jeudi 28 septembre 2023

Relation corporelle


 A la méditation hier.., nous avons essayé d'entrer en relation profonde avec notre corps, de vraiment l'écouter.

Nous avons un corps qui nous envoie en permanence énormément de sensations auxquelles nous ne prêtons souvent pas vraiment attention. L'exercice de la méditation était de porter son attention sur les sensations des différentes parties de notre corps : nos pieds, nos jambes, notre ventre, notre colonne vertébrale, notre poitrine, notre cou, notre visage...

L'exercice a plusieurs bienfaits. Il nous permet d'abord d'apprendre à poser notre attention sur un point bien précis, plutôt que de la laisser vagabonder, ce qui est une tendance ordinaire.

Ensuite cela nous permet de voir que les sensations qui viennent de notre corps surgissent sans qu'on les choisissent et qu'elles se modifient à chaque instant. Il n'existe pas deux moments ou l'ensemble des sensations est semblable.

Cela permet aussi de réaliser que nous pouvons observer notre corps. Si nous pouvons l'observer cela voudrait dire que l'on n'est pas le corps car comment serait-on ce que l'on observe ? 

Moi, je suis celui qui observe (ou ce qui observe). 

Cela permet de nous détendre, je ne suis pas ce corps/mental, mais j'ai un corps/mental. 

Si je ne suis pas le corps, qui est né ? et qui va mourir ?


Je vous souhaite à tous une belle journée dans la présence à votre corps. Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mercredi 27 septembre 2023

 


En tant qu'égo, individualité, être non régénéré, vous n'êtes pas Dieu. Et pourtant vous êtes Dieu, vous êtes l'Absolu. Certains d'entre vous pensent peut-être : '' mais c'est un blasphème que de dire : je suis Dieu ''. Non, le blasphème luciférien, c'est d'oser dire : '' je ne suis pas Dieu, je suis autre que Dieu, il y a Dieu et moi ''. 

Monstrueuse affirmation d'indépendance et d'autonomie, prétention à posséder l'être en soi-même. Il y a beaucoup moins d'égoïsme et d'orgueil à se dénier toute existence autre que l'Unique Réalité qu'à se considérer comme un être, même pécheur, humilié et plein de remords, existant par soi-même.

Le but proposé à l'homme c'est de perdre complètement sa conscience d'être autre que Dieu.

- Arnaud Desjardins (extrait du livre" Les chemins de la sagesse")

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mardi 26 septembre 2023

Caractère unique et sacré


 " Il est indispensable que nous nous réservions régulièrement des plages horaires pendant lesquelles nous oublions le temps et notre activité afin de nous rappeler le caractère sacré de notre existence. "

 Ram Dass

"Il n'y a qu'une "chose" dans les pierres, les arbres, les animaux...les humains… Voyez le monde comme un vaste organisme et non comme un assemblage de parties, et alors vous ne douterez plus que tous ont une égale importance dans le grand Plan de la vie. Celui qui a le sens du respect de soi-même sait respecter ce même sens chez les autres. Du respect naît la révérence et de la révérence naît l'amour.."  

Mâ Ananda Moyî

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lundi 25 septembre 2023

Si je regarde...


Si je regarde devant moi
le paysage
peut-être que mes particules vont
se mettre ensemble
se rassembler
se souvenir que ce corps est entier vivant
quoique.
Je regarde dedans le cadre
je respire
le paysage
je t'entends oui je t'entends
tu dis viens viens dedans moi
je frissonne je crois que tout est là.
Estelle Dumortier
Où l'air ne chute pas
(La rumeur libre)

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dimanche 24 septembre 2023

L'indicible

 


Indicible équilibre

 


La vie telle qu'elle se manifeste est une apparence et n'a pas de réalité propre. Il n'empéche que ce célèbre absolu ne peut être conceptualisé que dans l'apparence. Je considère que cette apparence est tout aussi importante- pas plus - que l'absolu qui ne peut pas être expérimenté dans le relatif.

Même si je suis encore confronté à la difficulté du langage qui ne peut pas exprimer l'indicible, il m'apparait qu'à l'échelle de la compréhension humaine, il existe une loi qui est la matrice de toutes les autres lois relatives connues ou encore inconnues

C'est la loi de l'équilibre.

J'associe volontiers cette loi énergétique et impersonnelle à l'intelligence pure de la vie manifestée. Aucun phénomène de la vie ne lui échappe. Elle est vraie pour tous, et échappe à toutes les appartenances, qu'elles soient scientifiques, religieuses, idéologiques ou spirituelles..

La Totalité, l'Absolu, est de fait en équilibre parfait, donc immobile, hors temps, hors espace. On ne peut rien lui rajouter ni lui retrancher. Le Tout est indéfinissable.

Dans le relatif, l'équilibre parfait ne peut être appréhendé par la partie que sous forme de mouvement, de changement ; c'est l'impermanence.

Les deux aspects coexistent, mouvement et immobilité, C'est le Un qui se distingue apparemment en deux.

Les mouvements relatifs tendent naturellement vers l'immobilité. Pourquoi? Parce que nous sommes de la nature du Tout, de l'immobilité. Même si elle est sustentée par le Tout, aucune forme définie ne s'appropriera jamais l'absolu. La partie un permanente ne saisira jamais le permanent, elle ne pourra jamais contenir le Tout. 

La vie, c'est l'immobilité qui danse.

Daniel Morin - Je, ne sait pas

Editions Accarias L'Originel 

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samedi 23 septembre 2023

Passage et transformation


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Vide humain

 Comment seras-tu libre si tu vis encore de souvenirs ?


Tout ce que vous voyez sont des apparences dans le temps et l'espace.

Rien n'est stable. Rien n'est fiable ici. Tout est un flux.

La vraie vie naît du vide et est toujours fraîche.

Comme écrire sur l'eau, ça ne laisse aucune trace.

Telle est la nature de la conscience. Je n'ai aucune idée de

comment les choses devraient être, car cela mène à des déceptions.

Voyez que toutes choses sortent du vide.

Vous devez aussi être vide de vous-même.

Tu es vide

apparaissant sous la forme d'un être humain.

Mooji


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vendredi 22 septembre 2023

Du côté de l'instructeur, épisode 5

 L'IMPACT DES PROJECTIONS NEGATIVES - DU COTÉ DE L'ENSEIGNANT 

Se poser en tant qu’"ami spirituel" comme toujours équanime face à la louange comme au blâme est bel et bon, cela constitue même en pratique une condition sine qua non de l’exercice de la fonction à long terme. 

Et, selon mon expérience, cela n’enlève pas ce que j’appellerais l’impact énergétique de cette négativité qui se déverse sur le support de projections que l'enseignant est dans les faits. 

