mercredi 30 juin 2021

Pourquoi pratiquons- nous ?

 


Croyez-moi, même après toutes ces décennies, je me pose encore cette question tous les jours. Je pense tout le temps à arrêter. Mais je me rends compte que si je le faisais, je me retrouverais dans une situation pire que celle dans laquelle je suis maintenant. Et je devrais alors travailler encore plus dur pour me remettre sur les rails.
J'ai connu des hauts et des bas, des revers et d'innombrables problèmes que j'ai dû surmonter. Je suis allé voir toutes sortes de professionnels, j'ai consulté des gens, je suis allé voir des personnes saintes, je me suis entraîné avec des maîtres et j'ai lu de nombreux livres.
J'ai essayé toutes sortes de programmes d'exercices, de régimes, d'herbes, d'acupuncture, de chiropractie, de thérapies et de traitements médicaux. Je suis toujours arrivé à une conclusion : personne ne peut nous donner tout ce dont nous avons besoin.
Pourquoi pratiquer ? C'est le seul moyen de surmonter nos problèmes en y répondant "par le haut" et pas par une régression. C'est le seul moyen de comprendre notre vérité sur ce monde. C'est le seul moyen d'être indépendant. C'est le seul moyen de maintenir notre bien-être et notre santé mentale. C'est le seul moyen d'affronter le chagrin, la perte et la mort. C'est le seul moyen de réaliser les promesses spirituelles des livres saints.
La pratique se fait très lentement. Elle est construite sur de nombreux petits actes. Chacun d'eux a un effet subtil, à peine perceptible. Ce n'est que dans l'approfondissememt, sur de nombreuses années, et à la frontière du mystère, que nous voyons des résultats. Après tout, un océan est fait d'innombrables gouttes minuscules.
Le cadeau de la pratique, c'est que parfois, rarement, la grâce nous donne rendez-vous. Elle ne vient pas toujours, mais si nous pratiquons, alors nous serons là quand elle se présentera.
Traduction et adaptation d'un post de Deng Ming Dao par Fabrice Jordan.

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mardi 29 juin 2021

Arnaud Desjardins, être et avoir

 


« Les prestiges de notre société moderne, les prouesses techniques, l’abondance matérielle, les exploits en tous genres – communiquer à distance par le téléphone, franchir dix mille kilomètres en quelques heures avec un Boeing, envoyer des hommes sur la Lune – tout ceci nous aveugle à notre pauvreté spirituelle. Et j’affirme que les peuples sous-développés nous étaient, à bien des égards, supérieurs. Durant mes années de voyages, j’ai abondamment connu professionnellement la veulerie, la corruption et l’inefficacité de l’Asie dans certains domaines. Mais je sais aussi combien ces peuples étaient, dans leur pauvreté, favorisés par rapport à nous sur le plan de l’être. Je pense notamment aux musulmans dans la mesure où les sociétés musulmanes étaient encore non politisées (par exemple l’Afghanistan très à l’écart de la politique internationale jusqu’à l’occupation par les troupes russes), au monde de l’Himalaya (Sikkim, Bhoutan), aux réfugiés tibétains ou aux hindous appartenant à certaines couches sociales encore protégées.
Vous comme moi, nous avons grandi dans une société qui, sur le plan de l’avoir, est unique dans l’histoire de l’humanité mais qui, sur le plan de la décadence de l’être, est unique aussi. Nous sommes allés déjà beaucoup plus loin dans la décadence que les Romains ne l’ont été à l’époque où leur fameuse devise «panem et circences» («du pain et des jeux du cirque») paraissait les éloigner vraiment de toute spiritualité. C’est donc devenu un fait courant que des hommes et des femmes à la fois rêvent de samadhi, de satori, d’états supérieurs de conscience, et soient pourtant très défavorisés sur le plan de l’être.

