dimanche 31 mars 2013

Faire grandir l'Être intérieur avec Annick de Souzenelle (2)

C'est alors que débute le deuxième baptême...
A.DE S. : Ce baptême du feu va lui permettre d'intégrer le côté vivant de ces « animaux intérieurs », leur dimension divine. Jésus va par exemple dialoguer avec l'aveugle, descendre dans ses enfers. Il y rencontre l'énergie qui se manifeste sous la forme de la cécité, laquelle révèle ce qui n'est pas encore accompli. « Aveugle » en hébreu se trouve être le même mot que la « peau », symbole de l'inaccompli. Jésus invite son interlocuteur à nommer l'énergie qui l'aveugle et à se tourner vers le royaume à venir. Il l'incite ainsi à regarder les ressources qu'il porte en lui. Comme toujours avec les Évangiles, ces rencontres s'adressent à une partie de nous-mêmes. Quand nous lisons la rencontre de Jésus avec l'aveugle, cela évoque aussi ce que nous avons laissé dans l'obscurité, qui demande à être éclairé, en entrant en nous-mêmes.

Le Christ va alors être transfiguré...
A.DE S. : C'est une étape décisive. Il a transformé toutes ses misères humaines en élan de vie et en informations. Il est alors transfiguré et devient complètement lumière. Dès ce moment-là, l'inaccompli de l'humanité se trouve accompli, c'est fantastique ! Jésus peut s'avancer vers le baptême du crâne.

Lors de son procès, Ponce Pilate va libérer Barabas à sa place, pourquoi ?
A.DE S. : Là encore, il est bonde s'ouvrir à une lecture plus profonde. En hébreu, le nom Barabas a deux significations voisines. Il désigne à la fois celui qui est le « fils du Père », mais aussi la graine non encore germée. C'est ce mot que le Christ emploie dans les Évangiles lorsqu'il parle du grain : "Si le grain ne meurt, ne mute, il ne peut porter de fruit." Au sens large, Barabas symbolise l'ensemble des fils du Père que nous sommes tous et la semence divine bloquée en chacun de nous, comme si nous avions spirituellement les menottes aux mains et les fers aux pieds. Libérer Barabas, c'est permettre notre libération à tous. Et c'est à cette libération que fait référence le mot Pâque. « Pesar » en hébreu est le verbe « épargner », celui qui est employé lors de la dernière plaie d'Égypte, lorsque l'épée frappe les jeunes garçons Égyptiens qui n'ont pas fait croître les fils en eux, mais épargne les Hébreux qui ont commencé à muter en eux-mêmes.

Vous comparez cette libération à la semence qui germe...
A.DE S. : Pour qu'une semence germe, il faut battre le blé, afin d'enlever l'écorce qui la recouvre. De même, Jésus se fait flageller avant d'être crucifié, mis en terre et de ressusciter symboliquement en "épis de blé". Le fait d'être battus par la vie, cela existe, nous ne pouvons l'éviter. Nous passons tous par des phases de mort et de souffrance. Ces événements peuvent déboucher sur des résurrections, cela dépend de la façon de les accueillir. Parfois nous sommes mangés par la souffrance et c'est nous qui dépérissons. D'autres fois, nous entrons dans le souffle de l'événement et c'est nous qui mangeons cette souffrance en la transformant en lumière-information avec l'aide du Christ. Nous construisons l'arbre de la connaissance que nous sommes.

Que se passe-t-il en terre après sa crucifixion ?
A.DE S. : Le Christ descend dans les derniers enfers. Là, il ne rencontre pas les démons qu'il a déjà intégrés dans son baptême de feu, mais le Satan lui-même et il lui écrase la tête symbolique. Il réalise ce qui est annoncé au livre III de la Genèse quand Dieu annonce au serpent que la semence de Isha (de Marie) lui écrasera la tête. C'est ce qui s'est passé au Golgotha. Le Christ a écrasé la tête du Satan diabolique pour que nous puissions à notre tour le faire. Il vit ce que l'on appelle le baptême du crâne. La mort devient une mutation. Le Christ intègre l'ultime énergie et c'est la résurrection.


Qu'est-ce que cela change ?
A.DE S. : Le Christ a écrasé le mal dans son principe. Il ne le fait pas à notre place, nous aurons à le faire. Souvenez-vous de l'apôtre Pierre qui souhaite suivre le Christ. Jésus lui répond : « Toi aussi, tu vivras le baptême que je vais vivre, mais aujourd'hui tu n'es pas prêt. » Il faut d'abord accepter la totalité de nos mutations intérieures. Nous vivons dans le temps de la résurrection, ce qui est magnifique, mais cela n'arrive pas comme cela. Le Christ ne meurt et ne ressuscite qu'après avoir accompli tout ce travail-là.