Je suis dubitatif face aux enseignants qui se proclament « indifférents », au delà de toute forme d’atteinte, en rien susceptibles de se trouver jamais un tant soit peu affectés au moins en surface. On a beau être ami spirituel, on n’en est pas moins un être humain, et heureusement ! 

Je ne sais pas ce qu’il en est du bouddha et autres illustres témoins du plus haut niveau. En ce qui me concerne, pauvre bodhisattva de quartier que je suis, je confesse volontiers me sentir parfois légèrement affecté par des projections négatives si elles sont fortes et durables. 

D’après mes observations, il s’agit avant tout d’un phénomène énergétique. Un enseignant qualifié doit être suffisamment aguerri pour ne pas entretenir refus, pensées et émotions suite à la négativité convergeant sur sa personne. 

Par contre, tout comme un organisme sera affecté par les radiations, la pollution, les allergènes et autres éléments présents dans son environnement,  il ou elle peut parfois- c'est en tout cas mon expérience-  se sentir quelque peu atteint par la négativité. 

Pour prendre des exemples me concernant, il m’est arrivé d’être sujet à une insomnie suite à une interaction délicate, non parce que j’entretenais des pensées à ce sujet - la nuit, je ne pense surtout pas, ni ne réfléchis, je dors ! - mais parce que je sentais mon organisme psycho physique encore secoué par l’intensité de ce qu’il avait du absorber. 

Il y a un certain temps j’ai reçu un courriel dans lequel un élève de longue date confronté à ses propres incohérences et évitements, probablement aussi sous l’emprise de l’alcool  ou dans les affres du sevrage, cherchait à me faire mal. Le phénomène n'est pas si fréquent. En plusieurs décennies, j’ai dû recevoir en tout et pour tout une dizaine de lettres de ce type, accablants réquisitoires faisant état de la somme de mes manquements, aveuglements et autres angles morts, parfois avec une volonté manifeste de blesser. 

Si ce courriel ne m’a, lui, pas empêché de dormir (l’insomnie est en général causée par une interaction en présence physique) il ne m’en pas moins fait un peu mal, comme on éprouve une douleur physique et même un choc psychique si l’on est l’objet d’une agression. 

Je ne m’en suis, fort heureusement, pas trouvé fondamentalement déstabilisé.  Et je me suis, comme toujours dans ces cas là, bien gardé de répliquer et de répondre quoi que ce soit - ce qui, de ma part, n’aurait été qu’indigne tentative de rééquilibrage. 

Et dire que je n’ai pas ne serait ce qu’un peu « accusé le coup » en surface serait mentir. 

J’ai parlé plus haut de « circuits internes » qu’il convient de se forger. 

Les circuits internes en question n’ont rien à voir avec une manière de se « tanner le cuir » comme le font, parait il, nombre de politiques dans le cours de leur carrière. 

Pas d’insensibilité, de bouclier ou de gilet pare - négativité ! 

Il s’agit plutôt d’une capacité peu à peu acquise à soutenir une intensité à différents niveaux, tout comme un circuit électrique capable de ne pas disjoncter à très haut voltage. 

Pour ma part ces circuits se sont pour l’essentiel forgés pendant mes années à Hauteville, durant lesquelles j'ai été objectivement soumis à un haut voltage ,aussi bien dans la sphère privée que dans le cadre de ma fonction, tout cela sous la supervision d'un ami spirituel, Arnaud, qui, dans l'intérêt de ma maturation, avait plutôt tendance de son propre aveu à augmenter la charge qu'à la faire diminuer...

Puis ces circuits « haute tension » se sont affinés avec le temps, la pratique et l’exercice de la fonction. 

Et, encore une fois, la présence de ces « circuits » n’enlève pas, fort heureusement, la sensibilité et donc la possibilité d’être quelque peu affecté en surface par la négativité lorsqu’elle pleut sur vous. 

Etre affecté, contrairement à ce qui est dit parfois, à mon sens un peu vite, n'est pas refuser. C'est juste recevoir un impact. Lequel, en lui même est "neutre". 

Si Ramana Maharshi admettait que sa santé physique ait pu être affectée par la masse de ce qui se projetait sur lui, qui sommes nous pour, justement affecter de ne jamais l'être ?

Gilles Farcet

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mercredi 20 septembre 2023

A toute vitesse dans l'immobilité de l'absolu...

 Vous pouvez au moins regarder le début pour voir qu'il n'y a pas besoin de bouger car nous voyageons déjà à une vitesse incroyable. Et en voyant cela, je pense que l'importance de la présence de l'homme devient relative.  Par contre, nous pouvons admirer le simple fait de vivre dans ce mystère planétaire, solaire et galactique...


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La Voie tracée par K.G. Dürckheim

 A la découverte d'un espace intérieur...


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dimanche 17 septembre 2023

Qi Men Dun jia ou l'art des portes sacrées

Ce dimanche, commence ma troisième formation avec la journée offerte d'initiation au QiMen Dunjia 

Le QiMen est le couteau suisse des arts métaphysiques chinois. Il peut être une alternative au Yijing, au Bazi, au Feng Shui, à la sélection de dates, et comporte un aspect stratégique marqué.

Ce dernier aspect peut être utilisé pour améliorer des relations, provoquer des opportunités, résoudre des conflits et rendre notre lien au Ciel plus tangible, entre autres.

Nous expérimenterons la notion de Palais de Destinée et vous découvrirez quelle est votre "déité" tutélaire (votre rapport privilégié au subtil). Nous apprendrons à engager le dialogue avec elle.

Puis nous verrons comment le QiMen peut être utilisé en mode divinatoire, à la manière du Yijing, pour mettre de la perspective sur une situation donnée...

Fabrice Jordan

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samedi 16 septembre 2023

Critiques sans réaction...

 


Shankara, dans le Brama Sutra, a dit : "Il est très facile d'arriver à l'illumination, mais il est impossible de faire plaisir à tout le monde."

Il y aura toujours des gens qui seront critiques de ce que vous faites. Et ils ont raison – de leur point de vue. Alors un moment donné, on ne se met pas dans le point de vue de l'autre ; l'autre a toujours raison – de son point de vue. Donc, quand vous comprenez cela, il n'y a plus de réaction psychologique. Vous faites ce que vous pouvez faire selon vos capacités. 

Un moment donné, vous acceptez profondément comment l'environnement vous traite, et ensuite vous faites ce qui vous apparaît comme étant le plus fonctionnel. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas d'autre choix que ça. On fait ce qu'on peut dans la vie. Donc, ce qui est important, c'est d'enlever l'élément psychologique. 

Par contre, c'est intéressant s'il y a une réaction psychologique parce que ça montre qu'il y a encore en vous le besoin d'être compris, d'être aimé, respecté... 

