mardi 26 février 2019

Observation vigilante !

 
Extrait du livre "La Fraîcheur de l'instant"
L'observateur vigilant
Depuis quelque mois, un grand lâcher prise s’est installé en moi. Je ne résiste plus aux évènements qui surgissent dans l’instant. J’accueille la précision du moment présent, j’accueille le fait que les évènements qui se peignent devant moi sont le reflet de qui je crois être. Plus que tout au monde je veux savoir où est la vérité. Malgré le rythme effréné de mes activités quotidiennes, je suis immobile à l’intérieur et je regarde ma vie se dérouler. Une attention vigilante pour maintenir ce regard frais et vivant prend toute la place, poussée par un attrait irrésistible de la vérité. Auparavant, je détournais cet élan pour satisfaire mes désirs personnels.
Je me ramène constamment à l’instant et je me regarde de seconde en seconde. J’ai l’impression que je suis un personnage dans une bande dessinée, personnage auquel je m’identifie de moins en moins.
Je vois clairement le personnage qui agit, réfléchit, pense, pleure, rit, espère et parle dans sa tête. Il entretient une conversation avec lui-même, un monologue. Il ne parle que de lui, il ne rêve que de lui. Il s’évalue. Il rêve d’arrêter la souffrance, la sienne et celle des autres. Il rêve d’amour, de pouvoir, d’alliance. Il rêve d’éliminer la peur. Se croyant emmuré dans une prison de chair, il rêve de stabilité. Je ne fais aucun mouvement pour l’arrêter, pour le changer. Je veux juste voir comment il fonctionne.
J’écoute attentivement le monologue dans la tête de Betty : « J’ai peur d’avoir manqué le rendez-vous avec le grand amour; peur que la mort de ma mère m’ait fragilisée au point de ne plus être fonctionnelle; peur que Dieu existe et que je ne l’aie pas trouvé, moi qui l’ai renié cent fois; peur d’avoir manqué le bateau existentiel, d’être malade, déséquilibrée, seule, de mourir abandonnée. »
Ce personnage qui rêve est désormais laissé à lui-même. Il rêve librement sous le regard d’un observateur vigilant.