jeudi 31 mars 2022

Arbres en conscience

 "Penser comme un arbre,

c'est, au sein d'une forêt silencieuse,

être à l'écoute de la Terre et de ses murmures,

goûter aux premier rayons du soleil,

rester droit après la tempête

pouvoir changer ses branches en gardant ses racines,

écouter les histoires du vent sans forcément y participer

et se mettre à l'abri.

Mais penser comme un arbre,

c'est surtout, loin des idées pieuses,

garder la tête dans les nuages

et vouloir toujours aller vers la Lumière ..."

Jordan Ray.


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mercredi 30 mars 2022

Secret passage


 "Entre le clair de lune et le feuillage,

Entre la quiétude et l'allée d'arbres,

Entre la nuit qui tombe et la brise,

Passe un secret.

Mon âme le suit au passage."


Fernando Pessoa 1888-1935 / Fragments d'un voyage immobile

photographie: ©Henri Prestes from The velvet Kingdom wonderful misty and foggy landscape


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Peut on aimer ceux qui nous ont fait du mal ?



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mardi 29 mars 2022

Responsabilité


 "Prendre la responsabilité de sa vie : voilà la preuve qu’une personne est devenue pleinement adulte . Il n’y a rien ni personne à blâmer, ni ses origines ni ses ancêtres ni ses parents ni le sort ! Prendre la responsabilité de sa vie, c’est dire oui. Oui à ce que je suis, oui à ce que j’ai vécu, oui à ce qui vient ! Ce serait tellement plus confortable de pouvoir trouver des excuses, de blâmer quelqu’un d’autre ! Parfois, cela semblerait plus normal , car d’autres ont reçu plus et mieux. Pourquoi n’ai-je pas eu les mêmes chances ? Cette question reste ouverte. À première vue, rien n’est équitable dans la vie. Il se peut que la question à se poser soit autre : que puis-je réaliser avec ce que j’ai reçu ? Quelle attitude, quelle manière de vivre puis-je adopter pour transformer les obstacles sur ma route en tremplins pour m’élever ? Être capable et désireux de prendre la responsabilité de sa vie, c’est ce qui fait la grande dignité de l’aventure humaine !"

Rosette Poletti et Barbara Dobbs

Art ; Bernard Buffet

dimanche 27 mars 2022

Dépasser le bruit


 La guerre. Une manif qui dérape. Une catastrophe, un incendie. Une maison ou un pont qui s’écroule. Des morts. Les informations ne s’occupent que de ce qui fait du bruit. On ne peut le reprocher à personne. Le système médiatique est fondé sur le bruit, sur l’importance de la rumeur : c’est le principe même du buzz. On vous livre les faits, quantité de faits, venant de plus en plus loin, des confins de la planète ou de l’Univers, mais vous seul devez en trouver le sens.

Le sens vous appartient

Dans un système totalitaire, l’information vous livre aussi le sens, aussitôt, et c’est rassurant : la guerre est juste, l’émeute a été rapidement réprimée, l’incendie contenu, l’incendiaire puni. Une enquête est en cours pour comprendre comment le pont ou la maison a pu s’effondrer. Il ne faut pas construire sa maison trop près de la rivière ! « Tout va bien, dormez tranquilles, braves gens, votre assurance s’occupe de tout pour vous. Marchez dans les clous et pensez seulement à régler la quittance. »

Dans un système d’opinions, il vous revient de choisir vos médias en fonction même de leur capacité à produire du sens à partir de tout ce bruit. Le sens ou le non-sens vous appartient à vous en définitive, il relève de votre liberté personnelle. La butée à cette recherche du sens, imparable, incontournable, imprescriptiblement personnelle, c’est la mort. La mort des autres, si lointains, si inconnus qu’ils soient, vous rappelle que vous aussi devez mourir. Bêtement. Sans l’avoir voulu, à cause d’un accident, d’une guerre, d’une émeute, d’une catastrophe imprévisible… ou de la vieillesse.

À l’écoute de la vie qui pousse

La mort insensée fait du bruit dans la vie, toujours trop de bruit au gré des vivants que nous sommes. Rappelez-vous ! Au beau milieu du carnaval, il y avait un homme aussi déluré que les autres, déguisé en faucheux, en squelette, en mort-vivant. Dans le tarot de Marseille, c’est l’arcane XIII, la Mort : ce personnage est couleur de chair, couleur de la vie : seule la vie est capable de mourir !

