vendredi 31 mars 2017

Geste d'évidente transcendance...



Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu'au tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les gestes qui nous relient aux évidences ...

Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers, pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrées ...

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Pierre Rabhi

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jeudi 30 mars 2017

un cadeau singulier avec Karine Cochonat


Ce beau livre, écrit par un médecin, d’abord dédié à Arnaud Desjardins, décrit de l’intérieur un triple processus : le difficile accueil de l’annonce du cancer ; le combat mené contre celui-ci ; et, à la faveur de cette épreuve, une transformation infiniment plus profonde, en lien avec un chemin spirituel authentique. Il s’agit d’un récit autobiographique, agrémenté d’un important glossaire de termes relevant des domaines médical et spirituel, de références bibliographiques et d’adresses utiles, qui se révèle aussi le récit d’un apprentissage, au plus concret d’un quotidien où se croisent les amours, les amitiés, les trahisons, les fous rires partagés… Chacun pourra y tracer des parallèles avec sa propre expérience des obstacles de l’existence. 

« Voici l’aventure que je viens vous conter », nous annonce d’emblée Karine Cochonat. De fait, il s’agit bien, dans les différents sens de ce terme, d’une « aventure » : à la fois d’une expérience peu commune, d’une véritable histoire, faite de rebondissements, et d’un immense abandon joyeux à ce qui doit arriver. Qu’est-ce qui doit arriver, sinon l’inconnu, imprévisible et revigorant par son goût de nouveauté perpétuelle, du mouvement même de la Vie ? Un mouvement auquel il s’agit de faire confiance, éperdument, malgré les doutes et les angoisses qui ne manquent pas de tenailler l’héroïne : « Traversée par cette foule de questions qui surgit, taraudée par ce questionnement lancinant sur le sens du cancer, j’apprends à me laisser porter par la Vie qui s’improvise, jour après jour. Avec ses premières fois. Et ses dernières fois. »


Ce récit, on le lit facilement, animé par l’envie d’en découvrir le déroulement et le dénouement, lequel est aussi une ouverture et la découverte d’une joie sans limites ; celle du cœur et de son intelligence propre : « La grande maladie du monde, c’est la fermeture du cœur, cette fermeture qui m’a empêchée pendant tant d’années d’aimer la Vie telle qu’elle est, de me sentir digne d’être aimée et de m’aimer telle que je suis avec mes fêlures, mes insuffisances mais aussi avec ma lumière et ma beauté. » Merci à Karine pour ce livre bien écrit et sensible, ce cadeau singulier, ce présent essentiel.


                                                           Sabine Dewulf

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mercredi 29 mars 2017

Dire du mal... avec Claude Sérillon

"Dire du mal est devenu normal, banal, une obligation compulsive, sinon, exister est impossible. En politique comme en littérature, dans la vie quotidienne, dans tous nos déplacements. Symptôme d'une grande peur chronique ? Course à l'audience, effet de concurrence sauvage ? Les médias s'amusent cruellement, intouchables et irresponsables. Ils donnent à longueur de jours l'exemple consternant d'une accumulation d'humeurs racoleuses où tout se vaut. Des deux côtés du miroir de la vie publique, j'ai vu se développer de façon irrésistible cette habitude de railler tout, de critiquer, de détruire. Comme si chacun d'entre nous ne se rendait plus compte qu'en disant du mal des autres on dit du mal de soi."


Il y a tant de bruits énormes qui assourdissent les jours. Ils semblent irrésistibles, forteresses d’images et de paroles qui s’abattent sur des peuples désormais tous reliés au point qu’il n’est pas inutile de redouter un asservissement unique.

Cette perspective n’est pas réjouissante alors j'écris aussi pour que nous puissions inventer des rythmes de vie qui s’égarent, des lignes de pensées enrichies d’affluents étrangers, que nous mélangions nos cultures, que demain, beaucoup plus tard, ils (nos descendants) puissent se moquer de nos peurs d'aujourd’hui, de cette manie que nous avions, diraient-ils alors, de dire du mal de tout, tout le temps.
Il faut sans attendre cultiver la discrète vertu de savoir se taire. Oh pas question de retraite entre quatre murs, d’abstention ou d'indifférence. L’éloge du muet serait pervers et débarrasserait les petits dictateurs qui sommeillent ici ou la-bas, à la tête d’un État, d’une grande société multinationale, de toute inquiétude... 

