mercredi 27 novembre 2019

Où suis-je ? avec Alain Bayod


Un jour à Ardenne, à la fin d'un atelier sur la "Vision sans tête", Douglas comme il aimait le faire me posa une question dont il avait envie de me donner la réponse en tout cas, sa réponse. Il me demanda: "Alain, d'après toi quelle est la question la plus importante à se poser ?"
Je me suis dis "facile". J'ai voulu faire le malin et je lui ai répondu " Généralement, on considère que c'est la question "Qui suis-je? mais c'est mieux de la formuler "Que suis-je?" cela évite plus facilement  le piège de l'identification. Douglas me répondit: "Oui, Que suis-je, c'est bien mais je suis convaincu que "Où suis-je? c'est mieux". Nous sommes passés à autre chose, mais j'ai souvent repensé à cette réponse. Où suis-je ?  

 Depuis, mon diagnostic de cancer, je suis devenu accroc à la méditation couché, pour plusieurs raisons que j'ai déjà évoquées ici même. Or, dans la pratique de la pleine conscience en position couchée, la question qui vient assez naturellement c'est justement "Où suis-je?"  Allez-y couchez vous, (support ferme, pas le lit....) fermez les yeux. Où êtes-vous? Avez-vous une forme, ici et maintenant, où seulement le souvenir d'une forme ? Nous savons plus ou moins que le langage, les mots que nous utilisons façonnent notre relation au monde et donc à nous-mêmes. Avez- vous réfléchi aux expressions limitantes que nous  utilisons. Où suis-je ? dans une BOÎTE crânienne, ou bien dans une CAGE thoracique, ou encore dans une CAVITE abdominale. Je fais l'expérience de pensées, est-ce que ces pensées s'originent, se développent et disparaissent dans une boîte, quelle boîte? Est-ce que vous ressentez les pulsations cardiaques dans une cage ? Quelle cage ? Est-ce que vous expérimentez le va et vient du souffle dans une cavité? Quelle cavité ? La réalité c'est que, en tant que conscience, nous sommes sans aucune forme, absolument ouverts, spacieux, sans aucune limite. Mais nous pouvons réaliser à quel point le mental se donne du mal pour nous maintenir dans les limites d'une forme qui n'est qu'un souvenir. Ah! très chère mémoire, le mental t'utilise pour maintenir la croyance de la prison. Nous n'avons pas de limite, pas de forme. Nous sommes nulle part donc nous sommes partout, nous sommes TOUT parce que nous ne sommes RIEN. Essayez, cherchez, ce n'est pas à croire c'est à VOIR.

Alors découvrir cela de manière directe, expérimentale et dans des conditions favorables, c'est facile mais qu'est-ce que ça change dans ma pratique spirituelle. dans ma vie de tous les jours.? Et bien c'est à vous de le découvrir. Mais ce que je peux en dire : c'est comme créer une brèche dans le processus d'identification au moi-je, c'est s'entraîner, s'habituer, se régaler à fréquenter l' Autre monde, celui qui est juste ici, juste derrière.
Le Vrai monde, le monde de l'Esprit, le monde de Dieu. C'est la seule issue, le seul espoir, la seule Bonne Nouvelle.
Arrêtons de parler de spiritualité sans tenir compte de la réalité de l'Esprit.
Arrêtons de patauger dans la gadoue de l'identification au  corps-mental, ne serait-ce qu'un instant, il faut bien commencer un jour. On va oublier, c'est sûr et on y reviendra inlassablement.
Erosion d'un coté et cristallisation de l'autre.
La Paix, la Joie et l'Amour de notre corps de Gloire nous attendent.
Retournez-vous, convertissez-vous, vous êtes l'héritier(re) du Royaume.
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source : blog Ipapy