Il y aura toujours des gens pour qui quoi que vous fassiez, ils vont toujours vous critiquer, ça ne sera jamais assez. Et c'est normal de leur point de vue. Si vous étiez dans leur situation, vous verriez comme eux. 

~ Éric Baret

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vendredi 15 septembre 2023

Du côté de l'instructeur, épisode 4

 GERER LA RESISTANCE CONSTANTE 

A propos de la relation élève- instructeur en TDI (voir articles précédents sur ce sujet),  j’ai parlé de « mariage » dont les vœux seraient pris très au sérieux. 

De même que, dans le cadre d’une relation à long terme et au quotidien, les partenaires vont devoir gérer la friction de la durée, de la vie en commun avec ses hauts et ses bas, bien loin des escapades de week end ou des rendez vous amoureux comme autant de parenthèses magiques, l’ami spirituel et ses élèves vont inévitablement connaitre des pics et des creux, parfois des montagnes russes, au fil de leur relation.

 Inévitables, ces hauts et bas le sont d’autant plus que le travail s’intensifie et conduit à des moments de déstabilisation. Quand survient une telle phase, la relation ami spirituel élève peut prendre des allures de couple en crise. 

La négativité dans ses formes brutes ne pleut pas constamment , fort heureusement.

La résistance, par contre, est quasiment constante. 

C’est une force considérable avec laquelle il faut compter et vis à vis de laquelle il convient de se faire des muscles, ces fameux « circuits intérieurs », encore eux, si l’on se trouve distribué dans ce rôle improbable et insensé d’ « ami spirituel »

Comment se fait il que la résistance soit, comme je l’affirme ici, quasiment constante ?  Il peut être utile de s’attarder un peu sur cette question. 

Entendons nous : personne a priori n’a « envie » de résister. Les personnes qui s’investissent un peu sérieusement dans un travail auprès d’un instructeur sont toutes sincères et motivées, même si leur motivation est inégale et varie. 

Là encore, je ne fais pas allusion au public d’une conférence , ou même aux participants d’un séminaire de week-end , même si la résistance s’y manifestera aussi très vite dés lors que le propos ne correspondra pas à l’attente. Mais les enjeux ne peuvent pas y être comparables à ceux qui prennent place dans le cadre d’une relation d’investissement à long terme. 

Personne, donc, n’entreprend volontairement d’« entrer en résistance » sur la voie. Chacun est là parce que il ou elle a été touché dans sa profondeur par ce qu’il ou elle a pu plus ou moins consciemment pressentir à travers l’instructeur, l’enseignement, le climat de la transmission …

En vérité, tout serait fort simple si cette profondeur qui a été touchée menait seul le jeu tout au long du cheminement. Seulement voilà. Il y a un hic, comme on dit, et ce hic, c’est que la surface en chacun de nous s’emploie très tôt à contrecarrer l’impulsion lancée par la profondeur. Passé l’émerveillement des débuts, la surface vient à comprendre qu’elle se trouve menacée et à partir de là met tout en œuvre pour contrecarrer l’intention de la profondeur. 

Ce n’est pas une des moindres compétences de l’instructeur accompagnant que de se forger des circuits internes aptes à soutenir le constant flux de projections , aussi bien positives, d'ailleurs , que négatives. 

La tradition parle de l’ami spirituel comme devant être « indifférent à la louange et au blâme ». 

Je l’exprimerai plutôt pour ma part en termes de non appropriation. 

Si des élèves, pour un temps, me considèrent d’un regard énamouré et paraissent momentanément fascinés par ma personne à laquelle ils trouvent toutes les qualités, je n’envisage pas un instant, et fort heureusement , que cela ait grand chose à voir avec « moi », quelles que puissent être mes caractéristiques en tant qu’être humain. Il se trouve simplement que les élèves en question sont dans la phase « amoureuse » , laquelle est susceptible de durer plus ou moins longtemps. J’ajoute que je crois m’employer à autant que possible décourager cette phase dans ce qu’elle a d’excessif, même si, tout comme la sidération amoureuse des premiers temps dans le cadre d’une relation de couple, elle a une certaine nécessité pour poser certaines fondations. Sans chercher à imiter un Lee Lozowick ou un Monsieur Gurdjieff, je sais assez bien me montrer légèrement désagréable et irritant, exagérer mes travers et faire mon possible pour agacer celles et ceux qui risqueraient de m’idéaliser. 

La gestion des projections dites négatives relève essentiellement de la même non appropriation. Tant que je demeure intègre, si un élève vient à m’en vouloir , voire à être très en colère contre « moi », ce n’est parce que je suis un monstre ou même du fait des mes inévitables  défauts, mais parce qu’il ou elle se cogne contre le mur de ses propres mécanismes que ma fonction me contraint à dresser devant lui. Ce processus durera aussi longtemps que l’élève résistera. Si il ou elle ne dépasse pas cette résistance, il y aura départ ou éloignement. Sinon, il y aura rapprochement et approfondissement.

Reste que la gestion des projections négatives ne va pas toujours de soi…

(Suite au prochain épisode)

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jeudi 14 septembre 2023

Coupable d'exister ?

 Regardons avec attention, nos pensées qui nous jugent !


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Sixième extinction de masse

 Je vous conseille l'émission de Arte :

Insecticide - Comment l'agrochimie a tué les insectes | ARTE

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mercredi 13 septembre 2023

Du côté de l'instructeur par Gilles Farcet (3)

 DU COTÉ DE L'INSTRUCTEUR ÉPISODE 3

UN INSTRUCTEUR AUTHENTIQUE NE ROMPT JAMAIS LE LIEN

A partir du moment où l’instructeur vient à considérer une personne comme quelque peu investie dans le travail proposé, il ou elle se sent jusqu’à un certain point responsable de son cheminement, ce pour un temps indéfini, éventuellement 


« jusqu’à ce que la mort les sépare » - si elle les sépare, ce qui reste à vérifier- ou que l’élève lui même rompe le lien, sachant que de son côté l’instructeur de dispose pas de cette possibilité. 

Pour l’instructeur, le lien continue de toute façon, en dépit des apparences. 

Un instructeur authentique ne rompt jamais un lien avec un élève. Il arrive qu’il soit en surface vaincu par l’acharnement de l’élève à compromettre l’intégrité de ce lien et que l’instructeur s’incline dans le monde des apparences devant l’impossibilité de le poursuivre de manière juste. 

Se sentir responsable n’équivaut pas, fort heureusement, à se prendre pour un sauveur, ni à prendre les choses personnellement. Si un élève paraît progresser, ce n’est pas « grâce à l’instructeur », si ce n’est pas le cas ou même s’il s’enfonce dans le mal être, ce n’est pas non plus « à cause de l’instructeur ».  L’instructeur fait ce qu’il ou elle  je peut, ce qu’il ou elle sent demandé, voilà tout, le résultat n’étant pas entre ses mains.

