dimanche 29 novembre 2015

Fontaines de paix avec Osho


"Un homme de paix n’est pas un pacifiste, un homme de paix est simplement un espace de silence. Il impulse une nouvelle sorte d’énergie dans le monde, il chante une chanson nouvelle. Il vit d’une façon totalement neuve.
Sa manière même de vivre est du domaine de la grâce, de la prière, de la compassion.
Qui que ce soit qu’il touche, il crée davantage d’énergie d’amour.
L’homme de paix est créatif.


Il n’est pas contre la guerre, car être contre quoi que ce soit, c’est être en guerre. Il n’est pas contre la guerre, il comprend simplement pourquoi la guerre existe. Et à partir de cette compréhension, il devient paisible.


C’est seulement lorsqu’il y aura beaucoup de gens qui seront des fontaines de paix, de silence, de compréhension, que la guerre disparaîtra."

Osho




samedi 28 novembre 2015

Etre heureux...


"je suis heureux... très heureux... pour rien,
et aussi pour de petites choses...
un brin d'herbe qui pousse à travers le goudron...
un passant qui passe...
un moment suspendu... un silence...
un bruit de voiture qui file...
rien de spécial ni d'extraordinaire... au contraire...
c'est un festin ordinaire... de petits riens...
je suis aussi très heureux de cette humanité et du partage...
de la multiplicité infinie des formes et des genres...
que chacun puisse y trouver sa résonance...
son breuvage, ses caresses, sa fragrance...
son goût, de tout petits riens...
Heureux de me rendre, de m'abandonner...
de laisser couler ce qui vient...
sans ambages ni verbiage...
sinon ce rien...
________ d'............... Amour".............

Charles Coutarel 



vendredi 27 novembre 2015

Comment vivre ses émotions comme des énergies positives (4)


1/ Les exclusions. Une des règles constatées lorsqu'on analyse les généalogies est que tout ce qui est exclu (langue, pays, religion, idéologie, dons artistiques ou intellectuels, personnes, enfants, etc.) est appelé à être réinclus deux ou trois générations plus tard. Tout ce qui n'a pas été relié par une reconnaissance, une parole, une nomination continue à errer dans le système familial ou l'entreprise sous forme d'un "fantôme", une perturbation informe. 
C'est, entre autres, la problématique des secrets. La façon de soigner cet héritage est de réintégrer ce qui a été exclu sous une forme symbolique, c'est le travail des constellations. 

On peut lire "L'ange et le fantôme" de Didier Dumas, Éd. Minuit.

2/ Les malédictions. Mal dire de soi-même ou de quelqu'un conduit à plus ou moins brève échéance à manifester dans son corps des "mal- à-dit". Dans son corps ou dans celui d'un de ses descendants. Lorsqu'on "maudit" quelqu'un en lui disant ou en lui faisant sentir : "c'est de ta faute si je me suis mariée avec ton père" "si tu n'étais pas né, j'aurais réussi ma carrière" "si ton père est parti, c'est à cause de toi" "tu es bien comme ton oncle, tu finiras comme lui, à l'asile" "et puis, d'abord, tu n'es pas un enfant désiré" ou bien, autre version "c'est un accident" en parlant d'un enfant (la conception d'un enfant n'est jamais un accident, c'est un mystère : la vie a choisi ces parents-là pour qu'ils deviennent les parents de cet enfant) ou lors d'un accident où un enfant est mort, dire au survivant "j'aurais préféré que ce soit toi qui
meurs"… et toute autre forme de malédictions. 
Une forme subtile de malédiction consiste à dire à l'enfant tellement de mal de son père ou de sa mère que la partie de lui qui vient de ce parent maudit ne peut qu'être vécue comme un mal absolu. Ces formes de malédictions tuent et une grande partie du travail des constellations est de passer des malédictions aux bénédictions.

3/ Le déséquilibre des échanges est une des sources de difficultés dans les systèmes familiaux et d'entreprises. Par exemple, on fait travailler des personnes sans les payer. Dans une famille un des enfants se sacrifie pour élever les autres. Lors d'un héritage, un des enfants est privilégié au détriment des autres (c'est l'héritier qui risque le plus). L'un est honoré, l'autre déshonoré. Dans un couple, l'un travaille, l'autre pas et ce qu'il ou elle fait à la maison n'est pas reconnu comme valable. Dans un couple l'un a beaucoup de titres universitaires et l'autre n'en a aucun, etc, etc… Le rééquilibrage des échanges est très souvent un travail délicat parce que les "réparations" à effectuer sont difficiles lorsqu'il y a eu des spoliations importantes. Mais c'est le prix à payer pour que le système familial soit libéré des dettes qui pèsent lourd sur les générations à venir.

4/ Les intrications. Résultant très souvent des problèmes précédents une intrication est la situation où se trouve une personne lorsqu'elle est identifiée avec une autre personne : un ancêtre, un enfant mort, un bourreau, une victime, un disparu, un accidenté, un accidenteur, un héros, un malade mental, un jumeau mort, etc… Dans ce cas, la personne intriquée se conduit étrangement pour elle-même et pour les autres, comme si elle se chargeait de vivre ce que l'autre a vécu, de représenter ce qui a présidé à sa malédiction, à son exclusion, à son déshonneur ou à sa non-reconnaissance. Le travail des constellations est certainement le seul qui permet de travailler sur ces situations. Il consiste à retrouver la personne avec qui on est intriqué et à lui rendre devoir porter pour elle… par amour.

5/ Le non-respect des lois de la vie. Pour que la vie puisse se développer, un certain nombre de lois sont nécessaires. Ce sont les lois de la physique, de la biologie, etc., mais ce sont également des lois éthiques, morales. Nous ne connaissons pas toutes ces lois, mais le patrimoine culturel que nous ont laissé nos ancêtres nous permet de les approcher. La base des lois de la vie, outre les lois issues de la physique, de la biologie, etc. est : "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse". Lorsqu'une de ces lois n'est pas respectée, on n'est pas puni, mais on subit les conséquences de ce non-respect. Exemple : si quelqu'un se jette du huitième étage d'une tour, il meurt. Il n'est pas puni, il subit les conséquences du non-respect d'une des lois de la vie : la pesanteur. Si quelqu'un tue quelqu'un d'autre, par exemple dans un accident de voiture, même si sa responsabilité n'est pas en cause, il n'est pas puni, mais il en subit les conséquences. Et ces conséquences sont qu'il existe désormais un lien de destin entre sa famille et la famille du tué. Il convient donc de travailler sur la reconnaissance des conséquences pour éviter qu'elles ne deviennent malédiction dans la lignée de celui qui n'a pas respecté la loi fondamentale de la vie qui, en l'occurrence serait : "tu ne tueras pas".
Le travail transgénérationnel n'est pas à proprement parler un travail de remise en ordre moral, mais une approche permettant d'assumer autant que possible les conséquences pour n'avoir pas à en pâtir soi-même ou dans ses descendants : les enfants, les petits-enfants, les arrières petits-enfants, etc.

