lundi 26 mai 2014

William Blake par Christine Jordis

Né au-dessus d’une échoppe de bonnetier, à Londres, William Blake (1757-1827) affirmait que, pour retrouver la joie que nous portons en nous, « il suffit de nettoyer les fenêtres de la perception ». Après avoir vu Dieu à huit ans, puis un arbre « rempli d’anges », il dessina, peignit, grava, écrivit de longs poèmes prophétiques. 

Anticlérical, antimonarchiste, pacifiste, révolté par la misère et l’injustice sociale, il voulut changer l’homme et le monde. À l’argent-roi, il opposa l’esprit, c’est-à-dire la poésie et l’art. Rejeté par son époque, condamné à la solitude et à la pauvreté, il n’en continua pas moins de poursuivre son chemin jusqu’à sa mort.



extrait de "Poésie" sur France Culture
(4 min.)



La poésie a le pouvoir de transformer l’homme et le monde. Blake en était persuadé. Tel était le programme qu’il s’était fixé, telle la mission dont il se sentait chargé. Pour autant, sa poésie n’est pas adossée à un enseignement ni à une théorie : aucune dogmatique, aucune certitude définitive établie sous forme de lois ou revendiquée au départ, mais une connaissance immédiate, reposant sur l’expérience et la vision, et qui possède donc la mouvance, les heurts, les éclats et les variations du temps qui passe : la vie, dans son mouvement. La « vérité » de Blake n’est pas isolable, séparable de sa poésie ; malgré ses nombreux aphorismes, on ne peut la décliner en recettes, ni formules, ni directives. Elle est dans le déploiement de ses vers et de sa prose, liée à sa création incessante, nourrie de sa propre existence incluse dans celle du monde, en perpétuelle mutation.


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