lundi 31 juillet 2017

Intensité d'être



Ce ne sont pas des contenus qu’il faut transmettre. 
Les Dieux se rient de nos théories. 
C’est une manière intense d’être. 
Ce qui manque le plus à notre vie d’aujourd’hui, 
c’est cette intensité surgie de l’intérieur. 
C’est dans la rencontre de personnes vivantes qu’on en donne le goût. 
Chacun est dans une telle richesse ! 
Mais il faut que cette richesse soit réveillée. 
La transmission, c’est cette attention portée à un autre 
qui fait qu’en lui surgit le meilleur de lui-même. 

Christiane Singer

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dimanche 30 juillet 2017

Trois conseils pour emprunter le chemin de la liberté



1 Devenez qui vous êtes

Dans la tradition juive, Rabbi Zousia, un rabbin hassidique du XVIIIe siècle dit: « Dans le monde qui vient, lorsque je me présenterai devant le tribunal céleste, on ne me demandera pas pourquoi je n'ai pas été Abraham, Jacob ou Moïse ; la question qu'on me posera c'est : "Pourquoi n'as-tu pas été Zousia ?" » Le « Deviens qui tu es » passe forcément par un chemin d'acceptation de soi. Nous sommes désir de Dieu, chacun dans notre singularité. Il est vain de nous fantasmer autres. Ainsi, devenir véritablement qui l'on est, c'est faire place au divin en nous.

2 Comprenez qui vous êtes

Je suis habitée par la nécessité du sujet. Par le « Je suis » du Christ. Qui parle quand on parle ? À quel moment est-on vraiment soi en train de parler ? Nous sommes sans cesse agis par des choses : sans cesse objet, de nous-même, de nos émotions, de la pensée collective. Donnez-vous l'espace intérieur pour comprendre par quoi vous êtes mus et pour revenir au plus près de votre vérité. Il se déploie dans ma vie dans la solitude, par une heure de silence le matin, et par l'écriture quotidienne. Écrire peut être en effet un canal pour déposer, pour faire clair (« La vérité vous rendra libre », Jean 8, 32). Proust dit que « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature. »

3 Prenez des risques

Dans un de mes livres, un de mes personnages dit que sauter dans le vide sans parachute est la seule façon de savoir que l'on peut voler. Comment connaître qui l'on est si l'on ne va pas à la rencontre de l'inconnu, si l'on ne prend pas de risques ? L'inconnu ce n'est pas forcément le voyage à l'autre bout du monde, mais le courage d'affronter des endroits et des situations qui nous bousculent, le courage d'aller regarder notre ombre, ou celui de s'engager dans l'amour. Le courage d'être créateur de sa propre vie. Le plus grand voyage qu'un homme puisse accomplir mesure 33 cm. C'est celui qui va de la tête au coeur.


source : La Vie
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samedi 29 juillet 2017

Le don comme accomplissement



« Et, finalement, soi, qu'est-ce que l'on aura accompli ? Qu'est-ce qui aura fait sens ? Avoir mis au monde des enfants, les avoir accompagnés, avoir planté quelques arbres, construit une maison, écrit quelques livres. Ce sont des choses qui importent, il est vrai, mais il me semble qu'il n'y a d'accomplissement que dans le don, et je me sens encore si loin de ce don. Le mot "pardon" vient du latin per-donare, la "perfection du don". 

Peut-être n'y a-t-il pas de plus grand don à autrui que ce pardon à soi-même. Se pardonner de s'être laissé blesser ; d'avoir blessé à son tour ; et de ce que nos existences honorent si peu l'infini des royaumes qu'elles contiennent. 
Ce n'est pas que la vie n'ait désormais aucun sens, c'est qu'elle n'a plus aucun sens connu. Qu'est-ce qui compte ? 

Dignité, manifestation, élévation. »

Extrait de Lorette, 
de Laurence Nobécourt,

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vendredi 28 juillet 2017

transmission d'un témoignage : Laurence Nobécourt

Longtemps, elle a écrit pour survivre. Pour nettoyer un passé marqué par la violence psychique. En 2013, au terme d'une longue errance spirituelle, elle connaît une véritable renaissance en retrouvant son prénom de baptême.

