samedi 1 novembre 2025

L’Adieu à ma mère


Ma mère est décédée fin septembre. J’ai pu vivre toutes les étapes de l’accompagnement. J’étais auprès d’elle en fin de vie. Je l’ai lavée, nourrie, je lui ai parlé même quand elle ne parlait plus. En septembre, son état s’est dégradé, mais nous pouvions encore échanger. Elle répétait « Je veux partir, je veux partir ». Avec mes sœurs, je lui ai répondu : « Tu peux partir. Tu as été une super maman, et on est prêts pour ça. » Mon père était là, je voulais qu’il le lui dise aussi. Il a du mal à exprimer ses sentiments. Mais il a dit : « Tu peux partir pour le grand voyage, pour Celui que tu as toujours aimé et pour qui tu as travaillé toute ta vie. Je suis prêt. » Ma mère était silencieuse, elle nous regardait et nous serrait la main. Son organisme a lâché en quelques semaines, et elle est décédée. Plusieurs personnes, dont des col-lègues, m’avaient dissuadée de m’occuper des soins mortuaires moi-même. Mais j’ai senti une force plus grande qui -m’accompagnait. J’étais prête. Ça a été très beau, un dernier moment privilégié avec ma mère. J’ai mis une musique douce et allumé une bougie. Je lui ai fait un shampoing. Je l’ai maquillée comme elle le faisait, avec du fard à paupières, mais très léger. Tout le monde m’a dit qu’elle était très belle et que c’était bien elle. Même mon frère, qui n’est pas à l’aise avec la mort et les corps des défunts, a voulu la voir.

Tous ses petits-enfants sont venus l’entourer et lui parler. Ils ont déposé plein de mots et de jeux près d’elle, parce qu’elle jouait beaucoup avec eux. Au cimetière, on a aussi collé sur le cercueil des pièces d’un jeu auquel on jouait souvent, une idée de Bleuenn, ma dernière fille. C’était comme célébrer la beauté de la vie d’après ! Il y a eu aussi une très belle messe, avec de beaux chants. L’église de Corse dans laquelle mes parents sont très investis était pleine à craquer. Nous avons vécu un moment d’espérance et d’amour.

Laëtitia Cado-Guiomar, thanatopractrice.

(source : La Vie)

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