mercredi 31 mars 2021

La Présence

 (Extrait du livre : Nouvelle terre: L'avènement de la conscience humaine.)


Un jour, une femme dans la trentaine est venue me consulter. Alors qu’elle me saluait, j’ai pu percevoir sa souffrance derrière son sourire poli et superficiel. Elle commença à me raconter son histoire et en une seconde son sourire se transforma en un rictus de souffrance. Puis, elle se mit à sangloter de façon incontrôlable. Elle me raconta qu’elle se sentait seule et insatisfaite. Il y avait beaucoup de tristesse et de colère en elle.
Petite, elle avait été abusée physiquement par un père violent. Je compris rapidement que sa souffrance n’était pas le produit des circonstances actuelles de sa vie mais celui d’un corps de souffrance très chargé. Ce dernier était devenu le filtre par lequel elle percevait sa situation du moment. Elle ne réussissait pas encore à établir de lien entre la souffrance émotionnelle et ses pensées puisqu’elle s’était totalement identifiée aux deux. Elle ne réussissait pas non plus à voir qu’elle alimentait le corps de souffrance avec ses pensées. Autrement dit, elle vivait avec le fardeau d’un moi profondément malheureux. À un certain niveau et à un moment donné cependant, elle avait réalisé que sa souffrance provenait d’elle-même, qu’elle était un fardeau pour elle-même. Elle était donc prête à se réveiller et c’est la raison qui l’avait conduite jusqu’à moi.
Je l’amenai donc à concentrer son attention sur ce qu’elle sentait dans son corps et lui demandai de sentir directement l’émotion, plutôt que de l’appréhender par le filtre de ses pensées malheureuses, de son histoire malheureuse. Elle me dit qu’elle était venue me voir dans l’espoir que je lui apprenne à se sortir de son malheur, pas que je l’y replonge. Toutefois, un peu à contrecœur, elle fit ce que je lui avais demandé. Les larmes roulaient sur ses joues et son corps tremblait. « En ce moment, c’est ce que vous ressentez, lui dis-je. Et il n’y a rien que vous puissiez faire pour empêcher qu’en ce moment, c’est ce que vous ressentez. Maintenant, au lieu de vouloir que cet instant soit différent de ce qu’il est, ce qui ajoute davantage de souffrance à votre souffrance, est-il possible que vous acceptiez totalement que c’est ce que vous ressentez en ce moment ? »
Elle resta silencieuse pendant quelques minutes. Tout d’un coup, l’impatience apparut sur son visage, comme si elle allait se lever, et elle me répondit : « Non, je ne veux pas accepter ça. » « Qui est-ce qui parle ? lui demandai-je, vous ou le malheur en vous. Réussissez-vous à voir que le fait d’être malheureuse n’est qu’une autre couche de malheur ? » Elle redevint silencieuse. « Je ne vous demande pas de faire quoi que ce soit. Tout ce que je vous demande, c’est de découvrir si vous pouvez permettre à ces émotions d’être là. En d’autres mots, et cela peut paraître étrange, de découvrir que s’il vous est égal d’être malheureuse, qu’arrive-t-il à la misère ? Ne voulez-vous pas le savoir ? »
Elle sembla brièvement perplexe et, après une minute ou deux de silence sur sa chaise, je remarquai soudainement un changement significatif dans son champ énergétique. Elle me dit :«C’est bizarre, je suis encore malheureuse, mais il s’est maintenant créé un espace autour de ma misère. Elle semble avoir moins d’importance. » C’était la première fois que j’entendais quelqu’un s’exprimer de la sorte à ce sujet en disant qu’il y avait de l’espace autour de sa misère. Cet espace se crée, bien entendu, quand il y a acceptation intérieure de ce dont vous faites l’expérience dans le moment présent.
Je n’ajoutai rien, la laissant à son expérience. Plus tard, elle en vint à réaliser que dès l’instant où elle cessa de s’identifier à la vieille émotion qui vivait en elle, dès l’instant où elle concentra son attention directement sur elle sans essayer d’y résister, cette émotion ne pouvait plus contrôler sa pensée et qu’elle appartenait à une histoire intitulée « La malheureuse en moi ». Une autre dimension venait d’apparaître dans sa vie qui transcendait son passé, la dimension de la Présence. Étant donné que vous ne pouvez être malheureux sans avoir d’histoire malheureuse, sa misère prit fin. Cela signifiait aussi le début de la fin de son corps de souffrance. L ’émotion comme telle n’est pas de la souffrance. Seule l’émotion, ajoutée à une histoire à son sujet est de la souffrance.
Une fois la séance terminée, je fus satisfait de savoir que je venais d’assister à l’avènement de la Présence chez un autre être humain. La raison d’être de notre existence sous la forme humaine, c’est justement d’amener cette dimension de conscience dans le monde. J’avais aussi assisté à une diminution du corps de souffrance, non pas en le combattant, mais en dirigeant la lumière de la conscience sur elle.
Eckhart Tolle

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mardi 30 mars 2021

Se relier au vivant

 Voici une pratique que nous vous proposons d'expérimenter chez vous, pour vous (re)connecter au vivant en vous et à l'extérieur de vous, l'une des pratiques phare du modèle des 8 Shields.