J'ai toujours parlé à Dieu. C'est à Lui que j'ai adressé mon premier texte abouti, une lettre. J'avais 17 ans, souffrais d'un chagrin d'amour, et estimais qu'Il était le seul interlocuteur raisonnable. Enfant, bien que je ne le nomme pas, je me sentais en lien avec autre chose, en toutes choses. Avec naturel, je m'adressais aux arbres, imaginais des mondes, me pensais en mission sur terre. J'ai même envisagé la vie religieuse. Mais cette soif d'absolu s'est vite cognée à une autre réalité. Ce que je voyais dans le monde des adultes ne concordait pas avec ma perception du divin. Cette distorsion a créé en moi une soif de vérité du verbe, un besoin viscéral que les choses qui soient dites soient ce qu'elles sont. Et que les choses qui sont soient dites.
Chez les soeurs ursulines, où j'étais scolarisée, je notais un écart entre l'amour exprimé dans les mots, et les actes. Même chose dans ma famille : lorsqu'un père se rend à la messe le dimanche, affirme qu'il n'y a rien de plus important pour lui au monde que sa femme et ses trois filles, tout en tenant dans le même temps des discours de haine, alors il y a distorsion. Et lorsqu'on sent que le regard posé sur soi n'est pas celui d'un père vous reconnaissant comme une personne, sa fille, mais celui d'un homme manquant de clarté, alors il y a distorsion. Quand une mère stipule qu'elle ne voudrait surtout pas être intrusive mais qui, en réalité, se place sans cesse dans le commentaire destructeur, alors il y a distorsion.
Je n'étais pas sujet, mais objet. Et c'est seulement des années plus tard que j'ai pris la mesure de ce qui s'était passé dans mon enfance et mon adolescence. Ces rapports incestuels sont comme des taches de mercure entre elles : tout s'amalgame et il est très difficile de parvenir à devenir qui l'on est. À se séparer. 
Mon choix de changer de prénom à l'adolescence n'est pas anodin. « Laurence » était peu à peu devenue « Laurette », surnom familial qui m'avait été donné et que j'ai décidé d'adopter par fascination pour les « lorettes », ces femmes dites de mauvaise vie, admirables pour mon jeune esprit rebelle. Choix qui fut sans doute aussi une manière de rendre hommage à Ève, une prostituée qui vivait en bas de chez mes parents, à Paris. Je descendais souvent voir cette femme au grand coeur. Ève me considérait comme j'étais. M'aimait vraiment. Ce chaos identitaire m'a entraînée dans une longue nuit qui a duré presque 30 ans, où je me suis brûlé les ailes. Consumée.
Pendant toutes ces années, j'allais très mal tout en l'ignorant. Je ne trouvais guère de sens à la vie, mais quelque chose me tenait de manière irrépressible : dans mes plongées obscures, je devinais qu'à la noirceur endurée correspondait un équivalent de lumière. Qu'elle brillait quelque part. Ce « relève-toi » battant au plus profond de moi a pris différents visages. La maternité en a fait partie. Quand l'idée du suicide assiégeait mon esprit, ma fille me ramenait à la vie : « Tu ne peux pas ne pas être là pour son biberon demain matin. » La littérature aussi a été salvatrice : il fallait que je vive pour continuer à écrire, pour aller au plus profond de mon expérience humaine en essayant de répondre à la question : qu'est-ce qu'un homme vivant ?
Mon eczéma est apparu lorsque j'ai été nommée « Laurette ». Il a duré plus de 40 ans ; s'est arrêté lorsque je suis retournée vers Laurence. Cette affection de la peau, criant ce qui était tu, a été un maître, puisqu'elle m'a incitée à chercher des réponses dans diverses traditions spirituelles. Je me suis tournée vers le soufisme, l'ésotérisme, le bouddhisme, la kabbale... J'en retiens aujourd'hui qu'elles nous mènent toutes à un même essentiel : l'Amour est essence et l'expérience majeure de l'existence. Aujourd'hui, mon rapport au monde n'est pas religieux. Il est spirituel. Le divin relève pour moi de l'évidence. Ce n'est pas que je crois, j'éprouve que Cela est.
Le jour où, en 2013, j'ai appris que Laurence, signifiait « l'or en soi » dans la langue des oiseaux, j'ai été bouleversée. Cette découverte a lavé « l'eau rance », stagnante, où m'avait enfermée mon passé. Dès lors, je me suis à nouveau présentée sous mon véritable prénom, avec cette sensation que des racines me poussaient des pieds. L'étymologie d'exister est ex-sistere : « se placer hors de », c'est-à-dire naître, mais aussi « se montrer, se manifester ». J'étais enfin à ma place. Depuis, je n'écris plus pour survivre mais pour transmettre. J'ai observé avec quelle puissance l'écriture sauve et guérit. Désormais, je la transmets aux autres à travers mes livres et les ateliers que j'ai créés.
Seul celui qui a été nommé peut commencer à aimer. Après plusieurs échecs amoureux, j'ai décidé de vivre seule. C'est une fois que j'ai été apaisée et que j'ai commencé à me fréquenter avec joie, que j'ai rencontré J., mon bien-aimé, à peu près au moment où je me suis réapproprié mon prénom. Pour la première fois, j'ai reconnu un masculin susceptible de « fixer » mon féminin. En me regardant comme sujet à part entière, cet homme m'a aussi aidée à me séparer de ma famille. Il m'a offert de découvrir l'amour authentique, qui est harmonie et vérité.
Récupérer mon prénom a provoqué une seconde naissance. Ma part intacte, inaltérable, sacrée, celle qui habite tout être vivant a retrouvé une place. La parole. Mon âme n'a jamais souffert d'eczéma ni de mélancolie. Je vais avoir 48 ans, j'ai beaucoup écrit pour nettoyer mon passé, et je peux enfin commencer à faire ce pour quoi je suis venue : me laisser entièrement habiter par le Verbe. Je ne vois pas de distinction entre le verbe écriture et le Verbe qui s'est fait chair. Tout mon cheminement spirituel s'est accompli par ce verbe qui engendre la séparation.
Plus le moi disparaît, plus je suis qui je suis, plus il y a de la place pour le divin. J'aspire à arriver jusqu'à cet endroit de la langue où le silence peut enfin se dire. Car dans le silence, Dieu se tient.

Les étapes de sa vie

1968 Naissance à Paris.
1994 La Démangeaison (Grasset) et naissance de sa fille Suzanne.
2002 Séjour à la Villa Médicis.
2004 Naissance de son fils Otto.
2007 Installation dans la Drôme.
2009 L'Usure des jours (Grasset).
2011 Grâce leur soit rendue (Grasset).
2012 Création des ateliers d'écriture « En vivant, en écrivant »
2013 La Clôture des merveilles. Une vie d'Hildergarde de Bingen, (Grasset).
2016 Lorette (Grasset), qu'elle signe pour la première fois de son vrai prénom.

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jeudi 27 juillet 2017

Soleil de connaissance





La connaissance de soi est une naissance à sa propre lumière, à son propre soleil. 

L'homme qui se connaît est un homme vivant.

Marie-Madeleine Davy

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mardi 25 juillet 2017

La contagion du changement avec Ilios Kotsou et Caroline Lesire


Nourrir l’espoir et s'intéresser au positif ne signifie pas avoir une vision idéalisée du monde ou ignorer les souffrances et les difficultés.




Comment donc, à partir de notre action individuelle, contribuer à mettre en place les conditions pour que la forêt grandisse et s'épanouisse ? Le changement est contagieux : diverses expériences illustrent la manière dont des spirales positives sont à même de s'enclencher à partir de petites émotions et gestes du quotidien. Lorsque nous modifions nos comportements et que nous décidons de mettre un peu plus de cohérence dans nos vies, cela a un effet sur nous mais également au-delà : nous influençons notre entourage direct ainsi que chacune des personnes avec lesquelles nous interagissons. Et cela, tant dans les grands moments de notre existence que dans chaque petite rencontre du quotidien.

Dès lors, se centrer sur les forces, les vertus, les qualités d'un individu ou d'un groupe, reconnaître les bienfaits des autres ou tout simplement nous tourner vers ce qu'il y a de mieux en chacun de nous est le ressort d'une spirale positive ascendante à même de transformer la société bien plus qu'on ne peut l'imaginer.


