mercredi 22 juin 2016

L'invisible compréhension...



Les philosophes décrivent les hommes comme étant immédiatement pourvus d'une identité, des hommes qui naîtraient à trente ans, comme Adam et Eve. Ils ne tiennent absolument pas compte de l'existence d'un premier monde puis d'un second, ils ne s'intéressent pas au fait que l'on naisse et que cette naissance fasse cesser un lien inimaginable, originel, obscur et cardiaque. Ce premier monde que les contes situent dans une grotte ou sous l'eau, ce monde d'avant que nous ayons la voix, me fascine profondément. C'est un monde très important pour la musique. J'ai beaucoup travaillé là-dessus, je crois que le chant vient après la basse continue.

Toute origine est perdue et pour nous tous. J'ai fait assez de dépressions nerveuses pour savoir qu'une dépression nerveuse, c'est le sentiment d'être englouti de nouveau par une voracité qui n'est rien d'autre que le souvenir confus de ce que nous avons été jadis.
Je n'avais jamais senti à quel point il est faux de dire que nous sommes des individus hermétiques les uns aux autres, poussant à l'intérieur de nous-mêmes. Regardez un nouveau-né et sa mère, les enfants entre eux, un petit jouant avec des animaux... Celui qui naît n'est pas grand-chose, et c'est précisément pour cela que "ça passe". C'est plus tard que le verrouillage se fait, que nous devenons incommunicables les uns aux autres. 
(source : L'express)

...Le visible ne suffit pas pour comprendre ce qui est vu […].
Le visible ne s’interprète qu’en se référant à l’invisible.

(Sur le jadis)

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