Pour en savoir plus : prieure-saint-augustin

Faire grandir l'Être intérieur avec Annick de Souzenelle (1)

Mieux vaut être bien réveillé si vous rencontrez Annick de Souzenelle. À 90 ans, elle est pleinement présente à son interlocuteur et les réponses fusent avec une étonnante vitalité. Elle reçoit son visiteur au sein du prieuré Saint-Augustin à Angers où elle a créé l'Institut d'anthropologie spirituelle. Son itinéraire, atypique, est celui d'une femme hors du commun qui a accompli sa vocation. Après des études de mathématiques, elle est devenue infirmière anesthésiste, puis psychothérapeute d'inspiration jungienne. Née dans une famille catholique, elle a poursuivi à l'âge adulte son cheminement spirituel dans la tradition chrétienne orthodoxe. Elle anime régulièrement des stages au centre Sainte-Croix, en Dordogne. Sa recherche se fonde sur son excellente connaissance de l'hébreu qui lui permet de lire l'Ancien et le Nouveau Testaments. Grâce à elle, le lecteur redécouvre la richesse et la complexité de ces grands textes. Elle n'hésite pas à dénoncer les contresens qui demeurent présents dans certaines traductions contemporaines. Plutôt que de parler de mort et de résurrection, elle préfère évoquer le terme de "mutation" présent dans le texte en hébreu. La résurrection est un travail de chaque instant où nous luttons avec nous-mêmes pour intégrer nos forces de vie intérieures. Elle vient de publier chez Albin Michel "Va vers toi" avec, pour sous-titre, "la Vocation divine de l'homme", tout un programme. Cette grande spirituelle nous présente ce chemin de vie en cette semaine où catholiques et protestants célébrent Pâques.

Première partie de l'interview :

LA VIE : Vous avez Intitulé votre livre "Va vers toi", est-ce que nous vivons loin de nous-mêmes ?
ANNICK DE SOUZENELLE : En effet nous vivons en exil de nous-mêmes. Nous sommes orientés par une conception de Dieu qui nous laisse à l'extérieur, en nous invitant à faire le bien et à éviter le mal. Mais nous ne pouvons plus demeurer avec cette approche simpliste, héritée d'une lecture erronée de la Genèse. L'arbre de la connaissance n'est pas l'arbre du bien et du mal, comme on le lit encore, mais de ce qui est déjà accompli de nous et de ce qui reste à accomplir.

Comment accéder a cette connaissance ?
A. DE S. : Là encore, la Genèse nous montre la voie, mais à condition de demeurer au plus près de la traduction en hébreu. Il y a ce fameux passage de la Création que l'on traduit en expliquant que Dieu prendrait une côte d'Adam pour former une femme. Ce qui est un contresens. En réalité, Dieu invite Adam à se tourner vers cet autre côté de lui-même, ce féminin voilé, où réside un potentiel immense ! C'est une invitation à entrer en soi-même pour favoriser un chemin de croissance.

Entrer en soi-même, cela peut faire peur.
A. DE. S. : C'est effectivement ce que Basile de Césarée décrivait au IIIè siècle, lorsqu'il parlait de l'homme à l'intérieur duquel cela hurle, pique, déchire. Mais que préférons-nous? Demeurer paralysés par la peur et retomber dans l'infantilisme. Ou l'affronter en pénétrant dans notre monde psychique en allant a la rencontre de ce que nous percevons comme nos monstres intérieurs. La Genèse évoque ce travail lorsque Dieu invite Adam à nommer les animaux au chapitre II, ces animaux étant à prendre de façon symbolique comme des énergies présentes en nous.

A quoi bon nommer ces « animaux intérieurs » ?
A. DE S. : Si nous voulons dépasser le monde animal, il faut d'abord le traverser, en se confrontant à ce qui semble des monstres intérieurs. Prenez l'exemple de la peur qui est représentée par l'un de ces animaux. La nommer, c'est déjà une façon de la prendre en main et de se donner la possibilité d'apprendre de cette peur.

Comment cette démarche introduit-elle à un chemin de croissance ?
A. DE S. : L'Homme est essentiellement un « mutant », nous enseigne la Bible. L'énergie assumée par l'Homme et travaillée par le Seigneur délivre son information. Écoutez ce que Dieu explique à Adam : «De tous tes arbres du jardin intérieur, tu pourras manger, mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, parce que tu es un mutant, tu muteras. » Vous noterez que c'est bien le verbe « muter » et non « mourir » qui est utilisé dans ce passage traduit de l'hébreu. Certaines traductions commettent cette erreur accréditant l'idée que Dieu serait une sorte de père Fouettard qui menace ses enfants. Cette erreur est d'autant plus regrettable qu'elle présente la mort comme une punition, ce qui ne correspond pas à la conception chrétienne.