Prenons la gratitude : cette émotion qui renforce nos liens et nous connecte au monde est, selon le Dr Emmons qui a consacré sa vie à l'étudier, l'un des rares éléments de nature à apporter un changement mesurable dans nos vies et dans celle des autres. La gratitude naît en soi quand on réalise que l'on a reçu un bénéfice, un bienfait, grâce à l'action d'autres personnes. Nous reconnaissons par là nos liens et notre interdépendance avec les autres, nous prenons conscience que nous avons besoin les uns des autres pour exister. Comme le dit André Comte-Sponville, « remercier, c'est donner ; rendre grâce, c'est partager. » De très nombreuses recherches scientifiques montrent que la gratitude élargit les comportements positifs de celui qui a été aidé au-delà d'une simple norme de réciprocité. Par ailleurs, le bienfaiteur en bénéficie aussi : le sentiment d'utilité sociale qui voit le jour après avoir reçu des expressions de gratitude nous motive à continuer à nous engager pour aider les autres.
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lundi 24 juillet 2017

Trois pistes d'action pour être présents à nos vies


1. La détox digitale

Que peut-on faire pour améliorer cette présence à notre vie ? Pour nous affranchir, pair exemple, des dépendances digitales ?

—► Faire en sorte que notre premier geste de la journée ne soit pas d'allumer notre ordinateur et de consulter nos mails ou notre mur Facebook, mais de nous asseoir, de respirer, de méditer.

—► Prendre la décision, plusieurs fois par jour, de ne pas répondre au téléphone ou à nos mails et de simplement nous concentrer sur ce que nous sommes en train de faire au travail, avec nos proches.

—► Alors, avant de vouloir changer le monde, avant même de vouloir nous changer nous-mêmes, nous ferions peut-être mieux de commencer par revenir à notre intériorité, à observer ce qui s y passe, à choisir de nous en occuper et, à partir de là, de reprendre le cours de nos existences, en étant conscients et attentifs des choix que nous avons à faire.

C'est là que les changements commencent. En prenant seuls la décision de se rendre davantage présents à notre vie, nous nous rendons également plus présents pour nos proches, et c'est extrêmement contagieux.

2. Manger en pleine conscience

Lorsque nous sommes face à un plat ou à notre assiette, sommes-nous capables d'écouter notre corps et de nous demander : « Est-ce que j'ai vraiment envie ? Est-ce que j'ai vraiment besoin de manger ce qui m'est présenté ? » Est-ce qu'il faut que je force mes amis, mes enfants a finir ce qui est dans leur assiette ?»

Mais il y a aussi beaucoup d'autres choses à faire : chaque fois que possible, demander les plus petites portions. Militer pour que la tendance malsaine à surdimensionner les parts soit dissuadée. Tout seul, c'est compliqué, nous avons besoin d'associations qui prennent le relais, militent et rouspètent pour interrompre ces gâchis. Et nous devons les soutenir dans leurs actions.

3. Cultiver la gratitude, la générosité

Chaque jour de notre vie, nous rappeler que tous nos bonheurs viennent de ce qui nous entoure : gratitude ! Alors, chaque jour :

—► faire quelque chose pour un autre humain (un sourire, un réconfort, un don, une aide, une prière);

—► et quelque chose pour la Terre (l'admirer, la remercier, la protéger) ; ...

—► puis ne pas oublier de faire quelque chose pour nous (nous accorder un moment de plaisir, de tranquillité, de sens, en pleine conscience) !

Aimez tout : la vie est belle ! Et donnez beaucoup : elle est encore plus belle lorsqu'on partage !

Christophe André


dimanche 23 juillet 2017

Trois conseils pratiques pour se réconcilier avec la nature


1. Cultiver un potager

Si vous pouvez cultiver un jardin, lancez-vous. D'abord pour le rapport aux lois de la nature qui est extraordinaire. Les saisons nous enseignent la patience. En outre, cultiver un potager, ce n'est pas simplement produire ses légumes, c'est apprendre à s'émerveiller du mystère de la vie. Personne n'est capable de réaliser cette magie sinon la vie elle-même, avec cette subtilité, comme celle du corps humain. On plante une petite graine et, dans cette graine, il y a potentiellement des tonnes de graines. C'est magique que dans une petite graine endormie, insignifiante, il y ait une puissance de vie aussi considérable.

Cultiver son jardin, c'est aussi en quelque sorte un acte politique et légitime de résistance. Soit nous laissons les multinationales et l'affairisme planétaire nous nourrir en brevetant la vie, en nous rendant dépendants et en nous confisquant notre capacité d'assurer par nous-mêmes notre propre survie, soit nous cultivons nos jardins qui, en plus du bonheur que cela nous procure, nous relient aux forces vitales sans lesquelles nous n'existerions pas.

2. Incarner l'utopie dans nos choix de consommateurs

Nos choix de consommation sont importants. Cependant, chaque fois que je fais le plein d'essence, je donne de l'argent aux multinationales contre lesquelles je fulmine. Je ne peux nier les contradictions dans lesquelles je me trouve emprisonné. Nous sommes tous pris dans un système que nous ne cessons de récuser. Celui-ci, pour perdurer, a recours à tous les stratagèmes subjectifs et symboliques afin de manipuler, avec la publicité, les consciences et de produire du consentement. On ne vend pas seulement de l'usage, mais aussi du rêve et du fantasme. Le temps est venu de sortir de l'envoûtement pour incarner les utopies créatrices d'un monde tangible fondé sur la conscience.

3. L'amour pour changer le monde

Si l'on part du principe qu'il ne peut y avoir de changement de société sans changement humain, le travail que chacun peut accomplir est celui qu'il fait sur soi-même, sur sa propre transformation. Et un travail important à mes yeux consiste en l'incarnation de l'amour dans sa relation avec ses semblables, même si c'est difficile. ]e pense également qu'il faut être tolérant à l'égard des individus et ne pas juger trop vite les personnes, parce qu'elles sont probablement en voie de transformation. Par contre, je suis intransigeant et dans une protestation sans appel contre ce qui outrage le caractère sacré de la vie.

