jeudi 19 mai 2022

Consolation et bonheur


Anne-Dauphine Julliand : « Pleurer devant les autres, c’est déjà un appel à la consolation »

 On ne console l’autre que dans la relation que l’on tisse avec lui et dans l’amour qu’on a pour lui. La consolation, c’est un cœur à cœur.

Comment vaincre sa douleur ?

On ne la vainc pas. Si on se dit qu’on livre une bataille et qu’on va la gagner, on a perdu. Ce n’est pas de cette nature-là. Le plus beau combat, c’est d’arriver à accepter qu’elle fasse partie de notre vie, de pouvoir lui dire : « Ok, d’accord, tu as ta place ». Au début, on est submergé et elle va occuper tous les aspects de notre vie. Petit à petit, elle ne fait juste que partie de notre vie et elle n’interdit pas tout le reste, même si elle le complique, parfois. On peut aussi se dire : « Cette peine fait partie de ce que je suis, mais elle ne me définit pas. Il y a tout ce que j’aime, tout ce qui me constitue qui perdure malgré tout ». Au début, on est plongé dans le brouillard. Puis on peut l’écarter un peu pour découvrir qu’il y a encore des zones claires, de belles choses qui subsistent dans la vie.

Je crois que cela demande beaucoup de douceur avec soi-même. Parfois, la seule chose à faire quand on a mal, c’est pleurer et prendre le temps d’accueillir cette peine et de la vivre pleinement. Là ou l’on pourrait avoir tendance à se dire qu’il faut se ressaisir, je pense au contraire qu’il faut être d’une infinie douceur avec soi-même. On nous invite tellement à nous ressaisir ! Je reste convaincue que la seule façon d’arriver à vivre pleinement la joie, c’est d’avoir vécu auparavant pleinement sa peine, de s’être presque vidé le cœur et les yeux de cette douleur de l’instant, comme font les enfants qui pleurent profondément le temps que dure la peine et qui après recommencent à jouer.

On peut être heureux avec le malheur, avec la souffrance. C’est un paradoxe. Je suis une femme profondément heureuse et je pleure quasiment tous les jours la mort de mes filles. Ce n’est pas la souffrance et le bonheur qui sont incompatibles, c’est le bonheur et la peur. Le bonheur se situe à un autre niveau que la peine que l’on ressent. Ce n’est pas un instant, du ressenti ou un sentiment : c’est un fait. C’est quelque chose qui nous imprègne. On ne se sent pas heureux : on est heureux.

Source : Aleteia
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

'' On peut être heureux avec le malheur, avec la souffrance. C’est un paradoxe. ...... Ce n’est pas la souffrance et le bonheur qui sont incompatibles, c’est le bonheur et la peur. Le bonheur se situe à un autre niveau que la peine que l’on ressent. ''
Cela me touche +++
Et me demande de '' l'ingérer'' de m'en imprégner, de l'écrire sur un petit bout de papier pour qu'il soit le compagnon de ma journée....MERCI Anne-Dauphine, merci Eric
Nicole de St Zacharie

Acouphene a dit…

Oui c'est un témoignage très précieux !!! Je l'ai partagé avec quelqu'un qui a perdu sa fille.

Anonyme a dit…


J'avais écris, il y a trois jours, par rapport à cette phrase:
'' On peut être heureux avec le malheur, avec la souffrance. C’est un paradoxe. ...... Ce n’est pas la souffrance et le bonheur qui sont incompatibles, c’est le bonheur et la peur. Le bonheur se situe à un autre niveau que la peine que l’on ressent. '' ...j'avais écrit donc qu'il me fallait du temps pour cette phrase, pour l'ingérer, pour m'en imprégner...pour voir ce qu'elle me disait...
Voilà, c'est fait...à chacun d'entre nous son parcours(!!!). Pour ma part, c'est assez basique: je veux (...!... )encore que la souffrance et le bonheur soit compatibles ! même si je sais que l'un et l'autre sont là, font fait partie du Tout et se nourrissent mutuellement de ''mon'' hypersensibilité, ce sont des bons professeurs de vie ! Bon Week-end ...Nicole d St Zacharie