Si c'est le verbe muter et non mourir, pourquoi ne pas manger du fruit de l'arbre de la connaissance ?
A. DE S. : C'est une mise en garde contre une mutation qui interviendrait trop tôt, sans s'appuyer sur une réelle transformation intérieure. Si vous mangez ce fruit avant d'être devenu vous-même ce fruit, vous muterez à l'envers, c'est-à-dire en régressant. Mais ce travail est divino-humain. Lorsque l'homme fait, le Seigneur prend l'oeuvre en main et fait sa mutation. Nous aimerions tous vivre un processus de déification sans avoir pris le temps d'effectuer un travail de croissance intérieure. C'est tout simplement impossible.

Comment cette croissance intérieure s'articule-t-elle dans la vie de Jésus ?
A. DE S. : Jésus accomplit la Loi. Il traverse trois étapes qui se manifestent sous la forme de trois baptêmes - d'eau, de feu et du crâne. À sa suite, nous sommes invités à effectuer ce chemin d'évolution. Le premier, le baptême d'eau, intervient lorsqu'il descend dans le Jourdain. Cette façon d'être plongé dans le fleuve évoque ce que l'on peut éprouver lorsque l'on avance en eau trouble. Nous sentons des forces autour de nous sans savoir bien ce qu'elles sont. Dans le Jourdain, Jésus prend conscience de tous les poissons symboliques, c'est-à-dire de toutes les énergies potentielles à accomplir en l'Homme. Prendre conscience, c'est comme sortir ces poissons de l'eau pour les mettre au sec et les regarder en face. Avec ce baptême de l'eau, Jésus avance dans la connaissance de lui-même et de l'Homme. La force qu'il acquiert et la bénédiction du Père lorsqu'il sort du Jourdain lui permettent ensuite de repousser les tentations présentées par le Satan au désert...



source : revue La Vie

samedi 30 mars 2013

Au seuil de l'Être avec Pierre Emmanuel

« J’eus (…), vers ma quarantième année, un accès horrible de manque de confiance en moi : ma vie s’était fendue d’outre en outre, je ne reposais sur rien. » 

« Il se fit en moi comme une rupture de l’évidence qu’est le fait d’être, et
 je vécus cette angoisse de choir, de déchoir, que l’on nomme très justement dépression, et dans laquelle on se découvre à soi-même que l’on ne se suffit pas, que brusquement on n’est plus sûr de soi, en sécurité en soi, mais au contraire menacé de partout et d’abord du dedans par son propre non-être. Et l’on se cherche désespérément un recours, on voudrait que quelqu’un vînt tirer de là ce moi misérable, et que celui-ci pût le reconnaître comme l’être qui tire de là. Et il arrive, dans cette abjection, par sa vertu dirais-je presque, de faire l’expérience non pas qu’un être quelconque peut sauver, mais que, quoi qu’il advienne, l’Être a déjà sauvé ; que ce qui sauve est l’identité absolue de l’Être, ce Je suis celui qui suis par quoi aucun être hormis l’Être ne peut se définir. »

Pierre Emmanuel
La vie terrestre

Lumière céleste... enchantée

VEILLONS !

vendredi 29 mars 2013

Bonheur en marche avec Paul Auster

Il trouve extraordinaire, même dans l’ordinaire de son existence quotidienne, de sentir le sol sous ses pieds, et le mouvement de ses poumons qui s’enflent et se contractent à chaque respiration, de savoir qu’il peut, en posant un pied devant l’autre, marcher de là où il est à l’endroit où il veut aller. 

Il trouve extraordinaire que, certains matins, juste après son réveil, quand il se penche pour lacer ses chaussures, un flot de bonheur l’envahisse, un bonheur si intense, si naturellement en harmonie avec l’univers qu’il prend conscience d’être vivant dans le présent, ce présent qui l’entoure et le pénètre, qui l’envahit soudain, le submerge de la conscience d’être vivant. 

Et le bonheur qu’il découvre en lui à cet instant est extraordinaire. Et qu’il le soit ou non, il trouve ce bonheur extraordinaire.

Paul Auster
L'Invention de la solitude

jeudi 28 mars 2013

Triduum et Jeudi saint

Mot latin signifiant « un espace de trois jours » (tres : « trois » et dies : « jour »). Le Triduum pascal, qui va de la messe du soir le Jeudi saint au dimanche de Pâques inclus, est le centre de gravité de l’année liturgique. 

