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jeudi 13 mars 2025

La grâce de l'aube

 L'un des plus beaux textes de notre littérature... Il fait bien évidemment partie des 33 textes que j'avais sélectionnés dans mon livre-jeu "Les jardins de Colette - Parcours symbolique et ludique vers notre Éden intérieur", paru aux Editions Le Souffle d'Or en 2004.

Sabine Dewulf


" Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demie, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.
À trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau..."
Extrait de Sido de Colette.

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samedi 8 mars 2025

Tentons !


douché, étiré
nez dehors à l’aube
levant rouge
sur la crête des arbres
rien de ce que tu feras ce jour
n’est après tout si important
porter les bûches au poêle
lancer le feu,
l’entretenir
balayer les cendres autour de l’âtre
préparer ton petit déjeuner
prendre place pour le manger
parcourir ce journal
qui te relaie le bruit du monde
nettoyer un peu
ranger
puis vaquer
à ce qui t’occupe
puisque le jour se lève
et qu’il faut tenter de vivre
rien de ce que tu feras ce jour
n’est après tout si important
écrire ?
je t’en prie …
la musique ?
un petit passe temps
structurant
écouter accompagner
ici et là soulager ?
de grand cœur
oui
et sans te la raconter
tu n’es ni thaumaturge
ni sauveur
tout au plus parfois
quelque peu guérisseur
dès lors que l’autre le veut bien
un peu
Œuvre de Chantal Desmoulins

prier
te rassembler
t’asseoir
sous le regard de l’immensité
un peu
puisque vivre
n’est pas seulement contempler
un peu donc
juste assez
pour t’aligner
sur l’unique priorité
le jour se lève
il faut tenter d’aimer

Gilles Farcet

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jeudi 12 décembre 2024

Prendre conscience...


 Phrases extraites de "La stratégie du Oui" de Denise Desjardins

Consoler l'enfant perdu que nous avons été, ce n'est pas le dorloter, nourrir son obstination, en revivre obsessionnellement les souffrances.

Donner à l'enfant toute permission de s'exprimer, certes pour qu'il puisse grandir, évoluer. Nous portons cet enfant en nous, mais nous ne le sommes plus.

Travail de désidentification à faire ;

Réflexion sur le plan de la compréhension de nos comportements, jamais sur celui des "excuses". Evitons cette erreur puérile.

Nous sommes programmés par notre mémoire, comme un ordinateur doté de "mémoires" différentes selon les questions que l'on souhaite lui poser.

Prendre conscience de ce que nous sommes, de ce qui nous régente de loin : le passé. Ce passé, avec ses impressions restées toutes puissantes, invisibles, qui nous manœuvrent à notre insu comme une marionnette dont il tire les ficelles.

Principe incontournable : ce qui vient, vient pour partir : états de conscience provisoires, pensées instables, émotions changeantes ; notre psychisme entier est transitoire.

Comment pourrait-on être en paix avec autrui si on ne l'est avec soi-même.

Nous avons perdu le souvenir de notre implacable sensibilité d'enfant. Toute les sensations s'enregistrent chez lui comme une plaque ultra-sensible où s'amplifient le moindre son, le plus léger choc.

Un geste agressif, et il se sent tué. Il désire tuer à son tour immédiatement. L'enfant ne croit qu'à l'agréable et à sa permanence. Au moindre désagrément, il est perdu ; s'il subit un violent traumatisme, pas de nuances, le ressentiment sera long à passer.

Du ressentiment à la compréhension jusqu'à la réconciliation.

Qu'est-ce que comprendre l'autre sinon voir sa souffrance, son irresponsabilité, essayer de se mettre à sa place.

La mémoire : alors que chaque sensation, chaque perception est unique et qu’il n'y a pas de continuité, la mémoire s'immisce et nous incite à juger, comparer, en ramenant sans cesse des impressions anciennes. Elle établit des ponts, relie l'impression actuelle à celle du passé et ce lien donne l'illusion de la continuité. Quelque chose semble persister, devient insensiblement un "je" qui se développe et convaincu de sa propre permanence, se gonfle d'importance. C'est à travers la mémoire que se vomissent les émotions douloureuses du passé sur celles du présent, elle qui les dramatise et les fait dérailler. 

La mémoire est neutre, c'est un instrument, que l’on emploie à sa guise.

Pourquoi ? Le "pourquoi" : je questionne lucidement, et je quitte le plan du mental pour celui de la buddhi ; l'intelligence discriminative.

