(extrait du "Carnet")
J’ai de plus en plus souvent l’impression intime de me trouver « au taquet », au ras de l’essentiel , par terre avec les yeux juste ouverts pour voir les choses au plus près de ce qu’elle sont.
Cela suppose d'arrêter de "se la jouer" - une expression populaire que je trouve très parlante- ce qui n’est pas si évident, hein …
Se la jouer.
Tous nos grands et gros mots...
Nos théories, nos théologies, nos "enseignement"s dès qu’on s'en gargarise, nos prétentions inconscientes, tout ce qu’on arrive si aisément à se faire croire ... au moins tant qu’on a la santé de surface )- quand on la perd c'est une autre histoire- tout ce dont on est bouffi.
L’éveil, la spiritualité, Dieu, non Dieu, le Vide, le Sans forme, la liberté, et bla bla bla. Toutes choses dont on s'autorise à parler avec l'autorité que nous confère notre prétention saupoudrée de miettes de savoir et, oui, même, parfois d'expériences nécessairement parcellaires car comment le fini appréhenderait-il l'infini ?
Vu depuis le ras de ce qui est, tout ça ressemble à du bluff.
Au ras de ce qui est, tout devient basique, élémentaire, vital.
Aimer. C’est à dire cesser de refuser, cesser de se regarder soi, cesser d’exiger de l’autre, de tous les autres y compris le monde entier (!) qu’il se positionne en fonction de moi, cesser de réagir selon ce que dicte ce moi obsédé de lui même … �
Ou ne pas aimer.
Et éventuellement habiller cette posture de grandes phrases, de concepts vertigineux, de sophismes ronflants, et allons-y et vas-y que je pontifie étant entendu qu'il n'y a personne pour pontifier
Échafaudages pseudo théologiques, constructions, déconstructions, gloses, non gloses, affirmations , récusations, caquètements dans un vide en lequel nous flottons tels des pantins hors sol ..
Pour ne pas se sentir au taquet, acculé à la simplicité , celle qui mutile le moi égocentrique (pléonasme qui ne désigne pas la personne).
Aimer. Ne pas aimer.
Au final , au "jugement dernier » , plus que ça, rien que ça.
Le reste, des postures, des attitudes, même si d’aucunes ont un peu de gueule.
Gilles Farcet
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1 commentaire:
la réflexion sur l'expérience intime de se retrouver "au taquet", au plus près de l'essentiel, est profondément évocatrice.Elle met en lumière la tentation commune de se perdre dans des grands mots et des concepts complexes, qui parfois nous éloignent de la réalité brute et immédiate des choses.
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