De la Cène à la Résurrection s’écoulent ces trois jours auxquels le Seigneur a souvent fait allusion (cf. Mt 12, 40 ; 26, 61 ; Jn 2, 19) dans l’Évangile et qui, ensemble, constituent le Mystère pascal. 



Le jeudi saint, c'est le début du triduum pascal, célébrant la Passion et la Résurrection de Jésus. Lors de la messe vespérale du Jeudi Saint a lieu une cérémonie particulière, le lavement des pieds ou Mandatum. Douze personnes ont le pied droit lavé par le prêtre lors de la messe du soir (généralement, entre le sermon et l'offertoire). Cette cérémonie rappelle ce qu'a fait le Christ lors de la Cène. D'ailleurs l'Évangile du jour est celui où le Christ lave les pieds des douze apôtres (Jean XIII, 1-15). C'est aussi la commémoration de la dernière Cène de Jésus instituant l'Eucharistie.

mercredi 27 mars 2013

Bonne Pâques avec Alexandre Jollien

A l’heure où s’apprêtent à sonner les cloches de Pâques, j’aime à me rappeler le profond message de cette fête chrétienne : les tombeaux, les blessures, les plaies ouvertes peuvent devenir des lieux de résurrection. La résurrection se vit au quotidien. 

A chaque instant, je meurs à ce que j’ai été pour advenir pleinement à qui je suis dans les profondeurs. Aussi, suis-je invité, à la veille de cette immense fête, à jeter sur ma vie un regard lumineux qui sait extraire de tout, la joie. 

Le tombeau vide est aussi une invitation à se dépouiller de tout ce qui embarrasse. Et cela commence peut-être sur le plan matériel. Tant d’objets m’entourent et m’aliènent plus qu’ils ne me libèrent. Depuis que je sais que je pars en Corée, l’exercice est devenu une joie, donner, beaucoup donner. Et la déchèterie que je visite une fois par semaine me rappelle une vérité peut-être évangélique : presque tout peut se recycler. 
Même les blessures les plus scabreuses peuvent devenir des sources vives. Tout cela me ramène au centre, au fond du fond, à l’essentiel. Et de ce centre, je peux aimer comme dit notre nouveau Pape, tout ce qui se trouve à la « périphérie de mon coeur » et que j’oublie trop facilement. 

Bonne Pâques à tous, dans la joie et la simplicité qui cohabitent tranquillement dans un coeur pur.

dimanche 24 mars 2013

Dimanche des Rameaux


La padre Jorge...

Itinéraire en photos : de Jorge Bergoglio au pape François

Christian Bobin et le pape François 1er

Christian Bobin : 
«La décision du pape de s’appeler François 1er est un acte audacieux, 
la traduction d’une grande volonté» 

... Christian Bobin, dans la simplicité de sa vie, qu'il s'évertue à protéger, aime ce qui est bon. Il ne pouvait donc pas être insensible à voir Jorge Mario Bergoglio, celui que l'on appelle l'Archevêque des pauvres, choisir de devenir François 1er, en hommage à Saint-François d'Assise. 

Deux décennies après «Le Très Bas», prix des Deux Magots en 1993, Christian Bobin a réagi pour «creusot-infos» à ce qui a été la première décision de Jorge Mario Bergoglio : son nom de 266e pape. Cela n'étonnera personne, Christian Bobin réagit avec des mots d'une grande pureté. «Je ne peux parler que de sa présence à l'image. Et cette présence m'a parlé de façon lumineuse», souffle celui qui a grandi au Creusot, juste à côté de l'église Saint-Charles. «On a pu voir que ce pape tout neuf avait quelque chose de très intériorisé. J'ai vu de la douceur, de la fermeté et de la clarté», poursuit Christian Bobin. Et d'ajouter : «Ce que je sais de sa vie antérieure, il semble être vraiment celui qui parle au nom de l'évangile, c'est-à-dire tourné vers les pauvres». 

Christian Bobin préfère la richesse des âmes à celle de l'argent. On ne s'étonnera donc pas quand il lance : «A la violence du monde marchand ne peut que répondre la violence de la douceur». Et il a dégusté ces lueurs apparues, mercredi soir, sur le visage de François 1er. Car l'enfant du Creusot le clame haut et fort : «Oui je pense que la racine humaine est invincible. L'humain ne peut pas être déraciné de ce monde, même si les attaques se font de plus en plus fortes. Les machines, l'argent, les rapports de force, attaquent sans cesse l'humain. Mais l'humain est une plante vivace qui se nourrit de soleil. Comme l'herbe folle qui finit toujours par pousser». 

