mardi 28 février 2017

Effacement...





Sur le point d’être encore
fasciné par ses propres yeux
& leurré par sa propre voix
mimant déjà ses propres gestes
son dernier personnage
commence à s’épuiser
son dernier pseudonyme
finit par s’effacer

Demeurent maintenant
dissonance absolue
cette rhapsodie orpheline
sans rime & sans raison
une simple façon d’écrire
— si semblable à son pas —
(peintures de Oleg Shuplyak)

& distant de son moi
— de ses images vaines — 
quelqu’un qui laisse sur la scène
les masques de son masque

& qui s’en va mêler
aux lettres du Chaos
les lettres de son nom
pour en faire un poème


Raymond Farina
Eclats de vivre



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lundi 27 février 2017

Un amour sans mémoire par Stéphanie Petit


Tous ceux qui ont été témoins, ou le sont encore, de l’atteinte par un proche de la maladie d’Alzheimer, ne pourront qu’être profondément touchés par ce petit livre très dense. L’auteur, Stéphanie Petit, médecin de profession, nous y livre un témoignage intime sur son lien à sa mère durant la traversée de cette épreuve longue de dix années.



Composé comme un journal de bord – les titres de chapitres sont des dates, qui vont de septembre 2004 à novembre 2014 -, ce livre nous propose d’entrer dans le point de vue d’une narratrice qui vit au plus près l’évolution de cette terrible maladie, et qui cherche à le faire dans une justesse de relation tout à fait remarquable. Une justesse délicate à trouver, toujours à réviser, parce que le comportement de la personne atteinte de cette forme de démence déconcerte à plus d’un titre : sa personnalité s’en trouve modifiée, sans disparaître complètement ; au contraire, parfois, ce sont d’anciens traits de caractère - dont l’enfant aura souffert lorsque sa mère était en pleine possession de ses moyens - qui reviennent dans une rudesse difficile à recevoir ; parfois, c’est un comportement inédit et régressif qui se manifeste.

Stéphanie Petit n’occulte rien de ce que furent ses difficultés, ses surprises et ses joies, furtives mais intenses, au cours de cette épreuve si particulière, de la découverte des premiers signes de la maladie jusqu’à l’acceptation de la nécessité de placer sa mère dans une structure adaptée. Elle nous livre tout cela à travers une situation bien concrète : son père vit encore et doit faire face au drame que vit son épouse, elle-même est mariée et son petit garçon est bien jeune pour affronter de telles circonstances. Comment faire comprendre la maladie de sa grand-mère à un enfant de cinq ans, comment passer de l’autre côté de la barrière – du médecin à l’univers du patient -, comment préserver un mode de relation vrai à sa mère tout en se protégeant soi-même, comment aider l’autre sans se substituer à lui, en veillant à respecter la liberté fondamentale de l’être humain, fût-il très diminué - toutes ces questions trouvent chez le lecteur des échos à sa propre existence de témoin de quelque maladie que ce soit, à vrai dire.

Le style de ce livre bien écrit est dépouillé, clair et juste à la fois. On n’en lâche pas facilement le fil. On est invité d’une belle et humaine façon à participer aux doutes et à la possibilité d’une certaine paix intérieure face à ce qui semble être, pourtant, une déchéance irrémédiable de l’être humain. Un Amour sans mémoire est une très belle leçon, non dogmatique, d’humanité réelle et vécue au quotidien, d’année en année, une plongée sensible dans le plus pur de l’humain : ce qui demeure, indéfectible, au-delà de la dégradation mentale.

Sabine Dewulf

UN AMOUR SANS MEMOIRE – Stéphanie Petit, 
paru auxéditions Mon petit éditeur, en 2016 (prix : 8 euros)

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dimanche 26 février 2017

Un silence plein et rond avec Joshin Luce Bachoux

Ce matin, une pluie très douce fait briller les pierres de la cour, les feuilles du magnolia et le tronc des arbres. Les oiseaux restent à l'abri sur les branches, à peine les entrevoit-on de loin, petites taches de couleur dans le cerisier. Tout est calme, le temps semble suspendu dans ce demi-jour pâle, dans la légère brume qui s'élève de la prairie, dans l'ombre sombre des grands pins qui bordent le sentier.

