samedi 26 août 2017

La compassion diminue la consommation de soins :


Certains font d'étranges raisonnements selon lesquels l'augmentation de la qualité des soins, en tout cas de la satisfaction des patients, créerait une demande encore plus grande. Des médecins de Toronto font, dans le "Lancet"(i), la démonstration du contraire : les sans-abri qui fréquentent les urgences ont moins tendance à revenir consulter lorsqu'ils sont traités simplement avec "compassion" et écoutés, que lorsqu'ils reçoivent l'accueil tout-venant par des professionnels souvent débordés.

L'expérience, qui a porté sur 133 sans-abri dans trois hôpitaux, était la suivante : des volontaires spécialement formés ont accueilli certains d'entre eux, leur offrant sandwich ou jus de fruit, discutant avec eux de leur situation ; les autres n'avaient droit qu'au traitement tout- venant.

Résultat : chez les premiers, le taux de retour à l'hôpital a diminué d'un tiers et se situait à 0,43 visites par mois, contre 0,65 pour l'autre groupe (un peu plus de 7 visites par an).
Les auteurs soulignent que le coût de la compassion - s'il avait fallu payer les volontaires ("si tant est que les gens doivent être payés pour être gentils")- excéderait les économies réalisées grâce à elle.  

Mais ils concluent : "La justification première de la compassion est la simple décence, pas les économies". 
R.C.

Le Quotidien du Médecin 9 mai 1995

(i)The Lancet 6 mai 1995, Redelmeier, Molin,Tibshirani (Toronto).

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