Comme elle est étrange cette vie incarnée dont nous cherchons avec tant d’application à en cadrer une moitié, lui donnant une structure, une logique, une chronologie rythmée par le temps, un sens, des valeurs, un échelonnement d’importance, une direction, un début, une fin et dont l’autre moitié nous échappe totalement. Faite de nuits obscures, de lambeaux de raison, d’anachronisme, de distorsion du temps, de l’espace ou du souvenir, d’images ineffables, de quêtes insaisissables, de batailles marécageuses ou de fulgurances, cette face nocturne de notre vie, l’air de rien, nous entraine dans un monde parallèle, illogique et sensible, glacé ou sensuel, dont nous émergeons chaque matin recréé à neuf, pour aborder un nouveau jour de raison, laissant au fond du lit, ces parts de rêve ou de cauchemar, cette poésie de la nuit.
L’une de ces deux moitiés n’existerait pas sans l’autre et l’autre sans l’une...
Et l’autre sans lune...
Elisabeth Kuhn
art graphique: Rebekah Myers
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