dimanche 28 février 2021

Hommage à Philippe Jaccottet et à la pleine lune



M'étant penché en cette nuit à la fenêtre,
je vis que le monde était devenu léger
et qu'il n'y avait plus d'obstacles.
Tout ce qui
nous retient dans le jour semblait plutôt devoir
me porter maintenant d'une ouverture à l'autre
à l'intérieur d'une demeure d'eau vers quelque chose
de très faible et de très lumineux comme l'herbe :
j'allais entrer dans l'herbe sans aucune peur,
j'allais rendre grâce à la fraîcheur de la terre,
sur les pas de la lune je dis oui et je m'en fus...
Philippe Jaccottet

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Depuis la mère...

 


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samedi 27 février 2021

Rencontre avec quelqu'un

 



« C’est mon grand-père qui m’a appris le nom des arbres, quand j’étais encore tout petit. Et je me souviens qu’un jour, en me faisant admirer un chêne énorme et de forme parfaite, il m’a dit : « Tu vois, mon petit, un arbre comme celui-là, c’est quelqu’un ! »
Je souhaite donc simplement, quand vous rencontrerez un arbre, de pouvoir dire aussi que c’est plus que quelque chose, mais quelqu’un. Vous aurez alors fait un grand progrès spirituel, car au lieu de seulement connaître, vous aurez aussi compris »
Georges Becker : L’Âme de la forêt

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Poésie encore vivante

 


"Tel est le monde
Nous ne le voyons pas très longtemps : juste assez
Pour en garder ce qui scintille et va s’éteindre,
Pour appeler encore et encore, et trembler
De ne plus voir."
Philippe Jaccottet.


« La poésie serait la part toujours inconnue et toujours obscure de nous-même et du monde ; elle se situerait à la conjonction de trois points : une attention si profonde au visible qu’elle finit nécessairement par se heurter à ses limites ; une attention à la langue, mais sans verser dans l’excès de maîtrise qui conduit à la virtuosité, à l’ornement, à la surabondance ou à l’extrême complication des figures ; une attention à l’être, enfin, ce point central d’extrême densité où tous les contraires se fondent, ce foyer d’où rayonne une lumière inoubliable, serait-elle même illusion. »


Philippe Jaccottet, L’Entretien des muses , "Remarques", Gallimard, 1968

vendredi 26 février 2021

Sans souci...



"Chaque mois, le disciple envoyait à son maître un rapport sur ses progrès.
Le premier mois, il écrivit :
"J'éprouve une expansion de la conscience et je fais l'expérience de mon unité avec l'univers."
Le maître jeta un coup d'œil à la note et la jeta.
Le mois suivant, voilà ce que le disciple avait à dire :
"J'ai finalement découvert que le Divin est présent en toutes choses."
Le maître sembla déçu.
Le troisième mois, les mots du disciple s'exclamaient avec enthousiasme :
"Le mystère de l'Un et du multiple s'est révélé à mon regard émerveillé."
Le maître hocha la tête et jeta de nouveau la lettre.
La lettre suivante disait :
"Personne ne naît, personne ne vit et personne ne meurt, car l'ego n'existe pas."
Le maître leva les bras au ciel dans un geste de total désespoir.
Après cela, un mois passa, puis deux, puis cinq - et finalement une année entière sans aucune lettre.
Le maître pensa alors qu'il était temps de rappeler à son disciple qu 'il avait le devoir de le tenir informé de ses progrès spirituels.
Alors le disciple répondit :
"Qui s'en soucie ?" (Who cares ?).
Quand le maître lut ces mots, un air de grande satisfaction s'afficha sur son visage."
Ramesh Balsekar
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Le premier pas est vers soi.

 


Avant de vouloir prendre soin d'autrui, il faut d'abord être capable de s'aimer soi-même. L'amour de soi ne s'appuie pas sur un sentiment de dette personnelle dont nous serions redevables envers nous-mêmes, mais simplement sur le fait que, par nature, nous aspirons tous à être heureux et à ne pas souffrir. Ce n'est qu'après avoir accepté cette bienveillance à l'égard de soi qu'il est possible de l'étendre à tous les autres.