En revanche, le pressentiment de la nécessité du silence, de la réserve, de l’attention ralentie, pesée, à la nature humaine, le choix des mots qui frappent sans blesser, des signes qui marquent sans mépriser, seraient utiles. La tentation de réduire au silence ce qui dérange est constante chez l’homme puissant. Il a deux armes : celle de la censure et celle du brouhaha. 
Fermer les voies des voix populaires ou laisser toutes celles-ci s’annihiler. Interdire est impossible désormais. L’eau s’échappe des mains. Le monde numérique est une vague inarrêtable. C’est l’homme qui a créé ce dérèglement technologique, ouvert des vannes immenses où nous sommes désormais engagés sans capacité de revenir en arrière. Jadis on appelait ça le progrès. Certes. Et tant mieux. Il reste donc le grand bruit général, facteur de libertés et de tyrannies. Dire du mal est un signe de vitalité qui transporte en lui, virus constant, le gène de la défaite. Il reste le défi de bâtir une harmonie. Par l’éducation aux médias, par le rappel constant à la vérification des faits, à la rigueur intellectuelle, par le respect des idées des autres, par la tolérance vigilante, cette aptitude à écouter ce qui n’est pas soi, à ne pas prendre pour attaque personnelle telle ou telle critique, par le désir d’avancer sinon c’est triste.

Et moi j’aime éclater de rire.

Claude Sérillon
Dire du MAL

dimanche 26 mars 2017

Aux branches de l'amitié

Je vous partage un commentaire que j'ai reçu (merci à Lise)

"Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, je suis." Évangile selon saint Jean chapitre 8, verset 28

L'expression " élevé le Fils de l'homme" renvoie en moi à deux mouvements coordonnés. C'est à la fois prendre soin, nourrir, pour voir grandir le Fils en l'homme et porter plus haut que soi.

Cela commence chaque matin en un vécu ordinaire où Diès, le Jour, nous prend dans ses bras.

Dans les premières heures de chaque journée, flotte en moi des bribes de la veille reposée dans les bras de la nuit et je ne sais plus très bien où je suis .
C'est un trouble empli de brume et de marécages mentaux où mon corps semble plongé entre deux eaux sans autre issue qu'une sorte de flottaison, de dérive jusqu'à un morceau de terre ferme.
Impossible de savoir où se trouve et comment va se manifester ce havre salvateur où je vais reprendre pied, il me faut habiter le courant d'une vie qui semble se perdre pour que le refuge me trouve.

Alors je me raccroche aux branches de l'amitié.
C'est un geste instinctif qui saisit vivement ce qui flotte avec moi dans le lit du courant, ce qui va, ce qui vient et jamais ne se perd en chemin telle une douce brise qui me donne la main.
C'est une certitude de ne jamais être abandonné en étant tout abandon,
C'est l'évidence de ne jamais être perdu en étant au milieu de nulle part,
C'est l'assurance de ne jamais être défait en étant totalement désarmé.

Ce qui la donne est une flamme nourrie du bois aimant de la présence, 
Un feu intérieur où les braises ne sont jamais éteintes sous la cendre des jours,
L'âtre vivant de la Rencontre.

Je ne saurai dire si cela répond à l'injonction du Prophète car c'est une Parole qui me dépasse et que je ne saurais commenter.
Mais il y a cette Joie vive qui toujours répare les accrocs et laisse le ciel de ce Jour si calme et bleu qu'il en devient limpide , semant jusqu'à la nuit sous mes pas des graines de paix.

Lise

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samedi 25 mars 2017

Thupten Jinpa : « Osons la compassion ! »


Thupten Jinpa est le traducteur officiel du dalaï-lama pour les États-Unis. Bouddhiste tibétain, il rencontre sa sainteté très jeune, à l’âge de 10 ans. À partir de ce moment, son destin sera lié à celui du grand chef spirituel. Après Plaidoyer pour l’altruisme de Matthieu Ricard (NiL, 2013) ou L’Amour qui guérit de Sharon Salzberg (Belfond, 201), c’est un troisième livre majeur sur la compassion que vient de publier Thupten Jinpa : N’ayons plus peur. Oser la compassion peut transformer nos vies aux éditions Belfond.
Dans cet entretien exclusif, accordé au Monde des Religions et Philosophies.tv, il explique comment retrouver un rapport simple à ce sentiment (aussi naturel, à ses yeux, que la colère ou la jalousie) qu’est la compassion. Et comment la cultiver au quotidien.




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vendredi 24 mars 2017

Les fruits secs, prenez-en de la graine

Au petit déjeuner, en en-cas ou en guise de dessert, fruits secs, oléagineux et graines sont nos alliés et nous fournissent énergie et acides gras.