Le premier enseignement avec lequel j’ai été en contact et que je n’ai jamais renié, l’enseignement Gurdjieff, était éloquent à cet égard. On nous rapportait les paroles de Gurdjieff : « L’homme doit d’abord découvrir sa totale nullité, sa complète “ merdité ”. » Il est difficile pour un Français moderne de prendre vraiment conscience de sa complète nullité. Nous avons trop de raisons universitaires, professionnelles (chacun trouvera les siennes) de considérer que nous ne sommes pas aussi nuls que Gurdjieff osait l’affirmer. Même si ces paroles vous semblent abusives – alors que mon expérience pendant des années m’a confirmé combien elles me concernaient – soyez conscients du divorce entre cette faiblesse de l’être, même si vous êtes bourrés de diplômes ou si vous gagnez énormément d’argent, et la hauteur des ambitions spirituelles.»

(Approche de la méditation, chap. 5)
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lundi 28 juin 2021

Utile beauté...


"La beauté, ce n'est pas où sont placées tes plumes ni comment elles brillent aux yeux du monde, mais comment tu utilises tes ailes"

Faisan doré et fleurs de coton rose par l’empereur Huizong de Song (7 juin 1082 – 4 juin 1135), nom personnel 赵佶 Zhao Ji.

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dimanche 27 juin 2021

Ignorance

 


"Un petit enfant, au commencement, ne se connaît pas lui-même, bientôt, il prend conscience de son corps, puis de celui des autres et se met à apprendre une foule de choses. Tout a néanmoins commencé par cette absence de connaissance. L’homme est ignorant de sa base, de son début, c’est sur cette ignorance qu’il construit sa compréhension du monde et un savoir de plus en plus complexe. Pour découvrir la vérité, ce n’est pas dans la direction de la philosophie ou de la religion qu’il vous faut chercher, c’est dans la direction opposée. Il vous faut retourner au commencement, il vous faut cerner cette ignorance initiale sur laquelle a été dressé tout le reste, il vous faut sonder ce que peut être cette connaissance négative, cette absence de tout savoir. Quand vous aurez connu cela, vous saurez toutes choses.
Tant que vous demeurez ignorant de votre base, de ce qui vous supporte, il est évident que tout ce que vous pouvez exprimer sur Dieu est faux. Mais quand vous avez compris cette base, ce principe du « je suis » non formulé, vous manifestez Dieu et vous êtes Dieu. Stabilisez-vous dans cette conscience de la toute petite enfance ne se connaissant pas et découvrez ce qu’elle est.
Tout ce que vous pouvez faire, en dehors de trouver votre véritable nature, est, soit vous agiter et vous fatiguer de plus en plus en croyant agir, soit vous endormir. Tout ce que vous pensez accomplir socialement ou spirituellement n’est que jeu, divertissement."
L’entité humaine n’existe en aucune façon. Il y a ce principe de conscience qui vient se joindre à la gestation d’un corps au moment de la conception. Chez le nouveau-né il est « je suis » en sommeil. Ensuite l’enfant devient conscient mais cette conscience s’identifie à son contenu. Et là commencent les spéculations et la souffrance. Placez votre être dans l’êtreté et échappez à tout cela.."
Nisargadatta Maharaj

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samedi 26 juin 2021

Culture de soi

 

La culture quotidienne de soi est essentielle pour suivre le Tao. Les résidus négatifs de chaque jour tombent, et l'énergie sacrée du ciel et de la terre se renouvelle en nous. La vertu en est le résultat. C'est le caractère moral et éthique que le mot implique, mais c'est aussi un pouvoir de transformation.
Si nous pratiquons chaque jour, alors la vertu rayonne à l'extérieur de nous. D'autres personnes se cultivent également, et ces ondes vont se croiser et se construire les unes sur les autres. Si vous voulez une vie différente et un monde différent, tout ce que vous avez à faire est de vous cultiver.
Daodejing, chapitre 54 :
Cultiver soi-même, et la vertu sera réelle.
Cultivez votre famille, et la vertu débordera.
Cultivez votre village, et la vertu durera longtemps.
Cultivez votre nation, et la vertu sera abondante.
Cultive le monde, et la vertu sera partout.
Traduction d'un post de Deng Ming-Dao