6/ Les désordres. Les systèmes familiaux et d'entreprises se révèlent avoir un certain ordre. Ainsi, les aînés viennent avant les puinés. L'homme est à droite de la femme et les enfants à gauche de celle-ci… Les désordres surviennent lorsqu'une personne n'est pas à sa place. Par exemple, les parents ayant divorcé, la fille aînée se croit obligée de tenir la place de son père à l'égard de sa mère. C'est une des origines de l'homosexualité féminine et c'est une position désespérée du point de vue de la sexualité. Autre exemple : un premier couple ayant décidé d'avorter, la femme refait un couple avec un autre conjoint dont elle a trois enfants, le troisième croit devoir inconsciemment prendre la place du premier petit mort, son aîné, auquel il est relié du fait de sa place de quatrième par sa mère. Il joue à gothique, s'automutile, est victime des autres plus qu'il n'est bourreau, à moins qu'il ne s'identifie à ceux qui ont tué son demi-frère aîné, le premier mari de sa mère et celle-ci. Dans ce cas, il devient casseur, violent, voire tueur. Les constellations permettent de sortir de ces impasses qui peuvent être si graves, qu'elles conduisent les personnes "déplacées" en psychiatrie, en prison, ou dans la rue. La reconstitution du système et sa représentation permettent de restaurer l'ordre et de le soulager, voire de le guérir.

7/ Les perturbations du système d'attachement. Disons, pour résumer, que : "l'attachement est la nécessité vitale dans laquelle sont tous les êtres vivants de créer de la proximité avec un autre être". Cette proximité est d'abord physique, puis, chez l'être humain, elle devient symbolique. Le système d'attachement comporte quatre grandes étapes fondamentales : le contact, le maintien du lien, la différenciation et le deuil. Si des ruptures trop importantes ont lieu à ces étapes, un ébranlement de la personne peut la conduire à des problématiques individuelles et transgénérationnelles qui relèvent des constellations. 
Exemple : une grand-mère ne s'est jamais remise de la perte de son mari pendant la guerre de 14/18. Quatre générations plus tard, son arrière-petite-fille ne parvient pas à fonder un foyer, elle cherche un mari pour son aïeule et pas pour elle. À chaque fois qu'elle réussit à entamer une relation, elle abandonne l'homme, comme si elle le renvoyait à un ailleurs. 
Autre exemple : un homme s'est senti poussé sous un train par quelqu'un qui cherchait à le tuer. Les autres voyageurs l'ont rattrapé de justesse et personne ne l'avait réellement poussé. Cet homme a perdu son jumeau au troisième mois de la grossesse de sa mère. Il n'a pu se différencier de l'enfant mort, et pour cause, il n'avait pas non plus les moyens de parler ses émotions et de traverser le deuil, en outre, il est né dans le deuil que sa mère vivait à propos de l'autre enfant. Ce qui a perturbé le contact avec celle-ci. L'enfant mort s'est constitué comme un fantôme menaçant. Les constellations permettent de relier la personne présente à l'événement traumatique et de l'en délivrer.

Pour terminer, il faut aborder la logique des transmissions ou comment se font les héritages. Selon ce qu'on observe, il existe des prévalences de transmission en fonction des rangs dans
la fratrie, toute conception étant considérée comme pouvant avoir une influence.

Ainsi, l'aîné(e) s'inscrit dans la lignée du père. Symboliquement il (elle) représente les fondations de la maison. Il (elle) s'intéresse plus aux grands-parents qu'aux parents.
Le (la) second(e) s'inscrit dans la lignée de la mère, il (elle) représente symboliquement les murs de la maison (c'est un enfant de l'intérieur, le premier étant un enfant des profondeurs) et il (elle) s'intéresse aux parents. Le (la) second(e) souffre souvent plus lors du divorce des parents que les autres enfants.
Le (la) troisième est l'enfant du changement. Il faut qu'il (elle) fasse "différent". Il (elle) représente le toit de la maison, l'achèvement, la protection, mais aussi le renouvellement. Il (elle) s'intéresse à la fratrie.
Le (la) quatrième est dans la lignée du premier, donc celle du père.
Le (la) cinquième dans la lignée du second, donc celle de la mère.
Le (la) sixième dans la lignée du troisième, c'est donc un enfant du changement, etc.

Ce schéma qui doit rester une carte de lecture possible et non une méthode pour enfermer les gens. Il permet de comprendre un certain nombre de réactions et d'aller plus vite dans l'identification des héritages transgénérationnels.
En ce qui concerne les émotions, il n'est pas rare de voir un enfant porter la colère de ses grands-parents, voire de ses trisaïeuls, c'est-à-dire les parents de ses grands-parents, ce qui peut se traduire par des troubles hépatiques, des allergies inexpliquées, voire un diabète (conflit entre deux grands-mères).
En effet, force nous est de constater qu'assez souvent un événement traumatique vécu par les grands-parents est porté par les parents sous forme de troubles psychologiques et manifesté par les enfants sous forme de troubles somatiques plus ou moins graves et plus ou moins accessibles aux traitements, dont la psychothérapie.

En conclusion, le travail des constellations donne au moins une chance de sortir des scénarios d'échec pour naître à la vie. Il donne également une chance d'éviter à ses enfants de porter le problème des grands-parents et à ses petits-enfants de porter ses propres problèmes.”

On peut lire aussi "Les constellations familiales" de Joy Manné Éd. Jouvence.


Marie-Thérèse Bal Craquin
UNIVERSITÉ LIBRE EUROPÉENNE EN SCIENCES INFIRMIÈRES - ULESI
Association 1901 à but non lucratif
Développement personnel, professionnel, organisationnel



jeudi 26 novembre 2015

Comment vivre ses émotions comme des énergies positives (3)



La dernière émotion dont nous disposons, c'est la joie. Elle est déclenchée par la sensation de s'accomplir. Il est intéressant de constater qu'en médecine chinoise, l'organe qui correspond à l'émotion de joie c'est le coeur et que les mains qui servent à s'accomplir sont situées sur le même méridien. La fonction positive de la joie est le partage. 
De nombreux ouvrages traitent de la joie, citons entre autres ceux de Christian Bobin et de Christiane Singer.


Le niveau des émotions est très important dans la communication et pour la vie en général, car, comme le mot l'indique : "motion", la motivation est dans les émotions et l'inhibition émotionnelle entraîne des maladies, des dépressions et en tout cas de grandes difficultés à se motiver pour avancer. 
Encore faut-il apprendre à exprimer ses émotions de telle sorte qu'elles soient utiles. On voit bien que la colère qui ne serait exprimée que sous forme de violence n'aurait aucune chance de favoriser le changement. De même la peur lorsqu'elle devient terreur ou la tristesse lorsqu'elle fait sombrer celui qui la vit dans un marasme ou la fausse joie qui n'aurait pour but que de masquer la détresse intérieure.

Le troisième niveau de conscience déterminant dans la relation est le niveau du langage. Les mots que nous utilisons ne sont pas sans conséquence sur les résultats que nous obtenons dans la communication. Le "tu" tue. Et la communication créative issue des approches de Marshall Rosenberg peut nous en apprendre plus sur l'art de prendre la responsabilité sur sa propre vie et d'éviter de faire porter à autrui les conséquences d'échanges porteurs de violence du fait du langage. 
La communication créative peut nous apprendre aussi à éviter de nous charger de ce qu'autrui voudrait nous faire endosser. 

(Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "Le respect, Y'a pas de mal à être attentif aux autres" de Ted et Jenny O'Neal Éd. du Signe ; "Les amis, c'est trop bien ! Un guide à l'usage des enfants" de Christine Adams Éd. du Signe ; "Le Bien et le Mal, guide pour les enfants" de Lisa Engelhardt Éd. du Signe. Un peu plus développé : "Bien communiquer en couple et avec ses enfants" Sandra et Olivier Steller Éd. Jouvence ; "Nous arriverons à nous entendre" de Marshall Rosenberg Éd. Jouvence ; "Plus jamais victime" de Pierre Pradervand Éd. Jouvence ; "Accepter l'autre tel qu'il est" Éd. Jouvence ; "Les clés de l'harmonie familiale" de Christel Petitcollin Éd. Jouvence ; "Comment bien se disputer en couple" de Serge et Carolle Vidal-Graf Éd. Jouvence ; "Les mots sont des fenêtres ou des murs" de Marshall Rosenberg.)

Le quatrième niveau de conscience déterminant dans la relation s'articule autour de l'expérience. Selon qu'on l'utilise vers la maturité, l'expérience développe le sens des possibles. Si on utilise l'expérience pour se refermer, on parvient à la sénilité qui ne dépend pas de l'âge, mais de l'ouverture du cœur et de l'esprit.

Le cinquième niveau de conscience en jeu est celui des connaissances. Si tout n'est pas dans la tête, tout n'est pas non plus instinctuel. Apprendre à communiquer, apprendre à se comprendre permet d'accéder à une intelligence de la vie. Cela conduit à structurer l'espace intérieur et l'espace extérieur indispensables à l'harmonie. Faut-il le rappeler, le mot connaissance veut dire "aller vers" (con = élan, mouvement vers, synergie) une "naissance" et le mot naissance, dans sa racine la plus ancienne, veut dire "lumière". 
On retrouve ce mot dans "nourrir", "nourrisson".

Le sixième niveau de conscience déterminant dans la relation est celui de la signification que chacun donne au fait de vivre et d'entrer en relation.
Lorsque deux personnes se rencontrent, elles doivent réaliser que chacune a un modèle du monde spécifique et propre à elles-mêmes, modèle du monde plus ou moins conscient comportant les six niveaux précédents, sans oublier qu'elles sont l'aboutissement de toute une lignée, laquelle s'est articulée sur une histoire unique. Communiquer, se rencontrer, suppose donc d'avoir pu reconnaître et accepter ce qui est en jeu dans la rencontre.
Or, nous avons hérité de nos ancêtres un certain nombre de réactions et de comportements et ceci quelques fois sur plusieurs générations.
Qu'est-ce qui fait que notre vécu actuel peut être encore aliéné aux problématiques transgénérationnelles ou, pour poser autrement la question, qu'est-ce qui peut rendre malade un système ?

1/ Les exclusions
2/ Les malédictions
3/ Le déséquilibre des échanges
4/ Les intrications
5/ Le non respect des lois de la vie
6/ Les désordres
7/ Les perturbations du système d'attachement


...

mercredi 25 novembre 2015

Comment vivre ses émotions comme des énergies positives (2)


La colère est la deuxième émotion dont on dispose. C'est une énergie puissante qu'il convient d'apprendre à canaliser. Elle est déclenchée par les violations de territoire dont nous sommes ou croyons être la victime. L'injustice est une violation de territoire : le non-respect de nos droits. On peut être victime d'une violation de territoire physique, d'une violation de territoire effectif, d'une violation de territoire intellectuel, d'une violation de territoire spirituel, tous ces niveaux à titre indicatif, il y en a bien d'autres, évidemment. En médecine chinoise, la colère concerne le foie et par ricochet l'équilibre glycémique, etc. La fonction utile (positive) de la colère est de déclencher une énergie de changement, étant entendu que le premier changement est à générer en soi puisqu'on ne peut prétendre changer l'autre. 

Un travail est d'abord à faire sur ce que nous estimons être "notre territoire". Les autres ne sont pas nos objets, ils n'ont pas le pouvoir de "nous faire ça" : nous rendre triste, fou, etc… si nous ne leur accordons pas ce droit. Le travail à faire est donc de développer la conscience d'être soi dans ses propres limites en relation avec l'autre, autre qui lui-même a ses propres limites. 

(Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "La colère, Y'a pas de mal à être en colère" de Michaelene Mundy Éd. du Signe ; "Un temps pour s'entendre avec des gens difficiles" de Lisa Engelhardt Éd. du Cerf ; "Lili trouve sa maîtresse méchante" "Lili a été suivie", "Jérémy est maltraité" "Lili se dispute avec son frère" "Lili est fâchée avec sa copine" "Les parents de Max et Lili se disputent" "Max est jaloux" "Max se bagarre" "Max est racketté" Collection Ainsi va la vie, Calligram ; et un livre plus compliqué : "Sainte colère" de Lytta Basset Bayard Labor et Fidès 2006.)

La troisième émotion dont nous disposons est la tristesse. Elle est déclenchée par les pertes, ce que nous appelons les deuils...
Les pertes que nous inflige la vie sont nombreuses et variées. On a pu en faire la liste suivante :
􀂃 les pertes d'objets ou de biens, le deuil est d'autant plus grave que l'objet était investi de façon affective;
􀂃 les pertes de lieu : pays, maison, quartier, etc.;
􀂃 les pertes liées aux étapes de croissance, c'est ainsi qu'on a pu décrire chez le nouveau-né des deuils de placenta ou de cordon ombilical, etc. la survenue des caractères sexuels secondaires chez l'adolescent s'accompagne d'un certain état de deuil, ne dit-on pas "enterrer sa vie de garçon", l'arrivée d'un premier enfant peut être vécue par les parents comme un certain deuil, celui de leur vie à deux, etc.;
􀂃 les pertes de réalités symboliques : langue, nationalité, honneur, confiance, projets, idéaux, croyances, foi. La trahison, la perte d'une idéologie, la perte de la liberté, la perte de la foi engendrent un état de deuil;
􀂃 les pertes liées aux fidélités ancestrales : changer de classe sociale, être incapable de reprendre un patrimoine, etc.;
􀂃 les pertes de projets ou les pertes liées à l'investissement professionnel, le chômage, la mise à la retraite, etc., et même, curieusement, une promotion;
􀂃 les pertes de parties de soi et d'apparence de soi : devenir obèse, perdre la vue, perdre un membre, perdre sa force physique;
􀂃 les pertes d'animaux;
􀂃 les pertes de générativité : se découvrir stérile, ne plus pouvoir faire d'enfant, perdre son inspiration et sa créativité, voir son oeuvre détruite, ne pas pouvoir transmettre ce qu'on sait ou ce qu'on a fait…;
􀂃 les pertes de maîtrise de rôle;
􀂃 les pertes liées à la violence subie;
􀂃 les pertes liées aux maladies et au vieillissement;
􀂃 les pertes partielles de personnes : la personne reste vivante, mais elle nous quitte (c'est le cas du divorce), devient inaccessible du fait d'une maladie, perd la raison, se fâche, trahit;
􀂃 les pertes partielles en ce qui concerne les enfants : l'enfant naît avec une malformation ou est victime d'un grave accident qui le laisse invalide, l'enfant se drogue, l'enfant échoue scolairement, l'enfant tombe malade psychiquement, l'enfant est victime d'une maladie somatique grave, etc.;