C'est à partir de nos microcosmes que l'on construira l'apaisement planétaire, en élaborant une harmonie toujours plus grande dans nos familles et dans nos couples. Chacun de nous dispose d'un espace dans lequel il est souverain et où son libre arbitre peut s'exercer pleinement. Il n'est pas d'autre force capable de donner à la vie sa plénitude et son sens que l'amour. Rappelons-nous de cette évidence.



Pierre Rabhi

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samedi 22 juillet 2017

Trois conseils pratiques avec Matthieu Ricard


1. Pratiquer l'altruisme

—> Changer notre vision de ceux qui nous entourent.

Nous pouvons nous entraîner à comprendre et à voir que la vie est beaucoup plus tissée de coopération que de compétition, d'entraide que d'hostilité, de sollicitude que de malveillance. 

—► Vérifier nos motivations.

Il est également utile de vérifier constamment notre motivation. « Notre motivation est-elle altruiste ou égoïste ? Recherchons-nous le bien de quelques-uns ou du plus grand nombre ? À court ou à long terme. » 
Nous devons nous interroger à maintes reprises de cette façon.

—> Nous engager.

Cultiver l'altruisme, ce n'est pas simplement dire que l'altruisme c'est bien. La compassion sans action est stérile. Il faut avoir constamment cet engagement à l'esprit et le traduire en actes dès que possible, dans toutes les circonstances de la vie courante, mais aussi, par exemple, en s'impliquant dans des activités bénéfiques aux autres (bénévolat, ONG, etc.).

2. Manger moins de viande

Manger moins de viande est un exemple typique de quelque chose qui est bon tant sur le plan éthique, sanitaire et écologique. En bref, cela a un impact positif sur les animaux en premier lieu, mais aussi sur les être humains et sur l'environnement.
Ce n'est pas seulement le plaidoyer du végétarien que je suis depuis plus de quarante ans, mais je vous y incite parce que c'est plus facile que d'arrêter de se déplacer en voiture ou de prendre l'avion. Arrêter de consommer de la viande, cela prend trois secondes. Ce n'est pas très compliqué !

3. La simplicité

Simplifier ses actions, c'est-à-dire ne pas consacrer trop de temps au superflu, aux distractions.

Simplifier aussi ses paroles : notre bouche dispense un flot ininterrompu de paroles souvent mutiles. Pensez au temps perdu en colportant des rumeurs et en bavardages inutiles.

Simplifier ses pensées. La simplicité, cela n'a tien à voir avec « être simple d'esprit », c est demeurer dans la simplicité de la fraîcheur du moment présent, libre d'espoirs et de craintes.


source : Se Changer, Changer le monde

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vendredi 21 juillet 2017

Conseils pratiques avec Jon Kabat-Zinn


1. Suivez ce qui vous inspire

Si la méditation est votre source d'inspiration, pratiquez la culture de la pleine conscience de toutes les façons possibles et imaginables, comme si votre vie en dépendait - parce que c'est le cas.

2. Soyez créatif

Le monde a profondément besoin que chacun d'entre nous consacre tout son être à mettre en avant son imagination, sa créativité et son amour. En fait, c'est un besoin urgent, vital.

3. Incarnez votre vérité et votre amour instant après instant

La question n'est pas tant : « Je me change et ensuite le monde change », que d'être déjà ce que vous êtes, dans votre plénitude, dans toutes les dimensions de ce qu'être humain veut dire. Il s'agit d'incarner votre vérité et votre amour instant après instant, jour après jour, aussi pleinement que vous le pouvez, dans les moments agréables mais aussi dans les moments difficiles.

Lorsque vous vivez ainsi, le monde est déjà différent, dans des proportions qui semblent infimes, à peine significatives. En fait, ce qui paraît petit n'est pas petit. Ces transformations sont gigantesques et leur pouvoir de guérison est immense, à l'intérieur comme à l'extérieur.

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mercredi 19 juillet 2017

Réalité à mûrir



Quelle est l’extrémité du fil d’Ariane qui avait guidé Thésée dans le labyrinthe et qui va nous guider, nous, de notre réalité relative actuelle jusqu’au bout du chemin ? 

C’est la réalité telle qu’elle s’exprime ou se manifeste pour moi, extérieurement et intérieurement. Et si cette première réalité-là est faussée, c’est la porte même vers la vérité qui est faussée. Vous pensez bien que, s’il y a une porte dans le mur, que je la recouvre par un rideau et qu’à côté je peins une fausse porte sur ce mur, je ne sortirai jamais de la cellule dans laquelle je suis prisonnier. 
La porte de sortie de la prison, c’est la réalité immédiate. Cette réalité immédiate est à la fois le voile – et la révélation, les deux en même temps, de la grande réalité qui vous échappe.

Arnaud Desjardins
Au-delà du moi
À la recherche du soi II

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mardi 18 juillet 2017

Le mantra secret

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Cela me fait penser au mantra 
qu'un maître tibétain 
a recommandé. 



C'est le mantra le plus secret qu'on puisse imaginer, 
je me demande même si j'ai la permission 
de le partager avec vous. 

Le voici : 

« Je n'ai besoin de rien. ». 

Répétez-le dix fois de suite. 
Vous verrez, on se sent si bien !

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dimanche 16 juillet 2017

Histoire sage...

Aiguiser sa hache

Un jeune homme à la recherche de travail arriva un soir dans un campement de bûcherons. Le premier jour, il travailla extrêmement dur et coupa beaucoup d'arbres. Le deuxième jour, il travailla avec autant d'entrain que la veille mais n'arriva qu'à la moitié de sa performance. Très embêté, il décida, pour corriger la situation, d'en abattre davantage le lendemain. Il se mit à la tâche très tôt et s'attaqua furieusement aux arbres avec sa hache, mais ce fut en vain : il en coupa encore moins. Honteux et découragé, il alla voir celui qui l'avait engagé : « Je suis désolé de vous avoir déçu, je m'emploie du mieux que je peux à honorer la confiance que vous avez placée en moi, mais mes résultats sont médiocres : je ne comprends pas ce qui m'arrive. » Après l'avoir écouté, le patron demanda au jeune homme avec douceur : « Quand as-tu aiguisé ta hache pour la dernière fois ? » « Je n'ai pas eu le temps de le faire, répondit le jeune apprenti, j'étais trop occupé à couper les arbres. »



Se changer, cela commence par prendre soin de soi en aiguisant nos capacités de conscience, de sagesse et d’empathie.