Une conséquence de cet état de choses est que la dynamique ne s’interrompt jamais complètement. 

Un enseignant qui intervient dans le cadre de conférences, séminaires, etc, a bien sûr à gérer ou superviser une certaine logistique pour que les choses se fassent. Mais une fois l’atelier ou séminaire terminé, il ou elle rentre chez lui et se trouve à peu près, qu’on me passe l’expression, hors de portée des participants à qui il a eu à faire, vis à vis desquels il n’a pas d’engagement particulier. 

En ce qui concerne  un instructeur engagé vis à vis de ses élèves, le travail est plus ou moins continu. Il peut naturellement y avoir divers types de séjours, retraites, journées etc. Mais la fin de chacun de ces moments n’est pas du tout comparable à la fin d’un stage où les participants se quittent pour, sauf exception, ne plus se revoir. Une modalité prend fin, et  les uns et les autres sont appelés à se retrouver sous peu d’une manière ou d’une autre, quelques semaines ou parfois même quelques jours plus tard. 

L’énergie de transmission ne prend pas de « vacances ».

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lundi 11 septembre 2023

Je, ne sait pas...

 Paraît ce mois-ci un livre décapant de Daniel Morin « Je, ne sait pas ».


   Le sens commun de la séparation fausse toutes les recherches même les plus intéressantes, qu’elles soient d’ordre scientifiques ou religieuses. L’Absolu et le relatif sont inséparables, et sont toujours coexistant.

   Ce livre insiste sur l’évidence de la non-séparation. On comprend mieux que l’homme n’est pas une entité séparée autonome lorsqu’il est vu qu’aucune chose, grossière ou subtile, n’est séparée de son environnement - et cela à l’infini - et qu’elle est en échange d’équilibre constant avec son environnement.

   Cette loi fondamentale d’équilibre, unificatrice, gouverne l’univers entier tel que nous le percevons. Elle peut être une aide réelle pour appréhender la vie d’une façon nouvelle.

Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou « Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi. Quand on admet notre limite, on est en relation avec le « je ne sais pas ». Je ne sais pas est impersonnel, on ne peut ni le saisir, ni le maitriser.

   Ce livre n’est pas une méthode de mieux-être ni un enseignement d’une amélioration à venir. En-dehors de tout dogme, il s’adresse à ceux qui ont le goût de la recherche de vérité, c’est-à-dire voir le faux comme étant faux. Il peut cependant permettre à certains de vivre le monde relatif d’une façon tout à fait différente. Non pas sur la conviction que nous sommes une partie autonome toujours en attente d’un jour meilleur, mais sur l’évidence indiscutable que nous sommes un élément relié et inséparable du Cosmos.

Aux éditions Accarias L'originel


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dimanche 10 septembre 2023

Chaque matin, vivre l'aujourd'hui

 Raphaël Buyse : Chaque matin, vivre l'aujourd'hui

Cette manie que nous avons de nous projeter « comme des fous dans l'avenir », dit le prêtre lillois, peut nous faire passer à côté de la vie. Il appelle à la rescousse Madeleine Delbrêl et l'Évangile pour nous faire basculer dans le présent. Et l'accueillir « comme une manne ». 

Mi-août. À grand renfort d’affiches publicitaires, une grande jardinerie située à quelques kilomètres de chez moi annonce que les décorations ­d’Halloween et de Noël sont déjà en rayon. Les articles de la prochaine rentrée sont sans doute écoulés depuis Pâques…

La question de Winnie l’Ourson


On pourrait presque en rire, mais c’est ainsi : en nous cette propension naturelle, accentuée ces derniers temps, ou bien de nous réfugier dans le passé et d’avoir la nostalgie de ce qui, quelquefois, n’a même pas existé ; ou bien de nous projeter comme des fous dans l’avenir, en nourrissant les chimères d’un après-demain somme toute incertain.

Combien de fois entendons-nous ou disons-nous, au début d’une semaine : « Vivement le week-end prochain ! » ou une veille de rentrée : « Vivement les prochaines vacances ! », comme si l’aujourd’hui n’était finalement qu’une parenthèse ? Et quoi penser aussi de ce jeune étudiant, entendu il y a quelques mois à la télévision, qui s’inquiétait de la retraite à laquelle il aspirait déjà sans avoir même pensé que ses années de travail pourraient être aussi quelques belles années de vie et d’épanouissement ?

En rédigeant cette chronique, j’ai dans la tête ce dessin de Winnie l’ourson qui demande à son ami Porcinet : « Quel jour sommes-nous ? », et reçoit cette réponse : « Aujourd’hui ! » Alors Winnie s’exclame : « Tant mieux, c’est le jour que je préfère !… » 

Madeleine Delbrêl à la rescousse

Et si nous nous rappelions que seul l’aujourd’hui nous est donné, et qu’il ne sert à rien de vouloir épuiser par avance le lendemain. La rage de vivre et de courir en avant risque de nous faire passer à côté de la vie. Vivre dans l’excitation constante de l’avenir, vouloir passer rapidement à plus tard par crainte de rater quelque chose ou de mourir sans avoir pu tout croquer peut être symptomatique d’un mépris de l’aujourd’hui, comme si Dieu nous offrait ce temps-là sans motif et sans l’avoir rempli de ses dons.

Madeleine ­Delbrêl écrivait : « C’est pourtant, chaque matin, notre journée tout entière que nous recevons des mains de Dieu. Il nous donne une journée préparée pour nous par lui. Il n’y a rien de trop et rien de pas assez, rien d’indifférent et rien d’inutile. C’est un chef-d’œuvre de journée qu’il vient nous demander de vivre. » Le risque sera toujours grand de ne regarder notre journée que « comme une feuille d’agenda marquée d’un chiffre et d’un mois » et de la traiter « à la légère, comme une feuille de papier » (Œuvres complètes. Humour dans l’amour, Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité).

Demain est un autre jour


Dans l’Évangile, on voit Jésus de ­Nazareth prendre le temps de s’arrêter quand d’autres voudraient le pousser plus loin, de parler avec un pauvre quand ses disciples voudraient continuer leur chemin, de s’inquiéter de la santé d’Untel quand d’autres l’ont enfermé dans son passé. En lui, quelque chose d’une haute qualité d’existence, une capacité foncière de voir la profondeur de la vie, et sûrement pas de courir après le vent.

Il nous donne une leçon : celle de bien faire ce qui est à faire ici et maintenant, de ne pas vouloir être un homme lorsque l’on n’est encore qu’un enfant, de ne pas être un virtuose avant d’avoir été un débutant, de ne rien rater de nos rencontres et des événements, quand bien même ils pourraient nous paraître futiles. Il nous prend par la main pour nous faire découvrir la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur du quotidien. Et c’est alors que notre cœur peut se préparer à accueillir demain.

