Qu’est-ce que la méditation de pleine attention m’a appris ?
A reconnaître un niveau d’être dont personne ne m’avait parlé avant de rencontrer Graf Dürckheim. Dès mon arrivée en Forêt Noire, où j’allais vivre pendant cinq ans et où je retournerai chaque mois pendant plus de quinze ans, il m’a dit et répété : « M’intéresse l’être humain dans sa profondeur, dans son être essentiel. L’homme est appelé à découvrir en lui-même cet être essentiel qui transparaît dans certaines expériences ».
Qu’est-ce
que c’est ça l’être essentiel ?
Voici
la réponse qu’il ma donnée à cette question que je n’ai pas manqué de lui
poser :
Vous
ne pouvez pas poser cette question : qu’est-ce que c’est "ça" l’être
essentiel ;
parce que ce n’est pas un -ça-. Mais chaque être humain a la chance de vivre une
expérience au cours de laquelle il se sent être celui qu’il est au fond ; les
maîtres zen parlent de la vraie nature de l’être humain.
C’est
lorsque l’homme s’enferme dans une coquille, partout désignée comme étant
l’ego,
que l’homme souffre de cette maladie qui lui est propre : l’angoisse et les
états qui l’accompagnent (soucis, inquiétude latente, peur souterraine,
agitation).
Vous
pouvez dire quelque chose de cette expérience ?
Chacun
peut reconnaître des moments de joie qui alternent avec des moments de
tristesse ; un état d’être confiant qui alterne avec un état d’être méfiant.
C’est le lot de l’ego (indissociable du mental) que d’être soumis à ces
mouvements pendulaires : calme / agité ; patient / impatient ; alerte /
indolent ; tranquille / énervé. La liste de ces humeurs variables est longue.
Aux deux bouts il y a d’un côté la dépression et de l’autre le
burn-out.
En
même temps, bon nombre de femmes, d’hommes, de jeunes-gens, de vieillards
reconnaissent qu’il leur est arrivé d’être porté, saisi, emporté, ne serait-ce
qu’un moment, par un vécu intérieur d’une qualité
inhabituelle ! Un calme
intérieur
qui n’est pas simplement le contraire de l’agitation ; un silence
intérieur qui
n’est pas le contraire du bruit ; une paix
intérieure
qui n’est pas le contraire de l’agitation mentale.
Qui
oserait dire qu’il n’a jamais connu ces moments au cours desquels, sans raison
aucune, on est plongé dans une atmosphère intérieure étrange et, en même temps
familière. Familière parce qu’elle nous rappelle notre petite enfance. Un de mes
enfants, il devait avoir quatre ans, me disait « C’est
dommage papa, je ne me sens plus tout ‘’rond ‘’
comme
quand j’étais petit » !
Il reconnaissait qu’il ne vivait plus en étant – un – avec sa vraie nature, dans
un état d’être essentiellement là. Jung a raison : « La
première moitié de l’existence consiste à tomber dans un trou ; l’autre moitié
consiste à en sortir ! »
Ces
expériences sont le but de méditation ?
Non.
L’exercice de la méditation prépare les conditions qui permettent et favorisent
l’éveil à notre vraie nature. Et, ce faisant, d’arriver à vivre dans le monde
qui est le nôtre aujourd’hui (sans attendre qu’il ait changé) en nous appuyant
sur notre vrai point d’appui : notre être essentiel, domaine du calme, de la
confiance, de l’équilibre intérieur.
Jacques
Castermane
***
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