Longtemps considérés comme trop caloriques, trop gras et trop sucrés, les fruits secs, les oléagineux et les graines ont regagné leurs lettres de noblesse. Ils reviennent en force dans les rayons des supermarchés en mélanges tout prêts. Réhabilités par les nutritionnistes et les diététiciens, qui les préfèrent aux desserts et autres biscuits industriels au petit-déjeuner ou au goûter, ils sont riches en micronutriments. « Si nos besoins en oméga 6 sont en général comblés par l’alimentation, nous manquons d’oméga 3 qui participent à la construction des membranes cellulaires et favorisent le bon fonctionnement des systèmes cardiovasculaire, nerveux et inflammatoire. Or, certaines graines ainsi que certains oléagineux en regorgent. Associés aux fruits ou aux baies pour l’apport énergétique, vitaminique et antioxydant, voilà un excellent petit déjeuner ou dessert, et pas uniquement en hiver où l’on a plus classiquement coutume de les ­consommer », souligne Franck Senninger, médecin nutritionniste. Alors, n’hésitez plus à les inviter à votre table…

Les bons alliages

Graines de lin, de chanvre, pépins de courge, noix, noix de cajou, amandes, noisettes… sont les plus riches en oméga 3. Bonnes sources d’énergie – ils sont caloriques –, d’antioxydants qui préviennent le vieillissement cellulaire, de minéraux et oligoéléments (calcium, magnésium, fer…), ils ont l’avantage de stimuler les transits paresseux. De plus, selon une étude menée par des chercheurs américains, les noix, amandes, noisettes et pistaches consommées dans le cadre d’une alimentation équilibrée réduisent naturellement le taux de mauvais cholestérol, à raison de 67 g par jour. En revanche, le nutritionniste recommande d’éviter les cacahuètes et les graines de tournesol, très riches en acides gras oméga 6, déjà présents en trop grande quantité dans notre alimentation.
On peut les associer à toutes les baies séchées et fruits secs, de préférence bio, pour que leur teneur en vitamines et minéraux ne soit pas gâchée par la présence de pesticides et insecticides. Les fruits secs, plus riches en fibres que les frais, contiennent trois fois plus de minéraux (potassium, calcium, magnésium, fer) : c’est dire leur intérêt nutritionnel !

Pour le corps et le cerveau

Les abricots secs ou les dattes apportent du phosphore, du fer, du potassium et assez de vitamine A pour soutenir un effort intellectuel important (en cas de forte charge de travail ou en période d’examens). Les pruneaux sont un remède naturel contre la constipation avec leurs fibres laxatives, tout comme les figues sèches qui luttent, en plus, contre ­l’anémie (quatre fruits secs apportent un quart des besoins journaliers recommandés en fer). Les raisins secs ont une teneur élevée en bore (2,2 mg/100 g), un oligoélément qui favorise la santé des os et prévient l’ostéoporose (à raison d’une poignée par jour, soit 1 à 2 mg de bore par jour). Au rayon des baies séchées, goûtez la canneberge (ou cranberry) d’Amérique du Nord, antioxydante et antibactérienne : elle a prouvé ses effets préventifs contre l’infection urinaire. Testez le goji, une petite baie de l’Himalaya, très riche en vitamine C (une vitamine fragile et quasi inexistante dans les autres fruits séchés), antioxydants, minéraux et oligoéléments.
Et n’hésitez pas à découvrir l’aronia, une petite baie noire peu sucrée originaire d’Amérique du Nord et cultivée en Europe de l’Est. Très riche en puissants antioxydants de la famille des polyphénols, elle protège les tissus de l’œil des rayons ultraviolets, tout comme la myrtille séchée.

Gare aux quantités !

« Au petit déjeuner, une poignée de graines ou d’oléagineux avec une autre de fruits secs ou de baies, c’est suffisant, précise le nutritionniste. On peut les mélanger à un fromage blanc ou à un yaourt, puis boire un café ou du thé ainsi qu’un petit verre de jus de fruits frais, et on a du peps à revendre pour la journée ! »
Vous rêvez de glisser quelques fruits secs dans la poche de votre ado pour qu’il les grignote dans la matinée ? Une mauvaise idée selon le nutritionniste, qui estime que « les repas fractionnés dérèglent les rythmes alimentaires. S’il mange sa poignée de fruits secs à 11 h, il aura moins faim à midi, puis il aura envie de faire un gros goûter, conséquence d’un menu de la mi-journée trop léger, et ainsi de suite… S’il n’aime pas trop le petit déjeuner, négociez pour qu’il avale juste un fruit pressé et une belle poignée de fruits secs et oléagineux avant de partir, c’est préférable ».
Pour le déjeuner et le dîner, il est en revanche possible de remplacer le dessert par une poignée de fruits secs ou de les associer à une salade verte (toujours sans dessert). Une petite touche sucrée en fin de repas est compatible avec une alimentation équilibrée si l’on essaie de réguler son poids : mais interdiction totale de la consommer en dehors des repas ! Et cela représente une excellente source de calories et aliments essentiels pour les personnes âgées qui souffrent de dénutrition.
Une poignée de fer…
Une cuillère à soupe de graines et d’oléagineux ajoutée à trois ou quatre fruits secs (abricots, dattes, figues, pruneaux…) ou bien une cuillère à soupe de baies séchées ou de raisins secs. À consommer une ou deux fois par jour, à la place du dessert si la poignée de graines, oléagineux et fruits secs est prise en dehors du petit déjeuner.