Dans la maison aussi, le calme règne : c'est le week-end de silence, comme tous les premiers week-ends de chaque mois. Nous avons établi cette règle depuis plusieurs années, après avoir constaté que nous trouvions toujours quelque chose à dire ! C'est parfois une information importante sur un travail à finir - « il faut rentrer le bois avant la pluie » -, parfois la joie d'une découverte - la première jonquille, le premier bouton de rose - ou l'apparition d'un problème - « je suis sûre qu'il y a une fuite ». Ou, tout simplement, nous bavardons, discutons, papotons, c'est plaisant et nécessaire pour garder le plaisir d'être ensemble. Mais, curieusement, depuis que nous nous accordons ce moment de silence, nous nous sentons plus proches les uns des autres, et il semble que la maison est plus vaste : c'est tout l'espace, intérieur comme extérieur, qui en est changé.
Au début, cela n'a pas été facile : le silence avec les autres est vite inconfortable ; certains s'en irritaient, d'autres avaient des crises de fou rire et quelques-uns affichaient un sourire légèrement supérieur qui disait clairement : « Je ne vais pas tomber là-dedans. » Ce « là-dedans » du silence paraissait une sorte de piège qui allait faire tomber les masques soigneusement mis en place. Être privé de mots reviendrait à se priver d'un abri : nous risquerions de révéler ce que nous voulons cacher, une part de nous terrifiante - ma colère, ma violence - et terrifiée - ma faiblesse, ma peur.
Mais nous avons continué et, peu à peu, appris à nous détendre. D'abord en allant marcher dans la forêt : au lieu d'essayer de remplir le monde de mon bavardage, je le laisse m'emplir. Je m'accorde à lui comme on accorde un instrument avec d'autres : ensemble nous créons une harmonie où tous les petits bruits, craquement du bois, chuchotement des feuilles, courses de l'écureuil, forment un contrepoint délicat et nécessaire, rendant le silence plus plein, plus rond, plus vivant. Dans la maison aussi cette harmonie s'est doucement installée, nous nous sommes détendus, les regards se sont adoucis, et nos gestes eux-mêmes se sont coulés dans ce silence.
Lorsque mes paroles ne font plus écran entre le monde et moi, je tiens moins de place. Le silence alors devient tranquillité : s'il me gêne, c'est qu'il fait ressortir mon habituelle agitation. Il n'est pas indifférence mais présence au monde et aux autres. Il aiguise notre attention : une attitude, un geste nous renseignent sur ce que ressentent ceux qui vivent près de nous. Nos sourires sont des mercis sans paroles, qui viennent directement du cœur. Nous nous rencontrons au-delà de nos certitudes, de nos aveuglements ; là où notre besoin de sécurité s'efface pour laisser la place à l'autre. « Dans le silence, on se voit mieux », s'étonna un de nos hôtes.
Dehors, le chuchotis de la pluie accompagne la douceur du silence qui nous réunit en cette matinée de printemps. Si le soleil revient, nous irons ensemble travailler au jardin. Je sais que nous n'aurons pas besoin de mots pour reconnaître notre plaisir d'être ensemble.
Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste, anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.

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samedi 25 février 2017

L'essence sacrée du Reiki avec Patrice Gros


(Cliquer sur l'image pour la voir en entier)


Nous sommes l'univers et l'univers est nous-mêmes.

L'univers entier existe en nous-mêmes et nous sommes dans l'univers.

La lumière se trouve en nous-mêmes et nous sommes dans la lumière.



Mikao Usui sensei

Je tenais à vous présenter un livre qui a l'avantage, comme son auteur Patrice Gros, d'aborder le Reiki  en tant que véritable art de vivre et chemin complet d’épanouissement spirituel.

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Extrait de l'introduction p.17 
(qui pour moi est fondamentale pour tout type d'approche qui se dit thérapeutique) :

"Pour ceux qui ont oublié quelle est leur véritable nature, le Reiki permet de se relier à nouveau à leur source, d’avoir une perception puissante de la véritable substance de la vie.
Nicole Montinéri

Un tout dernier point concernant le praticien en Reiki : Nous ne sommes pas des guérisseurs. C’est la personne soignée qui, en définitive, se guérit elle-même. Nous ne sommes là que pour l’accompagner et lui apporter l’Energie dont son intelligence corporelle, émotionnelle, mentale et spirituelle se servira, par phénomène de résonance (tel un catalyseur), pour retrouver son équilibre.

Le praticien ne crée pas cette énergie, mais il est simplement un canal par lequel elle est transférée, et donc ne s’attache pas aux résultats.
On ne devient pas un guérisseur, car c’est le Reiki le guérisseur.
Hawayo Takata

A mon avis, quiconque prétend être capable de guérir les autres est ignorant, arrogant, dans l’erreur ou dans l’illusion. Nous ne faisons rien d’autre que fournir l’énergie résonante qui permet aux autres de se guérir. Pour moi, celui qui prétend qu’il peut vous guérir ne comprend pas le mécanisme de la guérison.
La personne qui effectue le travail thérapeutique est là pour créer l’environnement qui favorisera la guérison, ni plus ni moins.
Richard Gordon

Je vous souhaite maintenant beaucoup de plaisir à découvrir et parcourir cet ouvrage !"

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Cet ouvrage comporte 9 chapitres qui abordent la partie plus théorique (aspects et dimensions spirituels) du reiki pour rapidement entrer dans la pratique avec les postures telles que Gassho et la méditation assise,...
Ensuite est présentée la base des 5 préceptes dans l'enseignement du Reiki Ryoho avec ses applications immédiates :
Juste aujourd’hui :
Ne te mets pas en colère
Ne pas s'inquiéter
Exprimer de la gratitude
Accomplir son devoir avec diligence
Etre bienveillant envers les autres


La partie contenant l'interview de Patrice Gros et les recueils de témoignages permet d'entrouvrir une porte sur l'espace lumineux et joyeux du Reiki.

