samedi 27 juillet 2024

Humanité

 Celui qui comprend que nous sommes tous reliés agit différemment…

C'est dans l'acceptation de nos différences que nous trouvons un point commun.

La vie est un trésor.


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jeudi 25 juillet 2024

Chemin qui nous retourne



 "Ce qui paraît à tant d'entre nous, dans certaines cultures, à tant d'époques, un exil sur terre, le fait d'être cousu dans ce sac de peau, prison terrible lorsque la souffrance en devient le geôlier, tout cela peut, par un retournement imprévisible, s'avérer chemin de délivrance et de lumière. "

 Christiane Singer


photos du jardin (juillet 2024)

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mercredi 24 juillet 2024

Retour à soi

Un beau cadeau d'anniversaire que ce livre reçu ! Une nouvelle année qui offrira un profond voyage (hexagramme 56) intérieur.

Merci à José Le Roy avec qui j'ai déjà pu partager de belles expériences d'ouverture...


"On pourrait dire que notre désir d'absolu est une profonde nostalgie de 'retour à la maison' qui subsiste en nous à l'état latent, sans que nous n'en comprenions bien le sens."

Jean Klein


"L'espace ainsi dévoilé nous montre que notre maison est infiniment accueillante. Cette maison n'a aucune préférence ; elle propose un accueil inconditionnel pour tout ce qui surgit dans l'instant."

José Le Roy



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mardi 23 juillet 2024

De tout, il resta trois choses


 De tout, il resta trois choses
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La certitude que tout était en train de commencer,

la certitude qu’il fallait continuer,

la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.

Faire de l’interruption, un nouveau chemin,

faire de la chute, un pas de danse,

faire de la peur, un escalier,

du rêve, un pont,

de la recherche…

une rencontre.

Fernando Pessoa

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lundi 22 juillet 2024

Ne tirez pas sur le bonheur !

 Aujourd’hui, nous parlons d’un sujet qui fait du bien : le bonheur. Allez, commençons par une petite revue de littérature.


Friedrich Nietzsche “Le bonheur ? Un but mesquin d’homme faible…”

Charles Baudelaire, dans une lettre adressée à un certain Jules Janin : “Vous êtes heureux. Je vous plains, Monsieur, d’être si facilement heureux. Faut-il qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux ! Je vous plains, et j’estime ma mauvaise humeur plus distinguée que votre béatitude.”

Gustave Flaubert : “Bonheur : as-tu réfléchi combien cet horrible mot a fait couler de larmes ? Sans ce mot-là, on dormirait plus tranquille et l’on vivrait à l’aise”.

Arthur Rimbaud : “Le bonheur est un désastre”.

Michel Houellebecq : “N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas”

Eh ben… Voilà de quoi donner raison à Aristote, quand il écrit : “Contrairement à tous les autres biens que l’on recherche en vue d’autre chose, le bonheur est recherché pour lui-même : il est le souverain bien. C’est sur la nature et la définition de ce en quoi il consiste qu’il n’y a pas accord.”

Effectivement, il n’y a pas d’accord sur la nature et la définition, ni sur l’importance et le rôle du bonheur… Mais il y a quand même, me semble-t-il, deux certitudes.

La première certitude, c’est qu’a priori, dans l’absolu, tout le monde préfère le bonheur au malheur ; du moins quand il s’agit de l’éprouver et non d’en causer. Chaque humain s’éveille le matin en souhaitant passer une journée plutôt heureuse, et non en espérant une journée de galères et d’adversités.

La seconde certitude, c’est que chacun sait que la vie est difficile, et que le malheur, les galères et les adversités s’y inviteront, quoi que nous fassions.

Et la conséquence de ces deux certitudes, c’est que le bonheur n’est pas une option mais une nécessité. Il n’est pas un petit plus, un petit luxe, il n’est pas un écran ou un refuge qui nous permettrait d’éviter le malheur, mais il est le carburant de la vie, la source d’énergie qui nous permet de traverser les épreuves. Il n’est pas une naïveté mais une lucidité.

Si, comme le pense Jules Renard, « le bonheur c’est du malheur qui se repose », alors le bonheur c’est ce qui nous permet de mieux affronter les périodes de retour du malheur.

Quand on sait que le bonheur existe, quand on l’a déjà vécu, alors la traversée du malheur sera un peu moins hasardeuse et périlleuse, un peu moins désespérante. Et sera peut-être même féconde.

C’était en tout cas la conviction de Nietzsche : « Quiconque confie au papier ce dont il souffre devient un auteur mélancolique ; mais il devient un auteur sérieux lorsqu’il nous dit ce dont il a souffert, et pourquoi il se trouve à présent dans la joie. »

Ce n’est pas le malheur qui nous rend créatifs et lucides, c’est la traversée du malheur suivie par le retour du bonheur.

Voilà pourquoi la quête du bonheur est une affaire sérieuse : une affaire qui nous permet d’affronter l’adversité et d’en tirer, éventuellement, quelques enseignements…

Christophe André

Illustration : un kangourou au comble du bonheur (par Anu Garg).

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dimanche 21 juillet 2024

Sous l'aile du silence

 


"Il faut tant de silences pour rejoindre le silence. Tant d'abandon pour recueillir une poignée de présence - pas plus grosse qu'un cœur d'oiseau - incommensurable sous le front enfin lisse et tranquille."