J’aime, le soir, m’unir aux moines qui chantent le psaume 90 après s’être affairés du matin jusqu’au soir : ils savent qu’il est bon de s’endormir « à l’ombre de ses ailes », et que demain sera un jour nouveau donné à accueillir avec un cœur préparé par l’hier. Vivre l’aujourd’hui qui est donné chaque matin comme une manne n’a rien d’une approche zen du temps.

Le temps n’est pas une illusion. Chaque journée déploie en nous des espaces intérieurs où les secondes, les minutes et les heures ne filent pas comme du sable fin dans les mains d’un enfant. Alors nous apprenons à reconnaître la grandeur cachée des petites choses : c’est là que se joue sans attendre le Royaume de Dieu.

Il ne sert à rien de vouloir être en décembre avant d’avoir vécu septembre. Et sans se battre contre lui…

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Raphaël Buyse est prêtre du diocèse de Lille. Il est l’auteur d’Autrement, Dieu et d’Autrement, l’Évangile (Bayard) et d’Il n’y a que les fous pour être sages (Salvator).


samedi 9 septembre 2023

Apprivoiser le temps

Par Jean-Marc Bastière

La question d’habiter le présent, nos heures, nos jours se pose avec acuité en ce mois de rentrée. Prendre soin de cette dimension essentielle de notre existence, est nécessaire. Voici quelques points d'attention à cultiver.


Notre condition est de vivre dans le temps. Il nous semble parfois être prisonnier de son cours implacable comme si nous étions emportés dans un fleuve impétueux, jamais loin de nous noyer. Comment rompre avec ce sentiment d’impuissance et d’inquiétude qui nous saisit alors pour retrouver un sentiment de liberté et de gratuité ? Comment habiter le temps de façon à donner à nos vies densité et plénitude, reflets de la joie et de la paix éternelles ? Ce sont des questions cruciales.

S’ouvrir au mystère

« Qu’est-ce que le temps ?, s’interroge saint Augustin dans ses Confessions. Si personne ne me le demande, je le sais bien ; mais si on me le demande et que j’entreprenne de l’expliquer, je trouve que je l’ignore. » Avant d’être une abstraction mesurée par les horloges, le temps est un mystère. Mais il n’existe vraiment qu’incarné, peuplé de visages et de paysages, de voix humaines et de sons familiers, de poisson grillé sur la plage et de moments d’oraison silencieuse… Le temps, je le perçois mes sens ouverts et mon cœur réceptif.

Cultiver la reconnaissance

Le temps n’est pas un dû mais un don, comme de l’eau pure qui nous est offerte ou une grâce qui nous est octroyée. ­L’attitude première que nous avons à cultiver est ainsi la reconnaissance pour ce temps qui nous est offert afin que notre vie s’y déploie. Nous pouvons en faire notre malheur si nous cherchons à l’accaparer comme un trésor, si nous nous cramponnons à lui de façon désespérée et cherchons à retenir de façon fébrile son écoulement inexorable, entre un passé qui n’est plus, un présent qui s’évapore et la mort qui se rapproche ! Un peu de confiance et de reconnaissance suffisent au contraire pour que le temps prenne un goût de bonheur.


S’imposer un régime du temps

Pour ne pas le subir, un emploi du temps réfléchi, sinon médité, a une grande vertu. Quand nous avons l’impression de ne plus rien maîtriser, tout remettre à plat et s’imposer un « régime du temps » drastique peut être salutaire. Avec des renoncements, des allégements. Savoir dire non à une sollicitation, ne pas précipiter une décision pour que la clarté se fasse et surtout pouvoir respirer à pleins poumons grâce à des moments de rafraîchissante gratuité.

D’où l’importance des offices liturgiques qui remettent tout en perspective. Pour goûter pleinement un rendez-vous, nous pouvons prendre un peu d’avance. A contrario, quand nous arrivons en retard, en particulier à la messe, nous ne sommes pas dans les meilleures dispositions.

Écouter sa voix intérieure

Quand je dois décider d’engager de mon temps, il peut être judicieux d’interroger quelle puissance de vie recèle mon choix. C’est une question d’oreille, non pas interne, mais intérieure. Ou de ressenti subtil. Est-ce de la joie et de la paix que je ressens ? C’est alors bon signe. Ou du trouble, une dissonance qui devrait me conduire à être prudent ? C’est une façon d’exercer le « discernement des esprits » évoqué par saint Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels.

Pour autant, il ne s’agit pas de renoncer, loin de là, à tout ce qui est rébarbatif, mais il faut alors mettre cela en perspective en fonction de notre but. Tenir ses engagements nous stabilise intérieurement. La vie n’est pas qu’une succession d’instants ; elle s’inscrit dans une durée qui lui confère son unité.


Habiter le présent

Le passé a été et l’avenir n’est pas encore. Seul le présent existe, mais quel est-il ? Le présent, en tant que succession d’instants toujours divisibles, n’est jamais présent, il se dérobe toujours. C’est pourquoi le présent véritable transcende l’instant, il l’englobe dans une réalité supérieure. Quand je suis avec quelqu’un, cette présence qui nous fait oublier le temps forme un tout – presque un tiers entre nous. Elle se trouve, sous sa forme la plus parfaite, dans le cœur-à-cœur avec Dieu, la « porte de notre chambre » refermée. D’où l’importance, si cela nous est possible, de ne pas mettre à la dernière place ces temps de prière silencieuse, comme nous en avons tous la tentation.

S’ouvrir à l’éternité

La voici donc, la porte dérobée de l’éternité : cette présence insistante qui se signale dans une douceur de brise. Nous la ressentons par intermittence, mais elle est toujours là, par-delà le temps. Pour l’accueillir, la disponibilité du cœur suffit. Comme si, occupé dans une maison de famille, nous apercevions par la fenêtre, sans nous y attendre, la merveilleuse nuit étoilée. Elle apparaît toujours par surprise, cette jeune éternité. Même son absence est présence. Car elle laisse dans son sillage un parfum de tendresse et d’amour.

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source : magazine La Vie

vendredi 8 septembre 2023

Bonté en soi

 "Lorsque nous parvenons à nous ouvrir à nous-mêmes, que nous cessons de nous punir ou de nous condamner, nous pouvons toucher notre bonté primordiale. 

Cette tendresse à notre égard passera par l’apprentissage de la détente et de l’abandon. Elle va nous permettre de poser un regard honnête sur nos problèmes et nos possibilités, ce qui sera le point de départ pour nous aider nous-mêmes et pour aider les autres. 

