À la faculté de médecine, aucun cours n'explique aux futurs jeunes médecins comment annoncer à une mère que son enfant est mort noyé, à un mari que son épouse n'a pas survécu à un accident de voiture, à un fils que son père a succombé à une hémorragie cérébrale après un malaise. Maladie grave, décès brutal, crise cardiaque... Nous ne sommes pas formés à ce moment que nous devons pourtant affronter très fréquemment aux urgences hospitalières.
Autant les annonces de cancer sont codifiées dans une procédure prédéfinie de longue date, autant pour le reste c'est le grand vide. Nous devons improviser dans une forme de solitude. J'ai, pour ma part, appris de mes pairs, en les observant directement sur le terrain.
Le temps
Je prends le temps qu'il faut, plus d'une heure si c'est nécessaire.
L'environnement
Je me place à la hauteur de la personne, dans un lieu calme et isolé.
Les mots
J'explique ce qu'il s'est passé en y allant le plus progressivement possible.
L'empathie
Je propose de l'eau, un café, j'essaie d'avoir une petite attention gentille, d'être dans une relation empathique. J'observe le langage non verbal de la personne en face de moi pour adapter mon discours. Est-elle nerveuse ? apathique ? Va-t-elle s'évanouir ? Je suis aux aguets.
La clarté
Je m'assure que le message est bien passé, que tout a été bien compris puis je réponds aux questions.
Le débrief
Après l'annonce, je débriefe toujours avec l'équipe - aides-soignantes, infirmières, médecins, etc. - car il arrive que je me sente mal, que certains hurlements de proches endeuillés résonnent encore dans ma tête, que je me projette dans une situation douloureuse, surtout quand cela concerne des jeunes gens ou des bébés. Je ne reste pas insensible. Je peux aussi avoir besoin d'en parler avec mon épouse en rentrant à la maison. Infirmière en réanimation, elle me comprend. Elle-même est parfois confrontée à des situations difficiles. Elle est toujours d'un grand soutien pour moi.
François-Xavier Moronval
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