samedi 31 décembre 2016

Plumes d'instants...



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Rêve, veillons nous ?

"Certains êtres semblent près de Dieu.
Des hommes, des femmes, qui expriment par leur visage et par tout leur corps cette proximité, comme s’ils n’appartenaient pas vraiment au monde humain, mais qu’ils étaient déjà d’un autre monde. Comme s’ils savaient quelque chose de plus, comme s’ils avaient vécu quelque chose de plus... Ce visage apaisé, heureux d’un bonheur inconnu... Les hommes ne s’attendent pas à trouver cela chez d’autres hommes. La société leur enseigne tellement la ressemblance, la médiocrité, la faillibilité d’autrui... 

Et tout à coup on trouve dans la foule un homme, un seul homme. Il semble plus homme que les autres hommes, et on s’aperçoit qu’on avait ignoré la vraie nature humaine... On le regarde, on doute de lui. On pense : ce n’est pas vrai, il va changer de visage, il va se révéler, sûrement, il va montrer sa nature de tous les jours, se dépouiller de sa noblesse. Mais lui vous regarde en retour, si profondément qu'il va au-delà de vos pensées, jusqu’à votre cœur, là où vibre votre propre clarté. 

Il vous regarde, ne vous juge pas, parce que le monde auquel il appartient est plus grand, plus durable que les appréciations des hommes... Son visage est beau, grave, mais pas solennel. C’est un visage comme on en voit tous les jours. Mais c’est un visage qui ne change pas. On le regarde, et on sait qu’il sera pareil ce soir, demain, dans un an. On sait qu’on pourra le trouver quand on aura besoin de lui, comme ces paysages et ces maisons très anciennes que rien ne doit détruire. Quelque chose vit dans le visage de cet homme. 

Quelqu’un y habite. Il est la personne même, l’invincible présence de la personne. Ses yeux clairs regardent le monde avec calme, avec mesure, car il connaît un sentiment qui est au-delà de l’indifférence. De ses yeux vient une force ancienne, une force qu’on connaît sans pouvoir la nommer ".

Jean-Marie Le Clézio 
(L’Inconnu sur la terre, Gallimard).

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jeudi 29 décembre 2016

A la rencontre de Matthieu Labonne

En suivant le MOOC de Colibris, "création d'une oasis", j'ai découvert Matthieu Labonne. 
Voici un extrait audio et une vidéo pour vous permettre de le connaître.

Présentation par Alain Chevillat
Extrait d'une plénière du forum à Ciel Ouvert : 
Imparfait mais debout (nov. 2015 - 12 min.)





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La profondeur de la souffrance avec Véronique Desjardins


Extrait d'une plénière du forum à Ciel Ouvert : 
Imparfait mais debout (nov. 2015 - 15 min.)




Ecrivain, directrice de la collection Les Chemins de la sagesse aux éditions de la Table ronde, épouse et collaboratrice d’Arnaud Desjardins, Véronique Desjardins contribue actuellement aux activités du centre de Hauteville, en Ardèche.



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mercredi 28 décembre 2016

Gratitude (même pour 2016)...







" La gratitude ouvre la porte à la richesse de la vie. Grâce à elle, ce que nous avons devient suffisant, et plus. Le refus devient acceptation, le chaos devient ordre, la confusion devient clarté. Elle peut transformer un repas en festin, un toit en chez-soi, un étranger en ami. 

La gratitude donne un sens à votre passé, vous apporte la paix aujourd'hui, et crée une vision pour demain. "

Melody Beattie

mardi 27 décembre 2016

Pierre Rabhi : "En fait, je suis milliardaire"


Dans La Convergence des consciences, le chantre de l’agroécologie, Pierre Rabhi, se dévoile (un peu) à travers l’exercice de l’abécédaire
Pierre Rabhi publie la Convergence des consciences. (Sipa)



Pierre Rabhi, êtes-vous… à la mode?
Je récuse ce terme. Si j’étais Johnny Hallyday, j’arrêterais. Je me situe dans des problématiques d’une gravité extrême, qui concernent la survie ou la disparition de l’humanité.
 … solitaire?
Quand j’ai commencé mon combat contre la destruction des sols, la disparition de la biodiversité, bref, toute la connerie humaine qui saccage autour de soi, il n’y avait pas grand monde. J’étais un petit paysan de l’Ardèche face au modèle triomphant des Trente Glorieuses. Après avoir été un petit employé de banque en Algérie, je me retrouvais en France rangé dans une "boîte", à la Someca. Mais je ne voulais pas être un produit national brut.
Voir notre vidéo : 