La mort est dans la vie, et nul n’arrive tout à fait à la faire taire, à l’oublier, à s’assurer contre elle ; aucune assurance vie ne mérite ce nom menteur. La précarité n’est pas un accident, c’est l’essence même de la vie. Alors écoutons mieux, au-delà du bruit : « Toute la forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un seul arbre qui tombe. » Retournement. Conversion de carême. Pour trouver le sens, déplacer son oreille, son écoute. Chercher à entendre la vie qui pousse en silence.

Pour cela, partir du plus proche, apprendre quelque chose de l’arbre que je suis, vivant immobile, dont nul ne perçoit la vie tant que dure l’hiver. Comment pourrais-je porter des fruits sans m’enraciner ? Apprendre des arbres à porter du fruit moi-même, au lieu de courir à toute berzingue une épreuve insensée pour décrocher la timbale, le yoyo, la guirlande en polypropylène, le roudoudou au gingembre…


Sous l’écorce grise, terne, nul ne voit ma sève, nul ne peut savoir ce que donnera mon arbre, quand la belle saison viendra : mes fruits sont encore cachés dans la racine. Tout se joue en ceci, peut-être : porter le fruit qui me ressemble, ne pas être un figuier qui veut porter des roses. Mes fruits, c’est ma vie au-delà de ma vie : la vie donnée, la vie ressemée, ma vie pour d’autres.

Découvrir qui est le Jardinier

Découvrir alors que quelqu’un s’intéresse tout particulièrement à ces fruits-là : le Jardinier. C’est Lui qui me nourrit, me soigne, me taille aussi parfois.

Chaque matin, chaque soir, à la brise du jour, bien avant le temps de la récolte, il se promène dans le jardin. Depuis le jour de mes premiers bourgeons, il voit grand pour moi, il voit loin pour moi, il m’espère.


David-Marc d’Hamonville est moine bénédictin de l’abbaye d’En-Calcat (Tarn). Il a publié notamment Marc, l’histoire d’un choc (Cerf), Âme sœur, fragments de vie intérieure et Si tu veux la vie (Albin Michel).

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Source : La Vie


samedi 26 mars 2022

Rencontre avec un vieux sage


Voici la présentation du bel, accessible et inédit podcast consacré à Jacques Castermane - « Rencontre avec un vieux sage » - que vous êtes chaleureusement invités à écouter.


Diplômé de kinésithérapie en 1961, Jacques Castermane se met ensuite en quête de sens, que son métier et sa vie Bruxelloise de l’époque ne peuvent assouvir.
Il part ainsi en fôret Noire pendant 5 ans, pour étudier la tradition orientale, qu'il poursuivra aux côtés de son maître Karlfried Graf Durckheim, pendant plus de 20 ans. Depuis 1981, il partage désormais ses enseignements dans son école de méditation, en plein coeur de la Drôme.
Personnellement, j’ai été impressionné par la pertinence, la sagesse et la profondeur de ses réponses à mes réflexions.
Je suis également très content d’avoir pu aborder des notions telles que la spiritualité, l’impermanence, le zen.. que je trouve essentielles, lorsque l’on s’intéresse au sujet de ce podcast : la santé.
Cet épisode est donc d’une grande richesse, et je vous invite à l’écouter l’esprit et le cœur ouverts, dans le but de vous laisser toucher par les propos de notre invité, que je remercie publiquement pour la valeur de ce qu’il nous partage ici.
Très bonne écoute à vous,
Et à très bientôt,
Etienne


Timeline:
6’ Rencontre avec Karl Garf Durckheim
9’ Le chemin pour se libérer de la souffrance
14’ La leibthérapie.
19’ « L’occidental » cherche à comprendre.
25’ L’expérience de notre « être essentiel ».
33’ Définition de l’égo et impact sur notre être essentiel
38’ Zen et stoïcisme
50’ Concept de l’impermanence.
58’ Suis-je un être spirituel ?
67’ Les vertu de l’exercice quotidien
71’ Dorsalgie et phénomène de « décentration »

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vendredi 25 mars 2022

Pas à pas, la beauté sous la plante des pieds


"Faites que derrière vous, ne restent que fleurs et beauté..."



“Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux.”
Mère Térésa

(Merci Marlo)
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jeudi 24 mars 2022

Présentation audio du livre de Gilles Farcet

 “Mais il avait persisté dans sa secrète détermination à servir le tout en s'accomplissant. Et le tout, de guerre lasse, sans doute, avait fini par le lui rendre”. (p.11)

“Voilà ce qu'il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale”. (p.41)


Les éditions l'Originel-Charles Antoni, nouvellement renouvelées, proposent une inspiration de Gilles Farcet sur le concept du Réel : La réalité est un concept à géométrie variable.

L'auteur, mature en âge et discernement, y jette un regard compatissant sur son passé et son passif ; dresse un portrait lucide de sa génération, de ses contemporains et de sa propre tâche (“pas sage mais accoucheur”) ; nous livre ce qu'il a compris du monde, du sens et du mystère de la vie (l'Amour ?), du temps qui passe, de la mort.

Reconnaissant des amis spirituels rencontrés sur le chemin (A. Desjardins, Y. Amar, Yogi Ramsuratkumar, G.I Gurdjieff...), il goûte aux fruits de leurs enseignements, par une pratique assidue et continue depuis une quarantaine d'années, se découvrant et s'acceptant homme heureux, conscient, aimant et vivant.

Cet "homme nouveau" au sens chrétien du terme, avec sa vision compatissante de l'humain, la responsabilité d'être au service de son prochain, d'accueillir toute souffrance pour la transcender et se donner en corps tel une hostie, la bonté d'âme aussi...s'est imposé avec le temps, reléguant l'homme ancien ou l'ego-centré en seconde place de la psyché consciente (le “il” narratif est employé à dessein).

Rien de permanent pour autant, aucun élu ni parvenu, ni fonction à laquelle s'identifier. Des années de lutte intérieure lui ont appris la patience, la veille stratégique et la nécessité de rester dans l'ouverture de vue et de cœur (“vivant plutôt qu'éveillé”).

Gilles Farcet traverse la vie en baroudeur, sans apporter de réponse toute faite au mystère insondable mais ressent de plus en plus le besoin de remercier pour l'assise, les signes et la confiance mis en lui. Il trace son sillon à la fois dans les pas de ses prédécesseurs mais aussi dans l'intime connivence et relation de l'être en soi.

Un auteur que l'on sent proche. La profondeur et l'acuité du Vivant qu'il est permet la mesure.

Entretien audio en plusieurs parties (11, 8, 9 et 9 minutes) avec Gilles Farcet :

1ere partie / 2ème partie / 3ème partie / 4ème partie 

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lundi 21 mars 2022

Beauté animale !

" Qu'est-ce que l’homme sans les animaux ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’âme, car ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l’homme. Toutes les choses sont liées. Il faut apprendre a vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos ancêtres. Afin qu'ils respectent la terre, dites à vos enfants que le sol est riche des vies de notre peuple. Apprenez à vos enfants ce que nous avons toujours appris aux nôtres, que la terre est notre mère et que ce qui advient à la terre advient aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme, mais l'homme appartient à la terre. Ceci nous le savons. "2


L’attitude de ces chamanes n’est pas sans rappeler l’attitude fraternelle à l’égard de la création de François d’Assise : « Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous, les fleurs odorantes sont nos sœurs, les chevreuils, le cheval, le grand aigle, sont nos frères » ; aux paroles du chamane pourrait se joindre aussi celle du poète :

« Je crois qu’une feuille d’herbe n’est en rien inférieure au labeur des étoiles


Et que la fourmi est également parfaite, et un grain de sable, et l’œuf du roitelet

Et que la rainette est un chef-d’œuvre digne du plus haut des deux

Et que L ronce grimpante pourrait orner les salons du ciel

Et que la plus infime jointure de ma main l’emporte sur toute mécanique

Et que la vache qui broute tête baissée surpasse n'importe quelle statue

Et qu'une souris est un miracle capable de confondre des milliards d'incroyants" 3

2 In Manifeste pour la beauté du monde, ed. (cherche Midi, 2015)
3 Ibid.

extrait de "Vers une écologie intégrale" de Jean-Yves Leloup

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dimanche 20 mars 2022

Remède à la douleur


DANS LA DYNAMIQUE DE LA SOUFFRANCE IL N’Y A PAS D’ANECDOTE
 

Et si le sentiment « être heureux » constituait aujourd’hui le comble du politiquement incorrect ?

