samedi 8 juillet 2017

Maître et disciple...


« Quelle est la différence entre le maître et le disciple ? » 
 Lorsque je lui ai posé cette question Graf Durckheim a souri. Le temps de me rendre compte que ma question avait racine dans une crainte. Peur de la soumission, du paternalisme, de l’autoritarisme. Après un moment de silence il me dit « La différence entre celui qu’on appelle le maître et celui qu’on appelle le disciple ? Il n’y en a pas ; les deux sont sur le même chemin ». Me voilà rassuré, mais il ajoute « Oui, les deux sont sur le même chemin. Mais chez celui qu’on appelle le maître cela se voit déjà un petit peu plus … ». 


 Le chemin est la technique ; la technique est le chemin 
Pour qui pratique la méditation, il n’y a de maître que par rapport à celui, celle, qui s’engage dans une quête inconditionnelle : l’éveil de sa vraie nature. Qu’est-ce donc que notre nature essentielle ? Est-ce une pieuse imagination ? Est-ce le contenu d’une croyance ? Est-ce une spéculation métaphysique ? Le maître ne propose pas un enseignement qui utiliserait les moyens de la pensée analytique. L’enseignement s’appuie sur le fait que : « Le chemin est la technique ». Le maître ne transmet pas des théories mais témoigne de ses propres expériences ; sans cesse, il encourage le disciple à s’exercer. Quant à la technique, ce n’est pas seulement une chose qu’on fait (par exemple, tirer une flèche). La technique c’est la manière d’être de la personne lorsqu’elle fait cette chose. D’où cette observation qui a à faire avec ce qu’on appelle la maîtrise : « Un maître a toujours infiniment de temps intérieur ! ».

Maître, j’ai un problème ! 
Convaincu que ce qu’on appelle la respiration est un phénomène important dans la pratique de la méditation, je profite d’un échange avec Graf Durckheim pour lui dire que pendant la méditation « J’ai de sérieux problèmes avec la respiration ». En riant il me répond « Je ne suis pas sûr que vous ayez des problèmes avec la respiration ; mais une chose est sûre, la respiration a de sérieux problèmes avec vous ! ». L’occasion de me rappeler, que l’acte de respirer est une intention de l’être ; une action innée, issue de notre vraie nature et qui n’est pas du ressort du moi. Quarante-cinq ans plus tard, chaque jour encore, je rectifie ma manière de pratiquer la méditation afin que la respiration naturelle puisse se réaliser. C’est en contemplant le simple va et vient du souffle qu’on devient soi-même tout à fait calme. 

Jacques Castermane

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