jeudi 22 septembre 2016

Méditation avec Arnaud Desjardins


L’état naturel, en effet, c’est ce silence. Si rien ne vient troubler la surface d’un petit étang, l’eau peut être lisse comme un miroir, sans une ride, et réfléchir parfaitement le ciel, les nuages, peut-être les arbres qui sont sur la rive. Mais, si des oiseaux viennent sans arrêt effleurer l’eau avec leur aile, des poissons sautent à la surface, des brindilles tombent ou même des enfants s’amusent à lancer des cailloux, cet étang dont l’état naturel est l’immobilité sera constamment agité. 
L’état ordinaire de l’homme qui n’est pas un grand yogi ou un sage, c’est d’être intérieurement agité : une agitation succède à une agitation, une pensée à une pensée, une impulsion motrice à une autre envie de bouger, et la méditation vient à contre-courant de ces agitations. 
Par conséquent, distinguez bien si ce que vous appelez méditation est un état aisé, qui se révèle simplement parce que l’attention revient au repos comme une eau agitée qui se calme lorsque aucun vent ne souffle, ou si ce que vous appelez méditation est une technique que vous mettez en œuvre, technique de yoga hindou, de yoga tibétain, technique de respiration, technique de concentration, pour essayer d’atteindre ce calme. 
Il y a dans beaucoup de ces techniques un côté artificiel, non naturel, qui fait très exactement de ces exercices « l’action qui fait lever en face d’elle la réaction de force égale et opposée ». Plus vous essayez d’être vides et silencieux, plus les pensées montent, plus les envies de bouger se manifestent, plus les émotions diverses viennent à la surface...

Arnaud Desjardins
« Tu es cela »
 À la recherche du soi IV

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