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vendredi 14 juillet 2017

Bouddhisme et fleur de lotus


Le Lotus sacré (ou Lotus d'Orient) sous La Grande Ourse 

Russie, region de Khabarovsk.

Dans le bouddhisme la fleur de lotus est emblématique de Bouddha. Dans tout le monde indien on compte de très nombreuses peintures, sculptures et représentations de la fleur de lotus. Ceci est dû à la particularité unique du lotus qui est la seule plante aquatique dont la fleur est au-dessus de l'eau contrairement aux nénuphars et autres cousins dont la fleur flotte sur l'eau. Cette image, connotant la légèreté, de la fleur s'élevant au-dessus de la surface de l'eau rejoint celle de Bouddha si léger qu'il repose comme un chat au-dessus du sol.

La symbolique du lotus en bouddhisme relève encore du fait que la graine et la fleur apparaissent ensemble, il s'agit de la simultanéité de la cause (la graine) et de l'effet (la fleur) dans la loi de causalité de l'univers qui est l'un des concept majeur de la philosophie bouddhique. À cela il faut rajouter que le lotus puise sa substance vitale dans la boue pour s'épanouir, en effet, au-dessus de l'eau. Ainsi « la boue » représente les souffrances, les troubles, les désirs, qui sont le terreau même de notre épanouissement. Il est donc possible de transformer son karma par l'illumination, l'atteinte de la boddhéité, grâce à notre éveil à la loi de causalité.

Toujours présent dans les autels domestiques et dans les temples, le lotus est à la fois ornement et offrande religieuse.


source : Wikipédia

jeudi 13 juillet 2017

Conversion de la mélancolie






Il y a quelque chose de puéril dans la mélancolie, 
on veut punir la vie parce qu'on estime qu'elle nous a punis, 
on est comme ces enfants qui boudent 
et bientôt ne savent plus sortir de leur bouderie. 

La plus que vive - Christian Bobin

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mercredi 12 juillet 2017

L'instant silencieux.


QUESTION : Vivre l’instant pleinement, simplement… ce n’est pas si simple!


YOLANDE : 
"Il y a des tas de moments dans la vie où l’idée de la personne disparaît, où il n’y a plus que cette chose qui voit. Les moments de joie, d’étonnement, d’émerveillement devant un paysage ou une belle musique. Les chocs aussi, une peur violente… Mais le plus souvent on ne les remarque pas, parce qu’aussitôt après la pensée se les approprie… Rester là, plutôt. Avant la pensée : sentir. Rester simplement avec cette sensation, sans vouloir comprendre ni résoudre rien. Avoir toute son attention portée sur cette sensation, et l’accepter surtout, l’accepter silencieusement, pas mentalement. Vraiment l’accepter totalement, en étant… simplement.
Beaucoup de gens croient qu’il faut qu’il y ait une lumière, une grande lumière, des choses extraordinaires… Et si simplement c’était ça ?... Quand le silence est là : rester avec ce silence, cette tranquillité, découvrir au fur et à mesure ce que ça te procure comme légèreté de voir que tout est là, OK, mais c’est au second plan – pas besoin d’en faire un monde. Et quand c’est l’inconfort : rester avec cet inconfort, totalement, se laisser engloutir par lui, se laisser mourir – une mort psychologique - pour pouvoir laisser place à ce silence, le laisser prendre le dessus une bonne fois pour toutes…"

Yolande Duran

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mardi 11 juillet 2017

Etre au service de...


Un jeune moine zen vient d'entrer au monastère, il est guidé vers la pièce où se trouve le Roshi (maître zen) qui l'attend calme et posé, assis sur son « trône ». 


Le jeune moine se prosterne en signe de respect et, de manière inattendue, le Roshi se lève et invite le jeune moine à s'asseoir à sa place. Très gêné, le novice ne sait quoi dire et balbutie : « Mais comment puis-je me mettre à votre place, je ne la mérite pas encore ? » D'un simple regard, le maître lui fait comprendre de s'asseoir enfin puis, sans mot dire, se retire dans l'arrière-salle. 

Quelques secondes après il revient avec une bassine remplie d'eau tiède et une éponge et s'agenouille au pied du disciple pour lui laver les pieds. Le malaise du jeune est à son comble et s'esclaffe : « Pardonnez-moi, mais je ne peux accepter pareille situation, c'est gênant ... » À peine a-t-il terminé sa phrase que le Roshi lève les yeux et lui dit :"quel orgueil" « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », dit le zen. Vous n'avez pas moins de valeur lorsque vous êtes en bas et vous n'en avez pas plus parce que vous êtes en haut. 
C'est le regard que vous posez sur vous qui détermine votre valeur et non la place que vous occupez. 

Une personne qui a suffisamment confiance en elle, et donc qui a une claire conscience de sa vraie nature, ne se sentira jamais moindre dans une situation en apparence « basse ».

Le zen dit aussi : « Servir et être servi sont les deux plis d'un même vêtement »


lundi 10 juillet 2017

Ne pas faire semblant...


Avec un tant soit peu de lucidité, il nous faut bien reconnaître, que nous sommes souvent là en train de méditer, sans être là. Nous faisons semblant. Personne n'en est témoin, cependant nous savons que nous ne sommes pas présents, nous nous trahissons nous-mêmes, ou plus exactement nous trahissons quelque chose qui semble plus important que tout, nous laissons filer « l'événement par excellence, la vie... » (Dogen). 

Dans ces circonstances, se reprendre, ne signifie pas seulement revenir au moment présent, à l'ici et maintenant, c'est répondre de tout soi-même à cette « impulsion de vie qui s'empare de nous » (K.G.Dürckheim). Dans l'activité méditative, le demi-tour opéré face au mur et la tenue actualisent une décision de changement d'attitude et attestent de notre capacité à saisir ou se laisser saisir par cette impulsion dont parle Dürckheim. Assumer pleinement le demi-tour est une action qui engage notre responsabilité : celle de tourner le dos à l'efficacité et à la production d'images ; nous ne cherchons plus à savoir pourquoi nous sommes assis, ni à quoi ça sert. 