Le rendez-vous avec soi-même


Prenez l'habitude de vous relier au vivant en vous et autour de vous, de vous reconnecter à la Terre, à Gaïa.

1) Trouvez votre petit coin de nature pour vous asseoir seul·e
Marchez au hasard dans une direction qui vous fait envie, et asseyez-vous dans un coin agréable, près d'un arbre, d'un cours d'eau, en face d'une vue inspirante, dans votre jardin. Cela peut être en pleine nature. Et nous vous encourageons à trouver un endroit facile d'accès pour vous, ce qui facilitera votre pratique qui gagne à être réalisée quotidiennement. Par exemple, une chaise juste devant votre maison, si vous avez un jardin, fait très bien l'affaire, ou bien le premier banc du parc le plus proche de chez vous.

2) Remerciez pour l'accueil
Attendez de sentir que vous êtes invité·e à entrer, éventuellement enlevez vos chaussures, apportez une jolie pierre ou un élément de la nature récolté en chemin, installez-vous confortablement.

3) Observez, écoutez, ressentez
Soyez simplement là, pleinement présent·e, goûtez le moment présent avec tout votre corps et tous vos sens. Sentez-vous libre d'offrir un chant, un poème, une danse, une prière.

4) Exprimez ce que vous avez sur le cœur
Choisissez un élément (arbre, plante, oiseau, insecte, etc.) pour lui dire à voix haute ce que vous n'osez pas dire aux humain·e·s : laissez-vous descendre dans votre émotion, quelle qu'elle soit, offrez-lui vos larmes, votre joie…

5) Posez vos questions
N'hésitez pas à vous poser des questions sur des difficultés que vous traversez, sur lesquelles vous avez besoin de soutien, et ouvrez-vous à ce qui vient : idées, sensations, observations variées d'éléments naturels qui vous répondent à leur façon (vent, craquement, oiseaux, insectes, nuages, etc.). Sentez le soutien que cela apporte sans chercher à toujours lui donner du sens. Laissez venir à vous.

6) Remerciez en partant
Remerciez pour le moment partagé, et offrez-vous de revenir régulièrement, à la même heure, au même endroit, comme à un rendez-vous avec vous-même et avec le monde !

L'ensemble de cette pratique peut prendre entre 30 min et 1 h, la durée n'est pas un enjeu, c'est la fréquence qui permet de découvrir… ce que vous découvrirez par vous-même !

Clé d'ancrage


Pour traverser les vagues d'émotions qui peuvent arriver, écoutez votre respiration, invitez votre corps à se détendre, ancrez-vous dans la joie d'être vivant·e ici et maintenant, sur cette planète, et accueillez les mouvements qui se présentent en vous et à l'extérieur de vous.

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source : Mooc transition intérieure


lundi 29 mars 2021

Inconscient et lying

 



Du lying vous dites qu’il vise à purifier l’émotion pour ouvrir le cœur à la réalité. 

Le lying est-il fait pour tout le monde ? L’âge peut il constituer une limite ?

Denise Desjardins : Il n’y a pas de limite d’âge mais cette méthode doit s’insérer dans une démarche intérieure. C’en est le tiers. 
Le lying s’avère nécessaire quand, après avoir essayé de comprendre ses comportements, on tombe sur « un os » incompréhensible : on reçoit des messages qui nous empêchent d’être nous-mêmes et de mettre en pratique l’acceptation, base de plusieurs enseignements. Si l’on ne peut pas voir véritablement ce qui est, c’est que l’on n’a pas pu accepter ce qui a été dans un passé plus ou moins lointain. Quand on réalise que les empêchements à être heureux viennent d’une origine lointaine ignorée, de l’enfance ou d’un scénario antérieur, il s’agit de la retrouver, de bien comprendre ce qui s’est passé, de l’exprimer, et de se désidentifier de l’enfant qu’on a été ou du personnage du scénario. C’est difficile parce que nous avons des habitudes ancrées en nous (vâsanâs) qui sont notre façon de penser depuis notre enfance. Il est malaisé de se débarrasser des habitudes physiques mais encore plus des habitudes mentales du fait qu’elles nous rassurent quant à la pérennité de notre moi. En pratiquant le fait de voir la différence, on se rapproche du but qui est de vivre dans l’équanimité, en commençant par dépasser le « j’aime/je n’aime pas », afin de parvenir à voir, sans aucun jugement, le caractère unique des êtres et des choses. Pour nous donner une approche du Brahman, Swâmiji disait : « Chaque chose est unique, chaque chose est neutre, chaque chose est Brahman ».