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dimanche 27 octobre 2024

Fourbu

FOURBU
Je partage ici ce texte écrit il y a des décennies par un prêtre de paroisse et retrouvé dans les archives de ma famille. Il me parle. Gilles Farcet
seigneur
ce matin
chancelant sous l’impact
d’une énième insomnie
je pense à la cohorte
de tes serviteurs fourbus
courbés sous le fardeau
des confessions
des misères ordinaires
brassées à pleine mains
des détresses déposées

à leurs pieds , au quotidien
ébranlés
par cette masse compacte
d’attentes
de plaintes et de murmures
engoncés dans cette gangue
de douleurs aveugles
parfois suffoqués
sous cet incessant reflux
eux tous, tes pauvres journaliers
au dos cassé à force
de travail dans tes champs
usés de ce labeur ingrat
eux tous et chacun d’eux
fourbus
et Te priant
et se priant les uns les autres
dans l’obscurité de leur tête à tête avec toi
dans l’éternité bienheureuse
du service
qui est sa propre récompense

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mardi 24 septembre 2024

A suivre

 à suivre

toujours


à suivre

pas de mot « fin »

à peine le rideau s’abaisse-il 

qu’il se lève sur une autre pièce

toute fin est un commencement 

tout commencement procède d’une fin

alors à suivre

toujours à suivre


Gilles Farcet

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dimanche 16 juin 2024

Se la jouer...

 (extrait du "Carnet")



J’ai de plus en plus souvent l’impression intime  de me trouver « au taquet », au ras de l’essentiel , par terre avec les yeux juste ouverts pour voir les choses au plus près de ce qu’elle sont.
Cela suppose d'arrêter de  "se la jouer" - une expression populaire que je trouve très parlante-  ce qui n’est pas si évident, hein …
Se la jouer.
Tous nos grands et gros mots...
Nos théories, nos théologies, nos "enseignement"s dès qu’on s'en gargarise, nos prétentions inconscientes, tout ce qu’on arrive si aisément à se faire croire ... au moins tant qu’on a la santé de surface )- quand on la perd c'est une autre histoire- tout ce dont on est bouffi.

L’éveil, la spiritualité, Dieu, non Dieu, le Vide, le Sans forme, la liberté, et bla bla bla. Toutes choses dont on s'autorise à parler avec l'autorité que nous confère notre prétention saupoudrée de miettes de savoir et, oui, même, parfois d'expériences nécessairement parcellaires car comment le fini appréhenderait-il l'infini ?
Vu depuis le ras de ce qui est, tout ça ressemble à du bluff.
Au ras de ce qui est, tout devient basique, élémentaire, vital.
Aimer. C’est à dire cesser de refuser, cesser de se regarder soi, cesser d’exiger de l’autre, de tous les autres y compris le monde entier (!)  qu’il se positionne en fonction de moi, cesser de réagir selon ce que dicte ce moi obsédé de lui même … �
Ou ne pas aimer.
Et éventuellement habiller cette posture de grandes phrases, de  concepts vertigineux, de sophismes ronflants, et allons-y et vas-y que je pontifie étant entendu qu'il n'y a personne pour pontifier
Échafaudages pseudo théologiques, constructions, déconstructions, gloses, non gloses, affirmations , récusations, caquètements dans un vide en lequel nous flottons tels des pantins hors sol  ..  
Pour ne pas se sentir au taquet, acculé à la simplicité , celle qui mutile le moi égocentrique (pléonasme qui ne désigne pas la personne).
Aimer. Ne pas aimer.
Au final , au "jugement dernier » , plus que ça, rien que ça.
Le reste, des postures, des attitudes, même si d’aucunes ont un peu de gueule.

Gilles Farcet 

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mercredi 12 juin 2024

Débrouille

 

DEBROUILLE
le temps n’existe pas
le temps passe
je m’en débrouille
tout est écrit
tout est possible
je m’en débrouille
tout est dérisoire
tout est important
je m’en débrouille
je ne peux rien
je dois agir
je m’en débrouille
personne n’est coupable
chacun est responsable
je m’en débrouille
pas de but
un chemin
je m’en débrouille
pas de moi
un je
je m’en débrouille
pas de libre arbitre
un choix
je m’en débrouille
ne rien attendre
tout espérer
je m’en débrouille
la tragédie
la merveille
je m’en débrouille
tout est obscur
tout est limpide
je m’en débrouille
le nirvana est le samsara
le samsara est le nirvana
je m’en débrouille
car n’est ce pas
dans la vie
il s’agit d’apprendre à se débrouiller
 
Gilles Farcet 
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vendredi 5 octobre 2018

Ecrire...


Charles Aznavour s'est éteint ce lundi 1er octobre à l'âge de 94 ans. L’an dernier il avait accepté de dire au piano un de ses plus beaux textes, « Écrire », dans La Grande Librairie. 


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vendredi 28 avril 2017

Jacques Oloron, Retour à la réalité

 

Voici un livre qui m’a d’abord attirée par son titre – je ne cherche rien d’autre ! -, son illustration, si simple et évocatrice à la fois : « L’étendue verte », de Jacques Le Brusq – ah, se rouler tout simplement dans l’herbe, comme les enfants ! - et sa présentation : les chapitres forment… une seule page.