Et la fin avec les proverbes et la grâce est jouissive :
"Après le Reiki, vient le beau temps"
Avec ce livre, "petit à petit, le Reiki fait son nid"

Bonne lecture
Acou.

P.S : Je profite de cette occasion pour vous annoncer la parution du deuxième livre de Suyin Lamour dont le titre, "La grande paix du coeur", n'est pas sans évoquer le Reiki.
Pour information, Patrice Gros a préfacé cet ouvrage qui fait suite à son précédent livre La joie d'être.

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vendredi 24 février 2017

Invitation à l'Amour de soi avec Christiane Singer


"L’amour de soi ; qui est le fondement de l’amour ; est une expérience bouleversante, ontologique, mystique. 
Il ne s’agit pas de l’amour porté à cette personnalité que j’ai réussi à construire. C’est une grande sympathie que j’éprouve pour elle. 
Non, l’amour s’ancre ailleurs. Il s’ancre d’abord dans la stupéfaction d’être vivant et étrangement, dans l’expérience du corps. Je vous invite à l’instant à frôler cette qualité." 

Christiane Singer 
N'oublie pas les chevaux écumants du passé.
Image : World Art Magazine

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jeudi 23 février 2017

Un bonheur n'arrive jamais seul...

LE BONHEUR

Le bonheur ne se trouve pas
avec beaucoup d'effort et de volonté
mais réside là, tout près,
dans la détente et l'abandon.
Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à faire.
Tout ce qui s'élève dans l'esprit
n'a aucune importance
parce qu'il n'a aucune réalité.
Ne t'y attache pas.
Ne te juge pas.
Laisse le jeu se faire tout seul,
s'elever et retomber, sans rien changer,
et tout s'évanouit et recommence à nouveau, sans cesse.
Seule cette recherche du bonheur nous empeche de le voir.
C'est comme un arc-en-ciel
qu'on poursuit, sans jamais le rattraper
Parce qu'il n'existe pas, qu'il a toujours été là
et t'accompagne à chaque instant.
Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises,
elles sont comme des arcs-en-ciel.
A vouloir l'insaisissable, on s'épuise en vain.
Dès lors qu'on relache cette saisie,
l'espace est là, ouvert, hospitalier et confortable.
Alors profites-en. Tout est à toi, déja. Ne cherche plus.
Ne va pas chercher dans la jungle inextricable l'éléphant
qui est tranquillement à la maison.
Rien à faire
Rien à forcer
Rien à vouloir,
Et tout s'accomplit spontanément...

CONSEILS AU MÉDITANT

Laisse cet esprit qui est le tien,
dans un état détendu, non-artificiel.
En cet état, voyant la pensée et son mouvement,
reste dessus, détendu.
En cet état, va poindre la stabilité.
Pas d'attachement à la stabilité,
Pas de peur du mouvement.
Connaissant qu'il n'est pas de différence
entre stabilité et mouvement,
l'esprit s'élevant de l'esprit.
En cet état, sans saisie, sans attachement,
repose, détendu, tel quel.
En cet etat, la réalite en elle-meme,
l'essence de ton propre esprit,
sagesse, vacuité radieuse,
va s'elever,
et tu n'auras pas de mots...
En cet état, un calme naturel viendra ;
sans tenir la stabilité pour quelque chose,
tel quel, naturel et libre ;
sans saisir ni rejeter les productions mentales,
s'il te plaît, reste... LÀ.
Guendune Rinpoche

mercredi 22 février 2017

Roue spirituelle...



Selon C.G.Jung , par la contemplation et la concentration, le mandala a pour fonction d'attirer intuitivement l'attention sur certains éléments spirituels afin de favoriser leur intégration consciente dans la personnalité. Jung avait relevé que l'inconscient dans ses périodes de trouble, peut produire spontanément des mandalas. Pour lui, le mandala symbolise, après la traversée de phases chaotiques, la descente et le mouvement de la psyché vers le noyau spirituel de l'être, vers le Soi, aboutissant à la réconciliation intérieure et à une nouvelle intégrité de l'être. "
Sylvie Crossman, Tibet, la Roue du Temps




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lundi 20 février 2017

Della et le cœur ouvert à l'Infini


Della nous délivre dans ce très bel ouvrage le partage d'un cœur bouleversé par l'éblouissement.
Dans une première partie, elle nous donne quelques pièces de l'échiquier : la conscience, la réalité, la souffrance, la fermeture à la Vie,... jusqu'à l'Eveil et l'Amour inconditionnel de l'Etre et fait mat.
Ensuite, dans une seconde partie, elle éclaire les mots et l'amour d'un jour nouveau, par ses réponses aux questions choisies par thème. C'est à déguster


"Nous avons tous ce potentiel extraordinaire d'apprécier la Vie à travers un regard
Sommes-nous prêts à voir ce qui nous sépare de cette paix,
à dire un grand « OUI ! » à cet espace 
et ainsi découvrir la libération ? "


Della partage son cadeau imprévu de la Vie, reçu lors d’une expérience de mort imminente, celui de la réalisation profonde que tout est Un et tout est Amour. La présence, la douceur, et l’énergie d’amour qui habitent son regard sont de puissants alliés sur le chemin d’ouverture au « vrai », au cœur. 