Extrait résumé et adapté de Les Voies spirituelles du bonheur, Presses du Châtelet, Paris, 2002; Points Sagesse, Seuil, 2004.

FOURTEENTH DALAI LAMA, TENZIN GYATSO (B. 1936)

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mercredi 24 février 2021

Chatgement...

 


"Vouloir changer le cours des choses,
C'est comme tenter
De dresser un chat à aboyer ...
Un conseil ...
Laissez tomber !
Byron KATIE

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mardi 23 février 2021

Interdépendance joyeuse


J'éprouve une joie intérieure immense lorsque je me sens en parfaite connexion, lorsque je ressens que je fais partie de chaque molécule qui danse autour de moi. 
C'est comme si j'avais une transmission de l'Univers qui me fait rire très très fort à l'intérieur. Je ressens le lien sacré, l'Amour avec le Tout, la joie émerge à l'intérieur de mon cœur et sort par toutes mes cellules.

 Ce qui me bouleverse et me rend profondément heureux, c'est de constater l'impact indiscutable de cette joie sur les autres êtres et tout l'environnement. Comment dire après ça que tout n'est pas en interdépendance ? 

 Nassim HARAMEIN --- 
 Director of research for Resonance Science Foundation.

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Changement intérieur


 Quelques pas vers un changement conscient : shiatsu pour dénouer nos tensions ancrées ou travail sur nos origines et nos mécanismes venus du passé (constellations)...

Le principal est de suivre le changement par une transformation intérieure.


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lundi 22 février 2021

Je suis le Soi et son serviteur

 أنا الذات و خادمها


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Voyage spirituel

 

L'une des choses les plus importantes peut-être dans le taoïsme c'est ce qu'on appelle l'efficace.

C'est ce mot Ling qui dit en même temps qu'il y a un lien au ciel… peu importe... au Dao ou au Ciel Antérieur, mais en même temps, ça veut dire : efficace.

Donc, je dis souvent, la spiritualité - d'abord, il faudrait s'entendre sur ce qu'on entend par spiritualité - mais quand on s'engage dans une voie spirituelle, c'est qu'il y a une forme de gestion de projet en réalité. Oui, il ne faut pas laisser son cerveau de côté.

On part en voyage n'importe où, on va quand même prendre un sac, regarder la carte, regarder la météo, on va prendre des bons habits, et puis la bonne monnaie. Pourquoi ce qu'on ferait pour un voyage banal, on n'aurait pas le même soin à le faire dans peut-être le plus grand voyage qu'on peut faire dans une vie ?

Fabrice Jordan
Extrait de l'entretien pour Qi Connexion

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dimanche 21 février 2021

Un jardin de Carême

 

C’est de ma mère que je tiens cela : il y a deux façons de faire, dans un jardin. Il y a ceux qui sont obsédés par les mauvaises herbes. Ils passent leur temps à essayer de les éradiquer. Au bout du compte, les meilleurs obtiennent un jardin impeccable – et ils en sont très fiers. Tout est au cordeau, sans une herbe sauvage. Mais il n’y a pas une fleur : ils n’ont pas eu le temps de s’en occuper.

Et puis il y a ceux qui sont passionnés de fleurs. Ils passent leur vie à les soigner. Au passage, ils arrachent une mauvaise herbe, bien sûr. Mais ils n’en font pas une affaire : ce qui les intéresse, c’est de faire fleurir les massifs et de faire porter du fruit aux arbres du jardin. Et au bout du compte, il y a tellement de fleurs qu’il n’y a plus de place pour les mauvaises herbes.
J’en ai assez de ces carêmes qui ne servent à rien. Tout y est négatif : on passe la première moitié du carême à détecter son défaut dominant (vous ne le savez pas encore, depuis le temps ?), et l’autre moitié à essayer de l’éradiquer. Peine perdue : nous mourrons tous avec notre défaut dominant ! Les défauts ne diminuent pas avec l’âge, ils augmentent.
Heureusement, c’est la même chose pour les qualités. À savoir, donc, si les qualités vont croître plus vite que les défauts, voilà la vraie question… C’est une affaire de tactique et de regard. « Il y a un temps pour arracher et un temps pour planter », dit Qohéleth (Qo 3,2 ), mais le plus important, c'est la récolte ! « C’est moi qui vous ai choisis et établis, dit Jésus, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jn 15,16).
Je voudrais donc vous proposer un carême dans les fleurs… Oh, bien sûr, il y a un peu de nettoyage à faire ! Il faut le faire de bon cœur, et joyeusement. Mais il faut surtout se rappeler que le but n’est pas d’avoir un jardin bien propre, mais un jardin bien fleuri ! On le voit à l’avance, on l’imagine, on en rêve. Il faut se lancer dans le carême les yeux et le cœur fixés sur l’alléluia pascal : comment vais-je le chanter cette année ?