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Alchimie interne taoïste. Illustration gravée sur bois de la pratique intitulée "Nourrir et faire croître l'embryon sacré", tirée du Xingming guizhi (Conseils sur la nature spirituelle et la vie corporelle) de Yi Zhenren, 1615. Wellcome Images,

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vendredi 25 juin 2021

Accueillir la cueillette

 

Accueillir la nature en nous. Apprendre à la connaître pour mieux se reconnecter à notre nature.
La seule "mauvaise herbe" sur cette planète que je connaisse s'appelle l'homme civilisé...
Il est étonnant de voir que, pendant que l'on saccage la nature (des particules de plastiques ont été retrouvées sur des ailes d'abeilles), des scientifiques prennent conscience des différentes communications animales et végétales et de l'intelligence du vivant.


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jeudi 24 juin 2021

Réactions sans liberté...

 

Extrait de : La voie et ses pièges par Arnaud Desjardins


… Nous commençons à nous poser des questions : est-ce vraiment si librement que j'ai décidé d'aller tel jour à tel endroit, est-ce si librement que, m'étant rendu à cet endroit, j'y ai rencontré telle personne laquelle a eu telle influence sur mon existence ? Une première illusion, la plus grossière, de diriger son destin indépendamment à partir de sa « libre » volonté va tomber.

Je m'aperçois que mes actions ont été des réactions ou, au moins dans certains cas, des réponses. Car il ne faut pas confondre une réaction et une réponse. Dans la réaction, impulsive et compulsive, nous sommes simplement emportés, dans la réponse nous demeurons conscients, établis en nous-mêmes, en possession de nous-mêmes, nous ne sommes pas identifiés. Plus vous observez votre existence, plus vous constatez qu'en fait toutes vos actions ont le plus souvent procédé de réactions mécaniques et non pas de réponses appropriées puisque l'élément de présence à soi-même, de vigilance faisait défaut.

Envisageons notre histoire personnelle depuis la conception. En quoi notre ego tel que nous le ressentons aujourd'hui a-t-il participé à la fusion de l'ovule et du spermatozoïde ? Qu'ai-je décidé en l'occurrence, en quoi ai-je été l'auteur de l'action, l'agissant ? Des chaînes de causes et d'effets très puissantes ont ordonné qu'un homme et une femme soient attirés mutuellement, s'accouplent, que cette femme soit enceinte et qu’un être humain vienne au monde. En quoi votre ego a-t-il ensuite participé au travail de multiplication et de différenciation des cellules qui produit l’embryon puis le fœtus pour constituer en neuf mois un être humain viable, avec un cerveau, un système nerveux, digestif, respiratoire. Puis, vous êtes nés, et ce n'est pas « vous » qui avez programmé l’expulsion de la matrice.

p. 91 - 92


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mercredi 23 juin 2021

Ne pas s'entêter


Cette vidéo montre bien que les pensées nous emportent loin de la réalité de l'instant. Elles nous enferment dans des ascenseurs émotionnels.



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mardi 22 juin 2021

Ensemble...



"Quand une multitude de petites gens,
Dans une multitude de petits lieux,
Avec une multitude de petits gestes
Changent une multitude de petites choses,
Ils peuvent changer la face du monde".
❤Erich FRIED
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lundi 21 juin 2021

Le jour de la nuit

 