À lire

Les Aliments qui entretiennent votre santé, de Franck Senninger, le Dauphin.

source : La Vie
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jeudi 23 mars 2017

La fabrique familiale de mensonges


Deux spécialistes du travail sur les émotions : André Charbonnier et Christophe Massin avec qui j'ai eu la chance de cheminer. Dommage que je n'ai pas la vidéo en entier...



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mercredi 22 mars 2017

Réveil des monstres... pourquoi ?

Extrait (qui se situe vers la fin du dialogue entre le jeune homme et la sexagénaire ) ... 
(extrait de la réédition de Le Défi d'Etre, dialogues avec Denise Desjardins, Dervy Livres, mars 2017)

On a envie de vous demander : à quoi bon en passer par là ? Pourquoi ne pas vivre tranquille en laissant sommeiller les monstres qui dorment en nos profondeurs, puisque leur réveil provoque de tels bouleversements...
Je vous répondrai que si monstres il y a, on ne vit pas tranquille ! Tout au plus réussit-on, en dépensant beaucoup d’énergie, à survivre avec ses démons, à se maintenir dans un pseudo- équilibre sans cesse menacé. 
On habite sur un volcan prêt à se rallumer, ou au sommet d’un immeuble susceptible de s’effondrer à la moindre secousse. Je n’appelle pas cela vivre... 
D’autant que, plus les années passent, plus l’édifice se fissure, et l’on ne se dirige pas vers un vieil âge et une mort paisibles. Par ailleurs, tout dépend de ce que l’on veut, de ce que l’on recherche. Je ne voyais pas en Svâmiji un psychanalyste ou un thérapeute, mais bien un gourou, un sage dispensant un enseignement métaphysique. 
Le lying s’intégrait dans une démarche globale de connaissance de soi et de recherche du Soi ; c’était un élément parmi d’autres de la quête de l’absolu. Je ne me considérais pas vraiment comme une femme soucieuse de guérir de sa névrose mais comme une apprentie-disciple d’un maître védantique, et c’est là toute la différence. Je n’étais pas partie en Inde pour y dénicher un super psychanalyste, même si le lying a joué un rôle essentiel dans mon propre cheminement. toutes les traditions spirituelles enjoignent aux disciples d’affronter leurs démons et ne cachent pas que cette démarche comporte certains dangers. 
Comme le disait Svâmii : « Le chemin n’est pas pour le lâche. » Il faut assumer et payer le prix. Peut-être ai-je moi-même payé un prix très élevé... mais je ne le regrette pas. Oui, vraiment, je ne regrette pas d’avoir payé le prix de la vérité. J’ai rencontré et connu la vérité de mon être, et cela n’a pas de prix. Si c’était à refaire, je recommencerais. un certain degré de liberté intérieure, le fait de ne plus subsister dans une attitude défensive ou de camouflage vis-à-vis de mes propres émotions, valaient bien cela.


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mardi 21 mars 2017

Rappel mental...

«On dit que l'on vit dans le monde. C'est une affirmation fausse. C'est une illusion. En réalité on ne vit pas dans le monde. On ne vit pas avec quelqu'un d'autre. On vit toujours dans son propre monde. On ne parle pas à quelqu'un d'autre. On parle à un objet de sa propre création. Voilà ce qu'est le mental.

Pour vérifier ceci, essayez seulement de voir si vous avez une émotion, un trouble, un sentiment de mal-à-l'aise quelconque en vous ? Comment vous sentez-vous ? Toujours la même question. Comment vous sentez-vous réellement : êtes-vous tout à fait à l'aise ou non ?... Si vous vous êtes séparé de la réalité, essayez encore une fois de voir ce qui se passe. La dualité est la nature véritable du mental.

