mercredi 16 juin 2021

Un parfum d'émotion

 


Si l'on trouve un moyen de se débarrasser des émotions négatives dont tout le monde s'accorde à reconnaitre qu’elles ne peuvent pas contribuer à notre bonheur, pourquoi néanmoins ne pas garder toutes les émotions positives ? La raison en est que l'on ne peut éliminer les unes et garder les autres parce qu’elles proviennent de la même source : le mental et son refus de la vérité.
Telle est l'origine de toute émotion : une pensée - souvent imperceptible - qui conteste ou interprète la vérité de l'instant. La pensée qui précède l'émotion négative consiste à dire que les choses ne devraient pas ou n'auraient pas dû arriver. Et Swâmiji apporte une nuance à ce sujet. Le mental ne considère pas que ce qui arrive dans l'instant est mal mais anormal. Et il conteste cette pseudo-anomalie. La pensée qui précède l'émotion positive, quant à elle, consiste à dire que ce qui arrive aurait pu ne pas arriver. Cette distinction illusoire produit un effet de dilatation. L’effet est bien réel (l’émotion positive), mais il repose pourtant sur une pure fiction. Et comme ce type d'émotion est ressenti comme agréable, il est bien difficile de concevoir qu’il n’est pas souhaitable.
Que l’émotion soit positive ou négative, de manière identique dans les deux cas, il y a le jeu mensonger d'une comparaison. Le paradoxe est que, tout en reconnaissant l'inanité de la comparaison (les « devrait » ou « aurait pu »), l'attachement à l’émotion persiste. Et la conviction de toute la fausseté de l’ensemble n'est pas encore arrivée à maturité.
Un jour, lors d'un entretien, Arnaud m'a illustré ce point de la manière suivante :
Si l’on vous dit que pour les rhumatismes, il faut prendre des bains en y mettant de l'eau de Cologne, que cela vous coûte cher et que vous apprenez ensuite que c’est inutile, vous arrêtez tout de suite. Si vous étiez convaincu de l'inutilité de l'émotion, elle cesserait tout de suite.
L’ego préfère souffrir que mourir.
La cristallisation, c’est la cristallisation de la conviction.
Une instruction qui ne convainc qu'à 99 % est égale à zéro.

LA SPLENDEUR DU VRAI
Eric Edelmann / Éditions Le Relié

*************