Le nouveau livre d’Alain Galatis, au titre oxymorique, commence par un récit saisissant : le chapitre « Ordonnateur du chaos » nous raconte une expérience originelle, vieille de vingt ans environ, vécue par l’auteur. À la fois très simple et très troublante : marchant derrière un inconnu, Alain s’aperçoit soudain que sa conscience s’est extraite de l’individu qu’il pensait être pour s’amplifier, au point de s’agréger à celle du marcheur dont il ne se sent alors plus séparé. Ce qu’il avait lu dans les livres de sages devient sa propre réalité : « Appréhension d’une unité des phénomènes et du caractère atemporel de l’instant présent. » Cette appréhension fut très brève mais ensuite vécue de nouveau et approfondie, jusqu’à permettre une discrimination constante entre le fait de vivre l’événement et celui de l’interpréter.
Mais alors, se demande l’auteur, pourquoi sont-ils si peu nombreux, ceux qui font, parallèlement à l’existence commune, l’expérience de cette unité pourtant si accessible à chacun d’entre nous ? Pourquoi l’événement en tant qu’« impensable », « foudroyant » comme un « soleil éblouissant », échappe-t-il à notre perception ? Pourquoi la fable de notre conscience individuelle dissimule-t-elle la « conscience de l’être » qui est notre seule consistance réelle ? Pourquoi diable prenons-nous les histoires que nous nous racontons, c’est-à-dire des fictions, pour la réalité, alors que celle-ci est si simple, aveuglante d’évidence ? Pourquoi donc persistons-nous à ordonner le chaos, à le perpétuer ? Pourquoi, finalement, dissimulons-nous sous d’innombrables énigmes la seule question qui mérite d’être posée : « Qu’est-ce qui existe ? » et qui contient son corollaire : « Qu’est-ce qui n’existe pas ? »
C’est un fait : au lieu d’opérer cette distinction coupante comme la clarté, nous préférons continuer à nous laisser envoûter, aspirer par le vortex d’illusions que pourtant nous créons. Et ne voyons pas à quel point cela nous plonge dans le pire des chaos… Notre malaise constant n’en est-il pas le signe ?
S’ensuivent trois autres chapitres, tout aussi prenants.
« Le jour de la nuit », qui donne son titre à l’ensemble du livre, est déroutant, vertigineux. Il évoque dans une prose poétique la dissolution de l’illusion ultime du chercheur spirituel qui se croyait pourtant bel et bien arrivé au but en se percevant comme « fondu dans le paysage » : « La grande révélation est donc très simple : il ne s’est rien produit. Son expérience extraordinaire n’en était pas une. Il n’y a strictement rien à chercher. Il n’y a strictement rien à changer. »
« La nuit espiègle » revêt une autre forme : celle d’aphorismes qui, tels des koans japonais, court-circuitent nos habitudes de penser et creusent encore davantage le lit de la poésie pure. En voici quelques-uns, à savourer : « Par la raison brûler toutes les maisons. » « Le réel est inhumain. » « Tu es autrui, pour le meilleur et pour le pire. » « Il fallut faillir. » « La mélancolie est l’ombre portée de ce qui est. » « Trempe les lèvres. »…
Enfin, « L’homme croit que ce qui n’existe pas existe » referme la boucle avec le premier chapitre. Non pas vraiment enfin : il s’agit d’une boucle infinie, comme le ruban de Moëbius. Les paragraphes ne s’enchaînent pas, ils cherchent plutôt à déchaîner notre manière de percevoir. Sans concession, sans pitié, les phrases martèlent ce qu’obstinément nous refusons de voir : « A peine une illusion tombe-t-elle dans les flammes qu’elle se relève démultipliée en cent nouvelles illusions. Hydre monstrueuse écrasant toute vaine tentative de rébellion. » Nous redoutons de toutes nos forces de remettre en cause le socle qui fonde notre individualité. Ce faisant, nous critiquons le chaos, sans cesse, autour de nous, sans nous rendre compte un seul instant que nous le créons et l’alimentons sans trêve.
La conclusion n’est qu’un commencement : « Personne ne t’appelle et personne ne t’attend. Seul, tu dois te réveiller. Tu dois te lever et sortir dans la nuit noire. » Ce ne sont pas les toutes dernières phrases de ce livre mais elles pourraient l’être : elles en délivrent la quintessence.
Un livre impressionnant, décapant, renversant !
Sabine Dewulf
Le Jour de la nuit, d’Alain Galatis, éditions Originel-Accarias, 2021, 122 pages, 14 €.



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dimanche 20 juin 2021

Rouge et rond comme une cerise...

 L'arrivée des premières cerises ouvrent le champs à des réflexions mélancoliques sur le temps qui passe et la force des liens familiaux.