Jeûner, c’est tailler. Pourquoi taille-t-on un rosier ? Pour trois raisons : la taille stimule et ravigote ; elle domestique la plante et lui donne une jolie forme ; et enfin, elle lui garantit une bonne santé en lui redonnant de l’air et de la lumière. Il faut y aller généreusement avec les plus forts, et tout doucement avec les plus fragiles.
Prier, c’est soigner, nourrir la terre, donner de l’engrais, mettre un tuteur à ce rosier encore fragile, accrocher à un fil la branche indisciplinée de ce rosier grimpant… Il faut y passer du temps. Une heure le dimanche ne suffit pas : il faut aller au jardin dès qu’on a un moment. Un peu tous les jours : le jardinier passionné voudrait y passer sa vie !
Mais surtout, surtout, il faut de la gratuité, de la générosité. Ça, c’est l’aumône : on donne des fleurs et des fruits à tout le monde, largement, sans compter. Chez ma mère, il y avait toujours un bouquet dans la chambre, même quand on ne venait que pour une nuit. Même en hiver. Et s’il n’y a plus de fleur, il y a toujours un sourire à donner.
Au travail, donc ! Quelles sont les fleurs que je vais cultiver pendant ce carême ? Quelles sont les qualités, les talents que Dieu m’a donnés et dont il attend de beaux fruits ?
Pour ce qui est de la taille, à chacun de voir : on a l’embarras du choix, dans ces vies trop encombrées. La prière, l’aumône ? La paroisse a un large choix de propositions pour ceux qui se demandent où et quoi. Des déchets à porter au fumier ? le prêtre est là et vous attend pour le sacrement de la réconciliation. Quant au sourire, pas besoin de conseil : tout est permis, et même recommandé !
De tout cœur, je vous souhaite un beau et saint carême, au jardin !

Père François Potez, curé
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samedi 20 février 2021

Les 5 pourquoi

 Voici un exemple de méthode qui peut être intéressante. Ici, elle est utilisée lors de la participation ou Mooc Colibri sur la transition intérieure mais elle est applicable pour de nombreuses démarches de recherche de l'essentiel.


Nous vous invitons à prendre le temps de sentir en vous ce qui vous motive profondément dans cette démarche, grâce à l'intitulé « Les 5 pourquoi ».

Objectif : révéler par l'outil des « 5 pourquoi » votre intention profonde lorsque vous rejoignez ce cheminement
Durée : 10 min
Type d'exercice : questionnement individuel ou en binôme


La méthode des « 5 pourquoi »


Il s'agit d'une méthode de résolution de problèmes qui utilise une question très simple et très puissante, le « POURQUOI », LA question favorite des enfants ! Appréhendez-la comme des poupées russes : au bout de 5 pourquoi, vous arrivez à la source essentielle du problème qui touche le sujet questionné.


Consignes


Procurez-vous une feuille de brouillon pour y inscrire directement vos réponses. Prenez 2 min maximum par question. Notez votre réponse avant de passer au pourquoi suivant. Les questions découlent des réponses précédentes.

1. Répondez spontanément, en une phrase, à la question « Pourquoi je prends part à ce MOOC ? » : c'est votre intention personnelle spontanée !


2. Appliquez les 5 pourquoi à cette première formulation


Comme vous répondez à une problématique qui vous est propre, exprimez-vous à partir de votre « Je », pas de « on », pas de « ils ». Répondez le plus spontanément possible en commençant par : « parce que ». Ce qui vous vient est ce qui est bien.