Comment ? Être heureux sur une planète à ce point souffrante ? Oui.

De tous les remèdes aux maux du pauvre monde, être, soi, heureux, constitue le médicament le plus opérant.

Être heureux n’implique pas d’être aveugle, sourd, blindé.

Être heureux ne procède pas d’un retranchement en quelque forteresse de bonheur imbécile.

L’être heureux dont je parle incorpore le déchirement, le mal à la souffrance alentour et même une conscience centuplée de tout ce qui a mal.

L’être heureux dont je parle s’accomplit dans l’élan qui porte à soulager, autant que faire se peut, la souffrance omniprésente, soulagement qui démarre par le soin de ne pas causer davantage de souffrance. À moins qu’elle ne s’avère utile.

Pour cet être heureux-là, qui est une manière d’être au monde, il n’y a pas de petite et de grande souffrance, encore moins de moyenne. Il y a la souffrance.

Dans la dynamique de la souffrance, il n’y a pas d’anecdote. Tout est signifiant, chaque douleur pèse son poids intégral.

Gilles Farcet

Extrait du livre à paraitre le 21 mars

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vendredi 18 mars 2022

Voir l'autre

 «Pourquoi dit-on que ce sont les autres qui ont tort ? Parce qu`on se refuse (deny) soi-même. On refuse de voir sa propre erreur. Plus on accorde une importance excessive à quelque chose d`extérieur, plus est forte la preuve que cette chose est dissimulée à l'intérieur de soi et refusée. (C'est pourquoi elle semble exister à l'extérieur.)

Pourquoi ce refus? Parce que vous établissez des comparaisons... Parce que vous croyez avoir vous-même une énorme capacité à aimer les autres, tandis que l'autre personne n'en a aucune. Si vous étiez véritablement plein d'amour envers les autres, vous auriez pu voir l'autre tel qu'il est réellement... Vous ne l'auriez pas vu alors comme un simple reflet de vous même.

La formule est donc la suivante : quelle que soit la chose extérieure à laquelle vous donnez une importance excessive, cette chose en réalité existe en vous et vous la projetez à l'extérieur. S'il n'y a rien à l'intérieur, il n'y aura rien à l'extérieur... Voilà la vérité... Celui qui affirme que l'autre n'aime pas, n'aime pas même lui-même...» 

(Swami Prajnanpad, «L'expérience de l'unité»)

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mercredi 16 mars 2022

moment de paix

 


Au milieu d'une journée difficile, ou dès que vous rentrez chez vous, il est possible de créer un moment de paix, de liberté et de bonheur, simplement en prenant quelques minutes pour revenir à votre corps et relâcher les tensions. Trouvez un endroit tranquille où vous ne serez pas dérangé. Prenez une position corporelle confortable, soit assise, soit allongée. Embrassez votre corps avec bonté aimante, compassion et soin. Envoyez l'énergie d'amour et de guérison à tous vos organes et remerciez-les d'être là et de travailler en harmonie. Envoyez de l'amour et de la gratitude à toutes les parties de votre corps. Souriez à chacune de vos cellules. Reconnectez-vous avec votre corps. Souriez à vous-même. Souriez à votre corps. 

- Thich Nhat Hanh

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mardi 15 mars 2022

Beauté du quotidien


 "Ce n'est pas la répétition des gestes et des mots, l'hallucinante succession des saisons qui nous usent mais notre absence à cette marche, notre défaut de présence à ce miracle continu. Faut-il avoir été dépourvu par le fait de la guerre, d'une catastrophe publique ou privée, d'une maladie, d'un exil, faut-il avoir été sevré de cette nourriture quotidienne, de cet accord, pour en ressentir le prix ? Serait-ce une question de nature, d'aptitude innée au bonheur d'être ici, maintenant, de ne rien gaspiller ?"