… riche?
En fait, je suis milliardaire. Un aristocrate. De ma fenêtre en Ardèche, on aperçoit 17 clochers. La nature m’offre des milliards en biens. Quand nous avons acheté notre maison, avec mon épouse, Michèle, il n’y avait ni eau ni électricité mais quel confort, ce silence profond et cette sensation d’être hors du temps. Ce bien commun appartient à l’humanité et aux générations qui nous succéderont. Aucun argent ne devrait s’en prétendre le possesseur.
 … pour la modernité? Votre grand-mère qualifiait le pétrole de pus…
Oui, elle ne savait ni lire ni écrire, mais elle fonctionnait sur d’autres éléments et notamment l’intuition. Je ne me prosterne pas devant la science. Rappelons que c’est un scientifique qui a fabriqué la bombe atomique.
 … féministe?
Selon les trois religions monothéistes, Dieu est masculin. Or les deux énergies masculine et féminine ont besoin l’une de l’autre pour s’équilibrer.
 … musicien?
Pendant des années, j’ai torturé le violon. Ça accompagnait mes jours. Maintenant, je n’ai plus le temps?; je me suis engagé dans l’écologie. Quitte à faire des choix, je préfère aller au marché. Là, chaque mercredi, je refais le monde avec mes copains. C’est autre chose que le supermarché avec ses tubes à tue-tête! Mais la musique ne m’a pas totalement quitté. J’ai un fils qui est premier prix de guitare classique au conservatoire de Paris.
… cinéphile?
Apocalypse Now est l’un de mes films préférés. Quel regard sur la violence, quel décryptage de la barbarie qui nous guette?! On devrait tous méditer sur les terrifiantes brutalités qu’ont été les guerres du XXe siècle. Moi, je n’ai jamais tenu un fusil. Si je n’avais pas été exempté de service militaire, j’aurais demandé à être brancardier.
… fan de BD?
J’ai toujours un Bibi Fricotin dans mon sac. Depuis mon enfance, je n’en rate aucun numéro. C’est naïf, il y a quelque chose qui me touche. J’ai été moniteur de colo, on passait la journée à chanter des choses très simples. C’était comme ça.
 … lecteur du Petit Prince?
"essentiel est invisible pour les yeux", j’aime cette vision de l’âme. L’auteur fait passer son personnage dans une autre réalité. Pour moi, ce n’est pas un livre sur le suicide, comme vous l’avancez.
 … l’ami des stars?
J’aime beaucoup Marion [Cotillard]. Ce n’est pas qu’elle soit une star, ça je m’en fous. Ce qui m’accroche, c’est la conscience de quelqu’un, sa lucidité, sa bonté. ­Marion est une amoureuse de la nature. Vous ne pouvez pas savoir la misère qui règne dans ce monde que l’on admire, celui du cinéma qui gagne beaucoup d’argent. Leur vie n’a plus de sens; ils l’imitent, ils font illusion. C’est leur métier. Mon ami Yehudi Menuhin m’expliquait : "L’orchestre qui joue une symphonie, c’est merveilleux, mais il ne faut jamais aller en coulisses." De Marion, je garde l’amitié d’une âme.
 … amoureux?
Ça aurait été difficile si ma femme, Michèle, n’avait pas accepté de me suivre dans mon aventure de paysan à la campagne, cette vie ouverte aux animaux, aux végétaux. Ensemble, nous avons investi le plus précieux capital : notre vie. 

 La Convergence des consciences, Le Passeur, 231 p., 17.90 euros. 


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lundi 26 décembre 2016

Ouverture à la naissance...


Noël n’est pas un jour ni une saison, c’est un état d’esprit. 
Christmas is not a day or a season, it is a State of mind. 
Calvin Coolidge




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dimanche 25 décembre 2016

Les deux Créations avec Philippe Mac Leod


Troublant mystère, mystère poignant de se sentir là, comme une énigme à la pointe étincelante d'une lame ou d'une flamme : ivresse ou vertige, je ne saurais dire, néant ou plénitude, présence ou absence, il faut d'abord céder à l'incroyable évidence du monde, entrer dans la fournaise d'un silence purificateur, pour qu'un nom s'élève à nouveau, plus clair et plus haut.
L'autre monde, l'autre vie - au cœur de celui-ci, au cœur de celle-ci, comme une parole indicible qui à travers nous cherche encore son verbe - n'est-ce pas ce que chuchote la Création et que répète chacun de nos pas, assoiffés d'horizons, le temps tout entier comme un appel infatigable ? Et qu'emporterai-je de tout cela ? Les ciels aux larges traînes, les cris d'oiseaux comme des mailles serrées soutenant le grand silence d'azur, le dur rocher, à peine usé sous la rudesse des vents, les vastes regards au fil des crêtes dénudées : que restera-t-il de ce monde, qui brûle aujourd'hui de tout son éclat ? 
Nous ne savons pas où vont les lumières qui s'éteignent, elles s'effondrent en elles-mêmes, elles se noient comme une flamme dans l'épaisseur de la cire, elles se perdent dans des lointains où nous ne pouvons les suivre. Ainsi des lueurs muettes de nos visages, comme là-haut les étoiles aux noms oubliés dans la nuit sans bord ni fond.
Se peut-il que le visible soit le noyau d'une réalité encore à venir, dont nous mûrissons le secret dans nos vies, un germe jeté dans l'immensité noire et glacée, le cœur d'un rêve bleu, sans jamais voir l'abîme sombre qui nous porte ?
« Ce que nous sommes ne paraît pas encore » , nous dit Jean (1 Jn 3, 1-2). Ces mots me reviennent alors que je m'apprête à suivre, au pied des montagnes, l'assaut des jeunes branches, qui montent, toujours plus denses, plus lumineuses, chargées d'une vie qui ne se laisse saisir que dans des moments d'attention suspendue. L'Évangile lu ce matin se déploie maintenant en épousant les pentes nues, le pied fermement appuyé sur les pierres d'un étroit sentier. Lui, le chemin, lui, la vie de ce chemin, la vérité de cette vie, lui par qui nous allons au Père d'où nous venons, fait de l'origine une réalité intérieure au temps que j'effleure dans l'heure présente.
L'expérience terrestre du Christ devient la mienne aujourd'hui. Le suivre revient à entrer dans cette conscience toujours plus fine, qui se traduit par une union réduisant l'écart qui subsiste en nous entre le Père et le Fils, entre le Ciel et la Terre, en comprenant enfin qu'ils sont un, en intégrant cette réalité à notre chair en travail, vouée à l'éternité comme à la mort de chaque instant.
Tout le mouvement de la création est cette marche, ce chemin, ce devenir vers l'être qu'elle porte en elle depuis la première étincelle de lumière.
Tout cela pourrait ne jamais dépasser l'exaltation d'une exégèse au grand air, si la trajectoire vivante ne partait de ce point silencieux en nous-mêmes, qui est celui de la prière, du recueillement le plus pur, qui nous met en contact avec l'universel que nous recelons en chacun, comme une tension patiemment contenue, vibrante, bouillonnante, avant la prodigieuse éclosion.
C'est de nous, du plus profond de nous, que naîtra l'autre monde. Parce que dans la Bible il y a deux récits de la Création, deux genèses : la première est le don, la seconde, sa difficile conquête.

