samedi 24 juin 2017

Traversée... avec Christian Bobin

Vivre est une chose simple : il suffit d'y consacrer chaque seconde de sa vie ! si nous avons pratiqué ces actes de résistance et même si la vie nous submerge, ce n'est pas grave...
C'est lié à la joie. Il faut savoir perdre. Et trouver la joie dans la défaite. La joie c'est de n'être plus jamais chez soi, toujours dehors, affaibli de tout, affamé de tout, partout dans le dehors du monde comme au ventre de Dieu..

Je vais vous donner un exemple que tout le monde va comprendre tout de suite. Quand on a trente ans à peu près, l'âge des bandes d'amis, et que c'est l'été, cette saison incroyablement belle, et que l'on tente de traverser une rivière sans trop se mouiller, que fait-on ? On passe d'un galet à l'autre. On peut gagner, c'est-à-dire arriver sur l'autre rive indemne. Mais on peut aussi perdre tout d'un coup, glisser brusquement, tomber, se mouiller... et s'apercevoir que perdre, c'est encore plus drôle que de gagner, et que ce n'est pas grave ! Ce qui comptait, ce n'était pas d'atteindre l'autre rive indemne mais d'être ensemble, vivant, de se réjouir de petits riens comme ceux-là. 
On ne parvient pas à un certain âge sans avoir perdu. Beaucoup, oui. Ce que j'ai perdu est irrattrapable. Je ne parle ni des objets ni des biens ni même de l'argent mais des êtres. J'ai perdu des êtres qui étaient pour moi des sources de soleil. Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre. Moi, je pense que je continue à en recevoir les rayons. Mais je sais aussi, en même temps, que c'est une perte et qu'elle est irrattrapable. Je sais les deux choses. Que dire de plus? 
Christian Bobin.

+++

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Que dire de plus, cher Acouphène?...Peut-être en prenant la liberté d'une variante par rapport à ce qu'écrit C.Bobin et à mon ressenti de ce matin, à 6h55 !: Je perds des êtres, qui sont pour moi des sources de soleil. Apparemment leur forme, comme la mienne change ( en se rapprochant de la terre ou en l'épousant )Je sais que je continue à en recevoir les rayons. Mais je sais aussi, en même temps, que c'est une perte et qu'elle est irrattrapable. Je sais les deux choses. Que dire de plus de ce chemin où la confiance,la tristesse et la gratitude se côtoient? Nicole de Gémenos

Anonyme a dit…

suite au commentaire précédent : je viens de relire les premières phrases de C.B.sur la joie et mon commentaire avec en finale :''Que dire de plus ? ''.
je les avais, en première lecture, soigneusement occultées. Je sais maintenant que parler, lire, écrire, c'est le mode d'emploi pour mettre en pratique!... quoique la vie propose:
'' La joie c'est de n'être plus jamais chez soi, toujours dehors, affaibli de tout, affamé de tout, partout dans le dehors du monde comme au ventre de Dieu..''
Nicole

FRANKIE PAIN a dit…

loin de toi pendant très longtemps je reviens avec une grande joie et le bain de jouvence se poursuit et le finesse des appréciations de choses je marche avec toi
merci de nous désaltérer de tant de belles choses fort pour notre coeur notre conscience , notre eveil
Frankie

Acouphene a dit…

Merci Nicole !
Merci Frankie !
Tout est là !