De médecin d’urgence, on la décrit maintenant comme médecin des âmes. Son partage est spontané, enveloppant, frais et aimant. Elle est l’auteure de Le Cœur Ouvert à l’Infini publié en mars 2016 chez Accarias l’Originel.


"Livre magnifique. Au delà des mots, Della a su maintenir la simplicité et la beauté de l'Intime. "



 Deux extraits :

Que pensez-vous de la nouvelle pratique appelée « la pleine conscience » qui consiste à ramener son attention sur l’instant présent et à examiner les sensations passagères qui se présentent à l’esprit à travers une observation silencieuse non jugeante ?

Il me fait chaud au cœur de constater que cette pratique que je ne connaissais pas jusqu’à tout récemment, prenne de l’ampleur. Elle invite à revenir à la réalité du moment et à discerner entre l’impermanence fondamentale de toute expérience et la permanence de la Conscience. Cette pratique libère de la tension d’action vis-à-vis des aspects perçus négatifs de nos vies. Elle pointe vers l’Intime avant l’histoire, là où tout est ouvert. C’est doux.

Il est toutefois intéressant, dans une perspective d’Éveil, de ne pas limiter la conscience à la perception du « moi ». La Conscience d’Être est toujours présente, qu’elle soit vécue en pleine conscience ou pas. À travers le processus de découverte de ma Vraie Nature, il est essentiel de réaliser que la Conscience est libre de l’expérience directe et personnelle de celle-ci.

D’une manière pratique, cette invitation prendrait la forme d'une réalisation à voir que la Conscience « est », avant le « moi et ses expériences de pleine conscience » et que les seuls éléments qui me séparent de cette Conscience globale sont justement reliés au contenu de mes pensées qui évaluent mon état de conscience ou de non-conscience du moment. Il devient alors possible de ne plus adhérer au jeu de l'évaluation quel qu'il soit et en fin d'être Un avec la Vie spontanée telle qu'elle est.






Après l’éveil, éprouvez-vous encore des émotions fortes qui engendrent de la souffrance ou la souffrance est-elle vécue autrement ?

Les émotions brutes peuvent tout à fait émerger. Elles sont vécues en présence et avec l’intention du cœur d’entendre simplement ce qu’elles ont à me dire. Leur source est toutefois claire : une réaction de la « petite » qui parle. Ces émotions sont bienvenues et totalement autorisées dans le moment. Ce qui est bien particulier, c’est la présence d’une curiosité sincère du cœur devant elles car elles sont l'occasion de rencontrer le besoin simple de l’âme ainsi manifesté, et une invitation véritable à ouvrir toujours plus profondément mon incarnation humaine à la Vie telle qu’elle est.


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dimanche 19 février 2017

Prière phytospirituelle du matin...


Pause des jours d'hiver
matin de prière
bourgeon d'instant



Extraits par deux  illustrations graphiques choisies du renku de Matsuo Munefusa (Bashô)

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samedi 18 février 2017

Rencontre poétique et pratique avec Pascale Senk


Pascale Senk est journaliste et écrivain. Elle est l'auteure avec Martin Rubio du livre Échanger sa maison, le nouvel esprit du voyage (Éditions des Équateurs) et de L’Effet haïku, lire et écrire des poèmes courts agrandit notre vie (Leduc.s éditions), un témoignage et une enquête sur les pouvoirs méditatifs et existentiels de cette pratique. Avec une sélection des plus beaux haïkus et des suggestions pour en écrire.

Marc de Smedt J’ai eu un vrai coup de cœur pour votre livre, qui nous apprend à la fois à saisir les moments précieux de nos vies et à nous épurer de nos trop-pleins. Comment vous est venue l’idée de ce voyage ?

Pascale Senk - Je m’intéressais depuis longtemps à la poésie, mais avec les haïkus japonais, dans leur brièveté et leur simplicité d’accès, j’ai découvert un monde nouveau. En plus du plaisir de la lecture et l’état méditatif qu’ils créent, les haïkus m’ont littéralement « reformatée » et recentrée. J’ai donc vécu et je vis là une expérience existentielle que j’ai voulu partager car elle est accessible à tous. 

Marc de Smedt - Vous dites qu’il faut à la fois créer son propre choix de haïkus utiles au quotidien et apprendre à en écrire pour coucher sur le papier ses états d’âme, ses douleurs ou ses émerveillements, car cela fait du bien…


Pascale Senk - Oui, cela permet de savoir accueillir ce qui vient, d’être davantage présent, attentif à ce qui est là, et de devenir une conscience qui sort de sa bulle à problèmes et apprend à explorer le monde de ses émotions de façon simple et efficace tout en s’ouvrant à autre chose de plus intéressant en soi. En lisant ou écrivant des haïkus, on se sent rassemblé, apaisé, relié et centré sur l’essentiel. On peut pratiquer cela à tout moment de la journée ! Je cite une formule de Marie de Hennezel, qui dit : « Ecrire un haïku peut être une pratique spirituelle qui permet de rester vivant et branché sur le neuf en soi. » Chaque haïku a sa propre histoire !