Philippe Mac Leod est écrivain et a publié plusieurs livres et recueils de poésie. Son dernier ouvrage,  Poèmes pour habiter la Terre,  est paru chez Le Passeur.

samedi 24 décembre 2016

Cheminement intérieur vers Noël...

La vie du Christ, telle que des historiens peuvent la reconstituer, est à la fois l'histoire d'un homme et en même temps une dramaturgie sacrée décrivant le cheminement intérieur de tout homme. 

La nuit de Noël est en nous, avec l'étable, l'âne et le bœuf, la naissance de l'enfant est en nous et l'agonie suivie de la résurrection sont également en nous. 
L'ensemble des fidèles peut intérioriser ces différentes phases de la vie du Christ à travers l'année liturgique- l'Avent, Noël, le Carême, Pâques, la Pentecôte. 


Ce cycle remanifestant chaque année la totalité du chemin permet au chrétien d'approfondir l'enseignement que représente le mythe christique. 

Celui-ci acquiert alors un réel pouvoir transformateur pour celui qui le médite. 

Arnaud Desjardins 
En relisant les évangiles

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Attente paisible...

Pas facile en ces jours de deuil d’attendre vraiment l’avènement de la crèche. 
Quand les nouvelles du jour sont encore pétries de pleurs et de douleur, quand au-dehors le monde se teinte de peur et de haine et qu’on aurait envie de fuir la rue pour se terrer au chaud avec ceux qu’on aime. 
Alors comment lire au-delà du trop visible, dessiller ses yeux pour discerner par-delà le chaos des signes de vie ? 

C’est cet homme qui a retrouvé son sauveur, cet autre qui a donné sa vie pour une inconnue, ces actes d’héroïsme qui forcent l’admiration, mais aussi ces voix et ces plumes qui réaffirment leur foi dans nos valeurs communes, laïques et spirituelles, dans notre responsabilité pour l’éducation de tous. 
Ce sont ces actes et ces paroles qui nous rendent plus humains, nous sortent de la sidération et surtout nous font agir. Alors oui à la mobilisation de l’être intérieur ! 

Pour se donner des forces au cœur, pour puiser dans la fraternité réaffirmée, la méditation ou la prière partagée, aux côtés de toutes les autres solutions, aux côtés d’une protection et d’une lutte nécessaires, un antidote à la haine et à la peur. 

Pour travailler chacun… à faire naître encore le prince de la paix.

 Elisabeth Marshall, rédactrice en chef

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Battements de la naissance en préparation...



Au cœur même de l'hiver, 



l'amour veille.

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(Milko)







vendredi 23 décembre 2016

Priante veillée...


Dans les églises, personne ne prie, sauf les bougies. 
Elles perdent tout leur sang. 
Elles dépensent toute leur mèche. 
Elles ne gardent rien pour elles, elles donnent ce qu'elles sont, et ce don passe en lumière. 
La plus belle image de prière, oui, ce serait celle là : 
l'usure lente d'une bougie ... 


Christian Bobin - La petite robe de fête

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Musique sacrée pour préparer Noël


Cliquer sur le nom ci-dessous :


jeudi 22 décembre 2016

Quel effet cela fait-il de méditer ? par Jacques Castermane


La seule façon de savoir ce que cela fait est de pratiquer soi-même la méditation de pleine attention ! Contrairement à l’idée que peuvent avoir certaines personnes, la méditation n’est pas un moment d’inaction ; méditer est une action. Quelle action ? 

Voici l’enregistrement de quelques indications proposées, au cours de la pratique de la méditation, aux personnes (débutants et pratiquants de longue date) qui participaient dernièrement à une retraite au Centre Durckheim.

Si vous n’avez jamais pratiqué, je vous invite à vous asseoir (sur une chaise) et, au fur et à mesure, de transférer dans une action immédiate les indications qui vous sont proposées ...



Jacques Castermane

Méditation guidée (22 min.)
 


