus long que les paroles.
Les seuls à en connaître le secret sont les enfants,
Ces âmes pures, traversées d’un amour instinctif,
D’une joie sans cause, émanation d’une confiance inébranlable,
Confiance en un monde qui finira par briser leur cœur tendre.
Ils sont les témoins de cette innocence,
Avant que la vie ne leur inculque les valeurs du désenchantement,
Les entraînant dans la folie des adultes,
Où, perdus, ils chercheront cet amour autrefois naturel.
Peut-être en parleront-ils, peut-être le rêveront-ils.
Exilés de leur nature profonde, ils erreront parmi mille peurs, mille passions humaines,
Gardant au fond du cœur une douce nostalgie,
D’un temps où l’amour était leur unique vérité.

Si la grâce les touche, cette nostalgie se muera en cri silencieux.
Un appel au retour à la maison.
Car la maison, ce refuge éternel, n’est accessible qu’en abandonnant tout ce que l’amour n’est pas.

Acouphene a dit…

Merc beaucoup pour ce texte de retour en soi !

Anonyme a dit…

Merci