dimanche 22 mai 2016

Une vieille légende hindoue


Une vieille légende hindoue raconte qu’il y eut un temps où tous les humains étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement des pouvoirs liés à leur divinité que Brahma, le Maître des dieux, décida de la leur ôter et de la cacher à un endroit où il leur serait impossible de la retrouver. Le grand problème fut de décider d’un endroit sûr.

Les dieux mineurs furent donc convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci : “Enterrons la divinité des humains dans la terre.”

Mais Brahma répondit : “Non, cela ne suffit pas, car ils creuseront et la trouveront.”

Les dieux mineurs suggérèrent : “Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans.”

Mais Brahma répondit : “Non, car tôt ou tard, ils exploreront les profondeurs des océans et il est certain qu’un jour, ils la trouveront et la remonteront à la surface.”

Les dieux mineurs, ne sachant plus quoi faire, reconnurent : “Nous ne savons pas où cacher la divinité de l’humain, car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer, un endroit qu’ils ne puissent atteindre un jour.”

Alors Brahma dit : “Voici ce que nous allons faire : nous allons cacher la divinité de l’humain au plus profond de lui-même, c’est le seul endroit où il ne pensera pas à la chercher.”

Depuis ce temps-là, conclut la légende, les humains ont fait le tour de la terre, ils ont exploré, escaladé, plongé et creusé, à la recherche de “ce quelque chose de divin” qui se trouve en eux-mêmes.


----------------


Changement sur la voie...


Les hindous comme les bouddhistes appellent aussi ce monde samsara.
Ce mot signifie glissement continuel par opposition à faire un pas, puis un autre pas, puis un autre pas. Il y a seulement courant, flux.
On dit parfois qu’il y a seulement « devenir ».
Mais il faut faire alors attention à ne pas entendre que quelque chose est, qui est ensuite quelque chose d’autre. La chenille est, elle devient le papillon, le papillon est. 
Non : la chenille n’est elle-même que changement, le papillon n’est lui-même que changement.




La voie est une trans-formation, une méta-morphose. Selon l’image sensible si connue, mais si explicite, la chenille meurt pour devenir papillon. Les ailes ne poussent pas sur le dos des chenilles. La psychologie contemporaine — ainsi que toutes les autres sciences humaines — ne connaît que l’homme-chenille et refuse de tenir compte de l’homme-papillon. Ce dont parle la science initiatique, ce dont parlent les Chemins de la Sagesse, c’est de la mort de la chenille et de la naissance du papillon. Mais une chenille anormale, malade, débile, difforme, ne se transforme pas en papillon. La voie commence donc avec la normalisation et la guérison de la chenille en tant que chenille, et certaines vérités primaires s’expriment en termes de psychologie. Encore faut-il avoir des idées claires : l’adhyatma yoga est une discipline pour croître au-delà de son niveau normal et non une thérapeutique pour se débarrasser d’une névrose ou une compensation aux frustrations...

Les chemins de la sagesse – Arnaud Desjardins

_____________