lundi 9 avril 2012

Un humble témoignage... sur l'humilité.

« Je ne pense jamais que je suis humble ! C’est plutôt après coup quand je mesure combien j’ai été orgueilleux, que je pense à l’humilité ! Je ne prétendrai jamais non plus que les retraites de rue que nous faisons nous font vivre comme des SDF ! Car nous, en nous plongeant dans cette expérience, nous savons que notre situation ne va pas durer et qu’après trois nuits à dormir sur les trottoirs, ce sera terminé, ce qui change forcément les choses ! Par contre, déambuler sans but précis dans la ville, devoir chercher des toilettes, mendier, rester sale… Tout ce désœuvrement fait naître un état de vulnérabilité, proche de l’humilité. Celle-ci s’atteint quand on ne cherche plus à paraître, alors elle apporte une sensation de liberté intérieure.


Distribuer des repas ne rend pas plus humble non plus, et on peut même parfois faire ça par orgueil, mais, touché par la détresse de l’autre, on reconnaît une partie blessée de soi en son prochain. On y lit sa propre précarité, aussi cela donne envie de donner et de partager.
Et puis, il y a cet état qui s’atteint grâce à la méditation (ndlr : il enseigne le zen). Lorsqu’il faut s’ouvrir pleinement à l’instant présent, lorsqu’on lâche prise de ses idées, pensées, jugements et identifications,on “enlève des couches” et on touche à un intime de soi qui est plus intime que son souffle lui-même. Je crois que c’est saint Augustin qui définissait Dieu comme “l’Intime, plus intime que l’intime de moi-même”. Pour moi, c’est réellement cela l’expérience de l’humilité. »


Michel Dubois
fondateur d'une association pour les SDF

(source : La Vie