Chaque année, les premières cerises me rendent rêveuse et nostalgique... Les reflets rubis des grosses cerises burlat, le panaché rose et jaune des bigarreaux, mais surtout le rouge pâle de ces petites griottes rabougries, juste un noyau, à peine un coup de dent autour, et chanceuse encore si on ne tombe pas sur un ver, fort mécontent d'être dérangé dans son déjeuner.

Pff, pff, je recrache tout, je trépigne un peu... « Jette-la, grand-mère, jette-la ! » « Mais non, mon petit, c'est parce qu'elle est délicieuse, cette cerise, qu'il l'a choisie ! » « Grand-mère, je ne veux pas manger de ver, c'est dégoûtant d'abord. » Mais grand-mère sourit, indulgente, pour ce qu'elle considère des caprices de petite fille choyée et citadine.

Le regard d'un enfant de 7 ans


Les cerises, pour elle, c'est un cadeau du printemps, une surprise ardemment attendue, des journées lumineuses dans les difficultés de la vie... « On grimpait sur l'arbre, vois-tu, et on en mangeait, on en mangeait... » Je regarde cette vieille dame, plutôt ronde, qui marche si mal, et je ne la crois pas. Comment serait-ce possible... Je n'ai pas spécialement réfléchi à la question mais c'est tout à fait évident que, même si moi, je change, si je grandis, si je ne suis bientôt plus une enfant, imaginez 7 ans ! l'âge de raison.

Mes parents ont toujours été vieux, parce que ce sont des parents, c'est logique, et ma grand-mère a toujours été extrêmement vieille et a passé sa vie assise dans un fauteuil au soleil dans son petit bout de jardin. Elle a toujours eu cette peau douce toute rose, ces joues un peu froissées que j'aime embrasser, des cheveux blancs tout ébouriffés et des yeux qui se plissent pour mieux me regarder : « Comme tu as grandi ! », me dit-elle chaque fois que j'arrive. Je ne le dis pas, mais je trouve cette remarque un peu bête, les petites filles, c'est fait pour grandir, est-ce qu'elle ne le sait pas ? « Mais tu as déjà eu des petites-filles, grand-mère, tu sais bien que je vais devenir une grande ! »

Un refuge dans ma vie

Aujourd'hui, c'est jour de fête, premières cerises, et un sourire encore plus joyeux que d'habitude ; elle tourne et retourne les fruits dans ses mains, les regarde en transparence, en respire le parfum et sourit : « On se rendait malades, comme tous les gosses, et notre mère nous tirait les cheveux quand on revenait, le tablier tout tâché, la figure toute barbouillée. C'est que les cerises, c'était pour les vendre ; on les rangeait bien proprement dans un panier, et on se mettait au bord de la route. Et gare si on revenait sans argent, et avec une bouche toute rouge ! »

Je n'écoute pas grand-chose parce que je n'imagine même pas de quoi elle parle : jamais mes parents ne m'ont tiré les cheveux, jamais ils ne me laisseraient partir toute seule au bord d'une route, jamais je n'ai mangé de cerises qui n'aient pas été auparavant triées et lavées. Ce que je veux, c'est me blottir contre elle, sentir son souffle sur mes cheveux, ses bras solides autour de moi, sa main qui caresse ma joue.

Ce que je veux, c'est qu'elle soit là, qu'elle me dise que tout va s'arranger, même si je commence à ne plus la croire toujours. Mais elle est un refuge dans ma vie, une certitude, un rempart que, doucement, les jours émiettent, sans que je m'en rende compte. Elle fut mon premier grand chagrin. Aimer, être aimée. Aimer longtemps après que la personne aimée a disparu. Un amour qui continue à nous emplir, un amour rouge et brillant, un amour rond comme une cerise.

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Nonne bouddhiste, Joshin Luce Bachoux anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche. Auteure de Tout ce qui compte en cet instant chez Points Vivre, et Une saison en méditation, au Cerf.

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vendredi 18 juin 2021

Joyeux anniversaire Arnaud !

 


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Acceptation de soi...