Colette Nys-Mazure / Célébration du quotidien

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dimanche 13 mars 2022

Lumières naturelles

 


"En sortant du centre de rééducation,  je portais l'enfant dans mes bras. J'ai croisé une vieille femme dans son fauteuil roulant. Son visage s'est éclairé à la vue du nourrisson. Je me suis penché vers elle pour le lui présenter.  Les deux se sont dévisagés un instant  celui qui n'était pas encore tout à fait dans le monde, et celle qui n'y était plus complètement.  La femme avait un visage merveilleusement ridé, semblable à l'écorce d'un arbre séculaire. Devant la perfection de ces deux présences, je ne comprenais pas pourquoi cette société veut à tout prix que nous restions indéfiniment jeunes, éloignés de ces deux lumières de la naissance et du grand âge, cloués au milieu." 

Christian Bobin, extrait de  Ressusciter.


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samedi 12 mars 2022

Le Bonheur

 LE BONHEUR ? (extrait d'un livre à paraître le 21 mars


Il se vivait tel ce personnage de l’histoire zen qui, tombé de la falaise , s’est rattrapé à une branche qu’il sent craquer sous son poids tandis que de son autre main il cueille des fraises sauvages poussées dans le creux de la roche et s’émerveille de leur goût.
Il était au courant.
Tout ne tenait qu’à un fil.
Le corps que la vie lui avait prêté fonctionnait pour le moment sans accroc, comme un avion dans un ciel pur, à la merci d’une météo soudain impraticable, d’un missile égaré, d’une défaillance imprévisible du réacteur, d’un gros oiseau , d’un contrôleur aérien cinglé ou d’un pirate déterminé.
Chaque instant était un miracle, chaque respiration un don inouï, chaque petit plaisir une bénédiction.
Rien n’était dû, jamais.
Tout était accordé par une sidérante grâce.
Il était heureux et il n’en revenait pas.
Il n’avait aucune intention d’en revenir.
Il s’éveillait chaque nuit et titubait vers les toilettes bluffé d’être encore en vie, de ne pas être malade, d’être là où il était et d’être qui il était et aussi avec qui il était. Avec le Tout et avec l’amour dans le train duquel il était monté à son passage en ville.

Gilles Farcet

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vendredi 11 mars 2022

jeudi 10 mars 2022

Seul le cœur sait (se) battre...

 


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qu’y a-t-il de plus fort
que le cœur humain
lui qui se fracasse à répétition
et continue de vivre

Extrait de 
Le Soleil et ses fleurs

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mercredi 9 mars 2022

Le grondement du tonnerre

 

" Voilà la difficulté de notre époque, les idéaux, les rêves, les beaux espoirs n'ont pas plus tôt fait leur apparition qu'ils sont déjà touchés par l'atroce réalité et totalement ravagés. C'est un vrai miracle que je n'aie pas abandonné tous mes espoirs, car ils semblent absurdes et irréalisables. Néanmoins, je les garde car je crois encore à la bonté innée des hommes. Il m'est absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion, je vois comment le monde se transforme lentement en un désert, j'entends plus fort, toujours plus fort, le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s'arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde."

(Le journal d'Anne Frank adaptation théâtrale réalisée par Eric-Emmanuel Schmitt)

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mardi 8 mars 2022

Un mendiant aveugle.

 Auprès de Swami Prajnanpad, Arnaud trouvera l’audace d’étreindre sa propre misère. « Vous êtes un mendiant » lui dira le maître ; « Vous mendiez l’amour ». Dans la solitude de quelques huttes en terre, l’homme de quarante ans pleurera de tout son cœur de n’être qu’un enfant suspendu aux regards et aux admirations des autres, s’agrippant à l’existence comme les misérables en Inde s’accrochent aux vêtements de passant et, sans la moindre dignité, supplient qu’on leur fasse l’aumône.


Notre aveuglement nous voile constamment tout le pathétique de notre condition de petits pantins manipulés par la vie, ballotté de-ci de-là au gré des espérances et des déceptions qui les réduisent en fumée, à la merci des paroles douces ou dévastatrices. Les vents de l’existence ne nous portent vers la joie que pour le lendemain nous envoyer la peine et nous laisser dévastés.


Arnaud Desjardins ou l'aventure de la sagesse de Gilles Farcet

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lundi 7 mars 2022

Temps de méditation nécessaire

 


Cette photo, prise au cours de la guerre du Vietnam, est datée, si j’ai bon souvenir, de juin 1972.