Nous prenons la décision de laisser l'action en cours nous initier, nous introduire dans un autre type d'activité. Nous réalisons de cette manière que le demi-tour souligne ce passage d'un fonctionnement égocentrique à celui d'un abandon actif. A chaque fois que nous opérons ce demi-tour, nous pouvons reprendre cette décision en évitant une ritualisation vide de sens. Tout aussi précieuse est la tenue. Se reprendre dans la tenue n'est pas faire acte d'une meilleure position physique, c'est attester dans l'instant que cette tenue prend acte du simplement vivre. C'est une saisie immédiate de l'immanence du vivre. 


La vie nous arrive là, dégagée de son sens moral et intellectuel, elle surgit allégée du poids de l'« à quoi bon ? », la tenue consent et acquiesce. Lorsqu'on s'efforce de ne plus faire semblant, on prend goût à autre chose que le virtuel de la pensée, on prend goût au vivant qui se réalise là, dans l'immédiateté. Alors on peut de moins en moins s'éloigner de cette réalité. On s'habitue au fait de devenir disciple. De quoi devient-on disciple ? Certes, d'un maître, d'un enseignement, mais très vite, ou peut-être moins vite, on réalise que l'on a à se mettre au service de ce qui nous apparaît comme étant la source de ce qui nous est donné : la vie. 

Dans un essai récemment paru, François Jullien a l'audace de « se demander si un nouveau début ne peut avoir lieu dans la vie, sans invoquer d'ailleurs et d'espérance » et s'il est possible « non plus de répéter sa vie, mais de la reprendre et de commencer véritablement d'exister ». Nous ne pouvons qu'être troublé par ce questionnement, qui, un jour ou l'autre nous a peut- être incités à vouloir changer de vie : se reconvertir professionnellement, chercher un regain de vitalité dans une nouvelle relation amoureuse, voguer vers des horizons nouveaux. Eh bien portons cette audace, non dans le développement philosophique, mais dans l'immédiateté de l'attitude méditative : opérer ce demi-tour et s'asseoir le dos droit. 

Dominique Durand

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dimanche 9 juillet 2017

Une révérence !




"Plus je découvre, plus je m'émerveille; 
 plus je m'émerveille, plus je m'incline; 
plus je m'incline, plus je découvre." 

Albert Einstein

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samedi 8 juillet 2017

Maître et disciple...


« Quelle est la différence entre le maître et le disciple ? » 
 Lorsque je lui ai posé cette question Graf Durckheim a souri. Le temps de me rendre compte que ma question avait racine dans une crainte. Peur de la soumission, du paternalisme, de l’autoritarisme. Après un moment de silence il me dit « La différence entre celui qu’on appelle le maître et celui qu’on appelle le disciple ? Il n’y en a pas ; les deux sont sur le même chemin ». Me voilà rassuré, mais il ajoute « Oui, les deux sont sur le même chemin. Mais chez celui qu’on appelle le maître cela se voit déjà un petit peu plus … ». 


 Le chemin est la technique ; la technique est le chemin 
Pour qui pratique la méditation, il n’y a de maître que par rapport à celui, celle, qui s’engage dans une quête inconditionnelle : l’éveil de sa vraie nature. Qu’est-ce donc que notre nature essentielle ? Est-ce une pieuse imagination ? Est-ce le contenu d’une croyance ? Est-ce une spéculation métaphysique ? Le maître ne propose pas un enseignement qui utiliserait les moyens de la pensée analytique. L’enseignement s’appuie sur le fait que : « Le chemin est la technique ». Le maître ne transmet pas des théories mais témoigne de ses propres expériences ; sans cesse, il encourage le disciple à s’exercer. Quant à la technique, ce n’est pas seulement une chose qu’on fait (par exemple, tirer une flèche). La technique c’est la manière d’être de la personne lorsqu’elle fait cette chose. D’où cette observation qui a à faire avec ce qu’on appelle la maîtrise : « Un maître a toujours infiniment de temps intérieur ! ».

Maître, j’ai un problème ! 
Convaincu que ce qu’on appelle la respiration est un phénomène important dans la pratique de la méditation, je profite d’un échange avec Graf Durckheim pour lui dire que pendant la méditation « J’ai de sérieux problèmes avec la respiration ». En riant il me répond « Je ne suis pas sûr que vous ayez des problèmes avec la respiration ; mais une chose est sûre, la respiration a de sérieux problèmes avec vous ! ». L’occasion de me rappeler, que l’acte de respirer est une intention de l’être ; une action innée, issue de notre vraie nature et qui n’est pas du ressort du moi. Quarante-cinq ans plus tard, chaque jour encore, je rectifie ma manière de pratiquer la méditation afin que la respiration naturelle puisse se réaliser. C’est en contemplant le simple va et vient du souffle qu’on devient soi-même tout à fait calme. 

Jacques Castermane

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vendredi 7 juillet 2017

Les hommes fermés


"Un médecin s’était fait un bureau portatif dans le couloir de l’hôpital. Plusieurs fois par jour, assis sur un tabouret devant une table roulante, il scrutait des chiffres sur un écran dont le sang bleu semblait celui d’un fantôme. On ne pouvait alors rien lui demander. Les ordinateurs doivent être très malades pour qu’on s’occupe autant d’eux.
Les chiffres grignotent les poutres du monde.
Ils avancent, ils avancent.

Un jour il ne restera plus que la poésie pour nous sauver. Je ne parle pas ici d’un genre littéraire ni d’un bricolage sentimental. Je parle de la déflagration d’une parole incarnée. Seuls rendent habitable le monde les bégaiements d’une parole qui ne doit rien à la triste perfection d’un savoir-faire.