La dualité est la caractéristique de la création : action-réaction, haut et bas, chaque chose a une forme duelle. Il n'y a rien sans dualité. Une seule roue pour une charrette ne suffit pas. Deux roues sont indispensables...»

Swami Prajnanpad, 
«L'expérience de l'unité»

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lundi 20 mars 2017

Le printemps, naissance et force terrestre


Eclosion d'un équinoxe.
Un zénith équatorial
Irrépressible élan...


L'eau, naissance et force spirituelle






Rien n'est comparable à l'eau sinon la spiritualité elle-même. 
Insaisissable dans sa structure, en constant dynamisme, prenant la forme de tous les contenants sans en conserver aucune, capable de percer la roche sans pourtant s'opposer à quoi que ce soit, bonne à tous les êtres sans rien demander à personne, origine du Ciel et de la Terre, mère de toutes choses, l'eau est l'alpha et l'oméga de la vie, l'expression de Dieu.

« La Perfection est comme l’eau » dit le Daode Jing de Lao Zi  au chapitre 8 mais l'eau ou sa symbolique (sous la forme de la clé de l'eau présente dans maints caractères chinois) se retrouve tout au long de ce texte fondateur du taoïsme.
Ainsi, la première phrase du Daode Jing: « le tao exprimable n'est pas le Tao » peut également s'appliquer à l'eau : l'eau  que l’on pourrait enfermer dans un concept, un nom ou une métaphore ne saurait être la Vraie Eau, la seule chose permanente dans l'eau étant son impermanence.  C'est aussi la conclusion de Yann Olivaux (La nature de l'eau): « Nous pouvons parler de l'eau mais pas LA parler.»

L'eau ne peut se définir que par elle-même. Tout s’écoule, panta rhei, dit Héraclite et c’est pourquoi on ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve. On ne saurait même s'y baigner une seule fois... et maints fleuves (du Nil au Gange, de l'Indus au Jourdain en passant par le Mékong qui signifie "Mère des eaux") ont de fait été sacralisés...

L'eau nous dépasse et nous ne serons jamais capables d’en saisir tout le mystère. C'est, en un sens, ce qui fait son charme et sa beauté. Accepter ce mystère pourrait aussi être la « Porte de la compréhension » dont parle Lao Zi. La nature nous transcende et il est illusoire d’essayer de la maîtriser. Nous ferions mieux de la respecter et de nous placer en syntonie avec elle...


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dimanche 19 mars 2017

Le corps libre, lieu de vérité


« La vérité vous fera libres. »



Évangile selon Jean, chapitre 8, verset 32

Dieu désire l’homme libre, à son image, totalement unique. Notre créateur nous veut déliés de tout : du monde, des autres, de la religion, de nos origines, de nos héritages multiples, de notre histoire même… Libre de Dieu aussi. Rien ni personne n’a le droit de mettre la main sur un autre. Jésus prend chair — de notre chair — pour lui redonner sa liberté primordiale, l’extirper de ses esclavages.
Chaque personne a le choix fondamental entre survivre et vivre : survivre en se nourrissant de la vie des autres, ou bien au contraire vivre en servant la vie des autres, en donnant sa propre vie. Le tout de nous-mêmes, notre corps, peut être libre même quand il souffre, même s’il est limité. Il est des êtres libres, même si leur corps est dépendant et porteur de handicap, il est des personnes profondément libres même en prison, il est bien des visages lumineux au sein de leurs bosses, leurs rides et leur âge.
Rien ne sera perdu, pas un cheveu de notre tête*, nous affirme Jésus. Tout de notre histoire compte, tout est essentiel, dès ici-bas, nous bâtissons notre corps de vie éternelle. Nous sommes libres parce qu’habités par l’Esprit, libres parce que déjà sortis de la mort, qui ne sera plus que l’instant ultime d’une libération totale et définitive. C’est par le don du Christ dans sa chair que le monde est sauvé, extrait du mal, soustrait à la mort. « Tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : voici, je viens. »** Notre corps est le lieu de notre vérité.

Frère Jean-Pierre Brice Olivier 
Couvent de Lille


* Évangile selon st. Luc ch. 21, v. 18
** Psaume 39, 7-8

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samedi 18 mars 2017

L'ermite Frère Antoine

Frère Antoine : aujourd'hui, il fête 51 ans de grotte... 






"N'attrape indigestion que qui s'est trop goinfré, n'est victime de vol que qui est attaché, 

ne peut perdre la vie que qui n'est pas défunt, ne peut être vexé que qui se croit quelqu'un.


Personne absolument ne peut être déçu, que qui mise sur quoi faut pas compter dessus. 