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mercredi 21 décembre 2016

Quand la science démontre la psychogénéalogie


Comment des traumas modifient l'épigénétique qui peut se transmettre sur au moins trois générations. Heureusement, le gène est vivant et ces séquences traumatiques peuvent être reprogrammées grâce à plusieurs instruments. 

D'où le travail sur soi et la nécessité de transformation !






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lundi 19 décembre 2016

Sous le sable de l'âme...




                    
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Raymond Farina, Archives du sable, éditions Rougerie, 1982


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dimanche 18 décembre 2016

Rayonnement du vœu... par Joshin Luce Bachoux


Calme et silence dans la salle de méditation ; un léger parfum d'encens, parfois, qui nous frôle. En ce début de nuit, la lumière dorée de la lampe se reflète sur les murs en bois blond. Les fenêtres sont des halos d'obscurité qui rendent le silence plus profond. La flamme de la lampe parfois vacille, s'élève, retombe, créant des ombres et des jeux qui mettent en relief encore davantage l'immobilité de notre assise.

Cette lampe, depuis l'époque du Bouddha, s'appelle « la lampe au bel éclat » ; elle brille dans la nuit, tout comme les Enseignements du Bouddha deviennent une lumière dans les ténèbres de notre esprit. En effet, on lit souvent dans les textes classiques une expression qui me touche beaucoup. Lorsque le Bouddha a fini de parler, les présents s'exclament : « La parole du Bouddha est comme une lampe qui éclaire notre ignorance! » Nous avons choisi pour l'autel une lampe traditionnelle, à huile, pour la douceur de sa lumière mais aussi à cause d'une histoire si célèbre au Japon qu'il en est né un proverbe : « Plus que les 10 000 lampes du riche, l'unique lampe du pauvre. » Nous sommes dans le Nord de l'Inde, il y a 25 siècles. Lorsque le Bouddha arrive au monastère de Jetavana, dans la ville de Sravasti, le roi Pasenadi fait allumer des milliers de lampes en hommage à son visiteur ; suivant cet exemple, les habitants de la ville eux aussi font des offrandes de lumière. Dans les rues de la ville, une vieille femme, une mendiante appelée Nanda, tend la main, mais tous sont si occupés à acheter des lampes, pensez, le Bouddha est là, qu'ils ne la voient même pas ! Le soir, elle se rend au magasin du marchand d'huile avec les deux petites pièces qu'elle a obtenues et un pot de terre brisé. Elle veut tout donner pour offrir une lumière, elle aussi. Touché par sa dévotion, le marchand remplit tout le pot, et la mendiante dépose son obole au pied de l'autel, sachant que, hélas, même ainsi, sa lampe ne pourra pas briller jusqu'au matin.

Au cours de la nuit, leur huile épuisée, petit à petit toutes les lampes s'éteignent, sauf celle de la mendiante. Au matin, Ananda, le plus proche disciple du Bouddha, étonné, tente d'éteindre cette lumière restante, puisqu'il fait jour, mais rien n'y fait, elle brûle toujours avec autant de clarté. D'autres disciples arrivent, s'y essayent aussi, par l'eau, par le vent, par des pouvoirs magiques, mais sans plus de succès! Le Bouddha leur explique alors que lorsque cette vieille mendiante a offert la lampe, elle l'a fait en formulant des vœux non pas pour elle, pour améliorer sa situation ou pour recevoir des aumônes, mais pour que cette lumière profite à tous, pour que tous les êtres en soient illuminés. C'est cette pensée généreuse qui maintient la lampe allumée. Le Bouddha annonce que grâce à ce don la mendiante renaîtra comme « Bouddha Éclat de la Lampe ». Le roi, qui a accumulé les cadeaux pour le Bouddha et sa communauté, n'est pas ravi, peut-être même un peu jaloux. Le Bouddha lui explique alors la force du vœu altruiste : une pensée tournée vers le bien de tous les êtres est sans égale ; ainsi celle de cette mendiante, qui ne désirait rien pour elle mais tout pour les autres, qui a donné de façon désintéressée ce qu'elle possédait, apporte dans notre monde un rayonnement qui ne s'éteint plus.

Calme et silence. Respirer. Nous sommes assis, immobiles, et nous savons que nous ne sommes pas seuls. Dans la nuit qui avance, une lumière, toujours.


Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste. 
Elle anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.

source : La Vie
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samedi 17 décembre 2016

Partage d'une perte du mental... et d'un livre.


Je vous partage la vidéo trouvé sur le blog de Yannick :



Un livre sur Jésus pour Noël

"Il me reste encore quelques exemplaires de ce livre que vous risquez de ne plus trouver en vente suite au décès d'Alain René (l'éditeur) l'an dernier. 
Vous pouvez me joindre par mail (aller dans profil du blog)."

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vendredi 16 décembre 2016

jeudi 15 décembre 2016

Pour s'endormir sur nos lauriers...





Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, 
une vie bien vécue nous mène à une mort paisible.
Léonard de Vinci

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mercredi 14 décembre 2016

Inauguration du moi





Je ne suis ni mes pensées

Ni mes émotions, ni mes sens, 
Ni mes perceptions
Ni mes expériences
Je ne suis pas le contenu de ma vie
Je suis la vie
Je suis l’espace dans lequel toute chose se passe
Je suis la conscience s’expérimentant elle-même
En tant que forme humaine
En cet instant
Je suis



Eckart Tolle

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mardi 13 décembre 2016

SENS par Gilles Farcet

Une croyance répandue dans les cercles préoccupés de spiritualité voudrait que la vie ait à tout prix un sens, un sens qui plus est détenu et transmissible par certains. Dans cette optique, la démarche spirituelle se retrouve productrice de sens à la chaîne. Les épreuves (maladies, accidents, revers de fortune) ont un sens. L’histoire, collective et individuelle a bien entendu un sens … Du sens, forcément du sens ! Cachez moi ce non sens que je ne saurais voir …

La naïveté de cette vision réside non dans l’aspiration, en elle -même légitime et fertile, à l’émergence d’un « sens » mais dans le postulat selon lequel ce « sens » serait intrinsèque à l’événement, autrement dit à « ce qui est. » Or, ce qui est est, point final. Ce qui est, autrement dit ce qui de fait advient, advient en tant que résultat d’inextricables chaines de causes et d’effets, dont quelques maillons sont identifiables et dont tous les autres se perdent dans la nuit des temps et l’infini des causalités. 
La maladie, l’accident, l’événement humainement ressenti sur le moment comme heureux ou malheureux, n’ont en eux même pas davantage de sens que l’averse ou la canicule. La pluie tombe en une zone géographique donnée, selon une chaîne de causes et d’effets plus ou moins appréhendée par les météorologistes. Elle tombe, un point c’est tout. A chacun ensuite de lui attribuer plus ou moins de « sens », négatif ou positif, selon sa situation et ses attentes.
L’agriculteur aux prises avec la sécheresse peut y voir la réponse à ses prières ; le vacancier ou le professionnel du tourisme une manifestation de sa malchance congénitale …
Cette « neutralité » de l’événement, assez facilement entrevue dans le cas d’une averse anodine, le sera moins facilement pour les circonstances, individuelles ou collectives, qui nous touchent personnellement, accident, maladie, revers de fortune, et entre les deux naissance et mort. Reste que l’événement , en lui même, est neutre : cette « neutralité » n’interdit en rien, et fort heureusement, d’en éprouver l’impact humain. « Voilà qui est heureux, sans aucun doute », se prononçait Swami Prajnanpad à propos d’une naissance attendue, le même Swami Prajnanpad affirmant que « tout est neutre ». Il n’est donc pas illogique de l’imaginer disant aussi d’un autre événement « voilà qui est malheureux ».

Il est bien entendu que de mon point de vue, c’est à dire du point humain d’où j’appréhende ce qui est, ce qui m’arrive est tout sauf « neutre »; et c’est fort légitime à condition de ne pas mélanger les niveaux (tel un physicien du dimanche qui, sous prétexte de physique quantique, prétendrait traverser les murs puisqu’ils sont faits de particules dansant dans le vide). Il m’est parfaitement possible de ressentir l’impact sur mon humanité d’un événement a priori « heureux » « ou « malheureux » tout en, dans le même temps, en percevant la dimension « impersonnelle » et donc « neutre », l’une n’abolissant pas l’autre, chacune procédant cependant d’un niveau différent. En éprouvant joie et peine, en souriant ou en versant une larme, je ne cède pas nécessairement à l’ « émotion » - voir la distinction fondamentale entre émotion et sentiment, centrale dans l’enseignement de Swami Prajnanpad- mais m’acquitte naturellement de mon tribut à cette humanité dont je suis partie prenante. En en percevant en même temps la dimension impersonnelle, je paie mon tribut au tout, à cette vie dont l’humain n’est qu’une forme et, paradoxalement, confère sa pleine dignité à mon humanité non plus recroquevillée sur elle même mais en prise avec les lois de l’univers et la marche du tout.

Ni donc l’identification massive (l’épreuve qui m’advient est une offense personnelle infligée par Dieu, le destin , la vie, ou la bonne fortune qui m’échoit est la récompense de mes insignes mérites et le signe de mon élection) ni la posture pseudo détachée - laquelle a pour objet d’anesthésier le ressenti ( mon épouse me quitte en emmenant les enfants, pas de problème, c’est « neutre » ; on te diagnostique une grave maladie, prends la comme « neutre », etc )


Cette « neutralité » de l’événement implique que le dit événement n’a pas de « sens » en lui même. Il peut certes m’amener à certaines analyses des causes et effets impliqués (l’abondance de la pluie va inciter le météorologue à se pencher sur les phénomènes climatiques et le départ de sa femme peut - parfois, trop rarement- inciter le conjoint à réfléchir à ses erreurs au sein du couple- ) étant entendu qu’analyse des causes et effets n’est pas fabrication de sens.
C’est ma manière d’entrer en relation avec ce qui est qui s’avère ou non créatrice de « sens ».
Pour l’être humain emprisonné dans sa mécanicité, ce qu’on nomme « la vie » et tout ce qui y arrive n’a en vérité aucun sens. Les choses arrivent voilà, tout, naissance, mort, et entre les deux, événements multiples et divers, réussites, échecs, circonstances favorables et défavorables …
Il se peut que notre mécanicité inclue l’adhésion à un sens édicté sous forme de religion, d’idéologie, voire de « démarche spirituelle » … « C’est mon karma » … « Cette maladie me montre que … » Ce « sens » qui ne se révèle pas au plus profond de nous mêmes mais procède d’une adhésion idéologique ne pèsera pas lourd face à l’épreuve , à la perte, à ce réel contre lequel on se cogne… 

