lundi 30 janvier 2023

Par l’introspection, le mental se fondra dans le Soi...


 Les éditions Accarias-L’ORIGINEL (Jean-Louis Accarias) viennent de faire paraître un nouveau livre intitulé « Je suis celui qui est », qui rassemble des écrits et des enseignements directs du sage Râmana Maharshi, né en 1879, mort en 1950 et foudroyé dès l’âge de 16 ans par la révélation de sa véritable nature. 

Cet ouvrage, comme d’autres parus sur le sujet chez le même éditeur, est présenté, traduit et annoté par Patrick Mandala. L’introduction de ce dernier est suivie d’un texte de Chögyam Trungpa , extrait  de Voyage sans fin (1981), qui montre notamment à quel point la sagesse de ce guru indien ne relève pas plus de l’Orient que de l’Occident et qu’elle est universelle, puis d’un beau témoignage d’Henri Le Saux, qui écrit : « Les fonctions mentales et physiques de Râmana sont pure Brahma-shakti, pure radiance de la conscience du Brahman Lui-même. Il n’y a rien d’autre en elles qui les détourne de leur objet essentiel. » (p. 19) 

L’ensemble du livre est divisé en deux grandes parties. 

La première section est consacrée aux écrits inédits du sage, ce qui permet de découvrir les différentes versions des textes centrés sur l’unique question posée : « Qui suis-je ? » Ces écrits se présentent sous la forme de questions-réponses, de versets ou de poèmes rédigés par le Maharshi à la demande de ses disciples, d’une lettre (un document très rare parce que le sage ne répondait pas directement aux missives qui lui étaient adressées), ou encore d’exposés poétiques et métaphoriques de ses enseignements, ce qui permet de mettre en évidence les absurdités du mental. L’un de ces exposés se présente même sous la forme d’une recette de cuisine populaire, en lien avec la nourriture que lui préparait sa mère lorsqu’il se tenait ou écrivait en silence dans une grotte (par exemple, des galettes nommées « papadams ») !

La seconde section du livre regroupe ses « instructions spirituelles », sous la forme de dialogues avec ses disciples. Elles concernent divers sujets tels que le « Libéré vivant », la source du « je », les deux sortes de « je », l’ego, la réalité ou l’irréalité du monde, la vie après la mort, l’intellect, la paix, la béatitude du Soi, le sommeil ou encore la nourriture…

Les réponses comme les poèmes du Maharshi se caractérisent par une constante brièveté. Cette présentation des textes rédigés par son disciple très proche, Srî Sivaprakasam Pillai, nous le confirme :  « Certains textes sont écrits à la hâte – car il fallait saisir au vol la spontanéité et la rapidité des réponses de Bhagavân, lesquelles se faisaient parfois par gestes quand il était en silence, ou qu’il écrivait sur le sable, ou sur des bouts de papier. » (p. 24)

Nous avons donc affaire ici à bien plus qu’un ouvrage : un inestimable trésor de spiritualité !


Extraits :

« 11. Est-il possible de détruire toutes les traces de pensées enracinées dans le mental depuis des temps immémoriaux, et de réaliser le Soi ?

 Le mental doit être fixé si fermement dans la méditation de l’âtma-svarûpa qu’il ne lui sera même pas possible d’entretenir une pensée de doute. Toutefois, si un doute apparaît, il ne faut pas essayer de le dissiper, il faut d’emblée se demander à « qui » s’adresse ce doute et par cette introspection, cette pensée disparaîtra alors. Par l’introspection, le mental se fondra dans le Soi.

Même celui qui est un grand pécheur ne doit pas s’affliger en cherchant à savoir s’il atteindra ou non la libération. La pensée même d’être un pécheur doit être abandonnée et l’on se concentrera sur Atma-svarûpa : le Soi sera ainsi réalisé. » (p. 30)


« 3. Le corps est à l’intérieur du Soi.

Et pourtant, on pense être dans un corps inerte,

Comme un spectateur qui suppose

Que l’écran sur lequel l’image est projetée

Est contenu dans cette image. » (p. 58)


« 5. Placez les papadams dans le beurre clarifié [ghî] qu’est le pur Brahman,

Posez-les dans la poêle de l’unité de l’infini silence

Et chauffez-les doucement sur le feu de la Connaissance ultime

Qui resplendit en elle-même.

Maintenant, comme le « je » s’est fondu en Cela, 

Mangez-les et savourez le Soi en tant que tel,

Goûtez à cette Béatitude à laquelle tous nous aspirons.

Faites des papadams, et une fois prêts,

Mangez-les afin de satisfaire votre appétit [du Soi] ! » (p. 72)


----------- rédaction par Sabine Dewulf