dimanche 13 septembre 2015

Vijaya Gascon : "une énergie supérieure habite mon temple intérieur"


Rencontre avec une hindoue qui puise dans les textes sacrés (la Bhagavad-Gita) une hygiène spirituelle au quotidien. 


... Je crois en l'existence d'une énergie supérieure, sans pouvoir lui donner de visage. Il m'arrive souvent de sentir une force en moi, notamment dans les épreuves. Cette force, je l'ai trouvée lors de la mort de mon père alors que j'étais âgée de 12 ans. Ce douloureux événement m'a inculqué la certitude qu'il n'était ni vain ni dû au hasard : si cette mort advenait, c'est que quelqu'un, quelque part, était convaincu que j'aurais la force de l'affronter. C'était à moi de trouver cette source, cette énergie. Une telle attitude m'a considérablement aidée pour le restant de mon existence. Je trouve beau de penser que la mort charnelle n'est pas une fin. Tout n'est que continuité grâce à la réincarnation. Cette croyance me permet de rester positive ; de ne pas tomber dans une dépression liée à la perte de l'être cher mais de le laisser partir avec sérénité car il a joué ce qu'il avait à jouer sur cette Terre. Je ne suis pas maître de sa vie future. De même, peu importe ce en quoi je me réincarnerai puisque je ne détiens pas la vérité. Ce mystère ne m'effraie nullement, au contraire. Depuis 20 ans que je côtoie la France, je me sens encore loin de cette mentalité fataliste et cartésienne, cherchant une réponse rationnelle à toute chose. L'hindouisme nous incite à mener une vie correcte et à sans cesse nous interroger sur le rôle que nous avons à remplir. Tout l'enjeu est de donner le meilleur de soi-même chaque jour, sans attendre de résultat, sur lequel nous n'avons aucun pouvoir. Et de ne pas trop s'attacher aux choses passagères.

Si quelqu'un m'avait déroulé ma vie à l'avance, les joies, les doutes, les douleurs n'auraient sans doute pas eu la même saveur. Ce n'est pas le but qui est intéressant, mais le chemin parcouru. Aujourd'hui encore, je ne considère pas les situations douloureuses comme des échecs. Pour savourer les victoires, je pense qu'il faut toucher le fond.

Cet itinéraire affranchi des normes et guidé par ce désir de suivre ma voie, je l'ai arpenté en veillant à ne jamais blesser personne. Mes filles sont désormais indépendantes, et je sais qu'elles sont capables de mener une vie sans moi, heureuses. J'ai l'impression d'avoir accompli mes tâches : être en paix avec moi-même, ne rien regretter et sentir que ma famille et moi-même sommes respectées en Inde. Si je quitte la Terre demain, cela sera dans la sérénité intérieure.

source : La Vie