 


« Quand, dans l’enfance, on nous a proposé une perfection que nous ne pouvions pas incarner, nous avons été divisés et nous nous sommes sentis défaillants par rapport à un idéal qui aurait été en fait flatteur pour notre vanité et nous aurait permis de nous sentir aimés et admirés par nos parents et notre entourage. Nous en arrivons donc à nous détester nous-mêmes d’être ce que nous sommes ou, selon une manière bien erronée de nous exprimer, de « n’être que ce que nous sommes ». Si j’étais autre – tout cela remonte à l’enfance -, je me sentirais tout le temps aimé, jamais critiqué, jamais refusé, et, qui plus est, admiré. Il y a scission entre ce que je voudrais être et ce que je suis, alors qu’en vérité, à chaque instant, je ne peux être que ce que je suis. Sur la base de cette division, qui n’a aucune valeur spirituelle et qui conduit au non-amour de soi, je ne peux pas progresser. Un être divisé ne peut pas croître, évoluer. Un être unifié inévitablement progresse.


C’est un point vraiment essentiel de ne surtout pas confondre l’amour heureux pour soi-même avec l’amour propre, la vanité ou la susceptibilité qui sont au contraire des marques flagrantes de non-amour de soi. Parce que je ne peux pas m’aimer moi-même tel que je suis, je deviens très vulnérable à l’admiration, à la louange ou, au contraire, à la critique. Nous pouvons bien sûr nous sentir déroutés au premier abord par un enseignement qui nous demande de nous aimer nous-même alors qu’on nous a toujours dit qu’il fallait s’oublier soi-même pour aimer les autres et que tout le mal venait justement de ce qu’on s’aimait soi-même au lieu d’aimer les autres. Par un étrange paradoxe, nous trouvons tout à fait normal qu’un sage nous aime d’un amour inconditionnel et absolu mais, nous, nous ne pouvons pas nous aimer parce que nous ne sommes pas ce que nous voudrions être ou ce que, selon les modèles qu’on nous a proposés, nous devrions être.

Il faut, d’une manière ou d’une autre, réussir à se pardonner complètement et à s’aimer soi-même inconditionnellement grâce à l’ensemble de toutes les pratiques d’une voie. »

Extrait de "Les formules de Swâmi Prajnânpad"

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mercredi 16 juin 2021

Un parfum d'émotion

 


Si l'on trouve un moyen de se débarrasser des émotions négatives dont tout le monde s'accorde à reconnaitre qu’elles ne peuvent pas contribuer à notre bonheur, pourquoi néanmoins ne pas garder toutes les émotions positives ? La raison en est que l'on ne peut éliminer les unes et garder les autres parce qu’elles proviennent de la même source : le mental et son refus de la vérité.
Telle est l'origine de toute émotion : une pensée - souvent imperceptible - qui conteste ou interprète la vérité de l'instant. La pensée qui précède l'émotion négative consiste à dire que les choses ne devraient pas ou n'auraient pas dû arriver. Et Swâmiji apporte une nuance à ce sujet. Le mental ne considère pas que ce qui arrive dans l'instant est mal mais anormal. Et il conteste cette pseudo-anomalie. La pensée qui précède l'émotion positive, quant à elle, consiste à dire que ce qui arrive aurait pu ne pas arriver. Cette distinction illusoire produit un effet de dilatation. L’effet est bien réel (l’émotion positive), mais il repose pourtant sur une pure fiction. Et comme ce type d'émotion est ressenti comme agréable, il est bien difficile de concevoir qu’il n’est pas souhaitable.
Que l’émotion soit positive ou négative, de manière identique dans les deux cas, il y a le jeu mensonger d'une comparaison. Le paradoxe est que, tout en reconnaissant l'inanité de la comparaison (les « devrait » ou « aurait pu »), l'attachement à l’émotion persiste. Et la conviction de toute la fausseté de l’ensemble n'est pas encore arrivée à maturité.
Un jour, lors d'un entretien, Arnaud m'a illustré ce point de la manière suivante :
Si l’on vous dit que pour les rhumatismes, il faut prendre des bains en y mettant de l'eau de Cologne, que cela vous coûte cher et que vous apprenez ensuite que c’est inutile, vous arrêtez tout de suite. Si vous étiez convaincu de l'inutilité de l'émotion, elle cesserait tout de suite.
L’ego préfère souffrir que mourir.
La cristallisation, c’est la cristallisation de la conviction.
Une instruction qui ne convainc qu'à 99 % est égale à zéro.