Philippe Mac Leod - Variations sur le silence

aquarelle: Ping



"Nous sommes au commencement du monde, toujours au commencement de la création. Chaque battement de notre cœur peut susciter une nouvelle étoile; chaque battement de cœur peut susciter une liberté encore endormie; chaque battement de notre cœur peut rayonner sur toute l’histoire et sur toutes les galaxies. Pourvu justement que nous entrions dans ce silence infini où l’on n’est plus qu’à l’écoute du silence éternel…

….Cette présence cachée, présence diaphane, est une présence réelle qui ne s’impose jamais mais qui est offerte à tous comme une invitation à découvrir cet immense secret d’amour caché au fond de toute conscience humaine…

La vie à tous les degrés ne peut conquérir sa valeur que dans le silence et le recueillement. Si cela est vrai de la vie physique, combien plus l’est-ce de la vie spirituelle…

Maurice Zundel

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samedi 20 juillet 2024

Qui je suis...



 ” Je ne pourrais pas dire qui je suis. Je n'en ai pas la moindre idée. Je suis quelqu'un sans origine, sans histoire, sans pays et j'y tiens. Je suis là, je suis libre, je peux tout m'imaginer. Tous est possible. Je n'ai qu'à lever les yeux et je redeviens le monde. (…). ”

~ réplique du film “Les Ailes du Désir, réalisé par Wim Wenders à Berlin. Prix de la mise en scène Festival de Cannes 1987.

Le titre original du film est « Der Himmel über Berlin » (le Ciel au-dessus de Berlin)

- photo des acteurs-Anges inoubliables Otto Sanders and Bruno Ganz ❤️

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vendredi 19 juillet 2024

Regarder


Vous devez comprendre la vie dans son ensemble, et non pas seulement une petite partie. C'est pourquoi vous devez lire, c'est pourquoi vous devez regarder le ciel, c'est pourquoi vous devez chanter, danser, écrire des poèmes et souffrir, car tout cela est la vie.

Si vous avez trente minutes de libres cet après-midi, regardez un arbre ou une fleur, ou votre femme ou votre mari. Regardez. Ne faites que regarder.

~ Jiddu Krishnamurti

(via Sanjay Sanghvi)

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jeudi 18 juillet 2024

Couper la haine à la racine

 Mes chers amis,


La haine qui est de l'aversion poussée à son paroxysme est un poison puissant pour chacun de nous car elle risque d'aboutir à de la colère qui fait du tort à tout le monde, à moi comme aux autres, une émotion perturbatrice qui échappe complètement à notre contrôle.

Quelqu'un peut-il souhaiter, le matin en s'éveillant, éprouver de la haine toute la journée, que surtout cette haine ne s'arrête pas et si possible qu'elle s'amplifie.

La haine aboutit immanquablement à du mal être pour nous-même. Nous pouvons croire que la haine et la colère vont nous faire du bien sur le moment, mais ces émotions vont juste agiter notre esprit et perturber cette paix intérieure terrain sur lequel le bien être peut se développer.

La haine se développe toujours à partir d'un ressenti "je n'aime pas, je ne veux pas cela".

Ce ressenti s'exprime sous la forme d'une pensée.

Pouvons nous essayer de voir la façon dont cette pensée s'est construite. Qui a construit cette pensée ? Où a t elle été construite ? Où a t elle surgi, où s'est-elle manifestée ? Puis-je attraper cette pensée ? Par où pourrais-je l'attraper ? Quelle est la forme et/ou la couleur de la pensée ? De quoi est-elle faite, a t elle une substance ?

Une pensée peut-elle rester fixe, ou est-elle comme une rivière, jamais constituée de la même eau ?

Quand la pensée n'est plus là, où a t elle disparu ? A-t-elle laissé une trace, si oui où ? La trace ne serait elle pas simplement une autre pensée sur laquelle on peut appliquer le même processus d'analyse.

Existe-t-il une poubelle à pensée ? elle serait bien pleine !

Mon expérience est que les pensées ne viennent de nulle part, ne séjournent nulle part, sont insubstantielles et disparaissent sans laisser de trace. Ce processus d'analyse permet de couper l'aversion à sa racine et donc d'empêcher la haine de se développer. On peut alors simplement laisser l'esprit se poser en lui-même afin qu'il puisse manifester ses qualités, qui sont les qualités de notre nature de bouddha, les qualités du divin en nous.

Je ne fais ici que vous proposer un processus possible pour diminuer la haine qui peut encore parfois jaillir au fond de nous, cela me semble important.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mercredi 17 juillet 2024

Longueur d'onde


Le succès ou l’échec de ton existence dépend de la longueur d’onde à laquelle tu te connectes.
Kodo Sawaki
cette fréquence
émet en continu
elle ne dit rien
elle ne diffuse qu’elle même
elle est le salut
le repos
le vert pâturage où s‘ébattre
elle ne se conçoit ni ne s’explique
et cependant elle est le sens
elle absorbe le chaos
le babil incessant
les pleurs et les grincements de dents
elle est l’issue
elle défait l’absurde
elle est mon horizon
ma santé et ma raison
travailler rencontrer créer
parler se taire décider
à partir d’elle en elle
est bien l’unique enjeu

Gilles Farcet

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mardi 16 juillet 2024

La vérité de la rose...

 

Chaque instant peut ouvrir notre regard...




Chacun de nos pas effleure l'instant...


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photos du jardin prises dimanche 14 juillet
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lundi 15 juillet 2024

Essence et existence



Inévitablement « L’homme vit sa vie dans deux dimensions » nous dit K.G. Dürckheim, qui nous rappelle aussi que la complétude de l’être humain se réalise « avec un pied dans l’existence et un pied dans l’essence ».