Marc de Smedt - Votre livre propose, suivant le mot de Michel Onfray, « une attentive présence au monde ». Comment l’avez-vous conçu ?


Pascale Senk - Dans la première partie, j’évoque comment une lecture régulière de haïkus peut imprégner notre manière d’être et d’envisager la vie. Chaque chapitre s’intéresse à une facette du haïku, et à la leçon qu’il nous transmet. Mais pas de sagesse sans pratique. Aussi souvent que possible, j’ai suggéré au lecteur une expérience en rapport avec ce que je venais de développer. La deuxième partie donne quelques points de départ pour écrire ses propres haïkus et montre comment cette pratique nous permet de jouer, de devenir plus conscients, de nous apaiser, de remercier, de célébrer l’amitié, d’être plus attentif à la beauté de la vie… C’est une voie d’épanouissement !


source : Clés 


Quelques haïku choisis par Pascale Senk (et mis en image) :





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vendredi 17 février 2017

Liberté partagée avec Jean Vanier


Nous ne sommes pas faits pour une loi de crainte ou imposée de l'extérieur; c'est pour cela que souvent nous la rejetons; nous ne sommes pas faits pour les conventions sociales, c'est pour cela que nous nous dressons contre elles (malheureusement bien vite nous en inventons d'autres) ....

Nous sommes faits pour la liberté et le partage, pour que soient brisés les chaînes qui enserrent nos pieds, nos bras, notre cœur.
Jean Vanier, Ouvre mes bras, Fleurus, p. 115
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jeudi 16 février 2017

Des nouvelles d'Alexandre Jollien

Il invite à entrer dans cet appartement des hauts de Lausanne où il vient d’emménager avec sa famille. S’excuse avec un sourire amical pour les valises et les cartons non déballés dans le couloir. «On est rentrés depuis trois mois mais on n’est ici que depuis deux semaines», explique l’auteur de Vivre sans pourquoi.
Alexandre Jollien a passé trois ans à Séoul avec Corine, son épouse, Victorine, Augustin et Céleste, 12, 10 et 6 ans, dont la joyeuse trace est visible au gré des pièces traversées. On lui demande tout de go pourquoi il est rentré. Il nous avait pourtant avoué vouloir rester encore un ou deux ans en Corée du Sud. «Je reviendrai quand j’aurai trouvé la paix», confiait-il à un média. Alors c’est ça? C’est un homme profondément en paix qui nous revient? Il tempère, le regard facétieux. «N’exagérons rien. Corine et les enfants seraient bien restés encore un an ou deux, mais la vie à l’étranger coûte cher et nous songions aussi à la scolarité des enfants. Il était temps de rentrer. J’aime bien la culture suisse française. Tout bêtement, parler français me manquait. La langue, c’est quand même un truc important!»

L’enseignement qu’il a reçu durant ses trois ans en Corée a été fortifiant pour son âme. 

Aujourd’hui, à 41 ans, il se réjouit de revenir à l’écriture et à ses conférences publiques.


Une petite joie enfantine qui monte aux yeux lorsqu’il évoque ses amis, sa famille, la fondue, tout ce qui lui a manqué à des milliers de kilomètres du Pays de Vaud, même si ce grand saut entre deux continents ne fut pas facile, dans un sens comme dans l’autre. «Les enfants ont heureusement réintégré l’école sans trop de problèmes. Dans notre quartier, au centre de Séoul, ils étaient les seuls étrangers, du coup traités un peu comme des petits princes. Les deux aînés doivent rattraper l’allemand mais cela se passe bien. Ils continuent à regarder tous les jours la TV coréenne par satellite et à prendre des cours via Skype. Eux sont bilingues, Corine et moi beaucoup moins.» Victorine et Augustin, qui viennent juste de rentrer, confirment joyeusement, embrassant tendrement leur père avant d’aller faire leurs devoirs.

Diverses voies 
pour accéder à la paix

Mettre en pratique les leçons de sagesse des grands esprits, de Jésus à Bouddha, Jollien nous y avait déjà habitués à travers ses nombreux livres. Il nous a aussi bluffés depuis longtemps par ce parcours d’un enfant opiniâtre qui, malgré son handicap et un placement en institution, va obtenir un master en philo, épouser une fille épatante et devenir père de trois enfants. Mais il lui fallait encore partir à l’autre bout du monde pour suivre l’enseignement d’un père canadien maître de zen, un homme-pont entre l’Asie et l’Occident. «C’était nourricier, fortifiant. La rigueur très zen et jésuitique de père Bernard m’a donné une architecture intérieure, une confiance en moi plus grande. Et puis le fait d’être aimé inconditionnellement a nourri mon regard sur l’autre. Oui, ma foi chrétienne a été influencée par son enseignement, je sais maintenant qu’il y a diverses voies pour accéder à la paix!»