3. Au regard de ces différentes réponses, reformulez une phrase avec ce qui fait sens pour vous : c'est votre intention personnelle profonde !



Exemple 1
Pourquoi je participe au MOOC ?
Intention personnelle spontanée : pour me lancer dans une aventure de transition intérieure.
1. Pourquoi « j’ai envie de me lancer dans une aventure de transition intérieure ? »
Parce que je souhaite explorer la dimension intérieure de la transition.
2. Pourquoi « je souhaite explorer la dimension intérieure de la transition ? »
Parce que je veux trouver du sens et de la cohérence dans les actions que je mène pour l'environnement.
3. Pourquoi « je veux trouver du sens et de la cohérence dans les actions que je mène ? »
Parce que je ne veux pas me sentir seul·e et épuisé·e, et je veux me remotiver dans mon engagement écologique.
4. Pourquoi « je ne veux pas être seul·e et épuisé·e ? »
Parce que je veux mieux participer à la construction d'un système sain et résilient.
INTENTION PERSONNELLE PROFONDE : me former pour retrouver du sens, me remotiver et participer à la construction d'un système sain et résilient.

Exemple 2
Pourquoi je suis végétarienne ?
Intention personnelle spontanée : pour faire baisser le taux de CO2 dans l'atmosphère.
1. Pourquoi « faire baisser le taux de CO2 dans l'atmosphère ? »
Parce que les gazs à effet de serre sont un problème.
2. Pourquoi « les gazs à effet de serre sont un problème ? »
Parce que cela contribue au réchauffemment climatique et que ça aussi c'est un souci.
3. Pourquoi « le réchauffement climatique est un souci ? »
Parce que de nombreux écosystèmes sont en train de disparaître et cela me rend triste.
4. Pourquoi « cela me rend triste que les écosystèmes disparaissent ? »
Parce que j'aime profondément la Nature.
INTENTION PERSONNELLE PROFONDE : je suis végétarienne pour contribuer à préserver la nature

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vendredi 19 février 2021

Fissure d'enfance...

 



“L'homme s'est lui-même enfermé jusqu'à ne plus rien voir 

qu'à travers les fissures étroites de sa caverne.”


William Blake

  Le Mariage du Ciel et de l'Enfer

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Transmission directe

 


L'opinion de mon professeur était que les textes taoïstes n'ont jamais été destinés à être la seule source d'apprentissage. Il disait plutôt qu'il s'agissait de livres de notions clés, d'aides à la mémoire pour aider un maître à exposer le Tao. Dans une culture où le professeur et la tradition orale sont primordiaux, cela semble juste. Cela renforce également le penchant traditionnel pour le secret - seul l'initié pouvait déchiffrer les paroles des sages.
Trois points méritent d'être soulignés ici. Premièrement, l'ambiguïté, la brièveté et le caractère parfois illogique des écrits sont tout à fait acceptables. Tant que quelqu'un peut expliquer la signification des textes, ils sont utiles.
Deuxièmement, il n'est pas possible de chercher des arguments soigneusement construits et indépendants que nous pouvons analyser comme nous le faisons avec les écrits philosophiques occidentaux. Ils n'étaient pas destinés à persuader qui que ce soit de leur propre chef.
Troisièmement, cela rend la traduction problématique. Il est impossible de saisir les nuances et les jeux de mots, et cela rend toutes les traductions lourdes de points de vue et d'interprétations personnelles.
Aujourd'hui, les gens sont de plus en plus nombreux à apprendre à partir de vidéos. Leurs mouvements sont étonnamment bidimensionnels. Après tout, ils n'ont vu qu'un seul angle et ne peuvent obtenir aucune réponse à leurs questions.
Je continue à croire qu'il faut apprendre les arts martiaux, le taoïsme, et en fait presque toutes les matières avec un professeur vivant. L'essence de tout art existe au-delà de sa technique. Seule une transmission directe au-delà des écritures, comme le disent les maîtres zen, éveille le Tao en vous.