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dimanche 28 mars 2021

L'expression des émotions

 

Extraits du livre de Daniel Roumanoff, Swami Prajnânpad, Biographie


(...) « La psychanalyse analyse les processus du mental. Les complexes sont dénoués. Alors cela devient facile de les annihiler avec l ’épée acérée du Vedânta. La psychanalyse est au service de la science spirituelle. » Pour comprendre en quoi la psychanalyse est, pour Swâmiji, complémentaire des Grands Énoncés des Upanishads, il faut se reporter à la définition si personnelle que Swâmiji donnera plus tard, à propos de la psychanalyse effectuée sur ses instructions par un disciple français chez un psychanalyste à Paris : « Il n’y a psychanalyse que lorsqu’il y a expression d'émotions. » Cette expression est pour Swâmiji le cœur même de la psychanalyse. L’expression est ce qui peut rendre l’inconscient conscient. D’où la séquence du cheminement de Swâmiji dans sa quête de la vérité que l’on peut reconstruire de la manière suivante :

Qu’est-ce que la délivrance ? La libération des samskâras, c’est-à-dire des jugements de valeur. Il n’y a donc ni bien, ni mal, ni plaisir, ni déplaisir, tout est neutre.

Pourtant des émotions restent présentes, émotions par lesquelles on est emporté, qui échappent à tout contrôle conscient et sur lesquelles on n’a aucune prise : leur source est inconnue car elles sont inconscientes. Comment rendre l’inconscient conscient ? Un seul moyen : l’expression aussi libre que possible de tout ce qui se présente à la conscience.

Dès que les faits peuvent être présentés au regard de la conscience, le travail d’investigation, de délibération (vicâra) ou de discrimination (viveka) peut être poursuivi. Ainsi il devient possible de décider en toute connaissance de cause ce qu’il convient de faire face au désir. Ne pas être emporté mais choisir délibérément comment le satisfaire si nécessaire.

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samedi 27 mars 2021

(Ré)apprenez à respirer

 La respiration du week-end :

La respiration a des propriétés antistress, antifatigue, antidouleur, anti-inflammatoire...


source : La Vie

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vendredi 26 mars 2021

Engagé sur le chemin ?

 

Extrait de "La Voie et ses pièges" de Arnaud Desjardins : 
...

Or l'expérience montre que cet espoir est bien souvent déçu. Même après des années de pratique, les doutes et les souffrances n'ont pas disparu. Entendre parler et parler soi-même quotidiennement de sérénité et demeurer malheureux s'avère hélas fréquent. Constatation qui s'applique trop souvent à ceux avec qui je suis ou j'ai été en relation personnelle. Pour certains d'entre eux, l'enseignement que je transmets – essentiellement sinon uniquement inspiré de celui de mon propre « gourou », Swâmi Prajnanpad – n'a pas tenu ses promesses. Pourquoi? 
C'est à cette question que tentent de répondre les causeries enregistrées qui ont constitué la matière première de ce livre. 
Se croire sincèrement engagé sur le chemin de la sagesse et l'être réellement sont trop souvent confondus. La plupart des aspirants se fient plus au miracle qu'à leurs efforts personnels, à leur courage et à leur persévérance : quel sage transcendant leur donnera-t-il l'illumination ou quel stage intensif changera-t-il en dix jours leur être et leur existence en faisant disparaître leurs émotions?

Des êtres insatisfaits vont ainsi de déception en déception. Tenter de faire pour d'autres ce que d'autres, et surtout un autre, avaient fait pour moi autrefois m'a amené à cerner quels pouvaient être les malentendus dans la compréhension et la pratique d'une ascèse. Ceux-ci concernent aussi bien le but que la méthode.
La voie ne propose pas un changement mais une transformation, une métamorphose radicale ou, pour reprendre le terme consacré, un éveil, éveil à un tout autre niveau de conscience. Même s'il n'est pas aisément atteint, ce but ne doit néanmoins jamais être perdu de vue. Quelle que soit la manière dont l'évoque telle ou telle tradition, il transcende toujours non seulement les faiblesses du mental mais aussi la logique de l'intellect. Cet accomplissement implique l'effacement de la conscience séparée et séparatrice. 
Or de nombreux « disciples » et « chercheurs » aspirent seulement à être mieux dans leur peau et à réussir leur existence en fonction de leurs désirs et de leurs refus.
Autrement dit une pratique visant l'effacement de l'ego et du mental en question est, pour employer un terme à la mode, récupérée par les limitations mêmes dont elle propose le dépassement.
A partir de cette première erreur fondamentale, c'est l'ego qui mène le jeu et l'efficacité de la voie est assimilée à celle des différentes psychothérapies en vogue. Non que celles-ci soient inutiles ou stériles mais l'essentiel est renié et la cause même de tous les « problèmes » n'est pas mise en cause elle-même. Ce qui ne concerne que l'être est interprété en termes d'avoir...


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jeudi 25 mars 2021

L'action en soi ou IN-action


 "Optez pour le plus grand et le plus petit sera pris en charge. Ne vous inquiétez pas. La vie n'est pas un casse-tête (puzzle). C'est l'ego qui rend perplexe. Vous n'êtes pas obligé d'arranger les choses. Il suffit de demeurer tranquille et de laisser tout cela se dérouler. Si vous pensez que vous pouvez mettre en œuvre la vie, vous créez une identité en tant que 'solutionneur' de vie. Grosse difficulté! Personne ne peut mettre la vie en œuvre. Comme on renonce à son ego, on est automatiquement en harmonie avec la vie. Regardez comme la vie prend soin de la vie. Ça coule spontanément et parfaitement en chaque forme. Lâchez prise à la danse de l'existence. Pourquoi manquer le meilleur spectacle sur terre ?"

