samedi 7 septembre 2024

Portail du silence


Le portail menait
aux rires du
jardin.
Tes propres portes
un jour se sont
fermées
sans que personne
autour de toi
n'en mesure
le silence.
Jean-Christophe Ribeyre
Frères
Éditions Henry/La rumeur libre

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vendredi 6 septembre 2024

Energie de Vie

"Voilà ce qu’il avait compris, pour peu qu’il ait compris quoi que ce fût : cette effrayante énergie appelée vie se damnait et se rachetait à chaque instant.

Elle se damnait par l’oubli, par l’indifférence, par l’inhumanité ordinaire, par la sécheresse instituée en condition courante, par l’absence de perspective de l’esprit et du cœur lovés sur leur plus petit dénominateur commun, le moi rabougri, la personne atrophiée parce que réduite à la personnalité, l’identité embryonnaire...


Et elle se rachetait par l’attention, par le moi non plus étanche mais transparent au point de voir au travers de ses propres parois.

Elle se rachetait par le plus insignifiant des actes de bonté, le plus anodin des gestes généreux, le plus inaperçu des sourires.

Il y avait ce sens-là et il n’y en avait pas d’autre : cette existence était un raz-de-marée de souffrances qui toutes se brisaient contre le mur invisible et à chaque instant remonté de la compassion active.

Voilà ce qu’il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale.

Le monde s’abîmait à chaque instant dans l’abomination et, à chaque instant, il appartenait à tout être conscient de le sauver, et de le sauver d’un rien, sans se prendre pour un sauveur et surtout pas se revendiquer comme tel.

L’être conscient avait vocation de fonctionnaire du salut : en poste pour opérer de moment en moment des sauvetages de rien du tout.

Car tous les sauvetages n’étaient de rien du tout, y compris ceux que d’aucuns voyaient, louaient, célébraient, autant que tous ceux qui n’étaient vus de personne. Tous les sauvetages étaient goutte d’eau dans l’océan de la souffrance ininterrompue, et pourtant ... Chacun de ces sauvetages rachetait l’ensemble, dans l’instant comme pour toujours.

C’était à n’y rien comprendre et il n’y comprenait rien. Mais il le vivait, il respirait de cela."

Gilles Farcet, 𝐿𝑎 𝑟𝑒́𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑝𝑡 𝑎̀ 𝑔𝑒́𝑜𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒. Ed. L'Originel 2022.

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jeudi 5 septembre 2024

Présence de la respiration

 Nous avons repris les bases de la méditation.

D'abord poser l'intention.


J'ai repris les moyens qu'emploie Jean Yves Leloup auprès de qui j'ai été faire une retraite dans son manoir de la Tuderrière près de Challans en Vendée.



Au premier son du bol on prend conscience de la lumière que nous sommes et que les autres ont cette même essence lumineuse et nous symbolisons cela en joignant les deux paumes de nos mains. C'est très proche du Namasté hindou qui signifie "Je reconnais la lumière qui est en toi"


Au second son du bol on baisse la tête en se penchant en avant et on se rappelle l'origine terrienne de notre humanité, le "glaiseux". Nous prenons conscience que c'est grâce à cette apparence, à ce corps fait de glaise que nous pouvons prendre conscience de notre essence lumineuse et uniquement grâce à lui. Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu.


Au troisième son du bol nous posons le dos de la main droite sur la paume de la main gauche et nous joignons les deux pouces pour nous rappeler que nous sommes relation, relation entre le ciel et la terre, entre l'humain et le divin et relation avec tout ce que nous percevons. Cette relation est évident quand nous prenons conscience de l'ouverture que nous sommes, cette vaste ouverture au sein de laquelle le monde et nous-mêmes nous nous produisons.


Une fois que cette intention est posée, nous nous ancrons aux sensations de la respiration pour apprendre à notre esprit à se poser en un point.