Fabrice Jordan
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jeudi 18 février 2021

Qui nous secoue ?

 Pas sur que ce soit véridique mais j'ai trouvé cela intéressant. 

"Nous semblons parfois loin les uns des autres, dans notre façon de comprendre, de penser, d’agir que le fossé qui nous sépare peut paraitre infranchissable. L’un est certain qu’en suivant le groupe il est dans la vérité, l’autre aspire à la désobéissance civile au nom de la liberté….


En cette période troublante, deux enseignements éclairants…
Si tu ramasses 100 fourmis noires et 100 fourmis rouges et que tu les mets dans un pot en verre, rien ne se passera. Mais si tu prends le pot, tu le secoues violemment et tu le laisses sur la table, les fourmis commenceront à se tuer les unes avec les autres.
Les rouges pensent que les noires sont les ennemies, tandis que les noires pensent que les rouges sont les ennemies... alors que le véritable problème vient de la personne qui a secoué le pot.
Il en va de même dans la société.
Hommes contre Femmes.
Gauche contre Droite.
Riche contre pauvre.
Foi contre Science.
Jeunes contre Vieux.
Pro masques contre anti masques.
Etcétéra...
Avant de se battre entre nous, ne devons-nous pas nous demander qui a secoué le pot ? »

Anonyme

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Une contemplation de fourmi !
« La fourmi est un vrai bourreau de travail »
Faux. La fourmi a l’image d’une travailleuse acharnée que rien ne détourne de sa tâche. Pourtant, une étude américaine a démontré que de nombreux individus d’une même colonie passeraient beaucoup de temps à… se tourner les pattes ! En réalité, seules 10 % d’entre elles seraient réellement actives (celles chargées de récolter la nourriture pour le reste de la communauté). Les autres fourmis seraient plutôt oisives, voire resteraient immobiles. Quel est alors leur rôle ? Peut-être celui de réserviste en cas d’attaque…

(soure : Kapo)
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mercredi 17 février 2021

Quel est votre exercice ?

Je pratique zazen, chaque jour, une demi-heure.

Bien. Mais êtes-vous sûr que pratiquer zazen comme vous le faites... c’est zazen ?

Question provocante que devrait se poser toute personne qui pratique zazen. Question d’autant plus justifiée lorsqu’on s’exerce depuis de nombreuses années, parce que le risque est grand de tomber dans une pratique ‘’par cœur ‘’ qui peut nous écarter de la raison d’être de la pratique de zazen : l’éveil de l’homme à sa vraie nature d’être humain.

Qu’est-ce qui me coupe de l’appartenance première et profonde à l’être, à l’acte d’être qui est ma vraie nature ?

Je pense, donc je suis ... angoissé !

C’est humain.

C’est quoi l’humain ?

C’est : « Je vis parce que je suis un être vivant ! » ET « Je pense parce que je suis un être pensant ». (Martin Heidegger)

Je pense.

J’observe que je suis soumis à une activité mentale incessante. Je suis soumis à un festival de pensées torrentueuses qui, agglomérées, conduisent à l’illusion d’être un MOI.

« Moi, je crois, que je suis, ce que je pense que je suis ! »

Cette idée donne forme à ce qu’on appelle l’identité ; « moi je suis moi et je veux rester moi ! ».

Mais ce « moi » n’a d’autre réalité que celle qu’il se fait et s’attribue ; l’ego.

Je pense parce que je suis un être pensant. Au point de tomber dans l’ignorance que « je vis parce que je suis un être vivant ».

ZAZEN est cet exercice qui a pour sens de ... perdre l’ignorance ; c’est donc un chemin de connaissance.


Je vis ! Quand et où ?

Je vis et ne peut vivre que dans le temps-vécu, le moment présent ; je vis et ne peut vivre que dans l’espace-vécu. Mais il semble qu’au niveau d’être qu’est l’ego cette vérité est insatisfaisante. Bien plus attirant est de penser le futur. Le futur qui est et ne peut être que de la pensée. Le futur, qui est à venir ... peut-être, semble plus stimulant que ce qui est réellement au moment présent. Le futur (ce qui n’est pas encore), de même que le passé (qui plus jamais ne sera) est, et ne peut être, que de la pensée.