􀂃 les pertes liées à la disparition d'un enfant ou d'un adulte, ce sont des pertes très graves, car il y a une grande difficulté à admettre la réalité, du fait qu'on ne peut vérifier que l'autre est mort;
􀂃 les pertes d'enfant : l'avortement, les fausses couches, les morts-nés, les morts subites du nouveau-né… La perte d'enfant est un deuil qu'il est très difficile de dépasser, car souvent l'enfant est investi comme étant celui qui nous permet d'espérer survivre à notre propre mort. Selon le type d'accident arrivé à l'enfant, le deuil est plus ou moins difficile à surmonter. Si l'enfant a été enlevé, torturé, etc., s'il a été tué lors d'un accident dont on est responsable, s'il a été tué par un tiers, la plus grande difficulté est de dépasser le ressentiment à l'égard de l'autre ou à l'égard de soi. L'enfant peut également se suicider, se droguer, échouer, le parent est alors confronté à un sentiment de perte très important. Il faut mettre dans les états de deuil liés aux pertes les situations où l'enfant perd son statut social en devenant délinquant;
􀂃 les pertes de petits-enfants sont très sensibles. Il faut se rappeler que même, à 90 ans, l'enfant qui en a 70 reste l'enfant de sa maman;
􀂃 les pertes d'enfants sont à considérer du point de vue des frères et soeurs qui peuvent développer de très graves pathologies de l'affectivité à la suite d'une disparition dans la fratrie. Il n'est pas rare de rencontrer des femmes qui se sont unies à un conjoint représentant leur frère disparu ou qui projettent sur leur enfant l'ombre du frère ou de la soeur disparu(e). Cela entraîne beaucoup de problèmes dans le couple et des troubles très importants chez les enfants;
􀂃 les pertes d'adultes sont du même ordre que celles que j'ai répertoriées pour les enfants. Les plus graves restent les disparitions, les meurtres, les suicides puis les maladies et la mort de vieillesse, sans oublier la déchéance, par exemple l'alcoolisation d'un conjoint.

En médecine chinoise, la tristesse est reliée aux poumons et au gros intestin. La tristesse permet d'entrer dans l'état de deuil, état ressource dans lequel on se met pour faire face aux pertes. On parle de travail de deuil par assimilation au travail de l'accouchement. Il s'agit donc bien d'un mouvement de la vie et comme nous savons vivre, "nous savons faire le deuil".

(Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "Le deuil, Y'a pas de mal à être triste" de Michaelene Mundy Éd. du Signe ; "Le divorce, comment aider les enfants à passer le cap" de Emily Menendez-Aponte Éd. du Signe ; "Les parents de Zoé divorcent" "Grand-père est mort" "Le père de Max et Lili est au chômage" Collection Ainsi va la vie, Calligram ; "Au revoir blaireau" de Susan Varley Gallimard ; "Faustine et le souvenir" de Sandrine Pernusch Éd. Messidor La Farandole ; "Les deux maisons de Désiré Raton" de Lydia Devos et Pierre Cornuel Grasset Jeunesse 2000 "Quelqu'un que tu aimais est mort" de Agnès Auschitzka et Nathalie Novi Bayard Jeunesse "Un temps pour se remettre d'un divorce" Kathryn Lankston Éd. du Cerf "Un temps pour le deuil" de Karen Katafiasz Éd. du Cerf et quelques livres plus compliqués de Jean Monbourquette : "Aimer, perdre et grandir : assumer les difficultés et les deuils de la vie" Ed. Bayard Centurion, 1995 ; "Grandir ensemble dans l'épreuve : groupes d'accompagnement de jeunes confrontés au divorce et au deuil" Ed. Médiaspaul, 1993 ; "Groupe d'entraide pour personnes en deuil" Novalis 1996 ; "Comment pardonner : pardonner pour guérir, guérir pour pardonner" Ed. Bayard Centurion, Novalis 1992 ; sans oublier les ouvrages de Christiane Singer et entre autres, "Du bon usage des crises" Folio.)





mardi 24 novembre 2015

Comment vivre ses émotions comme des énergies positives (1)

Marie-Thérèse BAL-CRAQUIN
Conférence du vendredi 9 février 2007 à Déols, France
(La transformation par les constellations)

Pour introduire ce thème, je vais rappeler les différents niveaux de conscience en jeu dans l'interaction, la relation à soi-même et la relation à autrui. Ces différents niveaux de conscience ne sont pas exhaustifs, ils ne font que jalonner ce qui peut se passer dans notre relation à nous-même et à autrui.

Le tout premier niveau de conscience dans lequel se situe la relation est la sensorialité où l'on retrouve l'usage des cinq sens : la Vue, qui génère des représentations externes : ce qu'on voit à l'extérieur, et des représentations internes : ce que l'on s'imagine, ce que l'on crée comme image intérieure, mais aussi ce dont on se souvient, ou croit se souvenir. Ainsi, on peut projeter sur l'autre une image interne souvenir qui n'a rien à voir avec la personne qui est en face de nous. À partir de cette image projetée, la communication ne peut qu'être faussée.
On peut également avoir reçu de ses parents une projection d'images qui n'a pas grand chose à voir avec ce que nous sommes et être pris dans une relation faussée par rapport à la réalité.

Le deuxième sens dont nous disposons est l'Audition qui, comme la Vue, génère des perceptions externes : ce qu'on entend de l'extérieur, et des perceptions internes : dialogues internes que l'on crée ou dont on se souvient, ou croit se souvenir.
Là encore, la projection d'un dialogue interne à partir d'un message externe peut contribuer à des difficultés dans la communication.
Quand on était "petit", on peut avoir enregistré de la part de ses parents ou d'autres "grands", des séquences entières de mémoire auditive qui perturbent grandement le contact avec la réalité.

Le troisième sens déterminant dans la relation avec soi-même et avec autrui, est la sensation même, appelée Kinesthésique : le chaud, le froid, la pesanteur, la tension et la détente, le confort, l'inconfort, la douleur, le plaisir… Comme pour les deux sens précédents, la mémoire s'organise à partir d'expériences précoces qui remontent quelques fois à la conception même. On trouvera dans les constellations des mémoires cellulaires de réduction placentaires lorsqu'une conception artificielle a été pratiquée, mémoire qui continue à perturber la vie au présent.

Le quatrième sens, l'Olfaction est un des plus archaïques que nous développions, il est d'autant plus déterminant dans la relation, qu'il est en grande partie inconscient, car réprimé dans son expression. Il est socialement peu accepté de dire à quelqu'un "tu pues" !!! et l'inverse est immédiatement connoté d'une tentative de séduction.

Le cinquième sens, le Goût, dépend de l'Olfaction et n'est pas sans relation avec notre attirance ou notre répulsion pour des relations qui nous dégouttent ou au contraire nous attirent.

