L'IMPACT DES PROJECTIONS NEGATIVES - DU COTÉ DE L'ENSEIGNANT
Se poser en tant qu’"ami spirituel" comme toujours équanime face à la louange comme au blâme est bel et bon, cela constitue même en pratique une condition sine qua non de l’exercice de la fonction à long terme.
Et, selon mon expérience, cela n’enlève pas ce que j’appellerais l’impact énergétique de cette négativité qui se déverse sur le support de projections que l'enseignant est dans les faits.
Je suis dubitatif face aux enseignants qui se proclament « indifférents », au delà de toute forme d’atteinte, en rien susceptibles de se trouver jamais un tant soit peu affectés au moins en surface. On a beau être ami spirituel, on n’en est pas moins un être humain, et heureusement !
Je ne sais pas ce qu’il en est du bouddha et autres illustres témoins du plus haut niveau. En ce qui me concerne, pauvre bodhisattva de quartier que je suis, je confesse volontiers me sentir parfois légèrement affecté par des projections négatives si elles sont fortes et durables.
D’après mes observations, il s’agit avant tout d’un phénomène énergétique. Un enseignant qualifié doit être suffisamment aguerri pour ne pas entretenir refus, pensées et émotions suite à la négativité convergeant sur sa personne.
Par contre, tout comme un organisme sera affecté par les radiations, la pollution, les allergènes et autres éléments présents dans son environnement, il ou elle peut parfois- c'est en tout cas mon expérience- se sentir quelque peu atteint par la négativité.
Pour prendre des exemples me concernant, il m’est arrivé d’être sujet à une insomnie suite à une interaction délicate, non parce que j’entretenais des pensées à ce sujet - la nuit, je ne pense surtout pas, ni ne réfléchis, je dors ! - mais parce que je sentais mon organisme psycho physique encore secoué par l’intensité de ce qu’il avait du absorber.
Il y a un certain temps j’ai reçu un courriel dans lequel un élève de longue date confronté à ses propres incohérences et évitements, probablement aussi sous l’emprise de l’alcool ou dans les affres du sevrage, cherchait à me faire mal. Le phénomène n'est pas si fréquent. En plusieurs décennies, j’ai dû recevoir en tout et pour tout une dizaine de lettres de ce type, accablants réquisitoires faisant état de la somme de mes manquements, aveuglements et autres angles morts, parfois avec une volonté manifeste de blesser.
Si ce courriel ne m’a, lui, pas empêché de dormir (l’insomnie est en général causée par une interaction en présence physique) il ne m’en pas moins fait un peu mal, comme on éprouve une douleur physique et même un choc psychique si l’on est l’objet d’une agression.
Je ne m’en suis, fort heureusement, pas trouvé fondamentalement déstabilisé. Et je me suis, comme toujours dans ces cas là, bien gardé de répliquer et de répondre quoi que ce soit - ce qui, de ma part, n’aurait été qu’indigne tentative de rééquilibrage.
Et dire que je n’ai pas ne serait ce qu’un peu « accusé le coup » en surface serait mentir.
J’ai parlé plus haut de « circuits internes » qu’il convient de se forger.
Les circuits internes en question n’ont rien à voir avec une manière de se « tanner le cuir » comme le font, parait il, nombre de politiques dans le cours de leur carrière.
Pas d’insensibilité, de bouclier ou de gilet pare - négativité !
Il s’agit plutôt d’une capacité peu à peu acquise à soutenir une intensité à différents niveaux, tout comme un circuit électrique capable de ne pas disjoncter à très haut voltage.
Pour ma part ces circuits se sont pour l’essentiel forgés pendant mes années à Hauteville, durant lesquelles j'ai été objectivement soumis à un haut voltage ,aussi bien dans la sphère privée que dans le cadre de ma fonction, tout cela sous la supervision d'un ami spirituel, Arnaud, qui, dans l'intérêt de ma maturation, avait plutôt tendance de son propre aveu à augmenter la charge qu'à la faire diminuer...
Puis ces circuits « haute tension » se sont affinés avec le temps, la pratique et l’exercice de la fonction.
Et, encore une fois, la présence de ces « circuits » n’enlève pas, fort heureusement, la sensibilité et donc la possibilité d’être quelque peu affecté en surface par la négativité lorsqu’elle pleut sur vous.
Etre affecté, contrairement à ce qui est dit parfois, à mon sens un peu vite, n'est pas refuser. C'est juste recevoir un impact. Lequel, en lui même est "neutre".
Si Ramana Maharshi admettait que sa santé physique ait pu être affectée par la masse de ce qui se projetait sur lui, qui sommes nous pour, justement affecter de ne jamais l'être ?
Gilles Farcet
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