vendredi 10 août 2007

Les plantes magiques et médicinales au moyen-âge

Plantes médicinales
La découverte que les plantes ont le pouvoir de guérir ou de tuer remonte à des temps immémoriaux. Au Moyen Âge, les médecins et apothicaires ont tenté une approche plus scientifique : de nombreux ouvrages étudient les plantes en dénombrant leurs propriétés. Toutefois tous les écrits s'appuient sur la théorie des humeurs, formulée par Hippocrate en 460 avant J. C. et qui n'est pas remise en question. Brunetto Latini, un encyclopédiste du XIIIe siècle explique cette théorie dans le chapitre « Des .iiij. Complexions de l 'home et des autres choses » de son ouvrage "Li Livres dou Tresor" : "Une plante est plus chaude ou plus froide, la nature de l'homme est sanguine, mélancolique, flegmatique ou colérique selon que les humeurs abondent ou non. Les fruits, les herbes, les semences sont plus mélancoliques les unes que les autres ou plus colériques ou d'une autre nature. Il en est ainsi des hommes, des bêtes, des oiseaux, des poissons et de tous les animaux. Ainsi il y a des choses qui sont bonnes à manger ou non, certaines sont douces, d'autres amères, les unes sont vertes ou rouges, les autres blanches ou noires selon la chaleur des éléments ou des humeurs qui prédominent, les unes sont vénéneuses, les autres sont utiles en médecine." Cette théorie se retrouve dans Le Livre des subtilités des créatures divines d'Hildegarde de Bingen et dans le Tacuinum sanitatis. Les plantes sont abordées selon leur nature, leur utilité, les inconvénients qu'elles procurent, leurs propriétés médicinales et les effets, en fonction de la nature des hommes. Bien des indications thérapeutiques sont encore valables aujourd'hui, d'autres sont le reflet des croyances de l'époque.
Une autre théorie est en usage au Moyen Âge, le procédé de l'association qui sera appelé au XVIe siècle : la théorie de la signature. Afin d'essayer de comprendre ce qu'il ne connaît pas, l'homme établit des correspondances entre la forme, la couleur d'un organe humain et celles d'un végétal. Ainsi les cerneaux
de noix, ressemblant aux lobes du cerveau humain, sont censés soigner tout ce qui touche à cet organe.
Tout n'est pas faux dans les indications thérapeutiques de certaines plantes relevées dans les textes médiévaux. Aujourd'hui encore, on soigne par les plantes et la phytothérapie a pris un essor considérable dans ce siècle où l'on prône le retour aux choses naturelles.

Plantes magiques
De nombreuses plantes sont dotées de vertus magiques : le Moyen Âge possède une pharmacopée démonique avec des herbes de vie et des herbes de mort. La jusquiame, la belladone, le datura sont des plantes de sorcières. Elles appartiennent toutes trois à la famille des solanacées dont l'homme se méfiera pendant des siècles avant de reconnaître des vertus à la pomme de terre ! Le pavot, de la famille des Papavéracées, est lui aussi extrêmement dangereux, procurant un endormissement dont on peut ne jamais revenir.
Certaines plantes peuvent être bénéfiques ou maléfiques selon le moment de leur cueillette. Albert le Grand obtiendra une réputation sulfureuse en énonçant des formules étonnantes sur la préparation de médicaments et d'onguents à partir de mélanges de plantes savamment dosés. Le Grand-Albert et Le Petit-Albert, les deux ouvrages dont la postérité retient le titre, sont associés à l'alchimie, à l'ésotérisme. Ils sont un témoignage sur une époque qui était à la recherche d'une certaine vérité où l'imaginaire avait une si grande place.

(extrait du Hors-série "Moyen-Age" n°20)

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