Mon existence humaine est devenue une existence mentale, source d’images, source de pensées.

L’obsession de toute personne identifiée au niveau d’être qu’est l’ego est de donner forme à l’image qu’elle se fait d’elle-même. Compte, non pas la forme qui correspond à « je suis » mais la forme qui devrait correspondre à ce que « je pense que je devrais être » (ou, pire, la forme que les autres pensent que je devrais être).

Nombreuses sont les personnes qui viennent au Centre Dürckheim dans l’intention de fabriquer un moi idéalisé. En étant dans l’attente que le maître de maison valide ce projet (sinon, ce n’est certainement pas un maître).

Le maître de maison est un maître dans le domaine de la technique.

« Le Chemin est la technique ; la technique est le Chemin ».

Le ZEN nous enseigne le chemin de la libération de notre vraie nature enfermée dans le moi mondain. L’ego n’est pas notre vraie nature.

Le chemin de libération proposé au Centre Dürckheim est un enseignement qui n’utilise pas les moyens d’une pensée analytique, discursive, ni ne prend la forme d’une croyance dogmatique ou d’une métaphysique spéculative. L’enseignement se présente comme UN CHEMIN D’EXPÉRIENCE ET D’EXERCICE.

Au centre de la pratique il y a l’exercice appelé ZAZEN. On ne pratique pas zazen avec le mental ! Zazen est un exercice strictement corporel !

Inséparable de cet exercice fondamental est ce qu’on appelle : la pratique de la Voie dans le quotidien. De quoi s’agit-il ?


Des personnes qui viennent au Centre Dürckheim pour la première fois semblent décontenancées lorsque je les invite à exercer - tout au long de la journée - la pleine attention à ce que le maître zen désigne comme étant « les quatre attitudes corporelles dignes » : l’acte de marcher (gyô), l’acte d’être debout (jyu), l’acte d’être assis (za), l’acte d’être allongé (ga)!

Ces actions, auxquelles tout nouveau-né est soumis révèlent les intentions de l’acte d’être ; de l’être qui est notre vraie nature. Le mot nature désigne : « ce qui est en train de naître ». Il me semble devoir ajouter à ces quatre attitudes dignes : l’acte de respirer. Je respire, donc je suis ; et moi je n’y suis pour rien. »

Je vis parce que je suis un être vivant.

Corps-vivant je suis ! Il s’agit du corps-vivant dans sa globalité et son unité. « Le corps-vivant (Leib) est l’ensemble des attitudes, des gestes à travers lesquels l’homme prend forme, se présente, devient ce qu’il est ... ou se manque. » (K.G. Dürckheim)

Quel que puisse être le degré d’élévation idéaliste d’un homme, il ne peut échapper à la condition physique qui est la fondation de tout être vivant.

Zazen. Mise entre parenthèse de l’usage de notre conscience ordinaire : la conscience DE (mind).

Retour à l’usage de la conscience innée, la conscience qui est à l’origine : la conscience SANS de ; c’est la conscience sensorielle. « Ce que je désigne par l’expression ‘’notre être essentiel‘’ est plus proche de la sensation que de la pensée » (K.G.Dürckheim)

Bien. Mais que se passe-t-il lorsqu’on pratique régulièrement zazen ?

Je ne me donne pas le droit de répondre à cette question. À chacun de découvrir ce qui se passe, ce qu’on appelle le vécu intérieur, l’expérience phénoménale. Cependant il est possible d’affirmer un effet signifiant : « Lorsqu’on pratique zazen, le corps-vivant prend la forme du calme ». Et cela se voit dans notre manière d’être assis, notre manière de marcher, notre manière d’être au monde.

Jacques Castermane

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mardi 16 février 2021

Crise...



"Dans notre société, toute l'ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. 
Un système de fils barbelés, d'interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur. C'est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d'une civilisation contre l'âme, contre l'esprit. 
Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n'y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. 
La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l'arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être."