Nous avons terminé la méditation en posant notre attention sur les différentes sensations que nous ressentons dans notre corps...
Philippe Fabri
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mercredi 4 septembre 2024

Besoin d'être aimé

 Q : Je ressens un grand besoin d'être aimé. N'ayant pas de conjointe, je me sens en manque d'amour. Je questionne ce besoin. Est-ce que je le crée et je l'entretiens par ma pensée ? Est-ce parce que je ne m'aime pas moi-même que j'ai besoin de me sentir aimé par d'autres ? Est-ce un besoin naturel, comme la faim et la soif, dont je ne peux me libérer, ou bien pourrai-je m'en libérer et comment ? J'explore aussi le principe de donner l'amour inconditionnel au lieu d'être en attente de le recevoir.


Jiddu Krishnamurti : Si vous êtes réellement disposé à questionner ce besoin, vous allez découvrir que ce que vous appelez "amour" est en réalité une quête de confort et de sécurité. Personne ne trouve l'amour dans une relation (il faudrait bien-sûr définir ce que nous entendons par ce mot), mais on peut y chercher la sécurité et d'autres avantages, comme un partenaire sexuel ou une cuisinière, quelqu'un qui nous aide à passer les moments difficiles... 

Toutes ces choses sont volontiers appelées "amour" par tout le monde. Pourtant, si nous observons réellement ce qui se passe entre un homme et une femme, nous voyons beaucoup d'arrangements, d'intérêts personnels, d'égocentrisme. Le compagnon ou la compagne ne sont finalement là que comme des objets pour satisfaire nos besoins. 

Où est l'amour dans une telle relation ? Mais il ne faut pas se voiler les yeux, c'est en regardant "ce qui est", tel que c'est, que nous pouvons vivre avec ce qui est. Ce besoin que vous énoncez est en même temps irrépressible, vous l'avez constaté : "j'ai grand besoin", dites-vous, et en même temps, vous demandez : "comment m'en libérer" ? 

Comment allez-vous vous libérer de quelque chose dont vous êtes certain d'en avoir grand besoin ? Comment allez-vous parvenir à vous en débarrasser ?

La question qui se pose à vous en fait, si vous acceptez qu'il est certainement immature de vouloir se débarrasser de quoi que ce soit, est de savoir si vous allez continuer à vivre les relations telles que je les ai décrites, ou si vous êtes disposé à vous libérer de vos images. Vous êtes en effet habité par des images : image de la femme idéale, image de votre partenaire idéale, image d'une partenaire du passé, et toutes ces images vous séparent de l'autre à tout moment. 

Ce que vous avez appelé "amour" jusqu'à présent n'est qu'une relation que vous avez entretenue avec vos images intérieures. 

Pour être réellement en relation avec la personne qui vous accompagne, il est nécessaire de faire silence en soi ; et je ne parle pas d'un effort méditatif comme on en trouve sur le marché, mais d'un véritable silence que les mots ne peuvent décrire et dans lequel les images disparaissent et laissent la place à une vigilance qui permet d'être absolument présent à ce qui est – un événement, un paysage, une personne – sans obstacle, et dans une relation qui pourrait alors être appelée "amoureuse".

~ Jiddu Krishnamurti 

(extrait d'une vidéo en anglais)

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mardi 3 septembre 2024

Souplesse

 Souplesse du corps et de l’esprit


Ma manière de grimper s’est transformée. À présent, je recherche simplement la communion avec les éléments, la densité de l’instant. J’ai compris que l’on pouvait vivre des moments d’exception sans tenter de réaliser à tout prix un exploit. Et qu’une certaine aisance, même, était propice à l’éclosion d’un sentiment d’unité.

Quels que soient nos cheminements, je crois que l’essentiel est de parvenir à cultiver, chacun à notre manière, une action juste, alignée avec nos convictions. À vivre, autant que possible, à la verticale de soi. Cette verticale n’est pas figée car nous sommes des êtres vivants, en perpétuelle oscillation. Pour être plus souple et plus déliée, notre verticalité mérite de se déployer dans les deux sens. Prendre ses racines dans la terre pour fleurir dans le ciel.