Alors Christian Bobin a trouvé très belles les premières paroles de François 1er, dont il relève la douceur qu'il dégage. Il est bien évidemment interpellé par la référence pas seulement subliminale à Saint-François d'Assise. «C'est forcément étonnant d'être le premier à choisir ce prénom. Personne ne l'avait pris jusqu'alors, comme s'il était intouchable. Peut-être tout simplement parce qu'aucun pape ne s'était senti assez fort pour porter ce nom là. Et pourtant c'est la première décision, le premier geste de Jorge Mario Bergoglio. C'est pour moi un acte audacieux, comme la traduction d'une grande volonté». 

La voix de Christian Bobin, au téléphone, dégage un enthousiasme non pas éclatant, non pas mesuré, mais sincère et, peut-être, l'avenir le dira, visionnaire : «Je pense que c'est quelqu'un qui ira loin», lâche-t-il, en complétant : «François 1er dégage de l'intelligence, de la douceur et un attachement à ce que la vie a de plus fragile. Oui, le monde a besoin que l'on pense aux plus fragiles». Bien évidemment, l'écrivain a bien noté que le mot «fraternité» avait été parmi les premiers employés par le nouveau pape. Mais il a aussi considéré à leur juste valeur, ces mots simples qu'ont été : «Bonsoir, bonne nuit et reposez-vous», car, dit Christian Bobin, «c'était là des paroles d'attention à l'autre». 

Et puis, il a savouré un autre moment fort de l'intervention du nouveau pape : «C'était magnifique qu'il impose le silence à toutes les télévisions du monde, comme un coup de force, le temps de cette prière». De toute évidence, l'écrivain a été conquis par les premières paroles de François 1er : «Je me réjouis toujours de voir apparaître quelqu'un de sensible et d'intelligent. C'est tellement rare… Il y a des présences qui changent beaucoup de choses…» 

Alain BOLLERY (Photo Alain BOLLERY)
source : Creusot Infos

Communauté de Notre Dame du Rivet

Une communauté de soeurs qui suit avec ferveur l'élection du pape :

jeudi 21 mars 2013

Douceur de soi...

L’une des bonnes pratiques que nous saurions faire de la douceur, c’est celle dont le sujet est en nous-mêmes. [...]

Ils font une grande faute ceux qui, s’étant mis en colère, se courroucent de s’être courroucés, entrent en chagrin de s’êt
re chagrinés, et ont dépit de s’être dépités. 

Car par ce moyen ils tiennent leur cœur confit et détrempé en la colère : et il semble que la seconde colère ruine la première, si est-ce néanmoins qu’elle sert d’ouverture et de passage pour une nouvelle colère, à la première occasion qui s’en présentera.
Outre que ces colères, dépits et aigreurs que l’on a contre soi-même tendent à l’orgueil et n’ont origine que de l’amour propre, qui se trouve et s’inquiète de nous voir imparfaits."


François de Sales
Extrait de l’Introduction à la vie dévote, in Œuvres, NRF-La Pléiade, Gallimard.

L'unique innocence avec Fernando Pessoa

Mon regard est net comme un tournesol,
J’ai l’habitude d’aller par les chemins,
Jetant les yeux à droite et à gauche,
Mais en arrière aussi de temps en temps…
Et ce que je vois à chaque instant
Est ce que jamais auparavant je n’avais vu,
De quoi j’ai conscience parfaitement.
Je sais éprouver l’ébahissement
De l’enfant qui, dès sa naissance,
S’aviserait qu’il est né vraiment…
Je me sens né à chaque instant
À l’éternelle nouveauté du Monde…
Je crois au monde comme à une pâquerette,
Parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
Parce que penser c’est ne pas comprendre…
Le Monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(penser c’est avoir mal aux yeux)
Mais pour que nous le regardions avec un sentiment d’accord…
Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais parce que je l’aime, et je l’aime pour cette raison
Que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime,
Ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer…
Aimer, c’est l’innocence éternelle,
Et l’unique innocence est de ne pas penser.


Fernando Pessoa



lundi 18 mars 2013

Semaine sans pesticides...même s'il y en a partout...


Pour retrouver l'harmonie avec la nature...


Du 20 au 30 mars
Des centaines d'évènements pour promouvoir les alternatives aux pesticides
http://www.semaine-sans-pesticides.com/

L'UE n'interdira pas les pesticides nocifs aux abeilles
Les Etats membres de l'Union européenne ne sont pas parvenus à dégager une majorité qualifiée, 

soit pour, soit contre une interdiction de trois pesticides d'utilisation courante liés au déclin des abeilles.

dimanche 17 mars 2013

Une cure contre le narcissisme

Utiliser les critiques comme un enseignement

Le grand maître spirituel tibétain Dilgo Khyentsé Rinpotché (1910-1991) enseignait souvent comment utiliser les critiques dont on peut être l’objet pour progresser sur le chemin spirituel, au lieu d’être blessé dans son amour-propre.

