mercredi 6 janvier 2021

"bienheureux voyage de l’homme en quête de Dieu"

 


Oui, c’est notre propre histoire, l’histoire de notre pèlerinage sans fin que nous déchiffrons à travers ces Mages venus de la lointaine Babylone, conduits par l’étoile, vainqueurs obstinés de l’immensité des déserts aussi bien que de l’indifférence et de la politique, et parvenant finalement à trouver l’enfant et à l’adorer comme le roi sauveur.

Oui, c’est notre histoire que nous lisons… que nous devrions lire, à travers ce récit. Ne sommes-nous pas tous des pèlerins, des voyageurs, des hommes sans domicile fixe, même si nous n’avons jamais eu à quitter notre « chez nous » ? (…) Mais comment faire cette route ? C’est notre cœur qui doit se mettre en branle. (…)

Nous venons d’entrer dans une nouvelle année. Tous les chemins qui la traversent, de l’Orient à l’Occident, seront entraînés avec elle dans l’écoulement sans fin des années et des siècles. Mais on peut, même sur ces chemins, être de ces bienheureux pèlerins qui marchent vers l’Absolu, de ceux dont le voyage terrestre est un voyage vers Dieu. Allons, mon cœur, ouvre-toi et mets-toi en route, car l’étoile a lui. Tu ne peux sans doute emporter beaucoup de bagages, et tu en perdras bien d’autres en chemin. N’importe, va de l’avant. L’or de l’amour, l’encens du désir, la myrrhe de la souffrance, tu possèdes déjà tout cela. Il acceptera tout cela. Et nous finirons par le trouver. 

Karl Rahner - L’Homme au miroir de l’année chrétienne

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Pensées d'une nuit paisible


D'une blancheur immaculée,

La clarté de la lune s'épand au pied de mon lit.

Les yeux ensommeillés,

je l'ai d'abord prise pour une couche de givre sur le sol.

Levant la tête, j'observe la lune ;

baissant les yeux, je pense à mon lointain bercail.

"Si profonde est la forêt" - Anthologie de la poésie des Tang - Préface de Pierre Dhainaut (Ed. Les Deux-Siciles)- traduction Guomei Chen


En recherchant une image pour ce poème, je suis tombé sur celle-ci et elle correspondait au même poème chinois mais avec une traduction différente. Etonnant !

Extrait du site

J’ai déjà parlé de Li Baï, ou Li Po (701-762), un des plus grands poètes chinois, qui composa des poèmes avec l’empereur, et aima le vin un peu plus que de raison.

Li Baï voyagea beaucoup, dépensa beaucoup, se maria quatre fois, et eut des amis de tous styles : taoïstes, hauts fonctionnaires, hommes de lettres (comme le poète Du Fu), qui l’admiraient.

Comme la plupart des poètes chinois, il éprouvait une dilection pour la lune. Dans ses Pensées d’une nuit calme, il écrit :


Au pied du lit la lune étend son vif éclat

On croirait presque voir du givre sur la terre

Si je lève les yeux, c’est la lune brillante

Si je baisse les yeux, le pays de mes pères *

Son penchant pour le vin lui valut plusieurs revers de fortune : insolence, querelles, il fut par trois fois chassé de la Cour.

Lorsque le sort cessa vraiment de lui être favorable et qu’il fut condamné à l’exil, il reprit sa vie vagabonde, errant de la maison d’un ami à celle d’un autre, et d’ivresse en ivresse. Son voyage prit fin une nuit qu’il naviguait sur le fleuve Yang Tsé, près de Nankin. On raconte que la lune se reflétait si joliment dans l’eau qu’il voulut l’embrasser, et se noya.

*  traduction Florence Hu-Sterk, © Gallimard

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