Christiane Singer, Du bon usage des crises

Hommage à Jean-Claude Carrière

L'intrigue centrale du Mahâbhârata concerne deux dynasties rivales, les Pandavas et les Kauravas, mais cousines, puisqu'elles descendent des deux fils de Vyâsa : Dhritarashtra et Pandu. Bien que Dhritarashtra, aveugle, soit l'aîné, c'est le pieux Pandu qui devient roi. Ce dernier a cinq fils : Yudhishthira, le juste ; Bhima, le féroce ; Arjuna le guerrier et les jumeaux Nakula et Sahadéva. Dhritarashtra, lui, a cent fils, dont le plus vieux est le rusé Duryodhana.... 
Avec cette introduction, vous allez pouvoir entendre l'épopée magistralement résumée par Jean-Claude Carrière (en 4 épisodes).



lundi 15 février 2021

Huit conseils pour aider ceux qui souffrent.

« Consolez, consolez mon peuple ! », dit le prophète Isaïe. Et si, pendant ce carême, nous étions attentifs à soulager ceux qui souffrent, ou à nous laisser consoler ? Pour nous y aider, les conseils d'Anne-Dauphine Julliand.

Anne-Dauphine Julliand est mère de quatre enfants, dont deux petites filles, Thaïs et Azylis, sont décédées à la suite d'une terrible maladie génétique. Son premier livre, Deux Petits Pas sur le sable mouillé (Les Arènes, 2011) a rencontré un succès phénoménal.
Il a été suivi de son deuxième livre, Une journée particulière, puis d'un film documentaire, Et les mistrals gagnants. Son dernier livre, Consolation (Les Arènes), est une méditation sur la souffrance d'une rare élévation. Elle nous livre ici ses réflexions sur le sujet.


Rompre l'isolement


La souffrance est quelque chose d'éminemment personnel. Elle nous appartient complètement. Ce n'est pas une question de décence, mais elle est véritablement indicible. Les mots ne peuvent pas dire totalement ce que j'ai vécu avec la perte de mes deux petites filles. La souffrance se vit seul, dans l'intimité de ce qu'on est.
Il est normal que je ressente de la solitude dans ce que je suis le plus profondément. Je tiens à le souligner pour que ceux qui souffrent ne se disent pas qu'il est anormal d'avoir un tel sentiment. Quand on apprend un drame, tout ce qui entoure s'efface. Immédiatement, il n'y a plus que la souffrance à l'intérieur de soi. Mais la solitude n'est pas l'isolement. Si elle le devient, alors c'est dramatique.

Ne pas se comparer à celui souffre

Le risque, lorsque l'on se compare, est de se sentir illégitime pour consoler. L'autre est vu comme inaccessible, effrayant. Il m'est arrivé, en parlant des épreuves que j'ai traversées, de rencontrer l'effroi dans le regard des gens. « Comment peut-elle être de ce monde ? », se disaient-ils.
C'est difficile à vivre. Cette mise à distance qui me peinait n'avait pas lieu d'être. Ma souffrance a beau être très singulière, elle appelle comme toutes les autres une consolation. Quelle que soit la souffrance, la même relation doit s'instaurer.

Établir une relation

Consoler est toujours délicat et douloureux. Ce serait anormal que la consolation soit facile, qu'on la maîtrise. C'est une relation qu'on établit : il s'agit de rapprocher son coeur de celui de l'autre par un geste ou par un mot. D'entrer en relation, complètement, dans l'instant.
Le toucher est particulièrement important parce qu'avec lui on se sent vivant. L'autre peut s'avancer dans mon espace vital pour adoucir physiquement ma peine. Mais il n'y a pas de recette ! On aimerait tant qu'il y en ait une : on serait moins embarrassé. 
Mais ce n'est pas grave de l'être !

Accueillir la souffrance de l'autre


Il s'agit d'accueillir, et non pas de ressentir la souffrance de l'autre, de l'accompagner. Et les personnes les plus empathiques ne sont pas toujours les meilleures consolatrices. Car la consolation n'est pas un don, c'est une relation à la portée de chacun. À condition d'accepter notre impuissance à gommer la peine de l'autre. On peut seulement marcher avec sa souffrance.