L’existence, domaine du faire, de la conscience rationnelle, de la réussite dans le monde, et l’Essence, domaine du laisser-faire, de la conscience océanique, de notre vraie nature immuable et indépendante des circonstances, sont souvent opposées l’une à l’autre.

Il est très difficile de s’imaginer vivre une existence humaine autrement qu’à travers la seule approche d’un moi accaparé par la réussite dans le monde.

La possibilité même d’un autre épanouissement appelé « Percée de l’Être », « Eclosion de notre vraie nature », « Plus haute possibilité humaine », n’est même souvent jamais envisagée.

L’image de la vague et de l’Océan, paraissant deux entités séparées mais en réalité de même nature, est souvent employée pour décrire ces deux aspects de l’existence, sans lesquels l’être humain ne serait pas complet, unifié et apaisé.

La plupart du temps, mettant allègrement de côté notre profondeur, nous ne vivons pas, nous nous contentons de gérer notre existence. « Il faut que » et « je dois » sont sans doute les débuts de phrase les plus utilisés dans une journée.

« Il faut que » : je sois utile, rentable et performant dans toutes mes activités, et « je dois » organiser rationnellement mon temps, mon énergie afin de faire face à mes obligations, et caser la multitude de choses à faire.

Cette manière de mener son existence, vécue sous le signe du devoir faire et du contrôle, est une vie où l’être humain ne peut compter que sur lui-même, sa volonté et ses propres forces. Ainsi,

« Moi », je suis vague isolée parcourant l’existence en luttant, coupée de la nature de l’Océan qui me porte, m’anime et me relie à tout ce qui vit.

Graf Dürckheim, il y a quelques décennies, parlait déjà de notre fascination pour l’homme d’action : « On dit : c’est un homme d’action ! C’est une parole bien d’aujourd’hui, mais il y a un excès du faire qui élimine la chance du devenir… »

Le besoin compulsif de faire par nous-mêmes, fonctionnement égocentré, nous empêche donc de nous relier à notre être véritable et de sentir les lois du devenir propres à l’être vivant que nous sommes. Lois qui nous maintiennent sur le chemin de transformation et de maturation permanent qu’est Vivre, lois qui nous relient à la profondeur de l’Océan.

Ce que K.G.Dürckheim nomme « chance du devenir », c’est remettre au centre de l’existence humaine le lien à « la Grande Vie ». Il ne s’agit pas d’opposer essence et existence, ces deux aspects de la vie humaine, mais de les réunir en redécouvrant, tout en vivant notre existence de vague, le lien à l’Océan que nous sommes. « Quel mystère, je respire, et je n’y suis pour rien ! »

En tant qu’être humain, je peux redevenir conscient que mes forces profondes, ma vraie nature ne m’appartiennent pas, et reposent sur ce que je ne peux pas faire, « l’infaisable », ce qui est déjà là avant les « il faut que » et les « je dois ».

Cette autre manière d’être nous ouvre à la source de ce que nous sommes déjà, développement impersonnel de la vie en nous, indépendante de ce que nous gagnons par nos efforts, que nous aimons appeler développement personnel.

Nous passons de l’insatiable désir de possession égocentré, à la reconnaissance immédiate de notre complétude, un Être s’accomplissant sous une forme individuelle de vague, relié encore et toujours à l’Océan.


Ainsi, vivre n’est pas qu’une accumulation d’avoirs, de savoirs, de pouvoirs à notre service, mais un don originel toujours en action, en devenir, qui dépasse la seule identification à cet être de raison boulimique, l’ego, qui emprisonne et fige notre vraie nature.

Cette chance du devenir nous parle très concrètement d’une autre possibilité de vivre notre existence, en contact avec le point d’appui inébranlable, immuable qu’est le lien à l’Océan, notre nature essentielle, de laquelle nait et se nourrit notre individualité de vague. Dans le langage du corps vivant, ce point d’appui individuel s’appelle Hara, centre vital de l’être humain.

« En Za-zen, je n’ai pas à me transformer, mais à reconnaitre, accepter, favoriser une transformation naturelle voulue par la vie ; ainsi je me donne à ce qui m’est donné ». J. Castermane

Toujours, lorsque nous pratiquons un exercice sur la voie du zen, il s’agit de reconnaitre qu’une action plonge ses racines dans le non-faire, le non-égo, dont la source est le bassin, le bas-ventre, siège des forces vitales, du renouvellement, de « la transformation sans arrêt de la forme corporelle ».

Joël PAUL

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dimanche 14 juillet 2024

La sagesse au sommet


Au Pakistan, au cœur des géants himalayens, la Tour Sans Nom du massif du Trango s’élève à 6 240 m d’altitude. Avec mon compagnon, Arnaud Petit, nous grimpons cette aiguille de granit en escalade pure, où seul le couloir d’approche contient de petits passages de glace et de neige. Nous installons notre bivouac, perchés à 6 000 m sur une petite vire enneigée. Le lieu est plutôt austère mais un sentiment de communion avec la nature m’envahit. Le soir tombe sur les glaciers alentour, avec ses couleurs pastel. Il est de ces moments où le temps se dilate. Je suis heureuse.

Je ressens cette forme de plénitude, d’abandon de soi. Nous sommes en 2005. Je crois que le fait d’être entourée de paysages grandioses, à cette époque de ma vie, me permet de me sentir reliée au monde. Désormais, j’ai la chance de m’y sentir connectée sans prendre autant de risques !