Ce premier niveau de la relation est à travailler quasi constamment pour le nettoyer des scories qui nous viennent de l'expérience, des mémoires personnelles et des mémoires ancestrales. Je ne saurais trop conseiller le livre d'Antony de MELLO à ce sujet "Quand la conscience s'éveille" et "Un chemin vers Dieu" publiés chez Albin Michel à Espaces Libres. Antony de MELLO, jésuite indien, psychothérapeute, utilisant son expérience bouddhiste et hindouiste, propose des petits exercices tout à fait intéressants pour "nettoyer" son champ de conscience et le mettre au service d'une relation vraie. Relation vraie à soi-même, aux autres et à ce que la culture a appelé Dieu.

Le deuxième niveau de conscience déterminant dans la relation est le niveau des émotions. Pour être simple, disons que nous disposons de quatre grandes émotions fondamentales qui, au cours du développement, se construisent dans l'ordre suivant :

La peur se déclenche lorsque la personne est confrontée à des menaces ou ce qu'elle imagine comme étant des menaces. En médecine chinoise, la peur concerne les reins qui, dans certains modèles sont considérés comme le siège de l'identité (polarité), l'énergie de la voie, de l'élan. La fonction utile (positive) de la peur est d'augmenter la vigilance, donc d'assurer notre protection. Mais si je considère l'autre comme menaçant en raison de mes représentations internes, on voit tout de suite que j'aurais des difficultés à être disponible pour communiquer avec lui. De même, si je néglige les signaux d'alarme qu'un autre être réellement menaçant déclenche chez moi, je risque de me mettre en danger. La vraie question, dans ce deuxième cas, est de tenir compte de mes réactions pour développer une saine vigilance et de communiquer de façon adaptée. 

(Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "La peur, comment tu peux y faire face ?" de Molly Wignand et Robert Alley Ed. du Signe Lutin conseil pour enfant ; "Max et Lili ont peur" "Lili a peur du contrôle" "Max est timide" Collection Ainsi va la vie, Calligram "Au secours, j'ai peur d'aimer" de Marion-Catherine Grall Plon ; "Pour en finir avec les tyrans et les pervers dans la famille" de Yvonne Poncet-Bonissol Chiron éditeur.)



dimanche 22 novembre 2015

Prières de l'Abbé Pierre et de Mère Térèsa



"Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.
Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés. »
Abbé Pierre

"La vie est la vie" :
La vie est beauté, admire-la
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le.
La vie est un défi, relève-le.
La vie et un devoir, fais-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien.
La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la. "
Mère Térésa



Des fleurs et des bougies pour comprendre...


Hommage d'un enfant et de son papa...






vendredi 20 novembre 2015

Souffrance et vision non-duelle : interview de Suyin Lamour

Annick : Au sujet de changer de regard sur les événements et sur le monde, tu dis : « Nous ne pouvons pas changer les événements, nous pouvons seulement changer notre façon de les interpréter, en observant nos croyances et en nous ouvrant à la possibilité de regarder autrement. »
Je peux le comprendre à l’échelon individuel. Mais je ne peux pas le comprendre à l’échelon collectif. Comment peut-on changer de regard sur la Shoa, la barbarie, le terrorisme, la torture, le djihadisme… ?

Suyin : Ton regard sur ces choses-là est toujours personnel. Un terroriste n’a pas du tout le même regard que toi sur la situation. Lui il est convaincu de faire le bien, d’œuvrer pour une grande cause.

Annick : Oui bien sûr, mais moi je ne peux pas changer ma façon d’interpréter ces choses-là. Au niveau individuel, si quelqu’un me fait une vacherie, je peux toujours tenter de comprendre ses motivations. Mais au niveau collectif, avec toutes les horreurs qu’on peut voir dans notre monde, j’ai plus de mal. Mais peut-être que toi tu ne l’appliques pas au niveau collectif ?

Suyin : Si, c’est pareil. Si j’entends par exemple l’annonce d’un acte de terrorisme, je vais avoir sur le coup une réaction de stupeur ou d’horreur, et cela peut générer des pensées du type : c’est injuste, comment de telles choses peuvent-elle exister, etc. Mais je peux aussi essayer de voir quelles sont les motivations de ceux qui font ça, est-ce que dans leur tête ils font le mal ? Non, ils sont convaincus d’œuvrer pour le bien. Sont-ils responsables de leurs actes ? Non, ils répondent à un conditionnement. Est-ce que ma vision est plus juste que la leur, je n’en sais rien, parce que dans l’absolu c’est un conditionnement aussi. Pour eux, leur vision est plus juste que la mienne. En quoi la mienne ou la leur serait plus juste ? Ce sont des conditionnements.
Et aussi, je n’ai aucune idée des conséquences sur le long terme de leurs actions, car je n’ai pas la vision globale de la situation, je n’en ai qu’un aperçu limité. Regarde comment la Shoa a fait par contrecoup se développer considérablement les valeurs humanistes, tolérantes, solidaires, dans la société occidentale. Nous ne savons pas si sans de tels extrêmes qui ont profondément choqué et marqué les consciences, l’Europe et les Etats-Unis ne seraient pas aujourd’hui des pays totalitaires.
Mais la question n’est pas tellement de chercher des bonnes raisons ou d’avoir une pensée positive, car c’est encore entretenir l’idée qu’il y a quelque chose de bien et quelque chose de mal. C’est plutôt d’avoir un regard non-duel, c’est à dire dépouillé de jugement.

Annick : Mais si tu arrives à n’avoir aucun jugement sur la Shoa et sur les choses qui se passent en ce moment, cela veut dire que tu deviens sacrément indifférente au monde qui t’entoure ? Comment peut-on vivre avec un tel détachement ?

Suyin : Ce n’est pas de l’indifférence, le détachement n’empêche pas la compassion. Le vécu de souffrance est réel, et j’ai une immense compassion pour les êtres qui souffrent. Mais est-ce que le fait que je souffre pour eux va alléger leur souffrance ? Si j’adopte un point de vue sans jugement, je peux être remplie de compassion parce qu’en tant qu’être humain je suis touchée, et pourquoi pas agir concrètement pour aider autrui, sans pour autant rajouter de la souffrance à la souffrance. D’ailleurs, sur un plan vibratoire, ce n’est pas la peine de diffuser encore plus d’énergies de souffrance dans ce monde, il y en a déjà suffisamment.

Annick : Concernant la Shoa, je n’en souffre pas, mais je ne peux pas considérer que c’est une chose juste qui est arrivée. On a infligé des souffrances inhumaines à des êtres humains au nom d’une idéologie, et je ne peux pas changer mon regard là-dessus. Je ne peux pas dissoudre ça.

Suyin : Tu ne peux pas dissoudre la croyance que c’est injuste ?

Annick : Non. Et même si je pouvais je ne le voudrais pas.