La pianiste Zhu Xiao-Mei a été déportée cinq ans en Mongolie. Jean-Sébastien Bach est venu en personne la délivrer : elle s’est dans son exil souvenue des partitions apprises par cœur. Elle les jouait en appuyant ses doigts sur le clavier de l’air. Il y a un flux dans la vie qui est toute la vie. Une onde lumineuse. Quelque chose d’invincible qui tremble. Il faut, dit-elle, quand on joue Bach, porter « chaque phrase comme on le ferait d’une bougie qu’on ne veut pas voir s’éteindre un soir de vent ». C’est une jolie façon de parler de la musique. Jolie et juste. Parler par images c’est s’adosser à l’arbre de Vie.


La poésie capture les choses telles que Dieu les voit à l’instant où il les crée et où elles lui glissent des mains. Cette pointe de feu dans le langage, les chiffres s’en écartent.

La pianiste, sortie du camp de rééducation, vit dans l’Occident riche où, dit-elle, tout est beaucoup plus dur que dans un camp. Personne ne veut entendre cette parole-là.

Les hommes fermés ont fait main basse sur le langage.
Les chiffres avancent, avancent.

Un jour nous lèverons la tête sur le ciel et nous ne verrons plus qu’un panneau d’affichage avec les prix d’entrée pour le paradis. La pianiste est parfois atteinte dans ses concerts d’une discrète fatigue. Se hausser sur le bout des pieds pour toucher le ciel étoilé, c’est fatigant. Elle oublie une note ou deux. La grâce la récompense. C’est une maladie mortelle que d’être professionnel jusqu’au bout des ongles.

Qu’est-ce que l’humain, sinon ce qui ne supporte pas les chiffres, le terrible savoir-faire ? Dans les tableaux du peintre De La Tour, la flamme d’une bougie représente l’âme. Elle éclaire des mains qui ont l’intelligence de ne rien faire. Des mains qui réfléchissent, on les dirait en cire.

Le monde moderne n’est qu’une tentative de moucher la chandelle de l’âme, afin que brille dans le noir la seule brillance hypnotisante des chiffres.
L’âme, vous savez, cette pianiste qui joue toujours la note d’à côté, que le monde ne veut pas engager parce qu’elle manque d’habileté et dont il dit : « enlevez moi ça, tout ira mieux sans elle »

Christian Bobin

Scupture Anna Gillespie

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jeudi 6 juillet 2017

Océan d'Amour




Lorsque vous réalisez la Paix véritable, il est naturel de désirer connaître une Paix encore plus profonde. 

L'engagement est dirigé vers l'intérieur, vers le Soi et non vers l'extérieur. Vous aimerez aimer toujours plus si vous rencontrez cet Amour ! 


Papaji

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mercredi 5 juillet 2017

Il est temps...



Peut-être est-il temps de ne plus essayer de " réparer " celui qui est en face de toi, de ne plus essayer de lui donner des réponses ou de résoudre ses problèmes.
Mon ami, tu n'es pas très bon à cela.
Ta nature n'est pas la manipulation, mais la présence; elle n'est pas la division, mais la plénitude.
Peut-être est-il temps de ne plus prétendre être cette autorité qui sait tout, cet enseignant infaillible, cet expert complètement guéri. Même avec la meilleure des intentions, tu peux, sans le savoir, interférer avec son processus de guérison naturel. Tu peux le maintenir dépendant de toi, en l'empêchant de prendre vraiment conscience de son expérience directe.
Rappelle-toi, il peut avoir besoin de se sentir encore plus mal avant de se sentir mieux. Il peut avoir besoin de ressentir sa douleur plus profondément avant de s'ouvrir à la véritable source de guérison qui lui est propre. Il peut avoir besoin de mourir à ce qu'il pensait être, avant de pouvoir vraiment vivre. Ce qui est vrai pour lui est vrai pour toi.
Alors détends-toi.
Respire.
Sors du drame.
Reconnais ton désir de le changer, de le guérir ou même de l'apaiser.
Écoute simplement, maintenant, sans jugement et essaie de comprendre où il en est maintenant.
Vois clairement ce qui est et qui est en face de toi.
Peut-être la plus grande aide que tu puisses offrir en ce moment est-elle ta clarté et ton attention sans jugement - ta compassion naturelle.
Transmets cela : sois cette présence; offre cette ouverture.
Reste largement ouvert aux solutions qui ne sont pas encore nées.
Aie confiance dans le processus étrange de la vie.
Sois une intention silencieuse... et les bons mots, les bonnes actions, les bonnes interventions, les bonnes décisions, surviendront sans effort.
Sanctifie son moment en ne fuyant pas. Reflète sa propre capacité à être présent.
Aie confiance dans l'ancien mystère de la guérison.
Peut-être que le véritable remède peut fonctionner quand « tu » ne te mets pas en travers du chemin. Oui, les remèdes et les bons conseils peuvent engourdir ou même supprimer les symptômes, mais une invitation à une guérison spirituelle plus profonde peut se tapir juste sous la surface des choses.

Jeff Foster
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mardi 4 juillet 2017

Comment la méditation nous aide à moins souffrir avec Christophe André (2)


Une réponse préventive

La méditation s’inscrit aussi dans les évolutions que connaît le monde médical. Pendant longtemps, la médecine occidentale était principalement une médecine de la maladie, ciblée uniquement sur les organes. Par conséquent, aujourd’hui, lorsque vous consultez dans un Centre hospitalier universitaire (CHU), il n’y a plus de praticien généraliste. Même chaque cardiologue est spécialisé sur des pathologies très précises comme l’hypertension ou les infarctus. Mais au fil du temps, on s’est rendu compte que cette organisation ne suffisait pas. Qu’il fallait adjoindre à cette médecine d’excellence des organes, une médecine de la santé. Il s’agit de s’interroger en amont, faire de la prévention pour aider les personnes à rester en bonne santé plutôt que de les soigner lorsqu’elles sont tombées malades. C’est soigner la personne et non seulement ses organes.
Cette mission, la méditation peut y répondre. Car cette approche plus écologique de la santé facilite les capacités d’autoréparation du corps. C’est ce qu’il se passe lorsque vous vous coupez et que votre peau se cicatrise toute seule. Autoréparer nos organes, y compris notre cerveau, est possible grâce notamment à l’apprentissage de l’auto-compassion : la bienveillance et la douceur envers nous-mêmes. Lorsqu’on est malade, il s’agit de ne pas traiter son corps comme un objet qui nous casse les pieds et nous empêche d’atteindre tel ou tel objectif. Au contraire, il faut être attentif à ses besoins. De plus, cette pratique nous incite à modifier notre style de vie. Apprendre à méditer, ce n’est pas seulement s’asseoir tous les matins sur un tabouret pendant une demi-heure, puis conduire le reste de ses journées comme auparavant. C’est prendre davantage d’instants pour se poser, ne rien faire, écouter, ressentir afin d’être plus présents face à ce que nous accomplissons.