Aujourd’hui, à 48 ans, je ne grimpe plus comme je grimpais autour de mes 30 ans, quand j’étais en quête de performance, mais plutôt dans une recherche de fluidité, d’harmonie entre le souffle et le geste. C’est une façon de retrouver sa juste place au cœur du vivant : arriver au sommet d’une voie et, simplement, se retourner. Me sentir en accord avec mon environnement, voir le paysage qui se déploie d’une manière totalement différente. Tout cela me fascine, c’est un émerveillement constant.

De la formation de yoga que j’ai effectuée à un tournant de ma vie de grimpeuse — j’étais alors dans une forme d’hyperactivité —, je conserve cette notion de l’agir gratuit, sans attendre les fruits de l’action. Je suis récompensée par la beauté du geste fait pour lui-même. Les lettrés chinois parlent du non-agir, que j’ai d’abord compris comme une forme de contemplation passive. Il s’agit plutôt d’agir dans le flux, dans une sorte de « cours de la vie » spontané.

C’est ce que je recherche dans mon escalade : ne plus être dans une lutte, même s’il faut bien sûr s’agripper, mais essayer plutôt de faire corps avec les éléments, avec la roche, et ressentir ce plaisir de l’ascension légère.

La puissance du « grand tout »

Je ne me revendique pas d’une confession religieuse. S’il fallait définir ma croyance, je serais plutôt agnostique. Mais je me sens profondément reliée à la nature. Plus je vis dans mon jardin, plus je grimpe, plus j’observe la beauté du monde, la forme des rochers, la spirale d’un escargot, l’arborescence des fougères qui résonne avec celle des arbres, jusqu’à nos propres veines… Tout fait écho. Finalement, je me dis qu’il y a un ordre, un sens à tout cela.

Sans mettre dessus le mot de Dieu, je le définirais plutôt comme un « grand tout ». Ma foi à moi, si foi il y a, serait plutôt spinoziste, dans une forme d’immanence. Avec cette certitude que, connectés à notre environnement, en lien avec les oiseaux, les pierres et l’eau des ruisseaux, nous ne sommes jamais seuls, nous pouvons avoir confiance en la vie ; car tout se poursuit, selon ces cycles de vie et de mort qui sont autant de renaissances perpétuelles.

Livrée à la force des éléments

J’adhère à une spiritualité sauvage. Je me sens intuitivement attirée par la philosophie des peuples premiers, des personnes qui vivent au quotidien avec la nature, qui doivent survivre avec elle.

Mes expériences m’ont confrontée à l’inconfort, par moments au danger. Cela m’a fait prendre conscience de la fragilité de notre place dans le monde. Nous ne sommes plus, à ce moment-là, des hommes et des femmes tout-puissants ayant le sentiment de pouvoir contrôler tout un cocon protecteur autour de nous grâce à notre téléphone… Au contraire, nous sommes par moments livrés à la force des éléments, à la pluie, aux orages, dont j’ai très peur d’ailleurs !

Ce sens des limites m’a aussi été donné au fil des années par ma santé fragile — je suis asthmatique depuis l’enfance. Et par un accident dans le Haut Atlas, au Maroc, où j’ai failli mourir d’une chute au-dessus d’une falaise. Je me suis retenue in extremis. C’était en 2007 et, après cet épisode, j’ai ressenti le besoin de ralentir. À force de faire des ascensions de plus en plus risquées j’en étais venue à ressentir un sentiment d’invincibilité. Cette chute et certains échecs m’ont appris à renouer avec une pratique plus saine de ma passion et à me poser les bonnes questions : pourquoi grimpes-tu ? Qu’est-ce qui te meut ?

L’escalade est à l’image de la vie. C’est un cheminement. Si nous ne sommes pas capables de le savourer avec tous nos sens, nous passons sans doute à côté de beaucoup de choses. Il ne s’agit pas d’une recherche spirituelle à proprement parler, mais d’une nécessité d’être en lien. Ma spiritualité se trouve dans cet essentiel, dans ce souffle qui traverse toute chose, avec ce sentiment que tout est modelé par cet élan de vie qui nous anime tous et nous dépasse.

Les montagnes, ces cathédrales vivantes


L’escalade me guide. Dans ma construction personnelle, cela a été quelque chose de très évident. Moi qui suis plutôt d’un tempérament rêveur, dès mon enfance dans les Hautes-Alpes, le toucher du calcaire de la falaise de Ceüse m’a mise en lien avec le réel. Quoi de plus concret que la pierre ! Il faut trouver des prises, caresser, effleurer, sentir ce sur quoi on peut s’agripper. Résoudre pas à pas de minuscules problèmes et rester concentré.

Mes lieux sacrés sont ces rochers ; les montagnes, des cathédrales vivantes. Je fais naturellement ce parallèle avec les chapelles ou temples bâtis par les hommes, dont les fondations sont souvent des socles naturels de rochers.

Goût pour le détail

En commençant à grimper, la beauté est une des premières choses qui m’a touchée. Celle du paysage et des choses minuscules qu’il m’était donné de contempler. J’ai gardé ce goût pour le détail, les choses ténues, quasiment invisibles. Comme la flore de la paroi et ces petits coussins de fleurs, les silènes acaules, que l’on trouve sur le sommet du Grand Capucin, dans le massif du Mont-Blanc.

Toute cette beauté nous entoure et nous nourrit. Il faut en être conscient et en éprouver de la gratitude. Pour moi, cela consiste à essayer de vivre aujourd’hui plus lentement, plus simplement. Temps et silence : deux éléments qui sont devenus des luxes aujourd’hui.