D’où, par exemple les agonies parfois bien difficiles de « croyants » alors que de parfaits athées s’en vont paisiblement … L’Histoire n’a pas de sens. Elle est comme l’a si bien dit Joyce « un cauchemar dont j’essaie de me réveiller ». La vie vécue mécaniquement n’a pas de sens. Comme l’a dit une fois pour toutes Shakespeare elle n’est qu’un « conte plein de bruit et de fureur, dit par un idiot et qui ne signifie rien ». Les camps de concentration n’ont aucun sens. Mais pour une Etty Hillesum, la déportation a pris un sens (ce qui ne légitime évidemment en rien la shoah). Le cancer n’a aucun sens. Mais pour une Christiane Singer, la maladie a produit du sens (ce qui n’invalide en rien la recherche en vue de guérir ce mal).

La découverte ou l’avènement du sens , en tant que l’une des visées légitimes de la maturation spirituelle, est un processus alchimique , par lequel le « plomb », la matière brute des événements qui en elle-même n’a pas de sens- est transformé en or , à savoir une intime compréhension dont la caractéristique est un climat d’apaisement et de communion avec tout ce qui est.

Autrement dit, le sens n’est pas intrinsèque. Il n’est pas donné avec ce qui advient et nulle autorité extérieure, aucun « enseignement », si profond puisse -t-il être, ou « explication du monde » ne sauraient le fournir sous forme pré digérée. Le sens ne réside pas dans des interprétations, quelles qu’elles soient et quelle que puisse être leur éventuelle pertinence.

Le sens est à chercher et à trouver au plus intime de soi par un processus de pratique, une conversion, une manière différente d’entrer en relation avec le réel. Les enseignements spirituels dignes de ce nom ne sont pas pourvoyeurs de sens : ils nous indiquent une ou des manières de nous y prendre pour nous donner une chance d’accéder au sens. Ils ne nous fournissent pas « un sens » qui serait unique et pré établi, autrement dit une grille d’interprétation prétendument universelle - mais mettent à notre disposition des outils pour, au prix d’efforts soutenus et d’une intention plus forte que nos mécanismes, extraire le précieux sens de la masse du réel brut. Les idéologies religieuses ou politiques - et à l’extrême les intégrismes et totalitarismes- ont cette prétention, que n’a pas une transmission spirituelle authentique. Une transmission spirituelle authentique n’a jamais pour objet d’édicter ou d’énoncer un sens mais d’initier à un processus d’assimilation subtile de ce qui est par lequel le sens peut en effet advenir. Sachant que le « sens » est au final unique, pas nécessairement exprimable et procède avant tout d’un sentiment intime de communion avec ce qui est. Seule l’intégration de ce processus « ésotérique » permettant la révélation du sens, toujours unique pour chacun, nous donnera la paix.

Gilles Farcet
Suite du dictionnaire spirituel


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lundi 12 décembre 2016

Derrière la cascade des pensées...



La descente dans les profondeurs va apporter la guérison. C'est le chemin vers la totalité de l'être, vers le trésor que l'humanité souffrante a recherché de tout temps et qui est caché en un lieu gardé par un terrible danger. C'est le lieu de l'inconscience primordiale et en même temps celui de la guérison et de la rédemption parce qu'il contient les joyaux de l'entièreté. C'est la grotte où vit le dragon du chaos, mais c'est aussi la cité indestructible, le cercle magique ou TEMENOS, l'enceinte sacrée où toutes les parties séparées de la personnalité sont réunies. 

C.G. Jung. 
Sur les fondements de la psychologie analytique. 
Les conférences Tavistock.


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dimanche 11 décembre 2016

Troisième dimanche de l'Avent avec Alexandre Jollien


Au milieu de vigoureuses septuagénaires coréennes, me voilà à pédaler comme un dératé. Pour me donner un peu d’entrain, j’écoute l’un après l’autre des podcasts qui me nourrissent. Bientôt, je dois me mordre les lèvres pour ne pas fondre en sanglots. Une bienheureuse révélation a lieu dans cette salle de gym non loin de Daeheung. Comme si un voile s’était déchiré et que la bonté de la vie dans sa simplicité était réapparue.

L’émission les Racines du ciel avec Marion Muller-Colard me rapproche illico de la transcendance. Et je comprends que pour me tourner vers l’Autre Dieu, Celui au-delà de mes représentations étriquées, il me faut quitter les caricatures, les calculs, les projections, autant de frusques jetées sur un Dieu qui heureusement nous échappe. Et d’abord je dois abandonner ce marchandage qui fait de Dieu un concessionnaire du bonheur et le transforme en une sorte d’expert-comptable qui juge, punit et récompense à tour de bras. De là à juger le réel à l’aune de notre conception du juste il n’y a qu’un pas et il est ma foi vite franchi.