Je vivais à Rütte depuis trois ans. Le silence qui régnait dans cette vallée de la Forêt Noire m'apparaissait comme étant propice à la culture du silence intérieur. Ce vécu intérieur qui engendre une impression de sécurité.

Faut-il dire que cette photo, qui rend compte d'une réalité angoissante, m'a troublé. En regardant cette photo, il y a de quoi douter de l'importance conférée à l'exercice appelé zazen!

Est-ce que en quittant la Belgique pour m'installer à Rütte je ne cherchais pas un îlot de sécurité, une sorte de paradis sur terre, une échappatoire du monde tel qu'il est ?

Le lendemain matin, c'est tourmenté mentalement et affectivement que j'ai pris place dans le petit Dojo où quotidiennement Graf Dürckheim introduisait la pratique de zazen pour une quinzaine de personnes. Après un long temps de silence il a fait référence à cette photo. Et il a terminé en disant : "Nous ne pratiquons pas zazen pour nous mettre à l'abri des bombes. Nous pratiquons zazen afin de témoigner que, là où nous sommes, le monde peut encore être en ordre..."

Aujourd'hui, cinquante ans plus tard, des photos comparables font la première page des quotidiens et des hebdomadaires. Elles démontrent que de tels massacres sont toujours encore possibles et que notre dépendance envers le monde est incontestable. Assujettissement collectif ; mais c'est la personne individuelle qui souffre. Souffrance dont les symptômes sont l'angoisse et les états qui l'accompagnent. Et que vous habitiez en Belgique ou en Forêt Noire, cela ne change rien.

L'angoisse et les états qui l'accompagnent ! La méditation est-elle une solution ?

Afin de répondre à cette question il faut tout d'abord définir ce qu'on entend par méditation ?

L'exercice que je pratique depuis plus d'un demi-siècle s'appelle ZAZEN. Comme le souligne le maître Zen Hirano Röshi "Il y a mille et une manières de méditer mais il n'y a qu'une manière de pratiquer zazen".

Un autre maître Zen, Jinen San, lorsqu'on lui demande si la méditation est la solution, répond

"Oui. Mais lorsqu'on dit méditation il serait plus juste de dire ZAZEN. On utilise la même position, assise, pour zazen ou pour méditer, mais la manière de pratiquer est très différente si on médite ou si on pratique zazen".

J'ai retrouvé chez les différents maîtres Zen avec lesquels j'ai eu la chance de m'exercer les mêmes exigences que celles transmises par Graf Dürckheim.

La première : "On ne pratique pas zazen avec le mental".

Concrètement, zazen, c'est sentir ce qui est senti... sans examen de ce qui est senti ; zazen, c'est voir ce qui est vu... sans examen de ce qui est vu ; zazen, c'est entendre ce qui est entendu... sans examen de ce qui est entendu.

ll s'agit donc de faire face à tout ce à quoi nous faisons face à travers l'usage de la conscience sensitive. En en faisant l'examen, à travers l'usage de la conscience objectivante, nous ne faisons plus face à la vérité de ce qui est mais à la représentation mentale de ce qui est. La représentation mentale de la vérité n'est pas la vérité.

Aussi bien, si lorsque je pratique zazen, ce que je sens et ressens est la peur, l'exercice consiste à faire face à la peur. Au cours de la pratique appelée zazen, il n'y a donc aucune séparation entre moi et la vérité présente.

ZAZEN = faire face à la vérité (attitude à ne pas confondre avec celle qui consiste à faire face à la représentation mentale de la vérité).

Pratiquer zazen, c'est donc se familiariser avec cette attitude paradoxale : être UN avec ce qui est, quelle que soit la nature de ce qui est. Et le résultat ?

Il peut s'avérer paradoxal ! Sans savoir ni pourquoi ni comment, il arrive qu'on se sente pénétré, de l'intérieur, par ces valeurs de l'être absolument inattendues : la paix du corps, la paix de l'âme, la paix de l'esprit.

Affronter les événements plus calmement, plus sereinement, n'est pas une fuite du réel. C'est agir dans le monde en ne se laissant pas entraîner par nos humeurs et façonner nos actions en conformité avec les lois de la vie qui transforment l'homme en être humain.