La bibliothèque, dans le salon, qui fleure bon le bois neuf, accueille les livres qui ont fait le voyage aller-retour avec lui. Sénèque, Nietzsche, Spinoza et tant d’autres qui l’ont aidé à accomplir son «métier d’homme». Et qui vont nourrir ce cycle de conférences qu’il vient d’entamer au CHUV* sur le thème de la joie et de l’abandon. Parlant de l’abandon, il évoque l’image du toboggan chère à Pierre Constantin, l’ami de toujours. Et pose la question. Dans le pack de l’existence, il y a la joie et la tristesse, la maladie et la santé, les grincements en tous genres accouplés aux petits bonheurs. Pourquoi, au fond, ne pas considérer la vie comme un toboggan? Et s’y laisser glisser pleinement. «On peut s’accrocher à ses parois, résister ou bien se laisser aller. Le lâcher-prise passe par des actions concrètes. Poser des actes. Partir en Corée, c’était grimper sur le toboggan!»

Agressé au restaurant

Il s’anime. Son enthousiasme est contagieux. Quelle glissade que ces trois ans passés au pays de Samsung à apprivoiser la langue (ah, comment s’écrit «dentifrice» en coréen, tous ces objets dans les supermarchés qu’on ne peut identifier?) Il a été ému par le regard bienveillant, sans jugement ni préjugés, des Coréens. «Les bains publics me manquent énormément, c’était pour moi le lieu de l’acceptation, le regard sur le corps là-bas est très différent d’ici.»

Ici, le pays romand, mais en gros tout l’Occident, où la violence sociale et l’intolérance l’ont particulièrement choqué après ces trois ans d’absence. «L’autre jour, un homme m’a interpellé très violemment dans les toilettes d’un restaurant: «Jollien, t’es pas très viril, on est en guerre, on est dans un pays en guerre et on en a marre des Bisounours, marre de la gentillesse!»


Un regard neuf


Bisounours. Le mot le fait réfléchir. Il accepte qu’on ne partage pas son opinion, pas qu’on déverse sa rancœur aussi férocement. Lui, sans déroger depuis trois ans, continue à pratiquer la méditation une heure par jour à raison d’une demi-heure le matin et une autre le soir. Il a aussi partagé récemment une petite retraite avec ses deux copains, stars comme lui du rayon spiritualité des librairies, que sont Matthieu Ricard et Christophe André avec qui il a cosigné en 2015 Trois amis en quête de sagesse. Déjà un best-seller!

Il songe à faire du sport en équipe pour bâtir d’autres liens sociaux et envisager son corps autrement. A peur, un peu, de perdre cet émerveillement, ce regard neuf sur le monde rendu possible par le déracinement temporaire. Veut à tout prix préserver la qualité de sa vie de famille qui s’est renforcée durant cet exil. «J’étais parti aussi pour échapper un peu à ma vie devenue trop dispersée».

La morale de cette histoire? Un peu qu’il faut oser parfois un autre mode de vie, sans forcément traverser la planète, pour déjouer l’engluement des émotions négatives. Lui était un angoissé de première, assure-
t-il en riant. «J’aime la notion de grande santé chère à Nietzsche. Elle intègre tout, y compris la maladie, les blessures, les traumatismes. La maladie n’est pas le contraire de la santé, il y a mille manières d’être en grande santé, accessibles à tous! On ne guérit pas forcément de ses blessures mais on peut faire en sorte qu’elles ne deviennent pas tyranniques!» L’écrivain-philosophe a ses petites recettes concrètes pour le bonheur. Par exemple, noter tous les jours son niveau de félicité sur une échelle de 1 à 10. Cela vous rappelle les sondages à tout va qui veulent jauger à tout moment votre satisfaction? Sachez que la méthode a fait ses preuves sur un plan scientifique. A Harvard, où il existe une chaire du bonheur, le professeur demande à ses élèves de noter chaque soir leurs petites joies de la journée. Il paraît que cela a un impact réel et mesurable sur le fonctionnement de notre cerveau.


Smartphone psy

Autre petit truc pour «dégommer les passions tristes», pour reprendre le titre d’une de ses conférences: utiliser son smartphone comme un psy de poche. «Chaque soir, avec quelques amis, chacun d’entre nous dépose un message de cinq minutes sur KakaoTalk (la version coréenne de WhatsApp) pour faire le point, déposer ce qui nous fait avancer, ou ce qui nous a choqués, comme l’autre jour avec cet homme qui m’a agressé verbalement. Cela aide, ça permet de s’alléger; tout le monde devrait le faire, c’est salutaire. Moi, ça m’a changé la vie!»