Mooji

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mardi 23 mars 2021

Espace de conscience...

 


L’espace de conscience est « un », il est vaste, mais constamment nous le fragmentons avec notre activité mentale habituelle. 

Le travail méditatif revient à recoller rapidement les fragments, comme on reconstituerait très vite, avec une main magique, un puzzle tout entier, puis ensuite à essayer de rester le plus longtemps possible dans cette sensation complète. 

On se sent comme un nourrisson enveloppé dans les bras de sa mère après la tétée. Cette image est importante, car on sait maintenant que chez le nourrisson les expériences de stimulation parasympathique sont intenses. Son système sympathique n’est pas encore mûr pour pouvoir contrebalancer la stimulation parasympathique. Se sentir enveloppé comme un nourrisson dans les bras de sa mère sera donc une très bonne méditation pour parvenir à cette conscience sphérique. 

Ce retour au fonctionnement global revient dans des expressions populaires de façon surprenante : par exemple, on dit : « reprendre du poil de la bête », c’est-à-dire que lorsqu’on reprend du courage ainsi que les choses en main on revient à une sensation d’enveloppement unifié, comme la bête qui se mettrait à sentir ses poils sur toute la surface du corps en même temps. Notre perception de l’extérieur est souvent comme celle qu’on a quand on s’est planté une écharde dans le doigt. L’attention est attirée vers ce qui est nouveau, et se fixe dessus comme notre anxiété sur une écharde qui vient de se ficher dans un doigt.

Il s'agit donc de faire un travail de détachement. C'est un labeur de tous les instants; et ceci nous amène à offrir, en conclusion, cette maxime lapidaire du zen à méditer au fil des années :

D'instant en instant, ouvrir la main de l'esprit !

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Extrait de "Lâchez toute dépendance !" de Michèle Cocchi et Jacques Vigne :

Editions Accarias L'originel, 

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lundi 22 mars 2021

Lâchez toute dépendance !

 Un livre vraiment très intéressant avec un cheminement concret. Des citations dont celles de Swami Prajnanpad... Ce livre offre un beau voyage intérieur pour mieux voir nos dépendances !



Le fil directeur de cet ouvrage : du dépassement de la dépendance psychologique à la plénitude non duelle.

L’être humain, au fil de son existence, perd en général progressivement sa liberté. Il est de façon imperceptible de plus en plus piégé par toutes ses émotions. Nous sommes en fait « dépendants » de ces émotions réactualisées souvent de façon insidieuse dans l'instant que nous vivons.

Cet ouvrage qui décrit un chemin intérieur vers l’être aborde différents aspects théoriques et pratiques visant à lâcher les dépendances d’une façon fondamentale.

Les vécus de dépendance induisent de fortes limitations dans le quotidien des sujets. La qualité de la thérapie analytique libère ainsi la personne de l’emprise envahissante de ses fixations négatives, anxiogènes et culpabilisantes. Par sa prise de recul, elle se désidentifie progressivement de tout ce qui a un impact négatif pour faciliter son contact à son être naturel.

La voie lumineuse du détachement de toute référence nous ouvre à ce qui est, à la réalité de la vie. Apprécier l'instant pour s’ouvrir à l’essentiel.

L’ouverture à l’advaïta-védânta est au cœur de ce livre. Cette approche donne accès à l’Être totalement libre, là où l’attachement et la dépendance n’ont plus lieu d’être

Les réflexions exprimées ne s’inscrivent dans aucune religion, mais dans une spiritualité dépouillée, où l’esprit se contente de lâcher les codifications et les références. Provenant de la quiétude, elles vous amèneront à la paix intérieure.

Michèle Cocchi et Jacques Vigne : "Lâchez toute dépendance !"

Editions Accarias L'originel, 18 €

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dimanche 21 mars 2021

Yi Jing



Le jour et la nuit sont chacun le passé et le futur de l'autre.

Cyrille Javary







Le sens de ce mot se comprend en regardant l’idéogramme. 
Il est divisé en deux parties. En haut, le soleil et en bas, l’évocation de liquide en train de tomber : le soleil et la pluie. 
Le premier sens de Yi se rapporte aux changements de temps, aux passages du soleil à la pluie et de la pluie au soleil. 
De là vient son sens général de : changements, transformation. Mais il a aussi deux autres sens dérivés. 

Le premier est : facile, simple, naturel. Aux yeux des Chinois, la qualité essentielle du changement c’est d’être la fluctuation même de la vie. 
Le second sens dérivé est : stable, fixe, règle. 

Que le même idéogramme signifie à la fois changement et stabilité paraît assez paradoxal. 
L’explication est fournie par le Yi Jing lui-même. Il y est dit que la seule chose durable, c’est que tout change toujours tout le temps. Le changement est le seul repère fixe, le seul rythme naturel dont on puisse faire une loi raisonnable : « Les quatre saisons changent et se transforment continuellement, et ainsi le cycle annuel s’accomplit durablement» 

Cyrille Javary

 Yi Jing, hexagramme 32, « Commentaire sur le Jugement ».