Jacques Castermane


dimanche 6 mars 2022

pause pour l'Essentiel



Je voudrais qu’il n’y ait plus de mots

mais pour le dire, il faut des mots

un grand nuage de silence blanc

à l’origine des sons

d’abord celui de mon propre souffle 

se perdant dans les soupirs du vent

puis les sourds battements du cœur

tambour chamanique de ma terre-chair

un trille d’oiseau, un battement d’aile

le clapotis de l’eau, une étincelle

le frémissement de l’arbre, l’oscillation du ciel

un rire d’enfant, une brise de mer

le bruit doux du mystère...

Mettre le monde en pause

redéfinir l’essentiel.... 


Elisabeth Kuhn

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samedi 5 mars 2022

Comment la nature régénère-t-elle notre cerveau et participe à notre bien-être ?


Il n’est pas vain d’aller se balader en forêt, de s’émerveiller devant les premières lumières du jour et de laisser son esprit vagabonder face à la mer. Les effets de régénération de la nature sur notre cerveau sont aujourd’hui indéniables et démontrés par de nombreuses études neuroscientifiques.

Michel Le Van Quyen a été frappé par ce manque de nature qu’il a subi pendant le premier confinement, en partant de cette expérience personnelle il s’est intéressé aux recherches scientifiques menées sur l’importance des effets bénéfiques de la nature sur notre cerveau et de la nécessité pour tout Homme de se plonger régulièrement dans une expérience de nature. Dans son essai Michel Le Van Quyen rappelle que cette expérience de nature est tout autant essentielle pour le cerveau qu’elle ne l’est pour notre éveil à la cause environnementale et à l’enjeu de protéger la nature.

« Pourquoi les espaces naturels sont-ils si vitaux en cette période troublée ? La réponse est simple : la nature nous « ressource », elle « infuse en nous son énergie » et « suspend momentanément nos préoccupations et nos conflits intérieurs ». Elle nous procure des émotions profondes, qui évacuent le stress et augmentent le bien-être. »

Voici l'émission de la Tête au carré de France Inter (dont j'ai extrait la substantifique moelle) en cliquant ce lien

«Notre environnement a brutalement changé, passant du vert au gris, mais pas notre cerveau. Il reste encore largement celui d’un chasseur-cueilleur des steppes verdoyantes de nos origines paléolithiques. »

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vendredi 4 mars 2022

Une chance d'espoir...

 


En contemplant le ciel, ce soir, je me disais qu’il faudrait vraiment que les êtres humains arrêtent de se mentir à eux-mêmes à propos de leur soi-disant nature supérieure qui les placent au-dessus des autres êtres vivants. Nous avons un cerveau finalement assez limité car, même si notre cortex - la partie récente de notre cerveau - nous a permis d’élaborer une pensée complexe et de créer des outils sophistiqués, notre pensée et nos outils sont encore au service d’instincts extrêmement primaires gérés par les anciennes parties de notre cerveau. Cela fait de nous des êtres très puissants mais d’autant plus dangereux pour nous-mêmes et pour les autres, des prédateurs pour l’ensemble de notre environnement. Si seulement nous avions l’humilité de nous l’avouer et de tout faire pour dompter nos instincts primaires tellement destructeurs. 

Désolé de vous partager cette pensée un peu sombre… mais je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut pouvoir affronter ce qui est sombre pour donner une chance à la lumière de se révéler.

Thierry Janssen



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jeudi 3 mars 2022

Méprisant et méprisé

 


La guerre est aux portes de l’Europe impliquant un pays majeur.

La guerre est comme un barrage qui lâche. On ne sait pas jusqu’où cela peut aller.

Les chefs d’état occidentaux font ce qu’ils peuvent. Ils essaient d’éviter la confrontation directe avec la Russie. Et nous citoyens, que pouvons-nous faire ? Chacun se débrouille.

Cependant, je sais ce que je peux faire :

Essayer d’arrêter la guerre. Oh, pas celle en Ukraine. Je ne peux rien faire directement.

Arrêter MA guerre. Vilipender Poutine, penser, dire du mal augmente la violence en moi. Tôt ou tard, elle sortira. Elle justifiera des représailles belliqueuses. Et la guerre ne fera que croître.