LA SPLENDEUR DU VRAI
Eric Edelmann / Éditions Le Relié

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mardi 15 juin 2021

Fleurissement de l'instant

 

"Ils ont fait de toi une image, ils ont fait de toi une idole, ils ont fait de toi une Église. Moi, je fais de toi un coquelicot, l'étendard minuscule de l'éternel, le fleurissant par surprise."
Christian Bobin, du livre "Le Christ aux coquelicots"



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dimanche 13 juin 2021

Comment vivre l'écologie intégrale, par Adrien Louandre

 Fils de militants communistes, Adrien Louandre est devenu amoureux du Christ et de l'Évangile. Il nous donne les clés de l'écologie intégrale pour face à la catastrophe écologique, sociale, spirituelle et économique que nous traversons.



Dans Laudato si', le pape exhorte à « écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres ». Une vraie approche écologique doit ainsi répondre à toutes les pauvretés : intellectuelles, sociales, spirituelles, environnementales...

1. Penser par soi-même

Lorsque la mondialisation gomme la singularité des esprits, lorsque l'éthos capitaliste forme non des citoyens, mais des consommateurs, quoi de plus écologique et démocratique que d'apprendre à penser par soi-même ? Rendons la « philosophie populaire » (Diderot), et, ce, dès le plus jeune âge. En cela, l'association Savoir être et vivre ensemble (SEVE), qui forme des animateurs en philosophie pour les enfants et les adolescents, a tout compris.

2. Voir la vie intégralement

Parler d'écologie intégrale, c'est voir la vie intégralement : dans ce qu'elle a de plus difficile aussi. La tentation du suicide est l'une de ces réalités douloureuses - je la connais de près. Au Forum international des jeunes, organisé par le Vatican en 2019, j'ai fait une intervention sur ce sujet encore tabou : « Comment crier aux autres jeunes qui ont voulu en finir que le Christ est ressuscité ? Que cela change leur vie ? Qu'ils sont aimés à la folie, même s'ils ne le sentent pas ? »

3. Sus au naturalisme cartésien !

Il ne suffit pas de s'émerveiller devant la Création : il faut l'aimer, à l'exemple de François d'Assise, mon saint de prédilection. Il est temps de casser ce naturalisme cartésien selon lequel il y aurait la nature d'un côté, et de l'autre les hommes. Nous faisons tous partie de la Création. Nous sommes tous frères - n'est-ce pas, sœur poule ? (rires). Et, parce que nous le sommes, nous devons nous battre les uns pour les autres.

4. Vivre l'Évangile radicalement

La conversion écologique est donc d'abord une conversion éthique et spirituelle. L'Évangile nous appelle à lutter pour la justice dans tous les domaines de l'existence. Revenons à sa radicalité !

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source : La Vie

samedi 12 juin 2021

Force en soi...

 


«Intérieurement, je n’ai pas le moindre intérêt à tenir tête crânement à tel ou tel persécuteur. Ils ont bien le droit de voir ma tristesse et ma vulnérabilité de victime désarmée.
Je n’ai nul besoin de faire bonne figure aux yeux du monde extérieur.
J’ai ma force intérieure et ça suffit, le reste est sans importance".
Etty HILLESUM ❤
15.01.14 - 30.09.43 - Auschwitz

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vendredi 11 juin 2021

Alignement lumineux

 


Il y a eu une éclipse solaire hier. On l'appelle "l'anneau de feu". Lorsque la lune passe devant le soleil, elle le bloque entièrement, et le halo de lumière a inspiré ce nom.

Nous savons que le diamètre de la lune est 400 fois plus petit que celui du soleil. Comme la lune est 400 fois plus proche de la terre, son diamètre apparent est presque le même.

