mercredi 12 décembre 2018

Denuement


Changer ? ou se dénuder…
J’ai longtemps cru que le bonheur espéré, la paix intérieure exigeaient de me transformer, de me parfaire. Que mon chemin intérieur devait entrainer un développement de mes qualités, de mes aptitudes, de mes capacités à aimer, à dire oui à la vie, à accepter, à être plus douce, à être plus tranquille, plus en paix, plus compétente, plus à l’écoute et à avoir un mental plus silencieux. Je croyais que le chemin allait me faire acquérir des capacités et qualités personnelles, que cela allait faire de moi une Séverine « optimisée » capable de vivre plus heureuse et plus forte au sein de ce monde qui me semblait compliqué et dangereux. Au contraire je me dévoilais, je me dénudais, je m’ouvrais à la vie. Le regard posé en moi-même de plus en plus profondément déracinait mes conditionnements psychologiques, mes croyances limitantes, faisait fondre mes attachements et s’effondrer les évidences. J’étais sur un chemin de dénuement pour dévoiler mon authenticité, mon être véritable.
Tout ce que je croyais à mon propos, tout ce à quoi j’étais identifiée, attachée, même profondément, tel que le fait d’être reconnue, d’être aimée, d’avoir le contrôle sur ma vie ou même cet interdit d’être soi, ou la souffrance, tout ces filtres à travers lesquels je vivais et qui impactaient fortement ma vie, ce sont peu à peu mis au second plan au point de ne plus piloter ma vie voire même de disparaitre. Les émotions se sont harmonisées et sont devenues de simples mouvements au cœur de mon être. Si certains changements interviennent, parfois même profonds, ils sont rarement ceux attendus et ce qui se dévoilent est toujours de l’ordre du dénuement. Aucun changement ne peut d’ailleurs améliorer ni altérer ce que nous sommes déjà fondamentalement et qui ne fait qu’être mis à jour par notre propre regard intérieur : notre être authentique.
Séverine Millet

****