Non, la justice n’est peut-être pas de ce monde. Et c’est délivrés de cette attente que nous pouvons progresser et oser un peu plus de solidarité. La théologienne me rapproche de Job pour tenter un véritable compagnonnage avec ce maître de sagesse qui nous apprend précisément à aimer Dieu pour rien, gratuitement.

Mais d’abord, il nous faut décaper notre image de Dieu et pour ce faire nous risquer à un autre usage de la plainte. Car un cœur plein de ressentiment ne saurait s’élever dans la joie. Oser reconnaître que nous n’en pouvons plus, que notre condition est tragique représente une étape décisive vers la paix du cœur. La franchir, c’est sans doute passer de la résignation à l’acceptation libre et joyeuse de l’existence.

Après l’effort, dans les bains publics, je me livre à une prière toute particulière, j’ose enfin confier à Dieu que j’en ai ras le bol de ce corps handicapé, déjà usé. Et il me semble que plus ma plainte monte vers le ciel, plus elle laisse la place à un véritable amour, à une légèreté, à de la paix. C’est inimaginable la somme d’énergie requise pour nier tout ce qui s’entasse dans un cœur.

Sans verser dans les jérémiades, il faut pas mal de courage pour détecter là où ils croupissent les ressentiments, les déceptions, l’amertume et les déraciner. Au fond, Job nous invite à être vrai, à ne plus faire le beau devant Dieu, à quitter la logique du donnant-donnant et la pensée magique. Et qui n’a jamais lâché un « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ! » ?

Ragaillardi, je sors du bain, nu comme un ver, pour m’apercevoir que la préposée au nettoyage a emporté tous mes vêtements avec le linge sale. Me voilà impuissant, désemparé et je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Serait-ce un signe, l’image du renouveau, de cette renaissance qui nous fait passer de la plainte à la grâce ?

Aujourd’hui, le livre de Marion Muller-Colard, L'Autre Dieu. La plainte, la menace et la grâce (Labor et Fides, 2014), me guide vers l’amour de Dieu. Déjà je peux essayer de ne plus regarder vers le ciel en tremblant de peur ni prétendre par ma prière contracter une assurance-vie quand il s’agit d’aimer sans filet. 

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samedi 10 décembre 2016

Et si j'aimais...



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Regardons avec amour les jugements qui montent en nous 
pour les faire fondre sous les rayons ardents de notre cœur...



vendredi 9 décembre 2016

Perception et conception...




Ces deux mots, perception et conception, traduisent respectivement les mots sanscrits célèbres : rupa, la forme, nama, le nom. Je perçois les flammes qui dansent – simple vision sans qualification – et je conçois, c'est-à-dire je nomme ma perception : c'est l'incendie de ma maison. L'essentiel à saisir, c'est que tout se passe pour nous non pas à l'extérieur mais au-dedans de nous, parce que nous intériorisons l'événement dont nous sommes témoins. 

Donc, notre existence n'est pas une affaire entre moi et le monde extérieur mais entre moi et moi ou, plus précisément, entre moi et mes pensées, mes émotions, mes sensations. Ce n'est pas à cause des événements que je suis heureux ou que je souffre, c'est à cause de mes pensées relatives à ces événements, de mes émotions relatives à ces événements. 

Pouvez-vous admettre que nous sommes, avant tout, juste conscience? Imaginons une conscience ou, si vous préférez, un esprit vide comme le ciel sans un nuage, sans un oiseau qui le traverse. L'infini de la voûte céleste a toujours été utilisé comme image de cette immensité. Et dans cette immensité de l'esprit apparaissent et disparaissent des formes – les sensations, les perceptions, les conceptions, les émotions, les idées, les pensées, les peurs, les désirs – mais tout cela se passe au dedans de nous. Notre réalité essentielle, c'est juste la conscience, une conscience que rien ne limite, au-delà de l'espace, du temps, de la mesure, infinie, vide, lumineuse et, qui plus est, absolument heureuse.



Arnaud Desjardins
La Voie et ses pièges


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jeudi 8 décembre 2016

Fêtes de Noël : Présentation des Trois cheveux d'or

Une très belle compréhension du coffret qui nous est présenté ici. Une description détaillée de ce que ce jeu peut vous apporter. 
Merci à Claire Duval pour cette vidéo éclairante !






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mercredi 7 décembre 2016

Animal ami...




Nous devrions rendre grâce aux animaux pour leur innocence fabuleuse, 
 et leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets 
 sans jamais nous condamner... 

Christian Bobin

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mardi 6 décembre 2016

Rubrique à brac... Hommage à Gotlib


"Je suis un type compliqué, j'ai toujours eu un mal fou à ouvrir en grand les vannes de mes émotions. Je suis constipé du cœur,. Grosse lacune que je comble tant bien que mal en faisant le " rigolo", un paravent très pratique dissimulant parfaitement les états d'âme embarrassants et générateurs de honte. "










"Sais-tu que la douleur, si elle ne faisait pas mal, serait parfaitement supportable ? "

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lundi 5 décembre 2016

Cette vie qui nous échappe par Alexandre Jollien

Que se passerait-il si je ne me détournais pas un seul instant de l'idée qu'un jour ou l'autre je vais rendre l'âme ? Les mots du Bouddha m'apaisent et dès que je crains de souffrir, j'y vais franchement et je me souviens que « je suis soumis au vieillissement et que le vieillissement est inévitable, que je suis soumis aux maladies et que la maladie est inévitable, que je suis soumis à la mort et que la mort est inévitable ». L'accepter n'est pas une mince affaire, mais quelle énergie pour tenter d'oublier notre fragilité, notre finitude, quel gâchis aussi ! Et que d'angoisses et de peur !

