Un peu blasés, maussades, désabusés ? Posologie : s’appliquer à retrouver son âme d’enfant, notamment la capacité à s’émerveiller. Soit le secret pour vivre une bonne et heureuse année…
« Il neige, il neige ! » À la maison, l’excitation est à son comble : nos enfants sautent littéralement. Pour quelques flocons, les voilà transfigurés. Les chamailleries sont oubliées, les jeux délaissés et les conversations terminées ; tous arborent de larges sourires et s’extasient bruyamment : « Waouh, c’est trop beau ! » Le vocabulaire est pauvre, mais la joie est riche, et, à vrai dire, contagieuse. À notre tour, nous nous laissons saisir par ce simple mais merveilleux spectacle.
Nous nous attendrissons devant cette capacité naturelle des enfants à s’émerveiller et à s’enthousiasmer de petits riens que nous n’aurions pas remarqués sans eux : la forme d’un nuage, la couleur d’un tronc d’arbre, l’aspect d’un caillou, la taille d’un insecte, la possibilité d’une cabane, de petits bruits dans les feuillages…
Lorsque c’est nous qui nous enflammons, nous avons le sentiment de retomber en enfance, comme si cette spontanéité n’était plus vraiment de notre âge. Il faut dire que nous posons parfois sur le monde un regard blasé, désenchanté, voire endurci. Des paysages vus cent fois peuvent nous sembler dénués d’intérêt ou bien nous nous positionnons en « sachants », croyant ne rien avoir à apprendre de la nature (alors que, pour notre part, nous sommes bien incapables de distinguer deux chants d’oiseaux).
Adultes et urbains, nous avons si bien appris à vivre dans le bruit que nous ne savons plus écouter. Nos yeux happés par les écrans ne savent plus voir et nos esprits sont tant encombrés de soucis et d’activités multiples que nous peinons à être présent à ce qui se vit autour de nous. Nous ne savons plus regarder, encore moins contempler, ce qui ne laisse guère de possibilité de s’émerveiller.
« La beauté sauvera le monde »
Il n’est finalement pas étonnant que tant de personnes restent insensibles aux problèmes environnementaux, car comment peut-on vouloir prendre soin de ce que l’on ne remarque plus ? L’émerveillement rend humble, il nous fait prendre conscience qu’il y a plus grand que nous et qu’il est vain de chercher le bonheur dans les possessions matérielles ou le statut social. Il évite aussi de tomber dans la désespérance ou le découragement face aux crises multiples que nous traversons.
Car nous croyons qu’il y a du vrai dans la phrase de Dostoïevski, « la beauté sauvera le monde ». Faisant de ces mots leur slogan, des communes ont choisi d’exposer des œuvres d’art sur les panneaux publicitaires de la ville. Et si nous nous exercions avec elles à une plus grande attention au beau dans nos vies, en nous laissant toucher par une nuit étoilée, une cathédrale rebâtie, les vers d’un poème ou le réconfort d’un ami ?
Tel François d’Assise, nous pourrions faire l’expérience d’observer le végétal, l’animal, le minéral, l’humain, nous dire par leur existence : « Regarde qui m’a créé ! Regarde mon créateur ! » En retrouvant une âme d’enfant, capable de s’émerveiller face au beau et au bien, qu’ils viennent de Dieu ou des hommes, nous aurons peut-être nous aussi envie de louer Dieu, et retrouverons sans doute l’espérance qui nous fait parfois défaut. Vraiment, ne craignons pas de redevenir de simples enfants, le royaume des cieux n’est-il pas à ceux qui leur ressemblent ?
Chronique écologiquement vôtre par Adeline et Alexis Voizard dans le magazine La Vie
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