C’est parce que nous possédons en nous cette bonté primordiale que nous pouvons nous apprécier et aimer la vie. C’est parce que nous bénéficions d’un esprit et d’un corps qui sont précieux que nous pouvons entrer en relation avec le monde et le comprendre. 

Bien que notre vie soit précieuse, elle est cependant éphémère et personne ne peut dire combien de temps elle va durer. Tant que nous sommes en vie, nous avons tout intérêt à en faire bon usage ; et avant d’en faire bon usage, pourquoi ne pas l’apprécier ?

Cependant il y a un problème. Tant que nous continuons à entretenir nos habitudes anciennes et que nous ne prenons pas la ferme décision d’arrêter de courir dans tous les sens, nous n’aurons aucune possibilité d’apprécier notre vie. 

Nous sommes tellement absorbés dans l’activité à poursuivre nos désirs, que nous ne parvenons pas à trouver un peu d’espace pour reprendre contact avec notre cœur. Si nous persistons à prendre nos désirs pour la réalité, ceci ne nous mènera pas à la paix intérieure mais plutôt au désastre. 

D’ailleurs soyons honnêtes et jetons un regard sur ce qu’a été notre vie jusqu’ici ! Pour la majorité d’entre-nous, sincèrement ce n’est pas folichon ! 

Qu’avons-nous fait réellement de bien pour nous-mêmes et pour autrui ?"

- Karma Seunam Dordjé -

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jeudi 7 septembre 2023

Du côté de l'instructeur par Gilles Farcet (2)

 DU COTÉ DE L’INSTRUCTEUR, EPISODE 2

« L’ESCLAVAGE COMPLET EST LA LIBERTÉ PARFAITE » - UN ENSEIGNANT SPIRITUEL DIGNE DE CE NOM NE PREND PAS SA RETRAITE

Une première exigence de cette situation d’accompagnant instructeur, que ce soit dans le cadre, d’un grand lieu comme Hauteville ou d’une petite structure, est que à maints égards la dynamique ne s’arrête jamais véritablement. Tout simplement parce que, dans cette relation bien particulière, il n’y a pas de limite de temps. 

L’instructeur accompagnant, à partir du moment où il ou elle assume cette fonction, n’est pas censé l’abandonner, décider de faire autre chose , encore moins « prendre sa retraite ». 

Voilà bien un élément à lui seul susceptible de décourager bien des vocations … Il n’a jamais été question qu’Arnaud « prenne sa retraite », même s’il a dans les faits touché sa petite pension de réalisateur le moment venu … 

J’aurais en ce qui me concerne aimé le voir mener une existence un peu plus tranquille, avoir à faire à un Arnaud dans sa vieillesse un peu plus dégagé de quantité de charges, mais c’est une autre question. 

Un enseignant spirituel digne de ce nom ne prend pas sa retraite. Il ou elle est censé « mourir en scène «  comme Molière, ou en tout cas continuer jusqu’à ce que cela ne soit physiquement ou /et intellectuellement plus faisable ; auquel cas il ou elle demeurera autant que possible disponible pour transmettre par ce qu’il ou elle est … 

Swami Prajnanpad, âgé et malade, a transmis jusqu’au bout, Yogi Ramsuratkumar aussi, et je pourrais égrener une longue liste. 

J’ai vu de mes yeux Lee Lozowick enseigner et poursuivre son travail alors qu’il était littéralement ravagé par la maladie, au point qu’il aurait été, selon une perspective plus courante, censé être en soins palliatifs.  J’ai vu Yvan Amar lui aussi rongé, encore très jeune, par une grave maladie, rassembler ses quelques forces pour donner encore et encore… Monsieur Gurdjieff tenait toujours table ouverte pour ses élèves dans son fameux appartement quelques jours avant sa mort. 

Ce que d’aucuns qualifieraient d’acharnement n’est pas, selon moi, le fait d’une névrose ou d’un masochisme mais bien d’une consécration. Un enseignant - accompagnant digne de ce nom se doit à celles et ceux qui placent leur confiance en lui, et par delà ces personnes en elles mêmes, à la transmission. La fonction d’ami spirituel n’est pas un job ou un mandat que l’on exerce un temps. C’est un engagement à vie. 

Lequel peut bien sûr prendre différentes formes et n’exclut pas des aménagements en fonction de l’âge, de la santé… 

Swami Prajnanpad âgé et malade, s’il continuait à accompagner ses élèves, n’avait pas le même rythme quotidien que dans ses plus jeunes années… Il n’est pas nécessairement demandé à un instructeur accompagnant de se consumer à la tâche sans aucun ménagement, même si certains, tel un Lee Lozowick, choisissent manifestement de le faire, quitte à prendre congé quelque peu prématurément. 

J’ai parlé du rythme très soutenu tenu par Arnaud jusqu’à ce qu’un malaise le terrasse, mais il avait tout de même , à quatre vingt ans passés, davantage de jours et de périodes de repos qu’il ne s’en accordait autrefois … 

Il n’en demeure pas moins que, avec les aménagements et modalités propres au style et au destin de chacun, la fonction d’ami spirituel n’obéit pas aux lois habituelles de limite de temps et d’âge. 

C’est une position de ce fait assez singulière.

Pour ma part, à mon niveau de  « petit joueur » néanmoins soumis aux règles et lois du jeu, je n’ai plus dans les faits qu’une liberté de mouvement réduite à peau de chagrin. En pratique bien entendu, je suis « libre », et fort heureusement. Si je décide demain de tout liquider pour déménager à Los Angeles, personne n’aurait le pouvoir de m’en empêcher ! 

Reste que cela constituerait une forme de trahison et d’abandon. Tout comme je n’ai jamais ne serait ce qu’envisagé qu’Arnaud pourrait un jour cesser sa fonction, sinon par la mort ou l’incapacité, nos élèves prennent pour acquis que nous allons rester "en poste" jusqu’au bout. 

Etant entendu, là encore, que cela n’exclut aucunement les adaptations, changements, voire mutations. 


Arnaud a mis fin au Bost, créé Font d’Isère, mis fin à Font d’Isère, déménagé à soixante dix ans en Ardèche pour y fonder Hauteville, lieu qui a lui même connu bien des évolutions au fil des seize années où il l’a dirigé de son vivant. 

Je ne me sens donc aucunement obligé de maintenir quoi que ce soit « en l’état ». A mes yeux et selon ma perspective, tout est toujours ouvert et possible. Je dis parfois à nos élèves que je ne me sens en rien prisonnier du dispositif que nous avons mis en place et que, si il venait à nous apparaître comme inadéquat ou ne servant plus pleinement sa fonction, nous n’hésiterions pas un instant à le dissoudre. Une structure, quelle qu’elle soit, n’a pas de sens et de légitimité en elle même. Elle ne vaut et ne se justifie que par ce qu’elle sert. 

