Méditer aujourd’hui peut apparaître comme étant un archaïsme par ceux qui considèrent notre époque comme celle de la technique et de la maîtrise rationnelle de la vie. Le monde actuel est dominé par la rationalité qui privilégie un seul aspect de l’être humain : son égo, indissociable du mental. Nous vivons sous le règne d’une pensée qui objective le réel et tout ce qui ne peut pas prendre place dans les catégories de la raison est réduit à un jugement draconien : « Ce n’est que subjectif ! ».
Mais aujourd’hui la méditation loin d’être considérée comme un phénomène marginal attire des femmes et des hommes qu’on ne peut plus ranger dans la catégorie des originaux, comme au temps de la culture hippie.
« Tant qu’il respire, l’individu ne se révolte pas » écrit Durckheim, « Mais qu’il vienne à étouffer - vécu intérieur d’un nombre croissant de personnes - il ressent un appel d’air qui vient du plus profond de lui-même ». Un appel de la vie, un appel de l’être, un appel de l’humain refoulé par un monde de plus en plus déshumanisé.
C’est cet appel de l’être qui engage la personne à s’intéresser à la méditation.
Méditation ! Ce mot, qui n’est pas un mot mais une action, accompagne une nostalgie légitime : faire l’expérience de ce vécu intérieur qu’est le silence intérieur, le calme intérieur, la paix intérieure.
Expérience qui n’est pas “que” subjective ; expérience que tout homme peut vivre “en tant que sujet du verbe être” : « Je suis ».
Ce « Je suis » qui semble n’intéresser personne à moins d’ajouter à « Je » un épithète : « Moi ».
« Je suis Moi ». Moi ! C’est -à- dire : entrepreneur, fonctionnaire, infirmière, professeur, employé (ajoutez ce qu’on désigne comme étant votre « identité »).
La méditation n’est pas se mettre en quête d’un plus d’identité ; autrement dit de passer d’un ego de taille XXL à un ego de taille XXXL en espérant que ce « + », dans le domaine du faire, va changer ma vie intérieure.
La méditation est une rupture avec le processus mental d’identification à cet illusoire point d’appui qu’est notre identité. Rupture, mise entre parenthèse de l’ego.« Je vis parce que je suis un être vivant » ; « Je pense parce que je suis un être pensant ».
A cette vérité proclamée par le philosophe Martin Heidegger, Durckheim ajoute que « Si l’homme occidental perçoit l’impasse dans laquelle sa pensée l’a conduit, il reconnaîtra qu’il est vain d’essayer d’en sortir par les moyens mêmes qui l’ont créée. Et il sera obligé de prêter l’oreille à la voix de son être essentiel insaisissable à la pensée objective ».
Méditer ? Un chemin de libération de notre vraie nature : « Je suis », hors des chaines de : « Je suis Moi ». ; le moi mondain qui souffre de cette maladie propre à l’être humain lorsqu’il ne vit plus selon les intentions de l’être, de l’acte d’être : l’angoisse et les états qui l’accompagnent. Notre vrai point d’appui, tout au long de notre vie, est-il « Je pense, donc je suis » ou « Je respire, donc je suis » ? Si vous doutez, pour connaître la réponse, il suffit d’arrêter de respirer…
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