Accepter que l'autre se referme

La souffrance ferme et ouvre le cœur à la fois... Il faut être réaliste : un cœur qui souffre a plus de mal à aimer. Lorsque mes filles sont mortes, à chaque fois, j'ai été très triste pour mon mari. Mais il faut admettre que je ressentais d'abord ma propre souffrance. On fait ce que l'on peut.
Je crois qu'il faut être doux avec soi-même. Admettre que parfois je ne peux pas accueillir les souffrances des personnes qui viennent vers moi. Il me semble qu'il faut être naturel. Souvent j'ai dit : « Là je ne peux pas, cela me submerge trop. »


Répondre à l'appel des larmes

Pleurer est un signal envoyé, un appel. Pour ma part, je ne laisse jamais quelqu'un pleurer dans la rue. J'interviens : « Ça va ? » Parfois, je n'ai pas vraiment de réponse : peut-être que ma simple petite intervention a permis à la personne de se ressaisir, sur le moment.
Un jour, j'étais assise dans un carré du métro, devant une jeune fille qui ne cessait de pleurer. Je lui ai posé ma question. Et elle m'a parlé, longuement. J'ai pu la consoler, car elle ne se sentait plus seule. Il faut alors être prêt à ne pas descendre à la station de métro où l'on devait s'arrêter. Toujours est-il qu'il n'est pas possible de dire que les larmes sont gênantes : elles nous interpellent.

Agir dans l'instant présent

La parole sincère, le geste qui console, c'est maintenant. Beaucoup de peurs s'évaporent quand on est dans l'instant présent. C'est important de comprendre que maintenant, si je souffre, ce n'est pas pour toujours. De se le redire : je peux pleurer maintenant en vérité, car c'est un instant. Ce n'est pas toute la vie.

Consentir à la présence de Jésus

Pour moi, Jésus a été toujours présent tel qu'il est : sans jamais s'imposer. Il est celui qui est à mes côtés et qui propose. Toujours sous la forme d'une question : « Est-ce que tu veux de moi ? » C'est à notre liberté de consentir. Cela nécessite un acte de notre part pour répondre « oui », comme la Vierge au pied de la croix. Mais cela n'empêche pas de souffrir.
La foi ne fait pas disparaître la souffrance, mais elle empêche de désespérer. À la mort de Thaïs et d'Azylis, j'ai été détruite comme n'importe quelle mère. Les larmes me défiguraient. La douleur n'est pas belle. Mais je savais qu'Il était là et m'aimait. C'est la source profonde de ma paix.


source : La Vie


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dimanche 14 février 2021

La joie à l’épreuve de la vie

En 2013, après avoir rencontré Ilios Kotsou lors d'un stage l'année précédente, je m'étais engagé à aller voir une des journées Emergences qu'il programme chaque année avec Matthieu Ricard et Christophe André. Cette journée m'a beaucoup touchée grâce à ces intervenants. Je vous partage la vidéo du témoignage de Patrice Gourrier. 
Avec humour, il fait disparaitre la souffrance derrière l'amour de l'autre.


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samedi 13 février 2021

Notre héritage...

 


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Moi-même, je suis passé devant beaucoup de choses. Si je devais refaire ma vie aujourd'hui, je la referai sûrement autrement. Est-ce que je referai « La Terre vue du ciel » en hélico ? Sûrement pas. Le problème est que nous n'avons pas été assez radical. À travers « Legacy », j'essaye de faire passer le message que l'ennemi c'est moi, et personne d'autre. Ce n'est pas à moi de juger les autres car l'ennemi est ma façon d'habiter cette planète.  

Quand j'avais 30 ans, la conscience n'était pas la même. On était enthousiaste. Aujourd'hui, on l'est toujours, mais on ne peut s'empêcher d'être triste en pensant à ce qui nous attend. Très peu de gens ont confiance en l'avenir. Quand j'avais 20 ans, on ne s'inquiétait pas une seule seconde du futur. Il était forcément brillant. Aujourd'hui, on sait que demain sera nécessairement plus sombre qu'aujourd'hui.  

Yann Arthus-Bertrand

Un poisson à la mer
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