La durée est un état dont le mouvement n'est pas annihilé par les obstacles. Ce n'est pas un état de repos, car la pure immobilité est recul. La durée est plutôt un mouvement s'accomplissant suivant des lois déterminées, refermé sur lui-même et, par suite, se renouvelant sans cesse, d'un tout organisé et fortement centré sur lui-même, dans lequel toute fin est suivie d'un nouveau commencement. La fin est atteinte par le mouvement vers l'intérieur, l'inspiration du souffle, la systole, la concentration. Ce mouvement se change en un nouveau début dans lequel il est dirigé vers l'extérieur : c'est l'expiration du souffle, la diastole, l'expansion. C'est de cette manière que les corps célestes accomplissent leur course dans le ciel et peuvent en conséquence briller d'une manière durable. Les saisons se déroulent suivant une loi fixe de changement et de transformation et peuvent par suite œuvrer durablement. Ainsi l'homme qui a entendu l'appel incarne une signification durable dans sa manière de vivre et le monde reçoit par là une forme. A partir de ce en quoi les choses puisent leur durée, il est possible de reconnaître la nature de tous les êtres dans le ciel et sur la terre. (trad. Wilhelm)
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samedi 20 mars 2021

Joie présente...

 


" La vie intérieure, c’est savoir que la paix n’est pas dans le monde, mais dans le regard de paix que nous portons sur le monde.
C’est savoir que la joie n’est pas dans le monde comme des dragées dans une bonbonnière, et qu’il suffit d’attendre qu’une société enfin parfaite, ou que des appareils, enfin complets, remplissent la bonbonnière.
C’est savoir que la joie n’est jamais pour demain, mais pour aujourd’hui, ou alors qu’elle ne sera pas. Être bien sûr que les événements, même les plus doux, la campagne, même la plus fleurie, la paix civile, même la plus durable, ne la donneront jamais.
Et cela, pour la simple raison que nous l’avons déjà. "

Jacques Lusseyran

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vendredi 19 mars 2021

Cet instant... Parfois

Cet instant
si vide
protège-le

Donne-lui
les clefs d'une chambre
qui n'existe pas

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Parfois


Parfois je cherche à conserver
le silence d’une réponse.

Parfois j’écrase les nuits
de glace bleue
entre mes paumes.

Peu de mots exigent ma voix.

Rien, dans le carnet,
ne se fixe longtemps.

Je laisse aux êtres de l’enfance
la parfaite solitude.


Martine Audet, 
Rêve sur rêve, éditions La tête à l’envers

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jeudi 18 mars 2021

Au delà de la dualité

 


Si vous savez que la dualité est une illusion, vous ne pouvez pas être affecté par les conséquences de la dualité.
En d'autres termes, aussi longtemps que vous êtes affecté par l'amour et la haine, le plaisir et la peine, tout ce que vous racontez sur la nature illusoire de la dualité n'a aucun sens !
Personne n'est affecté par une illusion !
Vous n'êtes affecté que par les choses que vous savez réelles.

Swâmi Prajnânpad, Le quotidien illuminé.


Aude Darthoit : À l'origine des émotions, il y a des mémoires, des pensées, des refus, tout cela étant la plupart du temps inconscient.
Comme les émotions se manifestent dans le corps, dans le mental, elles ont une réalité physique et psychique qui font qu'on les prend pour la réalité.
Cependant, à travers un travail analytique, respiratoire, et méditatif, la conscience s'éveillant alors, une autre réalité apparaît, la Réalité, dont une des expression est la paix.

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mercredi 17 mars 2021

Des sauvetages de rien du tout par Gilles Farcet

 


Mais alors, qu’avait il compris? - si tant était qu’il eût compris quelque chose à cet improbable merdier communément appelé la vie …
Une chose et une seule, quand tout était dit.
Une chose et une seule comme un axe autour duquel tout le reste gravitait.
Cette vie était un mystère et le noyau de ce mystère était amour.
Plus exactement , articulation de l’amour, conjugaison de l’amour, déclinaison de l’amour , amour non pas absorbé en lui même mais en mouvement, autrement dit compassion.
Avec toute sa violence, son insondable cruauté, sa beauté à tomber face contre terre à tout moment, sa fulgurante merveille, son horreur dévorante, avec tous ses opposés qui dansaient dans le vide en se tenant par la main, la vie était compassion.
Elle n’avait pas de sens, aucun, hormis celui là : l’acte immédiat de compassion qui, si insignifiant soit il à l’échelle de la ré-a-li-té, suffisait à tout racheter.
Voilà ce qu’il avait compris, pour peu qu’il ait compris quoi que ce fut : cette effrayante énergie appelée vie se damnait et se rachetait à chaque instant.
Elle se damnait par l’oubli, par l’indifférence, par l’inhumanité ordinaire, par la sécheresse instituée en condition courante, par l’absence de perspective de l’esprit et du cœur lovés sur leur plus petit dénominateur commun, le moi rabougri, la personne atrophiée parce que réduite à la personnalité, l’identité embryonnaire…
Et elle se rachetait par l’attention, par le moi non plus étanche mais transparent au point de voir au travers de ses propres parois.
Elle se rachetait par le plus insignifiant des actes de bonté, le plus anodin des gestes généreux, le plus inaperçu des sourires.
Il y avait ce sens là et il n’y en avait pas d’autre : cette existence était un raz de marée de souffrances qui toutes se brisaient contre le mur invisible et à chaque instant remonté de la compassion active.
Voilà ce qu’il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale.
Le monde s’abîmait à chaque instant dans l’abomination et, à chaque instant, il appartenait à tout être conscient de le sauver, et de le sauver d’un rien, sans se prendre pour un sauveur et surtout pas se revendiquer comme tel.
L’être conscient avait vocation de fonctionnaire du salut : en poste pour opérer de moment en moment des sauvetages de rien du tout.
Car tous les sauvetages étaient de rien du tout, y compris ceux que d’aucuns voyaient, louaient, célébraient, autant que tous ceux qui n’étaient vus de personne. Tous les sauvetages étaient goutte d’eau dans l’océan de la souffrance ininterrompue, et pourtant … Chacun de ces sauvetages rachetait l’ensemble, dans l’instant comme pour toujours. 