Stéphanie Bodet

Source : La Vie

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lundi 2 septembre 2024

Vrai Soi

 Je vous encourage à faire cet exercice tous les jours, pendant 5 à 10 minutes :


Fermez les yeux et imaginez-vous totalement vide ... Pas de passé, pas d'histoire, pas de souvenirs, pas de problèmes, pas de réalisations, pas de victoires, pas de défaites, pas de soucis, pas de besoins, pas de désirs... RIEN. Vide, vide, vide ... Lâchez tout, le bon et le mauvais. Complètement vide.

Qu'est-ce qui reste ? Êtes-vous toujours là ? 

Bien sûr que vous êtes là.

Ce qui reste est votre vrai vous, votre vrai Soi. Votre vrai Soi ne se soucie pas de votre histoire et de tout le reste.

Mooji

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dimanche 1 septembre 2024

L'intranquille

L'INTRANQUILLE (test : un texte un peu "difficile" ...)
mon esprit assoiffé
accroché à mon cœur
ne peut se satisfaire
d’une simplicité unidimensionnelle
parce qu’elle ne rend pas compte
de cette totalité
qui pourtant jamais ne se laissera saisir
à mon esprit aux abois
il faut une complexité multidimensionnelle
la danse des contraires
des irréconciliables
qui s’entrechoquent
et dont la friction produit
par delà les concepts
des éclairs de vérité

Il ne fait pas toujours très bon
habiter cette complexité
dont pas grand monde ne veut
précisément
parce qu’elle est ardue
parce qu’elle est difficile
et qu’elle ne rassure pas
et qu’elle demeure inouïe
contrée ignorée de maintes cartes
où je me sens parfois isolé
un peu fou
en danger d’arrogance
à force de croire entrevoir
ce que peu ne serait ce qu’envisagent
parfois contrit d’être ainsi
contraint au contradictoire
et par là même peu compris
or qui n’aspire à l’être ?
en vérité désemparé
que tant se satisfassent
de leur petit fragment
auquel ils s’accrochent
pour voguer parfois toute une vie
sur la houle du réel
qu’y puis je ?
me satisfaire d’une grille
d’un paradigme
d’une foi
d’un système
d’une logique
d'une construction
ou déconstruction
voilà qui ne m’est pas permis
je suis un intranquille
aussi ne connaitrai je pas
le repos des certitudes
la sécurité de l’appartenance
le trompe l’oeil
des cohérences de surface
alors j’habite
mon pauvre esprit écartelé
accroché à mon coeur en cavale
toujours à l’affût de cette autre cohérence
qui met les repères en déroute
j’y vis
pas si mal au final
parfois même si bien
de temps à autre un peu difficilement
l’enjeu étant
depuis cette complexité foisonnante
d’aimer en toute simplicité

Gilles Farcet

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samedi 31 août 2024

Méditations

 


Pour que les actes accomplis dans le but d’aider autrui aient véritablement des conséquences bénéfiques, ils doivent être guidés par la sagesse, une sagesse qui s’acquiert par la méditation. La raison d’être ultime de la méditation est de se transformer soi-même pour mieux transformer le monde, ou de devenir un être humain meilleur pour mieux servir les autres. Elle permet de donner à la vie son sens le plus noble.

Matthieu Ricard, L’art de la méditation.



"Quelle est l'intention des méditations ? 

C'est l'intention qu'ont tous les êtres : être heureux, expérimenter le bien-être et éviter la souffrance, le mal-être !

Notre ignorance des conséquences de nos actes fait que, malheureusement, nous nous trompons souvent et nos actes, malgré notre bonne volonté, entraînent régulièrement de la souffrance pour nous-mêmes et pour les autres. Il s'agit donc d'essayer de mettre de la conscience sur nos actes.

Nous arrêter le temps de la méditation, observer ce qui se passe dans notre esprit est un premier pas vers la paix. Prendre conscience que chacun de nos actes est précédé d'une pensée. Prendre conscience que nous avons si peu de pouvoir sur le surgissement de nos pensées. Prendre conscience que nous avons la possibilité de devenir conscient de ce que nous allons faire de la pensée qui surgit.

A partir de là nous allons pouvoir commencer à essayer d'avoir une vie un peu plus consciente. Nous allons essayer de devenir conscient, de nous éveiller à notre véritable nature et à la véritable nature de tous les phénomènes.