On peut grimper selon les âges de la vie de diverses manières. J’ai eu la chance de traverser toutes les disciplines, de la grimpe spontanée, enfant, au sport de haut niveau et à l’ascension de hautes parois, jusqu’à une pratique plus « contempl-active ». Notamment durant certaines aventures au long cours, partagées avec mon compagnon.

Au Venezuela, nous avons passé 15 jours à gravir la paroi du Salto Ángel, la plus haute chute d’eau du monde, entourés de quatre coéquipiers. Je me souviens d’une pluie diluvienne durant une nuit de bivouac. La cascade s’est mise à enfler. Totalement aspergés, nous avions l’impression d’être des marins en haute mer.

Vivre ces expériences-là rend plus humble. Nous restons des êtres humains avec un corps vulnérable. On apprend aussi le renoncement : où met-on le curseur en terme de risque ? L’escalade m’a apporté une connaissance plus fine de moi-même, dans un perpétuel ajustement entre retour à soi et retour au monde.

Resserrer son regard


Je me souviens de cette fissure large aux États-Unis, où je me suis retrouvée tétanisée par la peur. La chute pouvait être mortelle. Pour avancer, j’ai simplement resserré mon regard et recentré ma respiration au niveau du ventre. J’ai changé mon pouce d’inclinaison, j’ai tourné mon épaule, j’ai soudain aperçu une prise de pied sur laquelle pousser et je m’en suis sortie. Cela m’a éclairée sur le fait que dans le quotidien, quand on est piégé dans un tunnel d’obligations, on perd ce témoin qu’on a en soi, cette capacité de détachement. D’abord, resserrer son regard sur ce qu’on peut faire dans l’immédiat pour aller mieux, afin de retrouver une vision globale…

L’escalade et la vie m’ont enseigné que si l’on ne s’autorise pas à dépasser certaines de nos peurs de temps en temps, nous risquons de passer à côté de très belles choses. Des peurs, nous en avons tous. Les miennes peuvent paraître dérisoires à d’autres. Ne craignant pas le vide, j’ai été capable d’affronter des risques qui feraient frémir beaucoup de personnes tandis que je me sens handicapée dans certaines situations sociales tout à fait banales mais trop bruyantes pour moi.

Certains me disent : « Je ne pourrais jamais faire de l’escalade, j’ai le vertige. » Je veux leur dire : « Essayez ! » Lorsque nous avons le désir d’expérimenter quelque chose, nous sommes capables de bien plus que ce que nous imaginons.

Stéphanie Bodet

Source : La Vie

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samedi 13 juillet 2024

Les affaires de mon père

 LES "AFFAIRES DE MON PERE"  - LE "TRAVAIL" ET "LE MONDE", SUITE ET FIN (extrait du "Carnet")

Ce que nous appelons « le travail », la dynamique du « travail », laquelle pourtant ne cherche pas à « changer le monde » mais invite chacun à se changer lui même, cette dynamique constitue en elle même et presque malgré elle un pied de nez au « monde », à ses valeurs, à son statu quo, au fameux « ordre établi » que pourtant elle ne prétend pas renverser. 

Cela dit, que « le monde » se rassure. 

 Le « travail » n’est pas près de le dominer et ne constitue donc pas pour lui une menace à grande échelle. 

L’esprit du monde n’a pas beaucoup de souci à se faire quand à sa pérennité et à la bonne santé de toutes ses entreprises. 

Il n’y aura pas de « grand soir » spirituel, pas d’ « âge d’or », pas de « réveil des consciences ». Au mieux , et ce sera déjà pas mal, des mouvements de balancier. L'action et la réaction continueront à prendre place, voilà tout. 

Sans doute, quand nous serons collectivement allés beaucoup trop loin c’est à dire que la ou les catastrophes ne seront même plus à nos portes mais déjà les pieds sous notre table, sans doute à ce moment là irons nous dans l’autre sens …  et ainsi de suite tant que l’expérience humaine sur cette planète se poursuivra… 

En tant qu’instructeur, tout ce que je demande au « monde » - et c’est déjà beaucoup- c’est qu’il me, nous fiche la paix. 

Je lui paie volontiers sa dime, honnête et responsable citoyen que je suis.  Je ne prétends pas m'extraire du monde, ne pas m'en soucier, ce serait désinvolture, arrogance et inconscience. 


Je l’aime bien, tout compte fait, ce monde.

J’en fais partie, je ne le méprise aucunement et même lui suis à maints égards reconnaissant. 

A partir de là , et dès lors que je rends à César ce qui est à César, qu’il me laisse tranquillement vaquer aux « affaires de mon père » - et pardon si en utilisant cette parole, je parais sombrer dans une mégalomanie christique  ! 

Le mieux serait encore qu’il ne soit même pas ou à peine au courant des dites "affaires". 

Ce n’est pas toujours gagné. 

Il faut surtout sans rien cacher (rien de mieux que de se livrer à nos entreprises au nez et à la barbe du « monde ») faire en sorte qu’il ne se doute de rien, « le monde » …

 Qu’il nous prenne au mieux pour des originaux, de braves hurluberlus, de petits joueurs inoffensifs. 

Ce qui au final est vrai. 

Car même si notre entreprise secrète est un pied de nez à la figure du « prince de ce monde » , cela ne le menace pas à grande échelle. 

Que lui importe après tout, au « prince de ce monde » , si deux ou trois péquins lui échappent pour de bon, et si une poignée, sans complètement lui échapper, ne le suit plus aveuglement dans ses voies, ses œuvres, ses pompes ?  

Qu’est ce que cela peut faire à un multi milliardaire dont la fortune croit chaque jour de perdre mille euros par ci, cinq cent par là ?