Se focaliser et non se disperser

Au travail, nous pensons à nos loisirs. À la maison, nous pensons à notre travail, etc. Nous sommes aujourd’hui dans une société dite de « la dispersion intentionnelle ». La méditation peut nous aider à nous concentrer davantage grâce à l’un de ses mécanismes : l’entraînement intentionnel. Une technique qui utilise le souffle et la respiration, deux cibles mouvantes (voir exercice en encadré). En effet, notre intention se fixe plus facilement sur des objets en mouvement qu’immobiles. Ceci explique pourquoi la majorité des humains entrent dans des états proches de la pleine conscience lorsqu’ils sont face aux vagues de la mer ou les flammes d’un feu.
Toutefois, l’objectif de l’entraînement intentionnel n’est pas d’être toujours attentifs mais de savoir où vont nos pensées : à quel moment notre esprit est-il en train de vagabonder ? À quel instant est-il centré sur un objet ? Puis il arrive que le problème s’inverse. De trop dispersée, notre intention peut devenir trop focalisée. C’est ce qu’il se passe lorsque nous souffrons ou même lorsque nous sommes préoccupés. Lors de ces situations, nous oublions tout ce qui existe autour de nous. C’est pour cela que parmi les pratiques méditatives, certains entraînements sont des exercices de focalisation de l’attention tandis que d’autres que l’on appelle de « conscience ouverte » permettent de s’ouvrir à l’ensemble des éléments présents dans notre environnement.

Souffrance moins destructrice

Méditer modifie des variables biologiques, immunitaires, inflammatoires, etc. Les bénéfices médicaux de cette pratique sont nombreux. Lorsque nous avons découvert les premières études sur ce sujet, nous avons été bluffés. Parmi ces recherches, certaines étudient la diminution de la C-réactive (ou CRP), une protéine qui se révèle être un bon marqueur de l’état inflammatoire. Les unes s’attachent à observer l’impact de la méditation après trois mois de pratique, les autres se focalisent sur des méditants plus expérimentés. Mais toutes concluent sur des résultats similaires : un affaiblissement des niveaux d’inflammation, identifié grâce à des variables biologiques.
Quant aux études sur la douleur, elles montrent que les personnes qui méditent vont avoir davantage de recul psychologique sur leur souffrance. Certes, la source de douleur en elle-même ne sera pas supprimée. Mais ses conséquences psychologiques et affectives seront moindres. À douleur égale, la souffrance sera moins destructrice, moins dévastatrice. Du côté des méditants expérimentés, on observe également des modifications d’ordre anatomique. Chez eux, les aires du cerveau qui traitent les signaux douloureux sont plus épaisses comme si elles travaillaient davantage et qu’elles freinaient plus intensément les impulsions que chez les personnes non méditantes. Tous ces phénomènes sont très étonnants. Ici, il ne s’agit pas de patients qui nous déclarent : « J’ai moins mal, je souffre moins. » Mais bel et bien de données biologiques qui montrent l’impact de ces pratiques.
Ainsi, pour moi, lorsque des hommes modernes déclarent qu’ils n’ont pas le temps de méditer, ils sont en danger. Leur raisonnement est quelque peu absurde. Car cette pratique n’est pas du temps à consacrer en plus mais une manière différente de traverser nos moments de vie habituels qu’ils soient joyeux ou malheureux.

Le souffle et les intentions

« Voici un exercice pour travailler sur vos intentions. Installez-vous correctement : le dos droit, les pieds à plat. Cessez toute activité pour être juste dans la présence de ce qu’il se passe ici et maintenant. Que ressentez-vous à cet instant ? Rappelez-vous que vous avez un corps, puis focalisez votre attention sur les mouvements de votre souffle sans pour autant chercher à contrôler votre respiration. Peut-être qu’à un moment donné, vous allez vous rendre compte que vous n’êtes plus dans la conscience de votre respiration mais que vous pensez à autre chose. Une fois que vous notez cela, acceptez-le. C’est le fonctionnement naturel de notre esprit : il vagabonde. Puis si vos pensées s’éloignent à nouveau du souffle, revenez à votre respiration afin de continuer à travailler sur votre intention première. »

Distinguer le réel du virtuel

« Nos souffrances intérieures ne sont pas liées uniquement à des événements mais aussi à ce que nous en disons et à ce que nous en pensons. Parmi les mécanismes de la méditation, un exercice permet de prendre du recul sur nos pensées et nos émotions, de mieux faire la distinction entre le réel et le virtuel. Quand nous nous sentons tristes ou anxieux, nous pouvons, par exemple, nous demander : suis-je dans la réalité ou dans la lecture la réalité ? Ma tristesse a-t-elle comme origine des faits concrets ou est-elle due à des montées d’angoisses plus anciennes ? Cet apprentissage, qui s’inscrit bien sûr dans le temps, peut jouer un rôle intéressant dans la prévention de rechutes dépressives ou l’apparition de troubles anxieux. Les patients souffrant de ces pathologies seront plus aptes à affronter l’adversité de la vie car ils auront déjà distingué les faits réels des lectures de la réalité. »

Christophe André :
C’est lui qui, en France, a été l’un des premiers à introduire la méditation à l’hôpital. Il est l’auteur de best-sellers sur la psychologie positive et la méditation (vous en trouverez d’ailleurs dans notre boutique en ligne), des livres où il sait trouver les mots et les conseils simples et humains qui nous touchent et rejoignent nos expériences. Ce psychiatre dit aussi sans détour, combien il est lui aussi traversé par cette anxiété, ce stress qui nous concernent tous à un moment de notre vie. Il continue de suivre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, des patients et à poursuivre des recherches sur le traitement et la prévention des troubles émotionnels anxieux et dépressifs.
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source : la Vie