On prend congé, justement, alors qu’il s’apprête à écouter le message du jour de son ami l’acteur Bernard Campan. Une banane se dessine sur son visage. On quitte un homme heureux. Et manifestement en paix.

source : L'illustré

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mardi 14 février 2017

Comme l'amour est aveugle, il est très important de toucher...


«Nous avons traversé les ténèbres de l'océan 
et l'immensité de la terre. 
Nous avons enfin trouvé la fontaine de Jouvence. 
Elle nous attendait patiemment, au cœur de nous-mêmes.»

Djaläl al-Dïn Rümï

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En ce jour (et avant deux mains)

je vous fais des bises du cœur...

lundi 13 février 2017

Sur le chemin avec Jacques Castermane


Il n’est jamais trop tôt pour apprendre ce qu’on ne nous apprend pas : apprendre à être.



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LA VOIE ! LE CHEMIN ! Ces mots traduisent le plus souvent le sinogramme « Tao » qui, dans la tradition japonaise devient le Kanji « Do ». Dans le monde du Zen le suffixe « Do » apparaît dans des disciplines aussi différentes que l’Aïki-Do, le tir à l’arc (Kyu-Do), l’art de l’épée (Ken-Do), l’art du thé (Cha-Do) ou la Voie de l’assise (Za-Do). Do (Tao) n’est pas le propre d’une discipline particulière ; cet idéogramme attire l’attention sur la vérité et le sens de ces exercices, aussi différents soient-ils apparemment et techniquement. 

Voici une vidéo dans laquelle je précise (autant qu’il m’est possible) ce qu’on entend par les mots « chemin » et « Voie » qui … ne mènent nulle part si ce n’est à celui, celle, qu’on, est déjà au plus profond de l’être, de l’acte d’être. 

Réalisation: Jean-François Machet, Jacqueline Pietsch

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dimanche 12 février 2017

Consentir doucement à sa vulnérabilité

COMPRENDRE
D’abord, que la vulnérabilité n’est pas la faiblesse, au sens un peu péjoratif du terme. Notre Dieu s’est rendu vulnérable en prenant condition humaine. Regarder Jésus qui vit pleinement sa condition humaine et dont la condition de fils de Dieu se découvre grâce à des rencontres qui le marquent et le déplacent, telle celle de la Syro-Phénicienne (Marc 7,24-30).

APPRENDRE
Il faut notamment apprendre à faire confiance les yeux ouverts : se fier est indispensable pour vivre. Mais faire confiance, c’est aussi choisir, ne pas se fier à n’importe qui, n'importe comment, Il faut rester attentif et savoir repérer les tentatives d'emprise : questions trop intrusives, conseil du type « c’est pour ton bien », etc. Pour cela, il faut trouver des lieux de confiance et de vérité. Il faut aussi apprendre à dire non ; refuser le diktat de la transparence, souvent confondue avec le labeur de la vérité et de la clarté indispensable à toute relation.

RESPECTER
Ne pas vivre ses limites comme un seul empêchement de vivre, mais aussi comme un point d'appui, y compris dans la relation aux autres. Nos limites disent notre humanité, avec ses drames, mais aussi ses chances, ses ouvertures. 11 s’agit de les reconnaître si nous espérons aussi pouvoir modifier l’une ou l’autre. Il est encore nécessaire que nous soyons respectés pour ce que nous sommes, y compris pour espérer devenir meilleurs.

ÊTRE
Autant que possible, il s’agit d’être dans un rapport de vérité à soi-même : ni exaltation de l’ego, ni dévalorisation de soi. La condition vulnérable est notre lieu pour aimer. Car comment aimer s’il n’y a pas de place, de manque, d’attente en nous ?

Véronique Margron


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samedi 11 février 2017

Transformation grâce à Kali et Lallâ


"Dans la perte, j'ai perdu la perte.
La perte perdue,
je suis revenue à l'océan de l'existence.
Riant, jouant, j'ai obtenu la révélation de l'Essence ici même.
De ce que je dis là j'ai fait en moi l'épreuve." 


Lallâ.



« lobham tyaktvâ vaimanasyam ca tadvat
kâryo nityam svasvabhâvâvamarsah
sûnyâcchûnyam naiva bhinnam yathaivam
tasmât tvam tadbhedabuddhir vrthaiva »
(cachemirien)
«  Une fois chassées impatience et lassitude, peut se réaliser
La prise de conscience définitive de l’Essence originelle.
Et là, de même qu’un vide ne se distingue pas d’un autre vide,
Ô toi, ne te trompe pas, il n’existe pas l’ombre d’une différenciation » 
Ainsi parlait Lallâ, figure au combien énigmatique et légendaire du Cachemire.



Kali est, dans l'hindouisme, la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C'est une forme terrifiante de Pārvatī représentant le pouvoir destructeur du temps. Son nom dérive du mot kāla, le temps en sanskrit, celui qui détruit toute chose. Celui qui la vénère est libéré de la peur de la destruction. Elle détruit le mal sous toutes ses formes et notamment les branches de l'ignorance (avidyā), comme la jalousie ou la passion.


vendredi 10 février 2017

Conscience spacieuse...