 « Si l’on vous critique, saisissez cette occasion pour reconnaître vos fautes cachées et être plus humble. Les critiques sont comme des maîtres, car elles détruisent votre attachement et votre orgueil. Si vous savez les intégrer à la voie, elles stimuleront votre pratique et renforceront votre discipline. Comment, alors, ne pas remercier leur auteur pour la faveur qu’il vous a faite ? La joie et la souffrance causées par les louanges et les blâmes sont éphémères. Quand on vous fait des compliments, ne vous laissez pas envahir par la fierté ; dites-vous que ce sont des paroles entendues en rêve ou simplement l’effet de votre imagination.
Ou bien pensez que ce n’est pas de vous que l’on fait l’éloge, mais des qualités que vous avez acquises grâce à la pratique spirituelle. En vérité, les seuls individus réellement dignes d’éloge sont les êtres sublimes qui ont atteint la libération.

Lorsqu’on est imbu de sa propre supériorité et que l’on ne supporte pas la moindre contrariété, on ne peut jamais devenir un pratiquant authentique. Quand on pointe nos défauts, nous nous irritons, même contre nos propres parents ou nos maîtres. Si en revanche on nous flatte en nous attribuant des qualités que nous n’avons pas, nous sommes ravis. Selon le dicton : « Ceux qui abondent toujours dans notre sens caressent notre orgueil, mais ne nous aident pas à développer nos qualités spirituelles. »

En revanche, ceux qui mettent nos défauts en lumière et nous montrent comment les corriger sont d’une aide précieuse. C’est en fondant et en martelant l’or qu’on le raffine. De même, c’est en prenant conscience de nos incohérences et en appliquant les instructions d’un vrai maître que nous finirons par transformer nos faiblesses et nos mauvaises habitudes en auxiliaires sur la voie de l’Éveil.

Une fois le fauteur de trouble identifié et appréhendé, la paix revient au village. De même, quand un maître bienveillant révèle nos défauts et nous permet ainsi de les reconnaître, il nous donne la possibilité de nous en débarrasser pour que la paix revienne dans notre esprit. Le vrai maître spirituel est celui qui nous parle de façon directe en mettant le doigt sur le moindre de nos travers pour nous mettre sur la bonne voie. »


source : blog de Matthieu Ricard (juillet 2012)

vendredi 15 mars 2013

Les pas du changement...

Ceux qui auraient déjà vu cette vidéo peuvent oser changer de blog... 
Les autres restent pour regarder cette pub...

jeudi 14 mars 2013

C'est quoi le bonheur ?

Comme dirait Daniel Morin, le bonheur c'est féminin et cela s'appelle la bonne heure. 
Le bonheur est toujours à la bonne heure...

mercredi 13 mars 2013

En hommage à Stéphane Hessel avec Marie de Hennezel

En hommage à Stéphane Hessel, ces quelques lignes de l'interview qu'il m'a donné en 2010 pour "la chaleur du coeur empêche nos corps de rouiller ". 

 Stéphane m'a parlé de sa foi dans l'invisible et m'a parlé d'un texte de Rilke, qu'il a découvert et qu'il vient de traduire. Rilke répond à un ami qui lui dit qu'il aimerait comprendre Les Elégies à Duino. Rilke lui écrit une lettre de sept pages. 

Au coeur de ce beau texte, on lit ceci : « ce que j'ai découvert c'est que la vie est encadrée par l'invisible, que les anges vivent dans cet invisible. Et que notre tâche à nous les hommes est de transformer le visible en invisible. Nous sommes des abeilles qui butinons l'or du visible pour en faire la trame de l'invisible. » 

Ce texte indique que le fait d'être mortel nous autorise à tirer la substance de la vie et à lui donner corps en nous, de sorte qu'elle transperce les frontières de la vie sur terre. Naturellement la poésie fait partie des éléments qui nous rapproche des anges. « Notre tâche, écrit Rilke, est d'imprimer en nous cette terre provisoire et caduque, si profondément, si douloureusement et passionnément que son essence resurgit invisiblement en nous. Nous sommes les abeilles de l'invisible. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'Invisible. » 

