samedi 6 août 2022

Accepter ce qui est


Le secret de la vie tient en quelque mot : Ce qui est, ici et maintenant. C'est ainsi que l'a exprimé le maître d'Arnaud Desjardins, Swâmi Prajnanpad. Si l'amour est ce qui est, parfait. C'est ce à quoi nous aspirons tous. Nous voulons que nos vies soient remplies d'amour, de bonheur et d'équanimité et c'est une aspiration raisonnable. Réaliste, non, raisonnable, oui. 

Mais si certains jours la vie telle qu'elle est s'avère heureuse, sereine et belle, d'autres jours elle est totalement chaotique, embrouillée, pleine de rebondissements et de crises. Quand l'ordre est ce qui est, c'est ce qui est. Quand le chaos est ce qui est, c'est ce qui est. 

Lorsque les molécules et les atomes ont été découverts, on y a trouvé un certain ordre et ce fut un grand soulagement ; mais quand on a découvert les particules subatomiques, on n'a pas pu y trouver la moindre trace perceptible d'un ordre quelconque. La conscience fonctionne de manière très chaotique. Un jour, nous sommes parfaitement lucides et tout paraît simple ; le lendemain, nous voilà perdus, en pleine crise, en proie à la confusion. En fait, il nous faut faire avec ce que nous avons maintenant. Si nous sommes bloqués d'une manière ou d'une autre, il nous faut le prendre tel quel et y faire face tel quel afin de tirer le meilleur parti de la situation telle qu'elle est et non telle qu'elle pourrait être, devrait être ou serait si... Malheureusement, accepter ce qui est suppose que l'on ne se contente pas de considérer la surface de nos existences. La plupart d'entre nous considérons nos vies et pensons : « Ah oui. Je suis ici, très bien. Ce qui est est. Je suis assis sur une chaise en train de lire un livre et je l'accepte. » Mais qu'en est-il du reste de l'univers, y compris le reste de notre univers ? Qu'en est-il de notre centre émotionnel, de nos corps subtils ? 

Pour donner un exemple de cette « acceptation » superficielle, mettons que nous soyons assis au cinéma et remarquions que nous ressentons une attirance pour notre voisin ou voisine. Peut-être allons nous nous dire : « Je vois que je suis attiré par cette personne et j'accepte que c'est ce qui est. J'accepte cette attirance. » Mais même si nous acceptons effectivement cette attirance, ce qui est à un moment donné est la totalité de ce qui est, non une petite facette du tout. Qu'en est-il du reste de la réalité, à savoir que cette personne est exactement comme notre mère, que nous le sentons par une sorte de télépathie et que notre attirance se fonde sur le désir de recevoir de notre mère l'amour que nous n'avons pu obtenir auparavant ? Si nous n'acceptons pas tout cela, nous n'acceptons pas ce qui est. 

Les êtres humains tendent à accepter de manière stratégique et sélective
. Il y a des choses que nous voyons, d'autres que nous ne voyons pas et, en fait, refusons de voir même si elles sont sous notre nez. Nous acceptons ce que nous avons intérêt à accepter dans l'instant, tout en ignorant et en niant ce qui ne nous paraît pas intéressant pour nous, jusqu'à faire comme si cela n'existait pas...

Lee Lozowick Éloge de la folle sagesse

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