Suyin : Et bien, si tu ne souhaites pas la dissoudre, il n’y a pas de nécessité à le faire. On est libre de dissoudre nos croyances, et on est libre aussi de ne pas le faire. Je veux juste dire qu’on en a la possibilité. Tout dépend comment on veut se sentir par rapport au monde.
Si je suis très mal à l’aise avec ça au point de ressentir de la haine ou d’avoir des envies de suicide, ça peut être intéressant pour moi d’investiguer cette croyance plutôt que de souffrir de cette façon.
Sinon, il n’y a pas de problème. La croyance que c’est injuste n’est pas plus fausse que la croyance que c’est juste. On peut penser que c’est juste, on peut penser que c’est injuste, les deux sont faux dans l’absolu. Car dire que c’est juste, c’est croire qu’il y a une volonté derrière, que la vie a voulu que ça arrive. Or je ne suis pas sûre du tout de cela. Je pense plutôt que ce sont des phénomènes qui échappent à toute volonté. Et c’est en cela que je ne peux pas juger la vie. Comme je ne peux pas juger un banc de sauterelles qui va tout détruire sur son passage. Quand c’est des sauterelles, on ne les juge pas, elles font un véritable génocide mais personne ne dit que c’est injuste ! Mais dès qu’il s’agit de l’être humain on trouve cela injuste car on prête à l’humain une volonté personnelle et une responsabilité vis-à-vis de l’humanité. Or, l’humain, comme les sauterelles, ne fait que répondre à un conditionnement, plus élaboré certes, et basé sur l’idée que nous sommes des individus séparés, ce qui entraîne toutes les souffrances que nous voyons dans le monde.
Et la seule chose qui pourrait véritablement mettre fin à ces souffrances, ce serait de cesser de croire à cette idée, de cesser de vivre selon cette perspective, cette croyance en la séparation. Ce serait de réaliser que nous sommes Un.

source : site de Suyin Lamour



jeudi 19 novembre 2015

LA JOIE D’ETRE de Suyin Lamour, un livre précieux



Voici un livre dont la simplicité du titre correspond parfaitement à celle du contenu. Une légèreté profonde. Ce récit écrit à la première personne du singulier se conjugue pour l’essentiel au présent de l’indicatif. Le seul temps qui puisse épouser le jaillissement de l’éternel Instant.

Trois grandes parties composent ce bref et dense ouvrage :
-          Le déclic ;
-          La vision nouvelle ;
-          La danse de la vie.

Est ici retracé un cheminement hors du temps, immergé dans le présent - la Présence :

Depuis le « déclic » qui pousse l’auteure à comprendre un jour que son expérience d’éveil, treize ans auparavant, n’était en fait qu’une expérience spirituelle spectaculaire, mais certainement pas la Libération…

...jusqu’à l’installation, peu à peu, d’une « vision nouvelle » de son être profond ; une compréhension plus fine, profonde et juste de ce qu’est le véritable Eveil, avec ses difficultés, ses étapes et la joie de goûter enfin la liberté d’être soi-même : « Je sais maintenant ce qui devait mourir, être dissous. Non pas le personnage-moi, puisqu’il n’existe pas. Mais la croyance en l’existence de ce personnage. […] Tous mes systèmes de croyance s écroulent comme un château de cartes, et je sens que ce n’est qu’un début. »

Quelle vertigineuse aventure intérieure… Et pourtant, cette plongée dans la matière, ce saut dans le vide, cette immense glissade « dans les bras de l’Etreté », tout cela se vit au plus près du simple quotidien, « comme si on ouvrait une fenêtre au petit matin ». Thème après thème – « le jeu », « le personnage », « l’amour », « la foi », « la mort », « les émotions », « le libre-arbitre », « la pratique », etc. -, la « vision nouvelle » de Sunyin Lamour se déroule, de plus en plus vive et assurée, dans la pure joie d’être au monde.      

Alors peut se déployer la « danse de la vie » : danse du je libéré avec le mouvement naturel d’une vie qui ne lui appartient pas mais qui l’emmène vers le meilleur de ce qui est à vivre. Une danse émouvante, lorsque Suyin nous entraîne avec elle dans les bois où elle se promène, parmi ses « amis de sève et de pierre », les buissons et les rochers, toute baignée de larmes d’amour, qui lui lavent le corps et le cœur. Une danse sensuelle et poétique à la fois, lorsque l’auteure se décrit, immobile, « écoutant le vent, sentant l’énergie de la nuit, la vibration de Ce qui est ». Une danse désirante aussi, animale, même, lorsque la narratrice évoque avec gourmandise son « ardente et rugissante envie ». Une danse ludiquement divine, lorsqu’elle coïncide avec le jeu d’un Dieu qui s’amuse comme un enfant à se refléter à travers ses propres formes. Une danse lumineuse et amoureuse comme une « force tranquille qui accueille tout ce qui se vit en nous et nous porte même quand tout   s’effondre »… Une danse voyageuse et miraculeuse : « Tout pétille de conscience » ; « Seul m’intéresse ce qui est dans l’instant, ce dont je fais l’expérience. »

L’une des originalités de ce livre réside dans sa sincérité et sa vivante proximité avec le lecteur. Les mots traduisent le tâtonnement de la recherche. Le lecteur accompagne tout naturellement, sans effort, l’auteure dans sa quête, dans ses croyances peu à peu démasquées, dans l’affinement progressif de sa vision des choses et d’elle-même. Ce qu’on appelle communément "éveil" est volontiers recouvert de notions mal comprises, comme la mort de l’ego. Le texte de Suyin Lamour demeure au plus près de l’expérience vécue ; son langage est clair, dépouillé, sans détours. Le bonheur de vivre est décrit dans l’immersion du quotidien, parfois semé de déceptions utiles, qui font faner les croyances illusoires et refleurir la justesse de l’expérience vécue. Jusqu’à la découverte d’une délivrance réelle, dans la Joie qui demeure.

On ne peut que recommander une telle lecture - revigorante et inspirante. La Joie d’être a le don de nous revitaliser. Et de raviver notre désir, notre quête de Liberté.          

Sabine Dewulf

mercredi 18 novembre 2015

Antoine Leiris : “Vous n’aurez pas ma haine”

Son épouse, Hélène, était au Bataclan, et elle y a perdu la vie. Le journaliste Antoine Leiris, qui assurait la chronique Tableauscopie sur France Info a publié un post poignant et digne sur son profil Facebook. 

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

Antoine Leiris




"Je continuerai à vivre parce que je ne veux pas que mon fils grandisse dans la haine, 
la violence ou le ressentiment." 

source : France Info



mardi 17 novembre 2015

Cheikh Khaled Bentounès: "qui sont-ils pour prétendre agir au nom de Dieu ?"


Réagissant aux attentats qui ont touché Paris, le chef de la confrérie soufie Alawiyya a rappelé qu’il était plus que jamais nécessaire de bâtir des ponts entre les religions, dans la paix.

A l’annonce des attentats perpétrés par des terroristes islamistes à Paris vendredi soir, le cheikh Khaled Bentounès reconnaît "avoir été touché au plus profond de son être". Actuellement en Algérie, le chef de la confrérie soufie Alawiyya devait inaugurer vendredi une chaîne de télévision dans ce pays, dans l’espérance de pouvoir relier "les deux rives de la Méditerranée, pouvoir travailler, se connaître et échanger". Une ambiance joyeuse très vite ternie à l’annonce des premiers bilans.

Pour Khaled Bentounès, ces attentats sont une nouvelle catastrophique pour "tous ceux qui travaillent à construire des ponts entre les civilisations, entre les cultures et les religions". Ce dernier ajoute que "plus que jamais, il faut être déterminé à aller de l’avant." "Nous pensons aux familles" explique le cheikh, "et toute notre compassion va vers ceux qui, innocemment, ont été touchés à Paris".