Pour avoir en tout temps une joie brevetée, mets ton bonheur en ce qui est à ta portée.


Nul ne peut tomber dans la peine ou l'affliction, qui ne se soit laissé bercer par l'illusion,

s'il germe dans ton cœur le plus menu chagrin, personne autre que toi n'en a semé le grain.


Cela qui est mordable seul peut être mordu, cela qui est perdable seul peut être perdu.

Et plus vite tu perds ce qui est périssable et plus vite ta tête émergera du sable.


Sors du sable ton bec, petite sœur autruche, et au cas où ta tête heurterait une cruche, 

si ça sonne le creux n'en croit pas pour autant que c'est la cruche qui est vide forcément.


Ce que tu as perdu n'est pas bien regrettable, car tout ce qui se perd n'est pas vraiment valable, 

si t'avais mis dedans bien trop d'éternité, dis donc y'en a encore beaucoup plus à côté." 

-Frère Antoine


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vendredi 17 mars 2017

Pied de nez à la maladie...


Les vivants n'ont pas d'âge. Seuls les morts- vivants comptent les années et s'interrogent fébrilement sur les dates de naissance des voisins. 
Quant à ceux qui voient dans la maladie un échec ou une catastrophe, ils n'ont pas encore commencé de vivre. Car la vie commence au lieu où se délitent les catégories. 
J'ai touché le lieu où la priorité n'est plus ma vie mais LA VIE. C'est un espace d'immense liberté.

Christiane Singer ~ Derniers fragments d'un long voyage.


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jeudi 16 mars 2017

Un pont à construire...



« Personne ne peut bâtir à ta place le pont qu’il te faudra toi-même franchir sur le fleuve de la vie, personne hormis toi. 

Certes, il existe des sentiers et des ponts et des demi dieux sans nombre qui offriront de te porter de l’autre côté du fleuve, mais seulement au prix de toi-même: tu te mettrais en gage et tu te perdrais. 

Il n’existe au monde qu’un seul chemin sur lequel nul autre que toi ne peut passer. Où mène-t-il? 
Ne te le demande pas. Suis-le. » 

Friedrich Nietzsche, 
considérations inactuelles III

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mardi 14 mars 2017

En route avec... qui suis-je ?...



Posez-vous bien la question : « Mais qui suis-je ? Celui ou celle de ce matin, celui ou celle d’hier, celui ou celle de la semaine dernière ? » et observez. Bien des fois, vous avez pris une décision et, quand il a fallu exécuter cette décision, vous ne compreniez plus pourquoi vous l’aviez prise. Bien des fois, vous avez voulu une chose et, quand cette chose s’est réalisée, vous n’étiez plus celui qui l’avait tellement voulue.

Chacun doit regarder ceci pour soi. La première constatation est celle de cette instabilité, le contraire de l’immuabilité. La seconde constatation est celle de cette complexité, le contraire de la simplicité. Pendant longtemps, un être humain est vraiment fait de pièces et de morceaux, psychologiquement, mentalement, émotionnellement. La première étape, c’est d’abord de perdre des illusions bien ancrées – qu’on peut perdre très vite intellectuellement, mais qu’on ne perd pas vitalement – sur une prétendue unité et une prétendue stabilité. 
Quand vous aurez observé que vous (pratiquement) vous n’existez pas, la question « Qui suis-je ? » prendra un sens concret. Pas : « Je vais méditer, méditer, demander qui suis-je, frapper à la porte du cœur, et un jour l’atman va se révéler. » Non, tout de suite, la question se pose, et tout de suite, des éléments de réponse vont commencer à venir. 

« Mais qui suis-je donc ? » La question est toute simple. 

