mardi 7 février 2017

L'être essentiel avec Jacques Castermane


Qu’est-ce que la méditation de pleine attention m’a appris ?

A reconnaître un niveau d’être dont personne ne m’avait parlé avant de rencontrer Graf Dürckheim. Dès mon arrivée en Forêt Noire, où j’allais vivre pendant cinq ans et où je retournerai chaque mois pendant plus de quinze ans, il m’a dit et répété : « M’intéresse l’être humain dans sa profondeur, dans son être essentiel. L’homme est appelé à découvrir en lui-même cet être essentiel qui transparaît dans certaines expériences ».


Qu’est-ce que c’est ça l’être essentiel ?
Voici la réponse qu’il ma donnée à cette question que je n’ai pas manqué de lui poser :
Vous ne pouvez pas poser cette question : qu’est-ce que c’est "ça" l’être essentiel ; parce que ce n’est pas un -ça-. Mais chaque être humain a la chance de vivre une expérience au cours de laquelle il se sent être celui qu’il est au fond ; les maîtres zen parlent de la vraie nature de l’être humain.
C’est lorsque l’homme s’enferme dans une coquille, partout désignée comme étant l’ego, que l’homme souffre de cette maladie qui lui est propre : l’angoisse et les états qui l’accompagnent (soucis, inquiétude latente, peur souterraine, agitation).


Vous pouvez dire quelque chose de cette expérience ?
Chacun peut reconnaître des moments de joie qui alternent avec des moments de tristesse ; un état d’être confiant qui alterne avec un état d’être méfiant. C’est le lot de l’ego (indissociable du mental) que d’être soumis à ces mouvements pendulaires : calme / agité ; patient / impatient ; alerte / indolent ; tranquille / énervé. La liste de ces humeurs variables est longue. Aux deux bouts il y a d’un côté la dépression et de l’autre le burn-out.
En même temps, bon nombre de femmes, d’hommes, de jeunes-gens, de vieillards reconnaissent qu’il leur est arrivé d’être porté, saisi, emporté, ne serait-ce qu’un moment, par un vécu intérieur d’une qualité inhabituelle ! Un calme intérieur qui n’est pas simplement le contraire de l’agitation ; un silence intérieur qui n’est pas le contraire du bruit ; une paix intérieure qui n’est pas le contraire de l’agitation mentale.
Qui oserait dire qu’il n’a jamais connu ces moments au cours desquels, sans raison aucune, on est plongé dans une atmosphère intérieure étrange et, en même temps familière. Familière parce qu’elle nous rappelle notre petite enfance. Un de mes enfants, il devait avoir quatre ans, me disait « C’est dommage papa, je ne me sens plus tout ‘’rond ‘’ comme quand j’étais petit » ! Il reconnaissait qu’il ne vivait plus en étant – un – avec sa vraie nature, dans un état d’être essentiellement là. Jung a raison : « La première moitié de l’existence consiste à tomber dans un trou ; l’autre moitié consiste à en sortir ! »


Ces expériences sont le but de méditation ?
Non. L’exercice de la méditation prépare les conditions qui permettent et favorisent l’éveil à notre vraie nature. Et, ce faisant, d’arriver à vivre dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui (sans attendre qu’il ait changé) en nous appuyant sur notre vrai point d’appui : notre être essentiel, domaine du calme, de la confiance, de l’équilibre intérieur.


Jacques Castermane
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