"Je voudrais que les gens réfléchissent profondément et mettent aujourd’hui tout ce qui est en leur pouvoir pour agir ensemble, afin de ne pas être emporté dans ce tourbillon de violence et de haine" ajoute ce représentant de la branche pacifique de l’Islam. Khaled Bentounès ajoute à ce propos que "Dieu n’appartient à personne. Dieu est trop grand pour appartenir à une seule communauté."

"Qui sont ces gens-là pour prétendre agir au nom de Dieu" s’interroge avec émotion le chef de la confrérie Alawiyya. "En tant que musulman, et en temps qu’être humain, je refuse cela" conclue-t-il.


Interview de Cheikh Khaled Bentounes par la radio RCF
(6 min.)



source : RCF


Message de Gilles Farcet



Je reçois des messages d'inquiétude, comme je suppose des milliers de parisiens (même si je ne vis plus à Paris qui cependant reste "ma ville", celle où vivent mes enfants , tant de mes amis, et où je vis et partage encore tant de choses). Je vais bien, merci à tous, j'ai appris les nouvelles au saut du lit dans ma campagne ce matin. 

J'ai pendant bien longtemps été voisin du Bataclan ... Par delà tout ce que chacun comme moi, comme nous tous, peut éprouver, une seule conviction : continuer, continuer à travailler à mûrir , à être plus conscient et donc plus responsable et donc plus aimant, émerger de l'illusion de la séparation à l'origine de toutes ces horreurs. Nous souvenir de ceux et celles qui avant nous ont poursuivi leur travail dans des conditions effarantes (je pense entre autres à Gurdjieff et ses élèves en pleine révolution russe ). 

Tout en étant plus que jamais citoyen, participer de moins en moins à la maladie du monde, de plus en plus à sa guérison. Eviter la surenchère de l'émotion, s'enraciner dans la profondeur du sentiment. Etre. L'urgence encore et toujours c'est d'être. 

Ce l'était hier, ce l'est aujourd'hui , ce le sera demain. 

Merci à tous.





dimanche 15 novembre 2015

Déclaration de Karmapa au sujet des attaques à Paris



Il est très triste de voir combien les êtres humains que nous sommes peuvent être destructeurs. Il est particulièrement important, dans ce moment, de se rappeler que nous sommes aussi capables d’un grand courage et de beaucoup de compassion. En ce jour tragique, je dédie mes prières aux victimes, aux auteurs [de ces crimes] et à tous ceux qui ont été blessés, directement ou indirectement.

Nous devons trouver une façon d’utiliser ce moment pour développer davantage de conscience et de compréhension, afin que nous puissions vivre sans peur. Nous devons trouver une façon d’utiliser ce moment pour résister à la peur et à la panique et ne pas y succomber. Nous devons trouver une façon d’utiliser ce moment pour développer de la compassion et montrer aux autres que c’est le manque de conscience, de sagesse et de compassion, se manifestant sous la forme des émotions, qui constitue le réel problème auquel nous devons résister.

Je prie afin que nous trouvions tous une façon d’utiliser ce moment pour répondre avec bienveillance, pour se relever avec l’espoir au cœur et pour se rappeler que les êtres humains sont aussi capables d’un grand courage et de beaucoup de compassion. Je demande à tous ceux qui sont affectés par cette tragédie, directement ou indirectement, de se joindre à cette aspiration.



mercredi 11 novembre 2015

La grâce du "Je Suis"



"Être pleinement" se produit précisément où nous sommes à l'instant et ne nécessite aucune modification. Il convient de distinguer le fait de rendre "acceptable" notre incomplétude, et l'Amour inconditionnel à l'égard de cette incomplétude. Tout ce que nous estimons grossier, inabouti, imparfait, perfectible en nous, ne constitue pas un obstacle au fait que "nous soyons". "Je Suis !" ; c'est en cela que réside ma complétude, mon accomplissement, mon intemporalité céleste. Y a t-il une plus grande source de satiété et d'étonnement que cette grâce ?

Frédéric Samnidhi



mardi 10 novembre 2015

Les mains de l'humanité avec Christiane Singer




Partout où des mains se joignent et se rejoignent continue la plus vieille histoire de la nature 
et de l'humanité, la saga de la solidarité. 

De nouvelles mailles se nouent au filet 
qui nous retient de tomber dans l'abîme de l'inhumanité. 

Christiane Singer
 - Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? 
Page 73 - Ed. Poche




lundi 9 novembre 2015

Les conseils de Nicolle Carré pour vivre pleinement


1. Ne transigez pas avec votre désir
Laissez flamber au plus profond de vous ce feu intérieur qui peut être caché sous la cendre. Laissez-le jaillir. Dans la souffrance, il avait suffi que je dise « oui » à vivre l'instant présent, et donc « non » à la fuite de cet instant-là, pour que tout me soit donné. Ma quête intérieure, la soif d'absolu qui m'habitait depuis ma petite enfance, s'est mue avec la maladie, en présence à moi-même, en accueil. Accueillons notre désir au présent.

2. Acceptez d'être là où vous en êtes
Je n'attends pas d'être capable de grandes choses pour commencer de goûter la vie. Je pars de là où j'en suis, aussi bas que cela me paraisse. C'est quelquefois très peu, un petit rien, un germe. Accepter d'en être là où l'on en est, ce n'est pas s'y complaire ni baisser les bras : c'est sortir du mensonge dans lequel nous vivons et nous accueillir nous-mêmes. Comme le dit sainte Thérèse de Lisieux : « Si nous consentions à notre faiblesse, Dieu pourrait faire en nous des merveilles. »

3. Ne désespérez pas : le présent peut réparer le passé
L'important, ce n'est pas ce qui a été ou ce qui n'a pas été, mais ce qui est maintenant. Une manière de consentir à ce qui a été et à le reprendre de façon neuve. Alors, tout ce qui m'a été donné m'est redonné : je cesse d'être le centre du monde, nous pouvons être ensemble, chacun, tels que nous sommes en vérité. En approchant la mort, longuement, j'ai appris que chaque instant est une naissance. Peut-être est-ce cela qui rend la vie si belle...

4. Si la mort vous préoccupe, soyez vivant
Mourir, c'est avant tout mourir à soi-même et au monde que l'on a bâti avec son imagination. C'est être présent au monde qui vient et faire confiance. Posez-vous plutôt la question suivante : « Est-ce que je vais quitter ce monde en vivant ? » Derrière ce paradoxe curieux me revient la phrase de Maurice Zundel : « On se demande si on sera vivant après la mort au lieu de se demander si on sera vivant avant la mort. Il n'y a aucun sens à postuler quoi que ce soit au-delà de la mort, si d'abord on n'a pas vaincu la mort durant la vie. »


(source : La Vie)



dimanche 8 novembre 2015

Nicolle Carré, jusqu'au bout, prendre soin de sa vie

Animée d'une foi intense, cette psychanalyste est sortie transformée de sa maladie, qui lui a fait frôler la mort à deux reprises. Elle témoigne de sa volonté de vivre pleinement son existence en acceptant ses faiblesses.