Arnaud Desjardins
Le vedanta et l’inconscient  
À la recherche du soi III 


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lundi 13 mars 2017

Hommage à Roop Verma


Q : Pourrais-tu nous donner une définition de la "musique spirituelle" ?
Je crois que tout ce qui est issu de la nature, toute la vie est musique, et que la manière dont nous nous relions à la vie et à la nature nous permet de qualifier ou de différencier telle musique de telle autre. La musique spirituelle est celle qui nous relie à l'esprit ou au spirituel. Comment nous relier à l'esprit ? Il y a une forme de méditation à laquelle on peut associer une activité, elle est source d'énergie. Cela signifie que vous donnez la couleur ou la force de la méditation à cette activité ou à toute forme d'art. Voilà ce qu'est toute musique pour moi.
La musique sacrée ancienne était composée selon ce principe ; on sélectionnait des notes, on combinait certains sons ; le plus important n'était pas l'architecture musicale, c'était la force que la musique recevait grâce à la méditation, et elle devenait spirituelle parce qu'elle provoquait un état dans lequel on pouvait faire l'expérience de la relation avec le reste de l'univers, avec la création toute entière, ou, si je puis dire, avec l'esprit.
Revenons à la musique ancienne ; comment est-elle apparue à l'origine ? Nos très lointains ancêtres avaient appris à sauter, à inventer des danses et à produire différents sons pour créer une sorte de musique. Ce n'est que plus tard, quand les maîtres des temps anciens ont accédé à des états de conscience plus profonds en méditant qu'ils ont entendu ou perçu des sons dans leur tête et dans leurs oreilles. Nous appelons ce son "le Nad intérieur".
Les hommes étant par nature curieux, ils ont essayé de retrouver ce son béni qu'ils avaient entendu et qui venait de l'intérieur d'eux-mêmes. Ils ont alors inventé toues sortes d'instruments pour l'imiter, mais en vain.
Voilà un procédé qui va de l'intérieur vers l'extérieur. Une fois que ces instruments furent créés, il devint possible d'inverser le procédé, c'est à dire, de trouver des sons à l'extérieur qui en en entrant en résonance avec l'intérieur permettent de retrouver cet état. C'est la vibration, la résonance qui agit dans ce principe.

Q - Comment sais-tu quand il s'agit d'une musique spirituelle ou d'une autre musique ?
La musique spirituelle est celle qui porte l'énergie de l'être humain, de tout l'être. Je ne dis pas que les musiciens qui font de la musique Pop ou Rock ne mettent pas d'énergie dans leur musique. Au contraire, ils déploient une énergie considérable, mais elle vient d'un mouvement extérieur, c'est une énergie physique, or nous parlons d'une énergie spirituelle, de celle qui suit un mouvement vertical, non un mouvement horizontal dans lequel on continue à se mouvoir sur un même plan. Dans un mouvement vertical vous allez de plus en plus profond ou de plus en plus haut. Dans la méditation c'est ce mouvement que nous rencontrons, qui donne la profondeur, la qualité, le sentiment spirituel : une étincelle divine. Quand vous écoutez cette musique, vous êtes en harmonie avec la nature, la création, vous-même et les autres qui eux aussi ressentent la même chose. Quand vous sortez d'un concert rock, vous êtes très excités, vous avez envie de bouger, une activité surgit. La musique spirituelle au contraire vous met dans une attitude de repos. Dans le cycle de la création, il y a l'activité et le repos, le mouvement et le repos : l'activité est pour la création, le repos pour la re-création, pour se ré-énergétiser. Les battements du coeur aussi ont ces deux phases, systole et diastole, contraction et décontraction et c'est merveilleux de savoir que la période de repos est la plus longue ; que le coeur se repose plus qu'il ne travaille ; donc que le repos est plus important car il nous ramène à notre état neutre. Je crois qu'il y a un point d'équilibre quand nous sommes un avec la nature ; c'est ainsi que je définis la non-activité consciente, car la conscience est très éveillée au moment où l'activité est réduite à zéro. Dans notre langue nous avons un mot pour traduire cet espace : c'est "Akasha". C'est quelque chose de très subtil. Le même espace est à notre disposition ici, entre vous et moi, entre nous et le soleil, entre le soleil et les autres galaxies ; c'est le même espace, on ne peut pas le diviser, et c'est la même énergie qui fait que si vous produisez un son ici, comme ce claquement de doigts, en deux secondes il a fait sept fois le tour de la planète. En cet instant, vous êtes unis à l'espace, vous êtes reliés au tout si vous êtes totalement conscient. Un son créé ici est partout, tout est relié dans l'espace, les planètes, les galaxies... et si maintenant je vais cueillir une fleur dans le parc, je fais bouger une étoile car elles sont reliées. Cette inter-relation doit, absolument, être reconnue.