C’était à n’y rien comprendre et il n’y comprenait rien. Mais il le vivait, il respirait de cela.

Gilles Farcet
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mardi 16 mars 2021

Fil d'Amour

 


Durant cet après-midi de profonde intimité où je suis allée conduire ma mère vers sa nouvelle demeure, j'ai touché au plus grand dénuement, à ce très peu auquel nous tenons véritablement lorsqu'un fil casse. Il ne restait que l'amour, que cet ineffable mystère qu'on appelle Amour. Amour avec un grand A pour dire combien il nous dépasse et qui ne se trouve nulle part ailleurs qu'en soi".

dimanche 14 mars 2021

Tu dis délivrer la lumière.

 Parce que lire de la poésie fait toujours du bien, je vous partage la sortie d'un nouvel ouvrage :

Sabine Dewulf :

Un grand merci aux éditions Pourquoi viens-tu si tard ? pour cette publication de notre livre commun, à Florence Saint-Roch et moi.

A partir de photographies, toutes présentes dans ce livre, chacune de nous deux a écrit un poème, puis l'a envoyé à l'autre et chacune lui a répondu par un autre poème.

Extraits :
"Suie opaque images bitumées
Le temps cuit à figures noires
On dirait
Au miroir nos contours d'îles
Nos désirs corrodés
La mer a pris toute la couleur
A ravi l'illusion
Nous restent des souvenirs bruts
Matière irrégulière instants oxydés
On voit bien ce qui s'est perdu
Ce qu'aussi on a gagné" (Florence Saint-Roch)
"On a gagné d'avoir foulé la terre
buté sur le hasard goûté de l'amertume
construit dans la mémoire un rêve
sur lequel tu t'appuies
pétri l'odorant le brillant
percé l'instant
crevé des bulles de pensée
ouvert des portes pour la pluie
bien avant de rejoindre
la mer aux images sans fond" (Sabine Dewulf)

Tu dis délivrer la lumière
Sabine Dewulf et Florence Saint-Roch
éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
Collection Poésie n° 31

Voir aussi :
Un interview de Sabine Dewulf et Florence Saint-Roch
au sujet de leur livre : Tu dis délivrer la lumière

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Plus que cela !

 

Photo : Mathieu Rivrin

"Toute la cour est là, attendant l'arrivé du roi, quand un fakir soufi en haillons entre et va nonchalamment s'asseoir sur le trône. Le premier ministre n'en croit pas ses yeux.
- Qui crois-tu être pour entrer ici et te conduire de cette manière? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre?
- Un ministre? Rétorque le soufi. Non, je suis bien plus que cela.
- Tu ne peux pas être le premier ministre, parce que le premier ministre, c'est moi. Serais-tu le roi?
- Non pas le roi. Plus que cela.
- L'empereur?
- Non, encore plus!
- Le Prophète , alors?
- Plus encore!
- Serais-tu Dieu?
- Non, je ne suis pas Dieu. C'est encore bien plus que cela.
- Mais il y a rien, au-dessus de Dieu!
- C'est exact, répond le soufi. Je suis ce Rien."

Raconté par Ramesh Balsekar, dans L'appel de l'Etre, p. 369.


Je suis plus puissant que Dieu.
Je suis plus méchant que le diable.
Le pauvre en possède.
Le riche en manque.
Et si vous me mangez, vous mourrez.

Qui suis-je?

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samedi 13 mars 2021

Descendre du mental dans le coeur



Mais nous ne sommes pas des arbres. Pour le meilleur et pour le pire, la pensée fait partie de notre condition humaine.
"Le mental est le plus grand ennemi et le plus grand ami de l'homme. (...)
Vous devez comprendre et connaître le mental complètement et entièrement, le vivre et l'épuiser. Alors seulement vous pouvez atteindre la plénitude du non mental... L'absolu. 

Swami Prajnanpad 
(Daniel Roumanoff "Swami Prajnanpad un maître contemporain t.1 p.216)

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jeudi 11 mars 2021

Emotion quand tu nous tiens...