Le défi d'une vie humaine est de vivre vraiment libre.
Quand vous réalisez que vous n'êtes pas votre nom, vous n'êtes aucune fonction, vous n'êtes pas un homme ou une femme, et qu'en vérité vous n'êtes rien de ce que vous pouvez penser être, vous reconnaissez la grandeur de qui vous êtes vraiment.
Vous reconnaissez cette conscience spacieuse être déjà libre, indépendamment de toute pensée qui peut-être apparaît en elle.

Gangaji


jeudi 9 février 2017

La création vivante devant la mort...


Un événement, quand il se produit, prend place dans l'instant, mais il n'arrive qu'au terme d'un long cheminement. Ce que l'on en perçoit n'est que l'explosion, la seconde qui précède le jaillissement de l'étincelle. 
Tropique du Capricorne (1939) 

La vie en Création jusqu'au bout avec Henry Miller...






Je n'ai rien à faire avec la machinerie grinçante de l'humanité - j'appartiens à la terre. 

Tropique du Cancer (1934), XIII
de Henry Miller

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mercredi 8 février 2017

Savoir "ce qui est" ...


Retiens ceci : on est seul responsable de sa vie. 
Il ne faut blâmer personne pour ses erreurs. 
On est soi-même l'artisan de son bonheur et on en est parfois aussi le principal obstacle. 

Les écureuils de central park sont tristes le lundi 
Katherine Pancol



Le premier obstacle est l'idée préconçue. 
Nous ne savons souvent voir que ce que nous sommes prêts à voir. 

Petite philosophie a l'usage des non-philosophes 
 Albert Jacquard


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mardi 7 février 2017

L'être essentiel avec Jacques Castermane


Qu’est-ce que la méditation de pleine attention m’a appris ?

A reconnaître un niveau d’être dont personne ne m’avait parlé avant de rencontrer Graf Dürckheim. Dès mon arrivée en Forêt Noire, où j’allais vivre pendant cinq ans et où je retournerai chaque mois pendant plus de quinze ans, il m’a dit et répété : « M’intéresse l’être humain dans sa profondeur, dans son être essentiel. L’homme est appelé à découvrir en lui-même cet être essentiel qui transparaît dans certaines expériences ».


Qu’est-ce que c’est ça l’être essentiel ?
Voici la réponse qu’il ma donnée à cette question que je n’ai pas manqué de lui poser :
Vous ne pouvez pas poser cette question : qu’est-ce que c’est "ça" l’être essentiel ; parce que ce n’est pas un -ça-. Mais chaque être humain a la chance de vivre une expérience au cours de laquelle il se sent être celui qu’il est au fond ; les maîtres zen parlent de la vraie nature de l’être humain.
C’est lorsque l’homme s’enferme dans une coquille, partout désignée comme étant l’ego, que l’homme souffre de cette maladie qui lui est propre : l’angoisse et les états qui l’accompagnent (soucis, inquiétude latente, peur souterraine, agitation).


Vous pouvez dire quelque chose de cette expérience ?
Chacun peut reconnaître des moments de joie qui alternent avec des moments de tristesse ; un état d’être confiant qui alterne avec un état d’être méfiant. C’est le lot de l’ego (indissociable du mental) que d’être soumis à ces mouvements pendulaires : calme / agité ; patient / impatient ; alerte / indolent ; tranquille / énervé. La liste de ces humeurs variables est longue. Aux deux bouts il y a d’un côté la dépression et de l’autre le burn-out.
En même temps, bon nombre de femmes, d’hommes, de jeunes-gens, de vieillards reconnaissent qu’il leur est arrivé d’être porté, saisi, emporté, ne serait-ce qu’un moment, par un vécu intérieur d’une qualité inhabituelle ! Un calme intérieur qui n’est pas simplement le contraire de l’agitation ; un silence intérieur qui n’est pas le contraire du bruit ; une paix intérieure qui n’est pas le contraire de l’agitation mentale.
Qui oserait dire qu’il n’a jamais connu ces moments au cours desquels, sans raison aucune, on est plongé dans une atmosphère intérieure étrange et, en même temps familière. Familière parce qu’elle nous rappelle notre petite enfance. Un de mes enfants, il devait avoir quatre ans, me disait « C’est dommage papa, je ne me sens plus tout ‘’rond ‘’ comme quand j’étais petit » ! Il reconnaissait qu’il ne vivait plus en étant – un – avec sa vraie nature, dans un état d’être essentiellement là. Jung a raison : « La première moitié de l’existence consiste à tomber dans un trou ; l’autre moitié consiste à en sortir ! »


Ces expériences sont le but de méditation ?
Non. L’exercice de la méditation prépare les conditions qui permettent et favorisent l’éveil à notre vraie nature. Et, ce faisant, d’arriver à vivre dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui (sans attendre qu’il ait changé) en nous appuyant sur notre vrai point d’appui : notre être essentiel, domaine du calme, de la confiance, de l’équilibre intérieur.


Jacques Castermane
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