« Attaquez à découvert et soyez vainqueur en secret » 

"Invisible en plein jour »

« Le guerrier ne laisse pas de traces » …

Voilà bien tout l'art ...

Gilles Farcet

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vendredi 12 juillet 2024

Pas la paix mais le glaive

 (LA TRANSMISSION ET LE MONDE, PARTIE 2- extrait du "Carnet")

« Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » « quiconque veut me suivre, qu’il quitte ses parents, etc » … 


Ces phrases ésotériques prennent un sens à la lumière du travail. 

« Quitter ses parents » désigne le fait de s’affranchir autant que possible des conditionnements familiaux, ce qui n’implique pas  nécessairement des les renier dans le cas où ils s’avèrent plutôt positifs, mais de ne plus être à notre insu manipulé par eux.  

Selon la formule de Swami Prajnanpad, devenir « libre de papa et maman » :  voir les personnes que furent nos parents non plus du point de l’enfant mais de l’adulte - ce qui n’exclût en rien l’affection et la gratitude éventuelle envers eux ;  ne plus exister dans l’ « imitation » et la reproduction aveugle des émotions transmises par ceux qui nous ont tant bien que mal éduqués. 

Le « travail » n’apporte pas la paix parce qu’il ne nous aide pas à être de plus en plus « pénards », fût ce sur un nuage de nirvana … 

Il apporte « le glaive » parce qu’il exige que nous tranchions dans le vif de nos illusions, croyances, prétentions, idéalismes, habitudes, mensonges et autres petits arrangements. 

Par « travail », je ne désigne pas l’enseignement d’ordre général,  les considérations consensuelles  sur "la spiritualité" ou  « les bienfaits de la méditation », qui ne menacent personne, voire participent à la maintenance du sommeil. 

Au vrai, le « travail » dérange confusément d’autant plus les personnes qui sont attirées par lui, voire prétendent y participer, mais dans les faits le fuient. 

Alors, oui le « monde » ne voit pas « le travail »  d’un bon œil. 

J’ai été très frappé par une histoire rapportée par Arnaud Desjardins. 

Vers le milieu des années soixante dix, Arnaud, tout en travaillant encore à la télévision française - laquelle est encore très loin de ce qu’elle deviendra - sait déjà qu’il va la quitter pour s’installer en Auvergne et y fonder son premier ashram, le Bost qui ouvrira en 1974. 

Un proche ami membre des hautes instances - cet ami sera plus tard directeur d’une des chaînes publiques - croit bon de l’informer de ce qui s’est dit lors d’une réunion au sommet.  

« Ce Desjardins » , observe un dirigeant, « que l’on présente comme un explorateur, un grand voyageur auteur de documentaires exotiques sur des traditions pittoresques … En fait, j’ai bien regardé ses émissions …Ce Desjardins n’est pas un réalisateur comme les autres. C’est un croyant, une sorte d’apôtre au service de ce qu’il appelle « les chemins de la sagesse ». 

« Le problème » , ajoute ce dirigeant, la mine sombre, « c’est que si c’est lui qui a raison, alors nous nous trompons tous. » 

Et de sous entendre que lui laisser ainsi l’antenne n’était peut être pas une si bonne idée …

Gilles Farcet

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jeudi 11 juillet 2024

La transmission et "le monde"

 LA TRANSMISSION ET « LE MONDE » (partie 1, texte à suivre, extrait du "carnet" - dont un livre devrait être tiré courant 2025 ...)

Gardons nous de toute « parano », de tout élitisme spirituel et autres tendances sectaires. 

Gardons nous de toute dynamique « eux et nous ». 

Reste que, si l’on a vocation de transmettre une voie, surtout dans un contexte de ce que j’appelle le lien à durée indéterminée (LDI), il est lucide et judicieux de s’attendre à ne pas être vu d’un très bon œil par « le monde »

Qu’est ce au juste que « le monde » ? 

 « Vous aurez des tribulations de par le monde, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde »

« Le monde », l’esprit du monde, c’est toute la dynamique de l’identification , de l’évitement, de l’émotion toute puissante, de la réaction, de l’ignorance et du déni. 

C’est l’ego et le mental constamment brandis en étendard et justifiés. 

C’est la mécanique du jugement, de l’exclusion, de la séparation, de l’exploitation, du mépris, de la violence sous toutes ses formes, toujours légitimées au nom du « bien », des « valeurs », de l’ « identité », de « la tradition » ou à l’inverse de la révolution, d’un « ordre nouveau » … 

Le monde, c’est ce que nous voyons quand nous allumons la télévision, la radio, quand nous allons sur les réseaux sociaux, ce nouveau tribunal populaire… 

Et le monde  bien entendu commence en nous même, c’est en nous même qu’il prend racine, dans notre fonctionnement mécanique et aveugle, notre méconnaissance de nous mêmes, nos illusions et prétentions. 

Il serait ainsi fort dangereux et arrogant de s’imaginer libre « du monde » ou en dehors de lui sous prétexte que nous nous vouons sincèrement à un travail d’ordre spirituel. 

Si il y a un « travail » digne de ce nom, " le monde " s’en trouve peu ou prou menacé dès lors qu’il croise sa route, fût ce fortuitement. 

Ce qui ne manque pas de le faire réagir. 

Sachons le, le « monde », n’accueille  pas « le travail » lorsqu’il le rencontre. 

Au mieux le tolère-il, ce qui n’est déjà pas mal, du moins tant que le travail demeure discret, ce qui est d’ailleurs une excellente idée. 

