mardi 17 juillet 2018

Enfantement d'un livre...



Voici un livre particulièrement digne d’intérêt, érudit et vaste dans son approche. En effet, l’auteur traite du sujet de la déesse-mère dans toutes les grandes périodes de la Préhistoire et de l’Histoire, puis aborde le thème sous l’angle des penseurs, de l’Antiquité à la modernité. L’auteur de la préface, Michel Hulin, philosophe et spécialiste de la philosophie indienne, loue à la fois l’immense culture d’Alain Delaye et son sens de la synthèse : être capable de dresser un panorama aussi large en 150 pages relève de la performance.

Le livre ordonne les différentes conceptions de la déesse-mère en traitant d’abord de celles qui relèvent d’une mythologie païenne, durant la Préhistoire (à l’époque du néolithique et des peuples premiers) et l’Antiquité (de l’Egypte, de Mésopotamie, de la Grèce et de la Rome antiques). Puis, il s’attache à présenter les différentes figures de la déesse-mère dans les religions et philosophie orientale (dans l’hindouisme, le bouddhisme et le taoïsme). Ensuite, et de manière plus inattendue, il aborde le sujet dans les traditions religieuses occidentales : le judaïsme, la kabbale, le christianisme et le soufisme de l’Islam. Le chapitre suivant regroupe les déesses présentes dans les grands textes philosophiques, plus allégoriques que les précédentes, sous le titre : « Les déesses éducatrices » : il peut s’agir de la Vérité, de la Sagesse, de l’Unité, de la Conscience, de la Vie elle-même, etc. Les auteurs invoqués s’appellent Parménide, Plotin, Boèce, Jean de la Croix ou encore Spinoza… La dernière section du livre n’oublie pas les déesses chères à nos philosophes modernes, de Freud à Julia Kristeva.

On le voit, ce panorama doué de profondeur surprend par son originalité. Les religions dites patriarcales sont abordées sous un angle tel que le féminin y retrouve une place que l’on croyait inexistante. On sait que les mystiques chrétiennes furent d’abord des femmes. Voici une preuve supplémentaire que la mystique et le féminin (au sens oriental du terme) ont partie liée. En dépit de l’érudition, le langage est accessible et de larges extraits de textes, philosophiques, mystiques et poétiques, nous sont offerts.  

Sabine Dewulf