Reste qu’en pratique, et tout en n’oubliant pas que l’homme propose et Dieu dispose, je ne nous vois guère migrer et expliquer aux personnes venues s’établir aux alentours pour être au cœur de la dynamique que tout se passera désormais ailleurs … Et encore moins annoncer que nous allons dorénavant nous consacrer à plein-temps à la culture de notre potager. 

Le paradoxe est que, à maints égards, je ne me suis de ma vie senti aussi libre. 

En pratique et selon toute apparence prisonnier de nos élèves et du dispositif mis en place, je m’éprouve au quotidien, quelques rares moments de fatigue mis à part, moments que d’ailleurs j’ai appris à gérer, plus comme un oiseau volant en plein ciel que comme un volatile en cage. 

Et, tout cela étant dit, ma situation en tant qu’instructeur vis à vis des élèves s’apparente à celle d’un homme marié et prenant ses vœux au sérieux, bien loin de celle de ces enseignants qui voguent de stage en stage, de conférence en atelier , tels des « polyamoureux » terrifiés par l’engagement mais contraints par leur image à théoriser leur terreur pour en faire une marque de suprême liberté… 

« L’esclavage complet est la liberté parfaite ». Voilà bien une formule de Swami Prajnanpad susceptible d’être comprise à bien des niveaux, jusqu’à la plus haute métaphysique.

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mardi 5 septembre 2023

A l'air libre...

 "J'ai trouvé, mon amour, le nom le plus secret et le plus clair pour dire ce qu'est ta vie dedans ma vie : l'air. Tu es l'air qui ne me fait jamais défaut, cet air si nécessaire à la pensée et au rire, cet air qui rafraîchit mon cœur et fait de ma solitude une place battue par tous les vents."

L'éloignement du monde

"Le monde n'est si meurtrier que parce qu'il est aux mains de gens qui ont commencé par se tuer eux-mêmes, par étrangler en eux toute confiance instinctive, toute liberté donnée de soi à soi. Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l'empêchement de vivre, d'aimer."

La plus que vive

Christian Bobin

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lundi 4 septembre 2023

Transformation silencieuse.


 On ne peut pas imposer la liberté, ni la sécurité, on ne peut rien imposer. Votre attitude seulement va permettre à votre environnement de se questionner profondément. Dès lors commence une profonde transformation. Faire face aux faits, à ce qui est fonctionnel, cela s'apparente davantage à une attitude spirituelle; laisser la vie se révéler, non pas en sélectionnant selon sa préférence, son vouloir, ou son attente, mais en restant totalement disponible à chaque instant.

Le spirituel s'est s'immerger dans l'évidence de l'instant sans vouloir le manipuler ou l'utiliser. Etre disponible. A ce moment-là cette attitude de disponibilité va libérer la situation. Vous allez vous rendre compte que la situation se réfère toujours à votre écoute, à votre silence. D'un point de vue spirituel, il n'y a pas de conflit possible et rien à résoudre. Il y a uniquement acceptation, célébration de l'évidence.

Le sacre du dragon vert : Pour la joie de ne rien être - Eric Baret

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dimanche 3 septembre 2023

Colette et l'impermanence heureuse

 un interview sur "L'impermanence heureuse" où il est question de Prajnanpad, d'Alzheimer et de Théâtre.


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samedi 2 septembre 2023

Du côté de l'instructeur par Gilles Farcet


Je partage ici quelques réflexions , qui éventuellement trouveront leur place dans un prochain ouvrage, autour de la fonction de « transmetteur » vue de l’intérieur, du point de vue, précisément, du transmetteur. Il y aura plusieurs épisodes. 

Episode 1
TDD ET TDI (deux types de contrat en matière de transmission spirituelle) 

Je dis parfois qu’en matière de transmission spirituelle , il existe deux types de contrats entre élèves et enseignants : la TDD et la TDI. 
La TDD, c’est la transmission à durée déterminée et c’est , de très loin,  aujourd’hui, la plus répandue, celle qui se fait au travers de stages, séminaires et conférences n’impliquant pas de suivi à long terme. 
On le sait, sur le marché du travail, un contrat à durée déterminée engage peu de part et d’autre. 
Une fois le temps prévu pour la mission écoulé, à moins d’un éventuel renouvellement du contrat pour de nouveau une durée déterminée, employé et employeur vont chacun leur chemin. Pas de départ à négocier, de rupture conventionnelle… C’est d’ailleurs la souplesse de cette formule , l’impression de liberté qu’elle peut donner à l’employé comme à l’employeur, qui lui confère son côté attractif. 
« Le marché du spirituel » - cette expression n’étant pas péjorative si on considère qu’elle fait simplement référence à un contexte d’offre et de demande-  fonctionne majoritairement par TDD  : conférences, ateliers, séminaires, éventuellement cycle de séminaires… 
Et puis il y a la TDI, la transmission à durée indéterminée, dans laquelle enseignant et élève,  à l’issue d’une nécessaire et saine période d’essai , s’engagent l’un vis à vis de l’autre sans limite de temps - ce qui , fort heureusement n’exclut pas la possibilité d’une séparation mais confère un autre contexte à la collaboration , avec davantage de responsabilité et d’obligation de part et d’autre. 
Le fait est que les instructeurs  exerçant dans le cadre d’une « TDI »ne sont aujourd’hui  pas légion. 
Chaque fois ou presque que j’entends parler d’un enseignant ou d’une enseignante spirituelle, je comprends assez vite que la personne en question se garde bien de prendre des « élèves »  ; tout au plus rencontre-t-elle dans un cadre très circonscrit des participants  ponctuels ou habitués de ses stages et séminaires. 
Beaucoup revendiquent ce fonctionnement comme une marque et une garantie  de liberté; c’est le cas des  « éveillés » qui se plaisent à répéter qu’ils n’ont pas d’élèves, pas d’enseignement, ne s’inscrivent eux mêmes dans aucune tradition. Nombre d’entre eux tiennent même la relation de type « TDI » comme intrinsèquement infantile et aliénante. 
D’autres, rares il faut le dire, ne nient pas l’importance de la fonction d’instructeur accompagnant mais assument avec honnêteté de ne pas vouloir l’exercer, sans doute parce qu’ils ne s’y sentent pas appelés et aussi parce qu’ils en mesurent l’exigence. 
Le fait que, en ce qui me concerne, j’exerce ma fonction dans une perspective de type TDI ne me confère à mes propres yeux aucun mérite particulier. C’est ma place dans l’ensemble, mon rôle, voilà tout. Un rôle qui m’est échu échu selon des courants bien au delà des limites de mon entendement et de ma volonté ; et un rôle que je m’estime privilégié de tenir. 
Il n’en reste pas moins que ce rôle de transmetteur à durée indéterminée a ses exigences bien spécifiques sur lesquelles il me paraît intéressant de s’arrêter. 