J’aime particulièrement cette simplicité-là, qui cherche à nous ramener directement au réel que nous vivons. Les textes sont donc courts et agrémentés de paragraphes, ce qui les rend particulièrement lisibles. On peut aussi prendre ce livre par n’importe quel bout, ce que j’apprécie également. J’aime prendre une page au hasard et tomber sur la ou les phrases qui feront sens, écho et qui me permettront de revenir à ce que je ne cesse de quitter : l’espace d’ici et le temps de maintenant. Alors, jouons le jeu, prenons une page au hasard après avoir fermé les yeux, posé les pieds sur le sol et s’être centré quelques secondes… Comme c’est drôle : je tombe précisément sur un chapitre intitulé, p. 59 : « Sous nos pieds » ! Authentique, je vous le jure !  Alors, mes yeux tombent sur le dernier paragraphe suivant :

« Mais nous avons tant privilégié nos pensées au détriment de notre instinct depuis que nous nous sommes civilisés que, devenus bien chaussés, c’est comme si nous n’avions plus de sens : nous ne parvenons plus à sentir la terre sous nos pieds. »

Voilà qui me plaît infiniment. J’ai une petite table de chevet mais suffisamment grande pour accueillir quelques livres. Celui-là, c’est sûr, en fera partie.


 Sabine Dewulf



dimanche 28 avril 2013

Fin de la semaine de la compassion... On recommence la semaine prochaine.


De même qu’une mère répond à l’appel de son petit enfant chéri lorsqu’il souffre, quand vous éprouverez le même sentiment de compassion spontanée à l’endroit de tous les êtres, vous aurez alors parfait la pratique de la compassion en atteignant ce qu’on appelle « grande compassion».

Dalai-Lama à Toulouse en 2011
textes et prieres

mardi 17 juillet 2012

L'apocalypse avec Paule Amblard (1)

Paule Amblard nous propose le périple de l'apocalypse en cinq épisodes... 
pour un monde nouveau, un dévoilement en compagnie de (Saint) Jean.


Premier épisode : Le livre de notre destin


Introduction : Jean prisonnier sur l’île de Patmos reçoit des visions. Ce message du Ciel il va l’adresser à ses amis, ces petits enfants comme il les appelle, les communautés chrétiennes de l’époque et au-delà à tout chrétien, à tout homme. Ce qu’il raconte dans sa situation d’exil, donc de souffrance, est un chemin d’espoir. Chemin intemporel, puisqu’il révèle le cœur de l’homme dans sa vastitude, sa dimension spirituelle. Ainsi ce texte n’a pas d’époque. Il parle de nous et vient nous trouver dans nos difficultés de vie où nous sommes souvent exilés de nous-mêmes.


1. Le vieil homme : Le grand lecteur nous conduit. Nous sommes dans la nuit mais guidés sous la lumière du ciel et comme l’indiquent les papillons : signe de résurrection, nous sommes destinés à renaître.


2. Le Christ au glaive : Jean tombe "comme mort devant le Christ", lui qui est "le premier et le dernier, le Vivant". Explication de la symbolique du glaive, des chandeliers, des arbres sous l’autel, du visage et pieds rouges du Christ. Le chemin de l’Apocalypse nous conduit vers celui qui est la lumière du monde et qui révèle le vivant en nous, notre lumière.


3. Les larmes de Jean : Le livre qui contient le destin de l’homme est scellé et "nul dans l’univers n’est capable d’ouvrir le livre". Jean pleure. Après être tombé "comme mort" aux pieds du Christ, il y a ses pleurs. Ces larmes sont aussi une prise de conscience de notre condition, de notre pauvreté, de notre manque. Sans elle il n’y a pas de chemin vers autre chose. L’Apocalypse nous oblige à quitter nos conforts, nos certitudes de nous-mêmes et du monde pour "aller vers". Comme Abraham, il faut se quitter et se mettre en route. Le chemin vers le renouveau commence par une souffrance, celle de notre incapacité spirituelle. C’est au cœur de nos difficultés que le travail commence. Alors nous aussi, on a envie de suivre Jean et le vieil homme qui l’entraîne par un pan de manteau. Le vieil homme est un des 24 vieillards. Explication du vieil homme. Il entraîne Jean vers celui qui est capable d’ouvrir le livre : l’Agneau. Le Christ ouvre le chemin de vie à nous qui sommes "comme morts".



vendredi 18 mai 2012

"Chaque arbre possède sous la terre une version première de lui-même. L'arbre vénérable abrite un "arbre caché" souterrain, constitué par un réseau de racines qui s'abreuvent en permanence à des eaux invisibles. A partir de ces racines, l'âme cachée de l'arbre fait monter l'énergie afin que sa vrai nature, sage et audacieuse, puisse s'épanouir au dessus du sol. 


Il en va de même avec l'existence d'une femme. Malingre ou flamboyante, quelque soit l'état dans lequel elle se trouve en surface....il y a en dessous d'elle une "femme cachée" qui entretient l'étincelle d'or, cette énergie éblouissante, cette source d'âme qui ne tarit jamais. La "femme cachée" tente toujours de faire remonter cette force vitale....à travers le sol aveugle pour nourrir sa partie haute et le monde à sa portée. Ses périodes d'expansion et de réinvention dépendent de ce cycle..."


Clarissa Pinkola Estes
La Danse des Grand-mères, p.33