mercredi 1 mars 2017

Vie irritante avec Chögyam Trungpa



Nous pourrions dire: "J'ai pratiqué; j'ai cherché l'illumination, le nirvana, mais j'ai toujours été repoussé. Au début, ces pratiques m'ont apporté une sorte d'excitation. J'ai cru que j'allais arriver quelque part. Je me sentais beau, béat, et je pensais pouvoir faire mieux encore, aller encore au-delà. Mais après, rien n'est arrivé. La pratique est devenue monotone, et j'ai commencé à chercher une autre solution, quelque chose d'autre. Mais en même temps je me disais: je commence à ne plus croire aux pratiques qui m'ont été transmises. Je ne devrais pas chercher d'autres pratiques. Je ne devrais pas chercher ailleurs, je devrais garder la foi, tenir bon. Très bien, il faut faire avec. Alors je me suis accroché. Mais cela reste pénible, monotone. En fait, c'est énervant, trop douloureux."

Et on continue toujours ainsi. On se répète. on construit quelque chose en quoi l'on puisse croire. On se dit:"Maintenant je devrais avoir la foi. Si je croyais, si j'avais la foi, je serais sauvé." On tente de préfabriquer la foi et on en tire une excitation momentanée. Mais après, tout se termine encore et toujours de la même façon - on ne tire rien de tout cela. Ceux qui abordent la spiritualité de cette manière sont toujours confrontés à ces problèmes.

Dans la façon qu'à Padmasambhava d'approcher la spiritualité, on ne cherche pas une excitation, une inspiration ou quelque félicité. Au contraire, on creuse dans ce que la vie a d'irritant, on y plonge et on s'y établit. Si l'on est capable d'agir ainsi, alors tout désagrément devient une source de grande joie, de joie transcendantale- parce qu'il n'y a plus aucune douleur en jeu. Cette forme de joie n'est absolument plus reliée ou opposée à la douleur. Alors, tout devient précis, aigu et compréhensible, et l'on est capable d'établir un lien avec cela.

Chögyam Trungpa. 
Extrait de "Folle sagesse"

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