Je demande alors à Stéphane pourquoi cette phrase de Rilke le touche tellement. Elle résume, me dit-il, à merveille la mission de chacun d'entre nous. Les hommes sont capables de prendre en main la destinée de l'espèce. Or l'espèce humaine a acquis une dimension immense, au cours du siècle dernier. « Elle a une capacité nouvelle à être. Ce qu'elle a découvert sur elle-même depuis Freud et Einstein, cette transformation implique une responsabilité. L'homme est responsable de l'homme. Il ne peut pas se comporter n'importe comment. »



source : slog de Marie de Hennezel

lundi 11 mars 2013

Une journée de Journal Créatif dans le Nord

Voici le premier stage organisé par l'Association La Porte Vitale
avec pour l'occasion la venue d'une québécoise spécialisée dans le Journal Créatif,
 Dominique PODVIN

Samedi 4 mai 2013 de 9h à 17h 
Dans cet atelier d’une journée, vous utiliserez le journal créatif pour élargir votre perception de vous-même et partir à la recherche de vos valeurs et de vos aspirations profondes.
Vous y apprendrez des techniques de journal créatif ludiques, originales et stimulantes qui vous aideront à explorer vos différentes facettes pour mieux les comprendre et les intégrer.

Vous ressortirez de cet atelier avec une meilleure connaissance de vous-même et des potentiels qui vous habitent ainsi qu’avec des exercices de journal créatif que vous pourrez réutiliser seul chez vous quand vous en aurez envie ou besoin. 

COÛT : Inscrivez-vous avant le 31 mars et gagnez 15 € 
Payez 75€ au lieu de 90 € pour la journée, matériel inclus, apporter seulement votre cahier avec des pages blanches (genre cahier à dessin).


OBJECTIFS DU JOURNAL CREATIF 
  • Développer votre confiance en vous 
  • Gérer votre stress 
  • Trouver des solutions à vos problèmes et à vos conflits
  • Clarifier vos émotions et vos pensées et les exprimer 
  • Changer des choses dans votre vie 
  • Améliorer vos relations avec vous-même et avec les autres 
  • Faire des meilleurs choix 
  • Être plus heureux, donner du sens à votre vie 
  • Mieux vous connaitre 
  • Vous connecter à vos ressources intérieures 
  • Développer ou stimuler votre créativité 
  • Développer l’esprit du jeu et la spontanéité 
  • Vous détendre
Pour en savoir plus : le blog de Dominique Podvin

Une originale association...

Nous avons créé une association appelée

 "La Porte Vitale".

Vous pouvez aller sur le site pour en savoir plus :


dimanche 10 mars 2013

Un présent de Daniel Morin

Des exemplaires à acheter "Maintenant ou Jamais" ou à offrir. Un pour pratiquer, un autre pour éclairer sa bibliothèque et quelques autres à partager dans vos cercles d'amis... et un dernier qui vous liera au présent qu'est la Vie !



Maintenant ou Jamais

Petit extrait : 

Alexandre Jollien : Tu parles parfois de "plonger dans le pot de l'être". De quoi s'agit-il ? 
Daniel Morin : Il s'agit de tout lâcher au bout d'un expir, s'oublier un instant en tant que moi possesseur, ne plus rien vouloir, ne plus rien tenir, se vider de tous les concepts, et mourir à soi-même pour n'être plus rien de spécial, hormis être. Ce simple geste, accessible à tous ceux qui cherchent dans cette direction, aide à retrouver la conscience de l'inséparabilité entre le Tout et la partie."


samedi 9 mars 2013

vendredi 8 mars 2013

Poésie avec Jean Grosjean

Samedi 9 mars dans toute la France, lancement du 15e PRINTEMPS des POETES


Souris, du moins par politesse, à la seule minute au monde qui te regarde.
Trahis-toi sans dire mot en contrebande. N'éteins pas l'amour mais sa parole.
Ne me donne rien de peur de t'intéresser. Offre-moi seulement ce que je prends. 
À te pencher tu retarderais ta marche.
Ne me demande rien. Me voici qui ne suis que ce que je te restitue.
Car si je projette ma silhouette devant moi c'est que je te tourne le dos, Soleil.
Ne dialogue pas avec ton miroir. Sois tel que rien ne soit. 
Que ta présence consume ta figure.
L'horloge patiente va et vient.
Je ne peux rabattre la couverture des paupières sur mon visage puisque je n'ai plus de visage.
Ne me regarde pas. Tu n'auras en moi nul repos.
Je suis une voix encore peut-être mais sourde et incessante qui n'est autre déjà qu'à tes tempes le battement plus fort de ton cœur.

Jean Grosjean, 
Terre du temps



Cri
Un matin comme les autres,
l’avoine coupée d’hier,
le verger jonché de prunes.
Le ruisseau ne cesse guère
de s’en aller sous la brume.
Un nuage à l’horizon,
l’agneau que sa mère oublie,
le pic-épeiche et son cri.
La grande herbe se balance
depuis les débuts du monde.