« Les émotions sont le sel de la Vie ! »


Oui, c’est vrai, sauf quand elles se nouent, se bloquent, ou s’expriment peu ou mal. Dans ce cas, les émotions peuvent devenir le principal vecteur de nos petits et grands tracas, entraînant parfois des conséquences que nous aurions souhaité éviter. 


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mardi 9 mars 2021

François-Xavier Moronval, à l'épreuve de la fragilité

 

Toujours en première ligne pour les autres, cet urgentiste a un jour basculé du côté des patients. C'est dans la présence diffuse de Dieu et dans les réseaux sociaux qu'il a puisé les ressources pour vivre cette épreuve.


Aux urgences, depuis plus de 10 ans, j'ai vu le pire, des pendus, des blessés par balles, des mutilés, des bébés secoués... Je suis confronté aux drames humains, sans filtre. C'est souvent très difficile d'affronter toute cette fragilité, mais je suis fait pour ça. Dans les couloirs de l'hôpital où j'exerce, dans les Vosges, j'ai le sentiment que je peux vraiment être utile. Et pourtant, vous allez peut-être trouver cela étrange, mais j'ai longtemps eu très peur du sang !

À la vue de l'hémoglobine, pendant mes études, je sortais de l'amphithéâtre, en plein cours, et faisais un malaise vagal dans les toilettes. En stage de chirurgie, au bloc opératoire, je devais tenir les écarteurs et hop ! je tombais dans les pommes. On appelle cela de l'hématophobie, une affection qui, selon l'Organisation mondiale de la santé, arrive au troisième rang des phobies les plus répandues après la peur des animaux et celle du vide.

« Ma vocation médicale est plus forte que tout »

Quand j'étais petit, j'étais fasciné par Il était une fois la vie. Ce dessin animé très bien fait est sans doute à l'origine de ma vocation. Quand j'ai dit à mes parents que je voulais devenir médecin, ils ont tenté de me dissuader. Ils travaillent tous les deux dans le soin : ma mère est kinésithérapeute, mon père, orthopédiste. Eux savaient bien que je ne tenais pas le coup devant une plaie. Et, pourtant, j'ai surmonté cette phobie avec beaucoup d'efforts et de patience.

Je tentais de me dissocier intellectuellement du moment présent pour affronter la vue du sang. Ma vocation médicale est plus forte que tout. Ce sont les urgences pédiatriques qui m'ont donné le goût pour la médecine d'urgence. C'est très compliqué de voir des enfants en souffrance.

Progressivement, sans même m'en rendre compte, je faisais moins de malaises, j'éprouvais une joie intense à aider et soulager les petits. Je suis également formé en médecine de catastrophe, capable de prendre en charge de très nombreuses victimes en même temps, en cas d'accident chimique, nucléaire, de séisme ou d'attaque terroriste.

Un accident extrêmement grave

Un matin de la fin du mois de juillet 2019, quand mon téléphone a sonné, alors que je dormais très profondément après 24 heures de garde, je ne me doutais pas de l'épreuve à laquelle j'allais bientôt devoir faire face. Au bout du fil, une voix de femme, inconnue, m'a prévenu : « Votre épouse va bien mais elle a eu un accident de la route, un accident sérieux, il faut venir. » J'ai demandé comment était la voiture, par réflexe. « Mais il n'y a plus de voiture ! », s'est-elle exclamée.

J'ai tout de suite compris que c'était extrêmement grave et, en tant que soignant, je sais parfaitement que l'on ne donne jamais d'information inquiétante au téléphone. J'ai roulé de manière automatique vers le lieu qu'on m'avait indiqué, à 10 km de chez nous. Mes mains étaient tétanisées sur le volant. En garant ma voiture avant le virage, j'ai même fait un bref malaise et j'ai dû m'allonger.


« Elle s'est vue mourir »

Ce jour-là, je suis passé de l'autre côté du miroir. De médecin, je suis devenu victime. Un buggy de collection, pourtant homologué, s'était déporté sur la route et avait tapé de plein fouet l'automobile que conduisait Tiphaine, alors enceinte de sept mois de notre premier enfant. Le conducteur en face est décédé sur le coup. Quant à notre voiture, elle a pris feu.

Mon épouse s'est retrouvée prisonnière de l'habitacle déformé par la collision et les flammes. Elle ne parvenait pas à ouvrir la portière et s'est vue mourir. Finalement, elle a pu s'extraire et se laisser tomber à terre. Elle ne pouvait pas se relever ni marcher, alors elle s'est traînée au sol. Les témoins n'osaient pas s'approcher d'elle et de son gros ventre, car les pneus, à proximité, explosaient. Ils craignaient un embrasement général.

Quand j'ai retrouvé ma femme à ce moment-là, sous une couverture de survie, j'ai vu qu'elle ne présentait pas de lésions apparentes, cela m'a un peu rassuré. Mais elle m'a soufflé : « Je ne sens pas le bébé. » J'ai eu terriblement peur qu'il soit mort et que la situation de Tiphaine ne dégénère après coup, ce qui arrive fréquemment dans ce genre d'accident. Elle a effectué une batterie d'examens, des scanners, des échographies qui ont fini par me rassurer. La petite était bien vivante, mon épouse ne présentait aucune lésion interne. Elle souffrait toutefois de graves fractures aux vertèbres.