Q - Quand tu parles, tu es présent totalement et je sens avec toi tes ancêtres d'il y a des milliers d'années.
Oui, absolument. Un jour, quelqu'un m'a demandé ce qu'étaient l'esprit individuel et l'esprit universel. Je lui ai répondu par une question :
"Qu'est l'esprit individuel selon toi ?
– C'est moi, je suis un individu donc c'est mon esprit.
– Et si tu réunis les esprits présents et tous ceux des temps passés, c'est l'esprit universel."
L'esprit des ancêtres, de tous les grands hommes, celui des grands compositeurs, des musiciens, etc, irradie. Leur corps n'est plus, mais l'énergie de leur esprit est toujours là et partout ; c'est l'esprit universel ; un tout collectif et c'est à cette source que nous pouvons puiser en tout temps.
De la même façon, quand vous tournez le bouton de la radio et la mettez sur une fréquence, vous entendez les nouvelles, de la musique, etc. D'où viennent-elles ? Comment pourraient-elles nous parvenir si elles n'étaient pas déjà présentes dans l'espace ? Les images que vous regardez à la télévision apparaissent sur l'écran quand vous l'allumez ; la télévision est là pour recevoir les images déjà présentes dans l'espace. Si nous pouvions devenir comme ces instruments, nous pourrions recevoir tous les messages. Dans ces exemples, la connexion, la relation entre l'esprit individuel et l'esprit universel apparaît comme un processus. Plus vous êtes capables d'abandonner de votre individualité, plus vous êtes reliés à l'esprit suprême.

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dimanche 12 mars 2017

Corps glorieux

Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, je suis.
Évangile selon saint Jean chapitre 8, verset 28



Nous ne pouvons pas être en dehors de notre corps, c’est pourquoi nous croyons à la résurrection des corps, dès maintenant et par-delà la mort. Il s’agit d’accueillir dès maintenant l’éternité dans notre temps. Apprendre à vivre chaque instant comme l’avènement même de l’éternité : une plénitude de la présence. Dès à présent, soyons présents aux présents. 

Le corps glorieux n’est pas celui — narcissique — que nous vante la publicité des salles de sport, mais bien celui qui déjà s’annonce humblement dans notre existence, dans la traversée des petits bonheurs et des grandes douleurs, marquée par l’amour et la trahison, la prière et le doute, la guerre et le repos, la générosité et le pardon. 

Le corps glorieux n’est pas celui d’une plastique idéalisée, mais celui qui s’annonce dans sa vérité la plus authentique, qui porte les stigmates de ses labeurs solitaires pour sa vie et les cicatrices de ses combats pour la vie des autres ; semblable au corps du Christ ressuscité qui honore les plaies de sa Passion. Dans l’attente de son accomplissement total, le corps glorieux se laisse déjà découvrir sur cette terre : malgré l’embonpoint, qu’il claudique ou qu’il soit amputé, un corps habité, vivant, libre, rayonne d’une vie qui vient d’ailleurs. Déjà, notre corps glorieux nous est à portée de corps. Du corps inconnu au corps habité, du corps méprisé au corps exposé, du corps celé au corps parlé, du corps honteux au corps glorieux, nous sommes en chemin pour arriver à : je suis. Notre corps est le lieu de notre résurrection. 

Frère Jean-Pierre Brice Olivier



source: carême dans la ville


vendredi 10 mars 2017

Un rendez-vous... de développement personnel ludique...

Toucher du bois...


Francis Picabia 
Femme aux arbres

Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
C'est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse
Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe?
C'est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.
Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route ,
Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s'envole.

Jules Supervielle


mercredi 8 mars 2017

S'ouvrir au Féminin...




« J’appelle féminin cette qualité que la femme réveille au cœur de l’homme, cette corde qui vibre à son approche. 
J’appelle féminin le pardon des offenses, le geste de rengainer l’épée lorsque l’adversaire est au sol, l’émotion qu’il y a à s’incliner. 
J’appelle féminin l’oreille tendue vers l’au-delà des mots, l’attention qui flotte à la rencontre du sens, le palpe et l’enrobe. 
J’appelle féminin l’instinct qui au-delà des opinions et des factions flaire le rêve commun. »

Christiane Singer, « Une Passion. Entre ciel et chair », 
Espaces Libres, Albin Michel

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mardi 7 mars 2017

Pensée de la semaine avec Matthieu Ricard


«The Little Deer», peinture de Frida Kahlo
Au départ, il faut être poursuivi par la peur de la naissance et de la mort comme un cerf qui s'échappe d'un piège. 
À mi-chemin, il ne faut rien avoir à regretter, même si l'on meurt à l'instant, comme le paysan qui a travaillé la terre avec soin. 
À la fin, il faut être heureux comme celui qui a terminé une immense tâche [...]. 
Ce qu'il faut surtout savoir, c'est qu'il n'y a pas de temps à perdre, comme si une flèche avait atteint un point vital de notre corps.

Gampopa, Sonam Rinchen (sgam po pa dwags po lha rje, bsod nams rin chen, 1079-1153), cité oralement par Dilgo Khyentsé Rinpotché.
GAMPOPA (1079-1153)

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lundi 6 mars 2017

De la conduite à la présence


Revenant de Lisieux, sous la pluie, je vous partage une excellente vidéo avec Mooji :





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