Peut-être en arriverons nous à devenir conscient que la seule façon d'être vraiment en paix est de s'éveiller pour le bien de tous les êtres, ce qui est l'union de la sagesse et de l'amour.

Et pour tout cela nous avons à développer certaines qualités : la patience, le courage, la générosité, l'éthique, la concentration, la sagesse.

Vous voyez, il y a du travail pour chacun de nous..."

Philippe Fabri

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vendredi 30 août 2024

Silence du dedans


 "Un jour, on découvre ce silence du dedans, qui existe en dehors de tous les mouvements de l'âme. Comme un espace profond, mystérieux, inexprimable.

Ce silence du dedans n'est pas absence de bruit, mais une vie, une présence qui absorbe le temps, efface toute chose. A ce moment, le monde entier baigne dans le silence, il est enveloppé par lui, et ce silence est plénitude".

Erik Sablé, Brèves de Sagesse, Editions Dervy.



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jeudi 29 août 2024

Observation et connaissance

 


Le Bouddha nous a appris à observer les choses précisément là où elles apparaissent. Une fois apparues, elles ne durent pas ; elles disparaissent et d’autres choses apparaissent qui finissent aussi par disparaître.

Mais ce n’est pas ce que nous voulons !

Quand notre esprit est en paix, nous voulons qu’il continue à être en paix, nous ne voulons pas qu’il s’agite, nous voulons nous sentir bien !

Or, ce souhait est contraire à la réalité.

Le Bouddha nous a dit de commencer par voir et comprendre clairement la nature de tout ce qui nous entoure. Ce n’est qu’ensuite que l’esprit sera vraiment calme et paisible.

Tant que nous ne connaîtrons pas ces choses, tant que nous ne comprendrons pas nos humeurs, nous demeurerons des personnes changeantes, nous nous attacherons à nos humeurs, et cela tournera à l’entêtement et à l’orgueil. 

~ Ajahn Chah

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mercredi 28 août 2024

Amour joyeux


 Aristote écrit : « Aimer, c’est se réjouir », idée que reprendra Spinoza, quelques vingt siècles plus tard, en disant – et c’est la définition de l’amour que je préfère : « l'amour est une joie qui accompagne l’idée d’une cause extérieure ». Autrement dit, aimer c’est se réjouir de.

Si quelqu’un vous dit : « Je suis joyeux à l’idée que tu existes », vous prendrez cela pour une déclaration d’amour, et vous aurez évidemment raison. Vous aurez aussi beaucoup de chance, parce que c’est une déclaration spinoziste d’amour, ça n’arrive pas tous les jours, beaucoup de gens sont morts sans avoir entendu ça ; et puis, surtout, c’est une déclaration d’amour qui ne vous demande rien. Et ça, c’est tout à fait exceptionnel. Profitez-en bien ! Parce que si quelqu’un vous dit : « Je t’aime », mais s’avère être platonicien, son « je t’aime » signifie en vérité « Tu me manques, je te veux ». Donc il demande tout, puisqu’il vous demande vous-même. Alors que si quelqu’un vous dit : « Je t’aime » en un sens spinoziste, cela veut dire : « Tu es la cause de ma joie, je me réjouis à l’idée que tu existes ». Il ne demande rien puisque votre existence suffit à le convaincre et à le satisfaire.

l’amour selon Platon et Spinoza de André Comte-Sponville.

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mardi 27 août 2024

Alors respire....

"Le vent coule si paisible

sur le sommeil de la prairie

que les herbes semblent

inventer la brise en rêve.

Et les nuages passent sans bouger

tellement ils sont haut et loin

de nos pensées .

Et les pensées se perdent

Dans le bleu d'un autre ciel.

Alors respire le rien."

Jean Mambrino 1923-2012 - Ainsi ruse le mystère. Poèmes

peinture : Andrew Wyeth 1917-2009 Blackberries

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lundi 26 août 2024

Sortir des griffes du temps

 Bonne semaine accompagnée de repos chaleureux !


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Aussi zen qu'un bonze
Un gros chat attend son heure ~
Sagesse féline


🖊️ LD 18.05.24

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