« L’estime… ne va pas de soi »
Louise Groux - Lion
« Maman, regarde mon beau dessin ! » Parfois, je cherche encore l’approbation des autres, comme la petite fille attend derrière la porte de recevoir son bisou. Vivre de mon travail exige une certaine reconnaissance – expositions, ventes, etc. Comment trouver l’équilibre entre estime de soi et orgueil, doute et humilité ? Face à mes premiers tableaux, maman me challenge : « Ce n’est pas abouti, ma chérie ! » Quant à mon père, je me tue à attirer son attention. Comme seule victoire sur son indifférence, j’obtiens : « Tu es ma fille, donc tu te dois d’être géniale. » À peine écrasant. J’ai arrêté de brûler mes œuvres quand j’ai identifié les blessures dans mon enfance et expérimenté la tendresse infinie de Dieu, destinée à chacun. Je suis désirée et digne d’amour. Je n’ai plus besoin d’une reconnaissance à tous crins. Quand je doute, désormais, je prie. Une de mes plus grandes joies réside dans les moments où je vis l’humilité en vérité.
L. Groux - N.D. de Paris
Un jour, je devais peindre un retable pour une commande privée, une scène de crucifixion. J’y allais la fleur au fusil, confiante, déterminée, persuadée de mener les choses rondement. J’ai été submergée par ce sujet insondable. La technique ? Les proportions ? Le souffle ? Quelque chose m’agressait. J’ai compris que deux sujets coexistaient : le temporel et le spirituel. Pour la technique, je m’étais préparée comme un soldat va au front. Un plan de bataille bien carré. Pour l’essence, j’ai dû finir à genoux et lâcher prise. Mon travail ne m’appartient pas. Je peins afin de donner à contempler beaucoup plus grand que moi-même. Pour combattre l’orgueil, rien de tel que d’avoir des enfants. Des phrases comme : « Maman, c’est quoi ton travail, en fait ? Tu dessines toute la journée ? » ou encore « Mamaaaaan, y a plus de papier toilette ! » font vite redescendre sur terre !
Louise Groux
Source : La Vie
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