Une grande partie de la compréhension de la vie est une question de position, d'alignement, de temps et de perspective. Nous essayons d'aligner les choses en notre faveur. D'une certaine manière, c'est tout ce dont il s'agit dans le Taijiquan et le qigong : aligner notre corps de manière à améliorer le flux d'énergie. L'alignement aux événements est souvent le seul génie dont un taoïste a besoin : nous faisons la bonne chose au bon moment.

Lorsqu'il s'agit d'évaluer les événements et nos émotions, nous devons être plus circonspects. En ce qui concerne cette éclipse, elle nous amène à nous demander : ce à quoi nous sommes confrontés est-il vraiment aussi important que nous le pensons ? L'importance est-elle réelle ou illusoire ? Nous pensons peut-être que nous sommes bloqués, mais cela peut être à la fois temporaire et moins important qu'il n'y paraît. Nous devons être sûrs avant de réagir. Et peut-être que ce n'est qu'une question d'attente. Après tout, par la métaphore d'une éclipse, il n'y a rien que nous puissions faire à part attendre qu'elle passe.

Parfois, on peut avoir l'impression que notre accès au divin est bloqué. Mais ce n'est jamais vrai. Tout comme le soleil est toujours là, la lumière de la spiritualité est toujours là.

En ce sens, une éclipse n'est définitivement qu'un phénomène qui ne peut diminuer le moins du monde la lumière du soleil. De la même manière, les catastrophes ne doivent pas nécessairement être des menaces réelles. Nous pouvons y faire face. Nous pouvons voir au-delà. Et nous pouvons être sûrs que le malheur n'obscurcit jamais le Tao lumineux.



Traduction d'un post de Deng Ming-Dao

par Fabrice Jordan

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jeudi 10 juin 2021

Sans coupure !




"N'avez-vous pas remarqué
A quel point
Vouloir être quelqu'un
Est fatigant ?"

 


"Si vous faites vôtre la suggestion mentale saugrenue qui affirme haut et fort que tout devrait être autrement, vous vous coupez de la Source et plus rien en vous n'est fluide".

MOOJI ❤

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mercredi 9 juin 2021

Conscience océane


La profondeur n'est jamais vague ! Rester à la surface donne un goût amer...

 

"Au cœur du mystère, plonger encore plus profond. 
Là se trouve la porte de toute merveille"

Dao De Jing chapitre 1

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mardi 8 juin 2021

La vie a du goût

 


Goûtons la Vie
Plutôt que de la penser
Goûtons la Vie
Telle qu'elle est dans l'instant
Goûtons la Vie
Telle qu'elle se présente à nous
Avec une infinie Tendresse
Goûtons la Vie
Le Cœur ouvert à l'Amour

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Catherine Bost

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Yoga canin


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dimanche 6 juin 2021

Les microbes sont nos amis...

 

Voici deux extraits du documentaire, diffusé sur Arte, concernant notre microbiote.

Je pense de plus en plus que le milieu extérieur est un miroir de notre milieu intérieur. La déforestation et la destruction de la nature sont en fait les images de la déforestation et de la destruction du microbiote.

Je n'ai pas retenu la partie sur les effets de la césarienne pratiquée de plus en plus dans certains pays et vous ai mis les parties sur les antibiotiques et l'alimentation

C'est à voir !




Si vous souhaitez voir le document en entier, 
vous pouvez utiliser le lien en commentaire pour le charger...

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samedi 5 juin 2021

vendredi 4 juin 2021

Rencontre de l'instant

 


En ces temps , et pour moi , c'est avec la nature que la rencontre a lieu; cette nature qui jour après jour se réinvente et la magie opère...
"Ces êtres de dialogue, de partage et de mouvance que nous sommes, vivent de la magie des rencontres, meurent de leur absence. Chaque rencontre nous réinvente illico - que ce soit celle d'un paysage, d'un objet d'art, d'un arbre, d'un chat ou d'un enfant, d'un ami ou d'un inconnu. Un être neuf surgit alors de moi et laisse derrière lui celui qu'un instant plus tôt je croyais être."
Christiane Singer 1943-2007
Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies
peinture: Zhou Chunya

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