Monsieur Gurdjieff à qui ses contacts avec la sphère publique valurent bien des injures et diffamations  * (* notamment lorsque, par pure compassion, sachant pertinemment qu’il n’aurait à y gagner que des calomnies, il céda à la demande de Katherine Mansfield, célèbre autrice consumée par la tuberculose, de venir vivre ses derniers mois au Prieuré ; ou lorsque le journaliste Louis Pauwells, après un rapide et superficiel passage par les groupes, entreprit d’user de sa notoriété médiatique pour écrire un livre à charge dont il se repentit sur ses vieux jours mais qui entre-temps fit bien du mal … ) enjoignait ses élèves à ne pas parler du « travail ». 

Car si "le monde" n’est pas nécessairement  l’ « ennemi » du « travail », il  ne doit pas non plus être naïvement considéré comme son ami.

Gilles Farcet

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mercredi 10 juillet 2024

Mystère de la source ordinaire



Faire des choses ordinaires
nos plus belles célébrations.
Vivre comme
un éloge à la simplicité.
Ouvrir grand le cœur.
Se laisser nourrir
et devenir nourriture...

Federico Dainin Sensei

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D'où que nous pensons venir et où que nous pensons pouvoir aller...
Nous ne venons que de nous mêmes pour nous en aller sans cesse vers nous mêmes.
En ce "nous même" est contenu tout l'univers.
Large, merveilleux, insaisissable.
Un mystère.
Le découvrir c'est plonger dans une joie infinie, douce, forte.
A en couper le souffle.
C’est soudain se sentir comme un galet qui tombe lentement dans les eaux de l’océan.
Happé par les profondeurs.
Nous sommes faits d’os et de brume,
nous somme l’eau qui revient à l’eau, de goutte en pluie, de ruisseau en océan,
nous sommes la lumière qui éclaire le jour et illumine la nuit.
Nous sommes ténèbres qui se laissent éclairer et qui protègent ce qui doit se confondre à la nuit.
Tout cela est source de joie si nous le voulons.
Cette joie, transfigure.
Federico Isshaq Dainin Sensei

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mardi 9 juillet 2024

Apprends à être heureux avec Fabrice Midal

1. QU'EST-CE QUE TU CHERCHES ? NOURRIS TON AVIDITÉ !

Ferme les yeux. Souviens-toi de moments récents où tu t’es enfin senti.e satisfaite, comblé.e. Tu risques d’être déconcerté.e par ce qui vient : marcher dans le silence, écouter de la musique, appeler un ami, prendre un café sur une terrasse, nager... T’accordes-tu le droit de pratiquer ces « petites choses » qui te procurent un sentiment de plénitude parce qu’elles te nourrissent en profondeur?

Décide de leur laisser plus de place dans ta vie.

À travers cet exercice, comprends que seuls peuvent te combler ces petits moments que tu as tendance à mépriser, à considérer comme dérisoires, à assimiler à une perte de temps.

Or, ces moments reflètent un besoin profond en toi que tu n’écoutais pas assez. Ils doivent devenir une construction fondamentale de ton existence.

2. LE RITUEL DE L'APPRÉCIATION


On accomplit quantité d’actions d’une manière mécanique qui nous assèche, nous appauvrit, nous frustre. Par exemple, habiller le petit dernier pour aller à l’école, éplucher les légumes du dîner, arroser les plantes. Choisis l’une de ces actions (ou une autre qui lui est équivalente) et prends le temps de la réaliser en l’appréciant. Tu n’iras pas forcément moins vite mais, plutôt que de te focaliser sur la tâche elle-même, rentre dans toutes les émotions agréables que tu ressens. Il y a, en chaque situation, une part de beauté, d’émotion, qui ne demande qu’à se découvrir. Quand tu as terminé, remercie pour ce moment de bonheur que tu as vécu dans une tâche aussi banale que tu exécutes chaque jour.

3. LES QUALITÉS QUI TE NOURRISSENT

Au fond, de quoi as-tu besoin? Autrement dit, qu'est-ce qui te donne de la joie? Le rire, la tendresse, le courage, l’action? Les réponses à cette question varient au fil des jours, voire au cours d'une journée. Ferme les yeux et laisse venir à toi les deux qualités qui, à cet instant, te combleraient. Est-ce l’amour et la tendresse? Convoque-les ! Appelle un proche dans cette intention très précise et laisse la conversation irradier et te nourrir. Ne bavarde pas mécaniquement! Cette tendresse, tu peux aussi te l’offrir : fais-toi plaisir, va te promener ou écoute une musique qui te plaît, sans penser à autre chose qu’à la joie qu’elle te procure. Par cet exercice, tu redeviens acteur.rice de ta vie.

Une fois que tu as identifié ce qui t'apportera ici, tout de suite, de la joie, envisage l’action à mettre en œuvre pour vivre ce moment. Il s’agit d’actions simples qui suffisent à nourrir le vide, à combler l’avidité.


4. S'ENRACINER DANS LA TERRE

Cet exercice peut s'effectuer en quelques minutes, en une demi-heure ou même plus. La seule règle est ton ressenti.
Si tu es debout, concentre ton attention sur tes pieds, en contact avec le sol.
Si tu es assis.e ou allongé.e, laisse ton attention aller là où ton corps rencontre la terre, le sol.
Autorise-toi à être attiré.e par la terre, à sentir que tu peux t’y enraciner par tous les points de contact que tu as avec elle.
Ancre-toi et sens-la te nourrir.
Si cela t’aide, visualise des racines qui sortent de ton corps comme d’un arbre et rentrent profondément dans le sol pour en absorber les nutriments, les rapporter à toi et régénérer chaque cellule de ton corps grâce à la puissance nourricière de la terre. 

source : psychologies magazine

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lundi 8 juillet 2024

Et s'accepter aussi

 

" Aussi difficile que cela puisse paraître, le secret pour vivre en harmonie est d'accepter les autres comme ils sont. "

 - Ellen Jaffe Jones


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dimanche 7 juillet 2024

Tous unis

Avons-nous oublié la joie des effondrements ?