Ce que je peux faire, quand je pense du mal et pas seulement de Poutine, c’est me tourner vers mes proches, leur dire un compliment, un mot d’amour, faire un petit acte de bienveillance, de paix familiale, de paix de voisinage.

Le but est de substituer à l’état de guerre, la NON-guerre active.

Active car pour qu’elle soit efficace, elle doit être incarnée dans les mots et les actes. Cesser le mépris que j’éprouve pour ce dictateur, qui nous renvoie son mépris pour les occidentaux dans une escalade mortifère.

Christian Rœsch

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mercredi 2 mars 2022

compassion des arbres...

 


Devant ce que la vie a de plus cruel, toutes les pensées parfois s'effondrent privées d'appui, et il ne nous reste plus qu'a demander aux arbres qui tombent sous le vent de nous apprendre cette compassion que le monde ignore.

"La presence pure"

Christian Bobin

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mardi 1 mars 2022

Pratique du vœu

 Dans la monotone succession des jours, les petits gestes qui nous paraissent banals ou insignifiants ont pourtant toute leur importance. La nonne bouddhiste y apporte toute une qualité de présence en formulant des souhaits. Ou comment cultiver la joie de vivre, la compassion et l'amour.


Vous arrive-t-il de faire des vœux ? Je ne parle pas des vœux de ­Nouvel An mais de ces souhaits devant une étoile filante dans le ciel d’été : aller marcher sur la lune, flâner sous les tropiques à bord d’une jonque…

Dans notre tradition, nous faisons souvent des vœux, mais d’une tout autre sorte : il s’agit de partir du quotidien, et même des moments les plus banals de ce quotidien, ces moments que l’on ne voit même plus parce qu’ils ne font que se répéter, jour après jour. Or ces petits gestes qui nous semblent sans importance, poster une lettre, allumer son portable sont en fait ceux qui tissent notre vie même, dans son ennui, dans sa routine ; alors plutôt que de les ignorer, transformons-les grâce à un vœu :

Allumant mon Smartphone,

je fais le vœu de n’y déposer tout au long de la journée

que des paroles bienveillantes.

Notre vœu est à la fois un vœu minuscule et un vœu immense ! Un vœu minuscule parce qu’il est réalisable, avec un petit peu d’attention, un petit peu de cœur. Immense car il va changer notre journée pour le meilleur. Il va permettre de vivre au creux même des jours, sans rien perdre, sans se perdre.

M’éveillant au matin,

je fais le vœu d’écouter ceux que j’aime

surtout ce que je n’entends pas.

Il y a beaucoup de vœux possibles, en fait, il n’y a pas d’instant qui n’y soit propice. Les vœux qui nous font sourire :

Redémarrant la Box,

je fais le vœu de me souvenir

que moi aussi j’ai parfois besoin de déconnecter.

Quand j’entends le moustique zinzinner à mon oreille,

je fais le vœu de me rappeler

que j’en ai embêté plus d’un avec mon bavardage.


Ceux qui nous rendent plus sages :

Devant le grand ciel bleu

je fais le vœu de ne pas oublier

qu’il y a aussi des jours avec nuages.

Après avoir écouté la radio ce soir,

je fais le vœu d’être attentive

à ne pas rajouter un seul geste de violence

dans ce monde qui en déborde.


Et ceux qui allègent nos journées :

Vidant la poubelle,

je fais le vœu de me débarrasser aussi

de ce qui encombre mon esprit.


Ou qui nous aident à mieux voir :

Lorsque je tombe sur quelqu’un de désagréable,

je fais le vœu de bien regarder

s’il n’y a pas la même personne au fond de moi.


Il y en a pour chaque occasion :

Quand au lever je vois le soleil déjà debout

je fais le vœu

de ne pas dormir ma vie.


Assis à une terrasse de café

je fais le vœu de déguster ma journée

comme elle sera servie.


C’est une façon de remplir nos jours, de mettre de la joie dans les petites choses qui en deviennent pleines de compassion et d’amour :

Remplissant de graines la mangeoire à oiseaux,

je fais le vœu

d’être source de réconfort en toutes circonstances.


N’est-ce pas merveilleux : plus rien dans notre vie n’est laissé de côté ! Plus aucune activité n’est trop petite pour être pleinement vécue et partagée. C’est tout simple ! ...

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source : La Vie

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