« Nous étions vivants et ensemble ! »

Ce n'était que le début de notre épreuve. Elle a dû rester allongée à plat dos, à l'hôpital, jusqu'à l'accouchement qui a été pratiqué sous anesthésie générale à la fin du mois d'août. Puis elle a dû être opérée dans la foulée et placée en soins intensifs. Les premiers mois de la vie d'Iris ont donc été particuliers, avec une maman en convalescence et amoindrie.

Tiphaine ne pouvait pas la porter ni la changer mais elle restait à côté de moi pour tous les soins que je prodiguais. Nous étions vivants et ensemble ! Nous avions vécu de si belles choses depuis notre rencontre dans une soirée étudiante en 2008, à commencer par notre mariage dans le Grand Canyon, après avoir survolé l'Arizona en hélicoptère depuis Las Vegas.

Dieu... et Twitter !

Dans les semaines qui ont suivi l'accident, je me suis surpris à adresser quelques prières à Dieu afin que tout aille bien pour ma femme et notre bébé. C'était non codifié, un peu flou. Mais j'ai quand même fait toute ma scolarité à Saint-Sigisbert, un établissement catholique de Nancy, et mes deux parents, croyants et pratiquants, nous ont élevés, ma sœur et moi, dans la foi. Au milieu de cette épreuve, je cherchais des ressources et parmi celles-ci, il y avait Dieu… et Twitter !

Ce réseau social est souvent décrié pour la présence de trolls et pour la méchanceté de certains commentaires. Je m'en suis servi pour témoigner de ce que nous traversions. Je peux dire que cela m'a sauvé tout comme m'a beaucoup aidé une séance d'hypnose que j'ai faite pour tenter d'évacuer le traumatisme de l'accident.

En effet, j'ai revécu ces heures-là et modifié un détail de la scène pour la rendre plus acceptable : j'ai remplacé mentalement le médecin qui m'a accueilli, sur les lieux de l'accident, par une collègue que je considère comme ma grande sœur. Cela me permet de faire face au souvenir plus facilement. D'ailleurs, je me forme désormais à l'hypnose pour aider mes patients blessés ou endeuillés.

Un compte qui a explosé avec la crise sanitaire

« Je suis papa, nous avons l'immense bonheur de vous annoncer la naissance de Cacahouète ce matin à 10 h 37 ! Elle se prénomme Iris. Elle est magnifique et adorable ! Elle restera sous surveillance durant les 24 prochaines heures. Nous l'aimons déjà énormément. » Le tweet tout simple que j'ai écrit pour la naissance d'Iris le 23 août 2019 a affiché plus d'un million de vues et a été classé dans le top des tendances en France ce jour-là ! Je n'en reviens toujours pas ! Mon compte @FXMoronval est désormais suivi par 24 000 abonnés. Il a explosé avec la crise sanitaire.

Après l'épreuve familiale, nous devons désormais affronter la pandémie de Covid-19. Ma femme étant infirmière dans un service de réanimation, nous sommes tous les deux en première ligne. Depuis mars dernier, je suis au front tout le temps, dans la crainte d'une saturation des lits et surtout des respirateurs, donc la peur de devoir sélectionner entre un patient de 40 ans et un autre de 60 ans.


Donner des informations fiables sur le coronavirus

Mentalement, je suis fatigué comme tous les Français. Cette maladie est complexe avec des symptômes variés et parfois atypiques. Elle complique les procédures à l'hôpital. Sur Twitter, et au sein du collectif Du côté de la science, cofondé avec des amis médecins qui écrivent également sur ce réseau, je lutte contre les fausses informations qui peuvent induire des comportements à risque chez les gens. Il me tient à coeur de divulguer des informations fiables et vérifiées sur le coronavirus.

Je ne me considère pas dans un combat. Je tiens à garder une posture toujours bienveillante dans l'exercice de la médecine et sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, je bloque tous ceux qui ont des mots déplacés ou violents. J'envisage mon travail comme une mission. L'accident de mon épouse m'a aidé dans ma pratique quotidienne : j'ai plus d'empathie qu'avant, je me mets davantage à la place des gens. Il a aussi renforcé notre couple. Nous savourons chaque instant que nous offre la vie. Je pense souvent à la famille du conducteur du buggy, qui est mort dans ce terrible accident. Écrivez-le, c'est important pour moi : nous ne l'oublions pas.


Les étapes de sa vie

21 juin 1984 : Naissance à Nancy.
Mars 2008 : Stage aux urgences de l'hôpital de Nancy.
28 septembre 2012 : Soutenance de sa thèse sur la formation des médecins en gestes techniques.
21 juin 2015 : Mariage avec Tiphaine.
1er septembre 2016 : Responsable de l'école du Samu (Cesu) pour les Vosges.
Mars 2019 : Début d'une formation à l'hypnose.
Fin juillet 2019 : Accident de la route de son épouse alors enceinte de sept mois.
23 août 2019 : Naissance d'Iris.

source : La Vie Magazine

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