L’effondrement du mur de Berlin par exemple, la révélation, la découverte de ce que tout le monde savait : derrière chaque côté du mur il n’y a pas des ennemis mais des frères…

Pourquoi construisons nous sans cesse de nouveaux murs, entre Russes et Ukrainiens, Palestiniens et Israéliens, Américains et Mexicains, Africains et Africains, fronts populaires de droite et fronts populaires de gauche…?

Des murs, encore des murs de mots, de haine et de plus en plus nucléaires.

Malgré toutes les peurs, les énergies, la violence, le ressentiment que nous mettons à les construire, nous le savons de science certaine : tous ces murs sont destinés à l’effondrement et à la révélation de l’évidence que nous sommes tous Un, interreliés, interdépendants.

Ce n’est pas moral ou politique, c’est physique. Tout le monde le sait et fait semblant de ne pas le savoir.

La conscience de cette physique, de cette « matière » intriquée, c’est ce qu’on appelle l’amour ou la spiritualité. Ignorer ces évidences, c’est ce qu’on appelle la guerre, la guerre des sexes, des peuples, des civilisations, la guerre mondiale…

D’où nous vient ce goût du sang ? Était-il dès l’origine mêlé à notre lait maternel ?

Le poison de la volonté de puissance est-il le sel ou l’épice qui « relevait » nos premières viandes ?

Après l’édification guerrière de tous ces murs, combien de temps nous faudra-t-il attendre, dans la souffrance, l’incompréhension, l’illusion… avant que de nouveau, tout s’effondre et que nous respirions ensemble le grand air commun ?

Maintenant, n'est jamais ni trop tôt, ni trop tard. 


- Jean-Yves Leloup, juillet 2024


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samedi 6 juillet 2024

Egocentrisme raconté...


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 Les sacs de grain

Chaque année après les récoltes, tous les villageois se retrouvent près du moulin du village.
Il y a une grande meule, tout le monde vient avec ses sacs ie grain.
Chacun à son tour prend une mesure de grain, la fait passer uns la meule, recueille la farine et en remplit un autre sac.

Niais Nasredin ne cesse de puiser dans le sac de son voisin immédiat. Son manège finit par être repéré, et le voisin f insurge:

Nasredin, arrête donc de prendre le grain de mes sacs !

Oh, pardon ! Tu sais, je suis un peu idiot...

Le voisin opine de la tête, mais reste sur ses positions :

Oui, mais même si tu es idiot, pourquoi tu n’en prends pas de ton propre sac ?

Je suis idiot, admet Nasredin, mais pas à ce point-là!

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La volonté divine

Un jour, Nasredin se rend chez l’imam et lui annonce triomphalement:

J’ai enfin la preuve que TOUT dans ce monde va selon la volonté du Très-Haut.

Quelle foi profonde, Nasredin, mais qu’est-ce qui t’a permis d’arriver à cette conclusion?

Oh, c’est évident, dit Nasredin. Jamais rien dans ce monde ne va selon ma volonté à MOI.



Source : Les folles histoires du sage Nasredin par Ilios Kotsou et Matthieu Ricard
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jeudi 4 juillet 2024

Voir clairement

 


Voir quelque chose clairement est l'action la plus totale qui soit.

Quand un inconnu vous aborde, vous ne savez pas si c'est votre futur mari ou quelqu'un qui veut vous étrangler. Comment le savoir ? Vous allez écouter, regarder, sentir, être présent.

Vous n'allez pas vous laisser abuser par l'apparence...

Écoutez comment est son corps, sa pupille, ses mains, la position de ses pieds, son souffle, sa tête, comment il se présente, son débit d'allocution, le ton de sa voix, quand la voix se coince, se libère... et vous allez savoir si c'est votre futur mari ou s'il vaut mieux accélérer le pas. 

Vous ne pourrez le percevoir qu'en écoutant. De l'écoute vient le geste juste. À un moment donné, cette écoute devient instantanée. Si vous ne l'avez pas instantanément, c'est qu'il reste en vous un relent de peur, d'angoisse. Il faut écouter, c'est tout. Vous n'avez pas à ôter la peur. Voir quelque chose clairement est l'action la plus totale qui soit.

~ Éric Baret

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mercredi 3 juillet 2024

Libre des contraintes


anticiper la folie
s’aligner sur la sagesse
faire face au chaos
se tenir en ordre
ne plus attendre de cohérence
se montrer responsable
ne plus s’échiner à faire taire le bruit

se tenir attentif au silence
ne plus se chercher dans le regard de l’autre
savoir où l’on est
ne plus chercher l’approbation
ne pas susciter inutilement le trouble
ne plus s’évertuer à se faire comprendre
ne pas abdiquer la clarté
ne plus vouloir
que l’autre veuille
inlassablement cependant
en appeler à son intention
ne plus vouloir
que l’autre voie
persister pourtant à en appeler à son regard
avancer ainsi
libre
de contrainte en contrainte
léger
en portant lourd
esquiver de son mieux
mines bombes chausses trappes
vivre
radicalement seul
en la meilleure des compagnies

Gilles Farcet

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