Aussi les mots du sage indien agissent-ils comme un contre-poison. Au lieu de fuir l'idée de notre fin, il s'agit de l'apprivoiser. C'est rigolo comme, du matin au soir, l'ego s'évertue à se tenir à bonne distance de cette échéance, lorgnant avec mépris ce qui ne cadre pas avec ses intentions. Au fond, savoir et se souvenir qu'on va y passer peut inaugurer une véritable joie où l'on cesse de résister à l'inexorable pour enfin profiter sans retenue de ce qui s'offre à nous. Comme en un toboggan, le courage, c'est de tout lâcher, d'oser la non-maîtrise à fond et surtout de ne s'accrocher nulle part, ne s'agripper à rien. Nous voyageons dans un train qui fait route sans cesse. Je souhaiterais tant des haltes quand toujours, implacablement, le convoi s'ébranle et m'incite au détachement. Je donnerais tout pour que les passagers que je chéris empruntent le même itinéraire que moi et que tout soit planifié d'avance, sans fâcheuses surprises.

Le danger, c'est de sombrer dans une molle indifférence pour ne plus en baver. On ne saurait perdre ce qui ne nous a jamais appartenu. Et nos enfants, nos proches suivent leur propre chemin. Ultimement, nous ne sommes les propriétaires de rien. Et si nous options résolument pour la lucidité et la gratitude ? Celle qui parvient à faire son miel du passé pour avancer, le cœur plein de reconnaissance.

Vivre, c'est aussi laisser s'en aller, quitter, abandonner, lâcher autant de redoutables épreuves qui peuvent nous détruire. Qu'adviendrait-il si l'on se réconciliait avec le caractère transitoire de l'existence ? Pour ne pas s'abîmer dans de vaines querelles ni dans la poursuite de biens imaginaires, il nous faut épouser chaque jour le tragique d'une vie qui nous échappe. Comme en un jeu d'échec il s'agit de se familiariser avec les règles pour bâtir une liberté avec virtuosité. Se rappeler que tôt ou tard on cassera sa pipe, c'est congédier tout esprit de sérieux et commencer à vivre pour de bon. D'apaisants mantras du Bouddha me vaccinent contre toute fuite vers une sécurité illusoire et m'invitent à habiter le réel comme il faut.

Mais où trouver un véritable refuge, une paix authentique ? Comment ne pas s'enliser dans le pessimisme ? Sans béquilles, dépourvus des habituels anesthésiants du quotidien, nous pouvons oser l'aventure sous l'horizon de notre finitude et découvrir le cadeau inouï, proprement miraculeux, de vivre, de grandir et d'aimer. Surtout, il faut se garder de confondre le tragique de notre condition, qui réclame l'allégresse et la générosité, des psychodrames qui nous agitent à longueur de journée.

Par Alexandre Jollien, philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Son dernier livre, Vivre sans pourquoi : Itinéraire spirituel d'un philosophe en Corée, est paru au Seuil.

source : La Vie


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dimanche 4 décembre 2016

En chemin vers Noël avec les enfants

Ce 4 décembre, nous célébrons le deuxième dimanche de l'Avent... Profitons de ce temps précieux, qui passe si rapidement, pour préparer nos cœurs à la naissance du Sauveur.

Faire grandir son désir
Aujourd'hui, même si nous manquons de peu de choses (nourriture, vêtement, objets...), nous ne sommes pas satisfaits, car l'envie demeure. Toi aussi, tu as tendance à vouloir toujours plus (de cartes Pokémon, de billes ou de poupées), n'est-ce pas ? Pourtant, quand on n'obtient pas quelque chose immédiatement, le désir grandit. La joie est plus grande de le recevoir ensuite.

Les vertus de l'attente
Dieu lui-même a attendu longtemps avant d'accomplir sa promesse. Pendant des siècles, il a préparé son peuple, envoyé des signes et des prophètes. Le dernier, Jean le Baptiste, annonce que « celui qui vient après moi est plus puissant que moi » (Matthieu 3, 11). Pourtant, né dans l'humilité d'une crèche, Jésus vivra aussi caché durant 30 années.


Le temps de la conversion
« Produisez donc un fruit digne de la repentance », demande Jean le Baptiste aux pharisiens et aux sadducéens (Matthieu 3, 8). Nous aussi, nous sommes tellement blasés que même la naissance du Christ ne nous étonne plus ! C'est le moment de nous rapprocher réellement de Dieu, avant Noël. Se convertir signifie tourner son cœur vers Dieu. Or il est difficile de percevoir sa présence, dans le bruit, l'agitation, les préoccupations.

Porter beaucoup de fruits
Sur la couronne de l'Avent, nous allumons la deuxième bougie. Chaque jour, nous pouvons essayer de réserver à Dieu un moment de silence, afin de laisser son amour remplir notre cœur. Jean le Baptiste poursuit : « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu », ce à quoi Jésus répondra « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits » (Jean 15, 5).qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits » (Jean 15, 5).

source : La Vie