UN « BON BOULOT » ?
Cette exigence, de prime abord, ne saute pas aux yeux si l’on s’attache à la figure du « maître » adulé dont la parole est loi.  
Sans parler des figures régnant sur des mouvements de type plus ou moins sectaire avec tout ce que cela peut comporter, nombre d’enseignants respectés et respectables présentent pas mal d’attributs ordinaires de la « réussite ». 
Dans Imagine, film documentaire qui lui a été consacré après sa mort, on voit John Lennon raconter avec humour s’être dit en voyant à la télévision Elvis Presley face à une meute de filles hurlantes en adoration : « Ça c’est un bon boulot » ! Pour ensuite, une fois devenu lui même une star, en partie déchanter face aux pressions inhérentes à un tel statut. 
Un instructeur spirituel ne se trouve pas dans une situation proportionnellement comparable à celle d’un Lennon ou d’un Presley- si l’on excepte les « gourous » rock star avec Rolls Royces et foules subjuguées dans des salles immenses. 
Reste que ce qui pourrait à partir d’une vision de surface faire envie dans cette fonction mérite un examen plus attentif. 
Prenons à titre d’illustration la position d’un enseignant spirituel dont je peux affirmer avoir été très proche, Arnaud Desjardins. Sa situation avait, de l’extérieur, de quoi faire envie, notamment les quinze dernières années de son existence, où il présidait à la destinée d’un imposant et magnifique ashram dont il était le dirigeant incontesté, à la tête d’une équipe toute disposée à servir son œuvre et à lui faciliter la tâche au quotidien. 
Sa situation, celle d’une personne en position objective de pouvoir, de fait admirée et respectée, régnant sur un cadre splendide,  avait une dimension majestueuse. D’aucuns, avec un regard critique, compréhensible mais disons le assez hâtif et superficiel, ont pu parler de « cour » et de « monarque » en visitant ce bel ashram. 
C’était pourtant à bien des égards, je fais partie de ceux bien placés pour en témoigner, une position sinon de servitude du moins de service, d’une exigence que l’on a peine à se représenter. 
Fort de sa notoriété et de son rayonnement, Arnaud aurait facilement pu opter pour le mode TDD, se dispenser d’Hauteville et de toute la charge que ce lieu entraînait. Donnant chaque mois un séminaire de week end aux quatre coins du monde, il aurait profité, sans avoir à en assumer le poids, de beaux endroits où il aurait été reçu avec les honneurs. Il aurait bien gagné sa vie en dispensant la bonne parole , avec tout le loisir de mener le reste du temps une existence tranquille et reposante. 

Au lieu de quoi, il s’est d’abord littéralement épuisé les neuf premières années de son activité d’enseignant  au Bost. Après la période intermédiaire de Font d’Isère, ashram plus grand mais de dimension encore restreinte, il prit sur lui à soixante dix ans de fonder un grand lieu pour y accueillir beaucoup plus de personnes, tout en pouvant, notamment par le recours à des collaborateurs élèves de longue date,  dont j’ai fait partie, continuer à proposer une forme de « travail » suivi à celles et ceux qui le demandaient. 
Quoique ne pouvant encore mesurer, à l’époque, toute la terrible exigence de sa consécration à cet ashram, j’ai été aux premières loges pour en avoir un aperçu. 
A quatre vingt ans, Arnaud menait à maints égards la vie d’un chef d’entreprise de quarante ans, lequel, qui plus est, se serait montré exceptionnellement attentif au bien être et au déploiement aussi bien de ses clients que de chacun de ses employés. J’ai parfois vu Arnaud très fatigué, j’oserais même dire « stressé ».  Pas au sens émotionnel mais objectif du terme. Un organisme psycho physique à qui une grosse pression est durablement imposée ne pourra qu’en être affecté, même si cela ne donne lieu à aucun refus  et à aucune appropriation, autrement dit même si l’on n’en rajoute pas. 
Bien sûr, Arnaud avait fait les choses à sa dimension, en grand. 
Sa vocation propre, au final, même s’il avait tenté de se faire oublier au Bost, n’était pas, après avoir témoigné de la sagesse pour des millions de personnes à la télévision, de transmettre sur une petite échelle - tout étant relatif : il n’a jamais cherché à atteindre en tant qu’enseignant spirituel la notoriété de certains gourous planétaires drainant des adeptes - à ce stade peut on encore parler d’élèves ? - par dizaines , voire centaines de milliers. Arnaud se situait dans cette zone intermédiaire très délicate où il demeurait possible à ceux qui le souhaitaient de l’approcher, de lui poser des questions, de bénéficier de son attention sans qu’il lui soit encore possible de suivre de près toutes les personnes venant à l’ashram, cette fonction étant déléguée à ses collaborateurs. 
Avec l’ashram d’Hauteville, Arnaud a fait oeuvre de bodhisattva, voué à être instrument du bien pour un maximum de personnes. Il l’a fait au détriment d’une existence plus tranquille et conforme à son âge, de sa santé souvent, même s’il avait une solide constitution. 
Je ne suis pas un bodhisattva. Tout au plus un homme de bonne volonté -  ou alors un bodhisattva de quartier ! 
Ma propre situation aujourd’hui en tant qu’enseignant est modeste et de dimension familiale, avec vocation de le demeurer. 
J’ai beaucoup apprécié de me voir un jour qualifié de « petit joueur » par une connaissance qui s’enquérait avec insistance de la nature de mes activités et du nombre de nos élèves. 
Petit joueur je suis et entends bien rester, ce qui ne me dispense pas des règles et exigences du jeu. 
Il ne se passe pas une journée dans l’exercice de ma fonction sans que je me souvienne de la consécration d’Arnaud, avec une perspective affutée par mon expérience. Car, indépendamment de l’échelle à laquelle elles s’appliquent, les lois à l’œuvre sont les mêmes. 
Le fait d’être désormais responsable à plein titre d’une sangha m’amène à considérer d’un œil nouveau et beaucoup plus averti bien des choses dont j’ai été témoin lors de mes années de collaboration auprès de mon « ami spirituel ». 
Je le revois me disant parfois, sur le ton d’un constat : « la plupart des gens qui viennent ici ne se représentent pas du tout ce qu’implique la direction d’un ashram, tout ce dont il faut s’occuper, tout ce qu’il y a à prendre en compte… »

A suivre ….

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vendredi 1 septembre 2023

Un appétit sauvage...

 Je vous propose de changer d'alimentation en cette rentrée. C'est intéressant pour la santé et la nature...


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