Jean Grosjean


jeudi 7 mars 2013

Le rayon de soleil avec Christian Bobin (2)

Jean Grosjean : "ça n'arrive jamais à Dieu d'être le plus fort"...
Un souffle de vie avec Christian Bobin

lundi 4 mars 2013

Le Puy en Velay, un chemin phytospirituel

A la suite de l'article sur le blog de Yannick, une vidéo pour découvrir le Puy en Velay


Le Puy en Velay, un tremplin vers compostelle...

dimanche 3 mars 2013

Il est bon de donner... avec Khalil Gibran

Alors un homme riche dit, Parlez-nous du Don.
Et il répondit : Vous donnez, mais bien peu quand vous donnez de vos possessions. C'est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez véritablement. Car que sont vos possessions, sinon des choses que vous conservez et gardez par peur d'en avoir besoin le lendemain ?

Et demain, qu'apportera demain au chien trop prévoyant qui enterre ses os dans le sable sans pistes, tandis qu'il suit les pèlerins dans la ville sainte ? Et qu'est-ce que la peur de la misère sinon la misère elle-même ? La crainte de la soif devant votre puits qui déborde n'est-elle pas déjà une soif inextinguible ?


Il y a ceux qui donnent peu de l'abondance qu'ils possèdent et ils le donnent pour susciter la gratitude et leur désir secret corrompt leurs dons.

Et il y a ceux qui possèdent peu et qui le donnent en entier. Ceux-là ont foi en la vie et en la générosité de la vie, et leur coffre ne se vide jamais.

Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.

Et il y a ceux qui donnent dans la douleur, et cette douleur est leur baptême.

Et il y a ceux qui donnent et qui n'en éprouvent point de douleur, ni ne recherchent la joie, ni ne donnent en ayant conscience de leur vertu. Ils donnent comme, là bas, le myrte exhale son parfum dans l'espace de la vallée
.


Par les mains de ceux-là Dieu parle, et du fond de leurs yeux Il sourit à la terre.


Il est bon de donner lorsqu'on vous le demande, mais il est mieux de donner quand on vous le demande point, par compréhension ; et pour celui dont les mains sont ouvertes, la quête de celui qui recevra est un bonheur plus grand que le don lui-même.

Et n'y a-t-il rien que vous voudriez refuser ?


Tout ce que vous possédez, un jour sera donné ; donnez donc maintenant, afin que la saison du don soit la vôtre et non celle de vos héritiers.

Vous dites souvent : ''Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent''.

Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages. Ils donnent de sorte qu'ils puissent vivre, car pour eux, retenir est périr.




Assurément, celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits est digne de recevoir tout le reste de vous. Et celui qui mérite de boire à l'océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre petit ruisseau.

Et quel mérite plus grand peut-il exister que celui qui réside dans le courage et la confiance, et même dans la charité, de recevoir ?

Et qui êtes-vous pour qu'un homme doive dévoiler sa poitrine et abandonner sa fierté, de sorte que vous puissiez voir sa dignité mise à nu et sa fierté exposée ?

Veillez d'abord à mériter vous même de pouvoir donner, et d'être un instrument du don.

Car en vérité c'est la vie qui donne à la vie tandis que vous, qui imaginez pouvoir donner, n'êtes rien d'autre qu'un témoin.

Et vous qui recevez - et vous recevez tous - ne percevez pas la gratitude comme un fardeau, car ce serait imposer un joug à vous même, comme à celui qui donne. Élevez-vous plutôt avec celui qui vous a donné par ses offrandes, comme avec des ailes. Car trop se soucier de votre dette est douter de sa générosité, qui a la terre bienveillante pour mère, et Dieu pour père.



Khalil Gibran
"Le prophète" (extrait)

samedi 2 mars 2013

Alexandre Jollien et une place dans l'actualité...


C'est un peu court mais bon... 

"Très vite, j’eus l’intuition qu’en fuyant le handicap, on s’isole. Il est là, il faut l’accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui. Pour ce faire, la connaissance de ses faiblesses me semble primordiale."
Eloge de la faiblesse de Alexandre Jollien

vendredi 1 mars 2013

Se recueillir par Christiane Rancé (5)


MARCHEZ À LA CAMPAGNE


La marche, qui permet l'accouplement de la pensée et du pas, nous réinscrit dans l'espace et le temps. 


Marchez donc, et de préférence à la campagne. En ville, tout est assistance – l'éclairage, les trottoirs, les signaux –, alors que confronté à la nature, à ses rigueurs, on est ramené à notre humilité d'homme, dégraissé en quelque sorte, et mieux disposé à rencontrer Dieu.


source : La Vie