vendredi 11 août 2017

La voie spirituelle avec Véronique Desjardins (3)


Et après, est-ce qu’il n’y a pas le besoin de rembourser la dette spirituelle contractée auprès du maître ?

Absolument ! D’abord on est redevable de la vie, ce que les bouddhistes appellent ce précieux corps humain. Mais surtout, si on a la chance de croiser un maître et de vivre une transformation, on est dépositaire d’une richesse qu’on ne peut pas garder pour soi seul. Vient le moment de partager ce trésor. Il y a différentes façons de le faire. Cela peut être une nouvelle manière d’entrer en relation avec les autres, d'être une lumière dans leur destin. J’ai un souvenir très fort à cet égard. Un jour, dans le centre tibétain de Karma Ling, nous étions nombreux dans le temple à attendre le dalaï-lama qui devait donner des enseignements. Soudain, il est arrivé et par la simple manière dont il est entré, dont il s’est tourné avec chaleur vers chacun, toute l’atmosphère a été changée. Voilà un être qui a le pouvoir, simplement en apparaissant, d’ouvrir les cœurs, de vous remplir de joie. Nous ne sommes pas des dalai-lamas mais, chacun à notre niveau, que pouvons-nous faire, dans notre sphère d’action, pour être des facteurs de guérison du monde et non pas d’aggravation de la maladie du monde ? Ce critère, cher à Arnaud, est tellement simple.

Et pour vous, le décès d’Arnaud a mis l’accent sur cet aspect dette par rapport à lui ?

Oui, bien sûr, mais pas par rapport à lui. Non, ça, ce serait terrible. Une des plus belles choses qu’Arnaud m’ait dite à la fin de sa vie, c’est : « Tu ne me dois rien et tu ne dois rien à Hauteville (1) ». Cela a eu un effet libérateur et, du coup, la dette dont vous parlez n’est pas une dette imposée de l’extérieur, comme une contrainte, mais quelque chose qui vient de l’intérieur. C’est à partir d’une grande liberté que je ressens, tout naturellement. « Je ne peux pas ne pas donner ce que j’ai reçu ». Cela participe d’une circulation énergétique. Le maître nous a donné en abondance et, à notre tour, nous redonnons, à notre mesure, ce que nous avons reçu mais dans une forme qui est la nôtre.

C’est ce que vous vivez actuellement ?

Oui, j’ai une gratitude immense pour ces paroles-là, « tu ne me dois rien ». C’est un cadeau qu’il m’a fait et, en même temps, il savait parfaitement qu’en libérant ainsi tous ceux qui lui étaient redevables, il allait leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes.



1 - Hauteville est le centre fondé par Arnaud Desjardins en Ardèche. Véronique, étant l'épouse et la collaboratrice d’Arnaud, a beaucoup œuvré pour Hauteville du vivant d’Arnaud.

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