En avril 1992, j'appris que j'étais atteinte d'une leucémie aiguë. Le diagnostic était là : je pouvais mourir d'un moment à l'autre. Mes jours, voire mes heures, étaient comptés. Ma première pensée fut pour mon mari et mes enfants : qu'allaient-ils devenir ? Simultanément, je compris qu'en rejoignant Dieu mes combats intérieurs allaient cesser, ce qui me plongea dans une certaine joie. Mais, une fois malade, à bout de force, un grand tournant s'opéra en moi : je pris conscience que l'existence était un don, un don de Dieu. Que Dieu était Vie, et au coeur de toute vie humaine. Derrière mon désir de le rejoindre se cachait en fait une peur d'affronter cette dernière. Dieu était là, alors, pourquoi le chercher sur l'autre rive ? Puisqu'il m'avait donné cette existence, je devais en prendre soin.
La psychanalyse, dont j'ai fait ensuite mon métier, est très importante pour moi, et d'une grande richesse. Mais c'est au coeur de la maladie que j'ai découvert l'essentiel : c'est lorsqu'on est dépouillé de tout que la volonté de posséder sa vie s'évanouit. La seule chose qu'il nous reste alors est de s'ouvrir à ce qui est là. Avant, je voulais gagner, désormais je n'avais plus rien à gagner. Tel un petit enfant, je ne pouvais qu'accueillir ce qui advenait. Ce changement radical m'a permis, peu à peu, de faire de mon quotidien un exercice de l'instant présent : dans chacun de mes actes, j'accueillais la moindre chose comme un cadeau de Dieu. Je ne savais plus si j'avais la foi ni ce qu'est la foi, mais il y avait en moi une prière continuelle : « Abba, Père. Que jamais je ne sois séparée de toi. » L'équipe médicale qui me soignait et m'accompagnait s'étonnait de la manière dont j'appréhendais ces instants cruciaux. Dieu, à qui j'ouvrais le plus profond de mon être, était mon souffle, alors même que je ne pouvais pas respirer sans l'aide de machines.
Avant ma maladie, ma croyance en Dieu était déjà intense. Mais je cherchais davantage à le connaître qu'à vivre de lui. Ma jeunesse passée en Tunisie m'avait permis de découvrir l'aspect profondément religieux de la culture musulmane. Après avoir cheminé dans les voies de la spiritualité hindouiste, j'avais retrouvé la foi chrétienne au cours d'une messe de minuit, en 1989. Ce soir-là, je pris véritablement conscience que Dieu s'était incarné à la naissance de son fils Jésus. Mon existence en fut retournée et l'émerveillement d'un Dieu fait homme ne s'est, depuis lors, jamais estompé.
Un nouveau bouleversement se produisit en 1998 : je rechutai dans la leucémie. Après ma rémission, je m'étais tellement mise à aimer la vie, que je ne voulais plus la quitter. J'en avais fait un joyau, un don à découvrir chaque jour. Une fois remise sur pieds, j'étais revenue chez moi et avais retrouvé mon mari, mes enfants et divers engagements, comme mes études de théologie et mes activités en paroisse. Aussi, lorsque j'appris que ma leucémie repartait, la peur de mourir m'envahit. Grâce à mon mari, à sa présence à mes côtés, à la justesse de ses mots, à son accueil de mes angoisses, j'ai pu, tout doucement, apprivoiser la mort en mettant de l'ordre dans mes affaires. J'ai fini par accepter derecevoir à nouveau le sacrement des malades. Je voulais que ce soit une grande fête réunissant ceux que j'aimais avec toutes leurs différences religieuses : orthodoxes, catholiques, protestants, musulmans, hindouistes, mais aussi athées. Il me fallait célébrer ce qui nous liait et qui était plus fort que la mort. Il me fallait aussi leur exprimer, par cette fête, combien j'avais besoin d'eux dans ma lutte, et combien je me sentais responsable d'eux dans ma manière d'affronter la fin. Au cours de la messe où j'ai reçu ce sacrement, un vieil ami prêtre a fait l'homélie : « Nicolle, vous vous trompez : le Christ ne va pas vous aider à vivre la maladie, il va la vivre en vous. » Cette phrase a été un second virage intérieur : une paix et une joie immenses ont germé en moi. Durant les semaines passées au bord extrême de la mort, où je ne parvenais plus à respirer malgré l'oxygène, où la fatigue ne me permettait plus de porter mon corps, où la douleur et l'angoisse me terrassaient, je ne savais plus si je croyais en Dieu. Mais je savais que le Christ était en moi. Cela me suffisait.
Depuis trois ans, les médecins me considèrent comme guérie. Cette paix et cette joie ressenties pendant l'homélie ne m'ont pas quittée. Je ne vis pas sur un petit nuage : je suis comme tout le monde, je continue de traverser des moments difficiles. Mais désormais, je n'essaie plus de les fuir ni de les maîtriser. Je sais bien que je ne peux pas tout. Je sais surtout que « je peux tout en Celui qui me fortifie » (Philippiens 4, 13), et donc que tout est ouvert si j'y consens. Je sais que je mourrai un jour comme tout le monde. Tant d'années passées à surveiller ma santé, à naviguer entre des résultats incertains, les effets à long terme des traitements, mais aussi des bonnes nouvelles, ont fait de la pensée des fins dernières une quotidienneté. Les angoisses sont parfois là, mais j'apprends à aimer ma faiblesse. Parce que je suis faible, je n'ai plus besoin d'être forte : j'accueille chaque instant qu'il m'est donné de vivre. Au fond, je suis de plus en plus libre.
Lorsqu'on fait le bilan de son existence, certaines choses, qui apparaissaient jusque-là importantes, ne sont plus essentielles. Finalement, demeure une question : ai-je accueilli l'autre, ai-je été moi-même ? Un sage hassidique a dit : « Au jour du jugement, on ne te demandera pas si tu as été Moïse, on te demandera si tu as été toi-même... » C'est-à-dire avec mes peurs, mes fragilités... Je ne peux pas les enlever, juste les accueillir, et alors cela change tout. L'approche de la mort est la découverte que l'on ne peut pas maîtriser la vie... Quel combat et quelle libération !

> Au bord du mystère

« J'apprends à vivre en apprenant à mourir. Je pressens que l'inconnu est l'inconnu du don. Ma peur de la mort s'apaise lorsque j'entre dans ce mystère du don. La vie est assez large pour tout contenir, même la mort... » En des mots choisis, Nicolle Carré livre ici le fruit de son combat, celui de ses émotions lors de son parcours au bord du mystère, à la crête de la vie et de la mort, entre douleurs, souffrances et rémissions. Un ouvrage de circonstance pour ceux qui traversent la maladie et pour leurs proches. 
Préparer sa mort. Un hymne à la vie, de Nicolle Carré, l'Atelier, collection Mieux vivre, 15 EUR (en cours de réimpression).

> Les étapes de sa vie

1939 Naissance à Tunis.
1959 Découverte du mystique musulman al-Halladj (858-922).
1960 Retour en France.
1960-1964 Études de psychologie.
1969 Mariage avec Olivier, dont naîtront deux enfants.
1977-1989 Séjour en Inde, découverte de l'hindouisme.
Noël 1989 Expérience mystique du Christ.
Avril 1992 Atteinte d'une leucémie aiguë.
1998 Rechute.
Depuis 2001 Psychanalyste et conférencière.
2007 Vivre avec une personne malade (l'Atelier).
2012 Déclarée en rémission complète par les médecins.